Transitivité (grammaire)

En grammaire traditionnelle, les termes de transitivité et d'intransitivité caractérisent les types de construction d'un verbe. Un verbe est transitif s'il est accompagné d'un complément d'objet (CO), direct (COD), s'il est sans préposition ou indirect (COI), s'il est introduit par une préposition. En fait le terme qualifie davantage la structure du groupe verbal que le verbe en lui même , puisqu'un même verbe peut avoir plusieurs constructions dotées généralement de sens différents, que des verbes employés le plus souvent transitivement peuvent l'être sans CO et qu'inversement certains verbes classés comme intransitifs peuvent admettre un COD[1]. En français le COD ne se distingue du sujet que par son emplacement après le verbe ( S-V-O ) dans la phrase prototypique[2], mais dans les très nombreuses langues dotées de déclinaisons, le recours à un cas différent pour le sujet ( le nominatif ) et le COD (l'accusatif, le plus souvent), la transitivité s'exprime par la morphologie.

Envisagée du point de vue de la valence, la transitivité correspond à un schéma biactantiel où le verbe commande deux actants, un agent (A) et un objet (O) ou patient (P) : L'automobiliste (A) a renversé un cycliste (P). Certains verbes transitifs comportent deux objets, correspondant à un schéma triactanciel : Il (A) a offert une écharpe de soie (O) à sa mère(P). Le complément d'objet peut être un nom, un pronom et pour certains verbes ( vouloir, savoir) un infinitif, une proposition. Au contraire, un verbe employé intransitivement ne peut avoir de complément d'objet et présente un schéma uniactantiel: Ce jeune délinquant a récidivé. La morphologie des langues ergatives reflète cette opposition en mettant l'agent ou l'expérient d'un verbe transitif à l'ergatif et en ne marquant pas celui d'un verbe intransitif, comme elles le font pour le COD d'une phrase transitive..


Étymologie

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Le grammairien grec Apollonios Dyscole est sans doute le premier à élaborer la notion de transitivité . Il distingue trois catégories de verbes : les actifs, les passifs et les intransitifs ; l'actif indique une action du sujet qu'il fait passer suur quelqu'un ou quelque chose d'autre ( διαβιβάζei, diabibazei = fait traverser, franchit ; au passif διαβιβάζεται,diabibazetai se traduit par est employé comme verbe transitif . Transitivité vient de transitif/transitive, adjectif dérivé du latin transitivus, issu du verbe transire « passer » , qui reprend l'idée du verbe grec. Il s'agit d'un terme de grammaire qui qualifie des verbes exprimant une action qui, du sujet, est transmise directement au complément ; en d'autres termes ce sont des verbes qui ont un caractère de transition entre un sujet et un objet[3].

Verbes transitifs

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Un verbe employé transitivement est un verbe accompagné d'un ou de plusieurs complément d'objet directs ou indirects. Il comporte un agent et un ou plusieurs objets/patients.

Le chat mange la souris. Paul boit du lait. Elle pense à son voisin.

Certains sont accompagnés d'un complément d'objet direct (construit directement, sans préposition) ils sont alors dits transitifs directs. D'autres sont accompagnés d'un complément d'objet indirect (construit indirectement, à l'aide d'une préposition) et ils sont dits transitifs indirects. Exemples :

  • Il évoque son enfance = transitif direct, car le complément d'objet son enfance est introduit sans préposition.
  • Il se souvient de son enfance = transitif indirect, car le complément d'objet son enfance est introduit par une préposition (de).

Ces deux verbes sont typiquement transitifs, car ils ne peuvent s'employer sans complément ; c'est le cas, parmi bien d'autres, de découvrir, apercevoir(+ COD), appartenir, résulter(+ COI).

