Tadeusz Kuntze, connu également sous les noms de Thaddäus Kuntz, Tadeusz Konicz ou Taddeo Polacco, né le à Zielona Góra, alors en Basse-Silésie et relevant de la couronne de Bohême, et mort à Rome dans les États pontificaux le , est un peintre baroque, d'origine silésienne, actif à Cracovie en Pologne puis en Italie à Rome, ville dans laquelle il a passé la majeure partie de sa vie. Il a peint des fresques et des tableaux à sujet religieux, ainsi que quelques tableaux allégoriques ou inspirés de l'histoire antique.
Tadeusz Kuntze[n 1] est le fils de Gottfried Kuntze (1687–1762), chef de l'orchestre municipal[n 2] de Zielona Góra[1],[n 3], et de son épouse Anna Maria, née Sambler (1699–1753). Il est baptisé sous les prénoms de Tadeusz Józef Tomasz le dans la paroisse de Sainte-Edwige[2],[n 4].
Tadeusz Kuntze bénéficie de la protection de l'évêque de Cracovie, Andrzej Stanisław Załuski, qui reconnaît les talents artistiques du jeune homme et l'envoie à Rome en 1747 pour y suivre une formation de peintre[3],[n 5]. De 1748 à 1753, il fréquente l'Académie de France et les cercles artistiques romains ; il est l'élève du peintre Ludovico Mazzanti qui lui enseigne les techniques de la peinture murale[4] et suit les cours de nu à la Scuola Libera del Nudo à l'Accademia di San Luca[5].
En 1754, Kuntze rentre à Cracovie et devient le peintre de la cour épiscopale ; il peint des retables pour la cathédrale du Wawel, des tableaux pour la cathédrale de Chełmża[6], ainsi que deux tableaux allégoriques, La Fortune et L'Art[7].
De 1756 à 1764, il effectue plusieurs voyages, à Paris en 1756 et après la mort de Załuski à la fin de 1758 en Espagne, où il fréquente le peintre Corrado Giaquinto[8].
En 1765, il retourne à Rome où il s'installe définitivement. Pendant douze ans, il est le peintre officiel de l'ordre augustinien. Il se lie avec des peintres espagnols, notamment Francisco de Goya[8]. Il travaille à Rome et dans le Latium, réalisant des fresques dans des palais et des églises. Kuntze est particulièrement soutenu par le cardinal Henri Benoît Stuart, second fils de Jacques François Stuart et de la princesse polonaise Marie-Clémentine Sobieska, prétendant écossais au trône d'Angleterre : en tant que cardinal-évêque de Frascati, Stuart lui passe commande de fresques pour le Tuscolano Seminario et le palais épiscopal de Frascati de 1773 à 1777[9], ainsi que pour l'église nationale des Polonais à Rome, Santo Stanislao dei Polacchi. Kuntze est également chargé par les Borghese de décorer le Palais Borghèse et la Villa Borghèse à Rome[10],[11].
En Italie, Tadeusz Kuntze est appelé Taddeo Polacco (Taddeo le Polonais) et décrit dans des livres d'histoire polonais comme « le peintre polonais le plus célèbre du XVIIIe siècle »[13].
Cave, chiesa di San Stefano : Lapidation de saint Étienne dans l'abside, Baptême de saint Augustin à la voûte[14].
Frascati :
palais épiscopal : fresques pour les salles du palais, Paysage avec Rebecca au puits, Paysage avec Abraham rencontrant les trois anges et Aaron mettant en fuite les Égyptiens[15].
Villa Parisi : fresques du grand salon
Église du Gesù : Adoration des bergers et Présentation au Temple, fresques pour la chapelle mariale, dédiée à la Madone Refugium peccatorum, à gauche du chœur.
Genazzano, Santuario della Madonna del Buon Consiglio, réfectoire des Pères Augustins : Multiplication des pains et des poissons[16].
Rome, Église Santo Stanislao dei Polacchi.
Soriano nel Cimino, Chiesa di Sant'Agostino, Apothéose de saint Augustin, fresque de la voûte.
