« Aloi » redirige ici. Pour le cratère hawaïen, voir ʻĀloʻi.
Le titre ou l'aloi[1],[2] d'un objet (œuvre, monnaie, etc.) est une grandeur sans dimension correspondant à sa composition dans un métal précieux donné. Il s'agit plus précisément du rapport de la masse d'un métal fin à la masse totale de l'alliage qu'il compose. La vérification du titre est réalisée par un essayeur.
L'or pur, ou or fin, était à 24 carats[3] (1carat = 1⁄24e ≈ 41,67 millièmes).
L'argent pur, ou fin, était à 12 deniers de loi[3] (1 denier de loi = 1⁄12e ≈ 83,33 millièmes). Le denier de loi était divisé en 24 grains[3]. La moitié d'un denier de loi — soit 12 grains — était appelée « obole » ou « maille » ; et le quart — soit 6 grains — était appelé « poge », « pougeoise » ou « pite »[3].
Les monnaies mérovingiennes contiennent entre cinq et neuf dixièmes d'argent alors que peu de temps après les Carolingiens standardisent la production de monnaie à un aloi d'environ neuf dixièmes[5].
En France, à partir du XIIIe siècle[3], la grandeur de référence dans le royaume est « l'argent le roi[3] », ou « argent-le-roi[6] », c'est-à-dire « l'argent du roi »[3] : il correspondait à un argent légèrement allié à 23⁄24e de fin (958 ‰)[6], utilisé pour le monnayage royal[3].
La monnaie septième de fin (septena) 7⁄12 a été émise par Philippe 1er à 7 deniers de fin sur 12[7].
La monnaie de six deniers de fin 6⁄12 (ad medietatem ou au demi) a été émise par Louis VI et Louis VII à 6 deniers de fin sur 12[7].
La monnaie de cinq deniers de fin 5⁄12 en 1208 est la livre parisis[7].
En 1771, les couronnes et shellings d’Angleterre sont cotés 11 deniers et 1 grain en France, soit 265⁄288 ou 11+1⁄24⁄12 ou environ 920 millièmes[8]
Après la révolution française, l'argent des pièces est quantifié en millièmes plutôt qu'en deniers.
la pièce d'argent de cinq unités est titrée à 900 millièmes d'argent, sur le modèle du franc germinal.
les autres pièces d'argent sont titrées à 835 millièmes d'argent, sur le modèle des pièces de pays anglophones.
Après l'union monétaire latine et avec la fin du bimétallisme, l'étalon or est utilisé et les pièces d'argent tombent en désuétude sur le continent européen.
entre 1640 et 1792, les Louis en or avaient un titre d'or fin de 22 carats (917 millièmes environ).
En France, le change peut être cadré selon des taux officiels comme en 1771/1773 l'arrêt du conseil d'état portant évaluation et tarif du prix que doivent être payées aux hôtels des monnaies et bureaux de change, les espèces de France vieilles et hors de cours, les espèces étrangères et les autres matières d'or et d'argent[8]:
les ducats Empereur, Hambourg, Francfort, et ducats fins du Danemark 23+17⁄32 carats, soit environ 980.5 ‰
les ducats Allemagne, Hollande et Prusse 23+15⁄32 carats, soit environ 977.9 ‰
les sequins de Malte, les ducats de Pologne et de Suède 23+13⁄32 carats, soit environ 975.3 ‰
les duquats à l'aile déployée de Russie 23+11⁄32 carats, soit environ 972.7 ‰
les duquats de Hesse, d'Armstad et à la croix de Saint-André de Russie 23+5⁄32 carats, soit environ 964.8 ‰
D'autres monnaies sont cotées à moins de 23 carats mais à plus de 21 carats: sequins de Rome, écus d'or de France, souverains de Flandres ..., guinées d’Angleterre, portugaises, pistoles de divers pays, Louis de France d'avant 1709, pistoles du Mexique, roupies d'or du Mongol, anciens Louis de France.
La méthode la plus pratiquée durant l'Antiquité est le comparatif des densités, par l'immersion d'un objet précieux dans l'eau et la comparaison du volume débordant du récipient avec un échantillon connu. D'après Vitruve, Archimède aurait utilisé cette méthode pour confondre un orfèvre malhonnête[9].
L'essai « à la coupelle » ou « coupellation » aurait été inventé vers 1300[11]. Il permet de connaître le titre en faisant fondre un peu de métal ou d'alliage dans une dose déterminée de plomb en fusion, lui-même versé dans une coupelle de phosphate de chaux[12]. Lors d'un contrôle de l'or, une « inquartation » est faite avant la coupellation pour ajouter à l'or trois fois son poids en argent[13]. Mathieu Tillet puis Louis Joseph Gay-Lussac en relèvent les nombreux défauts (variation de la mesure du fait des paramètres du procédé - chauffe, outillage - et triche quant au contrôle)[12].
Le test de l'argent « par la voie humide »[9],[12], mis au point par Gay-Lussac, n'est lui utilisé que pour l'argent[13].
↑
Vincent Geneviève, Guillaume Sarah. Le trésor de deniers mérovingiens de Rodez (Aveyron). Circulation et diffusion des monnayages d’argent dans le Sud de la France au milieu du VIIIe siècle. Revue
Numismatique, Société française de numismatique, 2010, 166, pp.477-507. 10.3406/numi.2010.2947
hal-00579633
↑ ab et cMémoires de la Société nationale des antiquaires de France, Société nationale des antiquaires de France, (lire en ligne).
↑ abc et dConseil d'Etat, Arrêt du conseil d'état portant évaluation et tarif du prix que doivent être payées aux hotels des monnaies et bureaux de change, les espèces de France vieilles et hors de cours, les espèces étrangères et les autres matières d'or et d'argent, Imp. royale, (lire en ligne).
↑ ab et cGeorges-Frédéric Manche, Le contrôle des métaux monétaires : Un contrôle aléatoire au service du bimétallisme : l'exemple vénitien (Actes du colloque Naissance de la science dans l'Italie antique et moderne - décembre 2000), Université de Haute-Alsace, Peter Lang, , 295 p. (ISBN3-03910-409-8, lire en ligne), p. 99-102
↑Jacques-Paul Migne, Encyclopédie théologique : ou, Serie de dictionnaires sur toutes les parties de la science religieuse ... t. 1-50, 1844-1862; nouv, ser. t. 1-52, 1851-1866; 3e ser, (lire en ligne)
↑ ab et cLouis-Joseph Gay-Lussac, Instruction sur l'essai des matières d'argent par la voie humide : par M. Gay-Lussac,... ; publiée par la Commission des monnaies et médailles, (lire en ligne)