Mais d'autres peuvent être utilisés avec ou sans complément d'objet . On parle alors d'emploi intransitif d'un verbe transitif ou de verbe transitif employé absolument. Exemples:

  • Il lit
  • Il écrit
  • Il mange (l'objet ingurgité, impliqué par le sens même du verbe, n'est pas précisé).
  • Il ne voit pas
  • Il n'entend pas
  • Il fume (sous-entendu des cigarettes)
  • Il boit

La suppression du COD permet d'exprimer par défaut toutes les actions que la signification du verbe rend possible : lire implique tout ce qui est lisible sans plus de précision ; il ne voit pas, il n'entend pas indique que rien de ce qui est visible ou audible ne lui est accessible, autrement dit qu'il est aveugle ou sourd . Ces emplois peuvent entraîner des significations différentes en fonction du contexte : Il fume peut indiquer qu'il est en train de fumer une cigarette ou bien qu'il a l'habitude de fumer, qu'il est un fumeur ; il boit qu' il est en train de boire n'importe quelle boisson ou bien qu'il a l'habitude de boire et le plus souvent qu'il est alcoolique. N'entrent pas dans cette catégorie les verbes utilisés sans complément sous-entendu du fait du contexte, en particulier dans une conversation, comme attrape ( ce que je te lance) ou regarde (ce que je te montre).

Verbes intransitifs

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Un verbe intransitif est un verbe qui n'a jamais de complément d'objet direct ou indirect.

J'arrive demain. ; Les chevaux galopent.

Il ne faut pas confondre emploi intransitif et verbe intransitif. Beaucoup de verbes transitifs peuvent être employés, selon le choix du locuteur, avec ou sans leur complément d'objet. Ceci n'en fait en aucun cas des verbes intransitifs ; la présence d'un complément d'objet reste possible mais il n'est pas exprimé.

Le sujet d'un verbe en emploi intransitif peut correspondre au sujet d'une phrase à la voix passive. Exemples :

  • La montre pend à son poignet = la montre est pendue à son poignet.
  • Le logiciel plante encore = le logiciel est encore planté.

Verbes ditransitifs et la question du complément d'attribution

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Certains un verbes sont accompagnés de deux compléments d'objet, appelés complément d'objet direct (COD) et complément d'objet second (COS). Pour cette raison, ils sont qualifiés de ditransitifs ou de triactantiels.

  • Elle donne une pomme à son frère = ditransitif, car une pomme est COD et son frère est COS.

La grammaire traditionnelle récuse cette analyse avec force[réf. nécessaire] : elle considère que le « complément d'objet second » n'est généralement rien d'autre qu'un complément d'attribution.

  • Elle donne une pomme à son frère = transitif direct, car une pomme est complément d'objet direct (seul objet du don) et à son frère est complément d'attribution .

Verbes labiles ou ergatifs

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Un verbe peut être labile, c’est-à-dire transitif ou intransitif. Ils sont aussi appelés ergatifs , ambitransitifs ou réversibles [4]. Le sujet du verbe utilisé intransitivement peut devenir l'objet du même verbe utilisé transitivement, tout en conservant le même sens. Dans les exemples suivants, casser est intransitif (uniactanciel) dans le premier exemple et transitif (biactanciel) dans le second :

  • La branche a cassé.
  • Le vent a cassé la branche.

Verbes changeant d'auxiliaire

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Les verbes descendre, monter, passer, redescendre, remonter, rentrer, repasser, ressortir, ressusciter, retourner, sortir, tomber(*) se conjuguent avec l'auxiliaire avoir quand ils sont employés transitivement et avec l'auxiliaire être dans le cas contraire :

remonter : verbe intransitif

  • Jean remonte dans sa chambre / Jean est remonté dans sa chambre

remonter : verbe transitif

  • Jean remonte une horloge / Jean a remonté une horloge.

sortir : verbe intransitif

  • Elle sort de la maison / Elle est sortie de la maison

sortir : verbe transitif

  • Ils sortent l'armoire / Ils ont sorti l'armoire.

descendre : verbe intransitif

  • Il descend par l'ascenseur / Il est descendu par l'ascenseur

descendre : verbe transitif

  • Il descend le parrain / Il a descendu le parrain.


(*) Pour le verbe tomber, le sens transitif est d'acquisition récente: « Il a tombé la veste. »

Notes et références

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  1. D.Creissels- Syntaxe générale,une introduction typologique 2, p.2, Lavoisier 2002
  2. Enoncé limité à aux seuls constituants nécessaires à sa grammaticalité
  3. « Définition Transitif, Ive - C'est quoi ou que veut dire Transitif, Ive ? », sur www.dicocitations.com (consulté le )
  4. M.Riegel,J.Chr.Pellat, R.Rioul - Grammaire méthodique du français (puf 2016), p.409

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Articles connexes

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Liens externes

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