↑Outre les noms les plus fréquents : Kuntze, Konicz et Kuntz, il est également désigné sous le nom de Chuntze, Konik, Kunicki, Gunz, Konitsch, Kunitzer... 36 versions différentes de son nom de famille ont été relevées.
↑Connue en français avant 1945 sous son nom allemand : Grünberg in Schlesien ou Grünberg-en-Silésie.
↑Les sources antérieures à l'article de Marian Wnuk donnent comme date de naissance vers 1731 ou le 3 octobre 1733.
↑L'historiographie polonaise du XIXe siècle, régulièrement reprise, a présenté cet épisode en faisant de Kuntze un garçon de cuisine en service dans le palais épiscopal.
↑(pl) Agnieszka Gutierrez Saenz, « Fundacja biskupa Andrzeja Stanislawa Kostki Zaluskiego dla katedry w Chelmzy : Placidi i Kuntze (Le mécénat de l'évêque Andrzej Stanislaw Kostka Zaluski à la cathédrale de Chelmza : Placidi et Kuntze) » dans Biuletyn historii sztuki, 1994, vol. 56, n° 4, p. 401-402.
↑(it) Paola Ferraris, « Il cardinale duca di York e Frascati », dans L'arte per i papi e per i principi nella Campagna Romana, n° II, 1990, p. 323-340.
↑ a et b(en) Maria Nikta, « Kuntze/Chuntze/Konicz in the Casino Borghese, and the identity-alterity of the artist », dans E-Journal für Kunst- und Bildgeschichte, n° 3, 2016 Aperçu en ligne.
↑(it) Maciej Loret, « Un artista polacco Taddeo Kuntze tra i decoratori della Villa Borghese », Atti del V Congresso Nazionale di Studi Romani, vol. III, , p. 495-497.
↑(es) Los Madrazo, una familia de artistas, catalogue d'exposition, Madrid, Museo Municipal, 1985.
↑(de) Kerstin Hinrichsen, Die Erfindung der Ziemia Lubuska. Konstruktion und Aneignung einer polnischen Region 1945–1975, Gœttingue, V & R unipress, , 354 p. (ISBN978-3-8471-0654-8, lire en ligne), p. 75.
↑(pl) Halina Waszkiel, Gdzie Wschód spotyka Zachód : portret osobistości dawnej Rzeczypospolitej 1576-1763, Varsovie, Muzeum Narodowe, 1993, (ISBN83-71000-32-4), p. 31.
(pl) Edward Rastawiecki, « Konicz, Tadeusz (Kuntze) », dans Słownik malarzów polskich tudzież obcych w Polsce osiadłych lub czasowo w niej przebywających, Varsovie, , vol. 1, p. 229.
(it) Erich Schleier, « L’ultimo pittore del Rococò a Roma: opere sconosciute di Thaddäus Kuntz », Arte Illustrata, vol. III, nos 27-29, , p. 92-109.
(it) Erich Schleier, « Inediti di Taddeo Kuntz », dans Scritti Di Storia Dell'Arte in Onore Di Federico Zeri, Milan, Electa, , p. 859-880.
(pl) Zuzanna Pruszyńska, « Konicz Tadeusz », dans Słownik Artystów Polskich i obcych w Polsce działających [Dictionnaire des artistes polonais et étrangers actifs en Pologne], Varsovie, , vol. IV, p. 366-374.
(en) Andrzej Ryszkiewicz, « Tadeusz Kuntze », dans Grove Dictionary of Art, , vol. XVIII, p. 523.
(pl) Marian Wnuk, « W sprawie daty urodzenia Tadeusza Kuntzego », Biuletyn Historii Sztuki, vol. LXII, nos 3-4, , p. 631-637.
(it) Adriano Amendola, « Taddeo Polacco, la decorazione dell'Episcopio di Frascati e un'inedita committenza Colonna », dans Marcello Bacciarelli pittore di Sua Maestà Stanislao Augusto Re di Polonia, Rome, Accademia Polacca, (lire en ligne), p. 170-191.
(es) Kamila Maria Szparkowska, Tadeusz Kuntze, il Taddeo polaco, el gran pintor europeo del siglo XVIII y sus conexiones con España, Madrid, (lire en ligne) : thèse en histoire de l'art, Université complutense de Madrid.