Trie-Château est un bourg du Vexin français jouxtant Gisors à l'est et situé à 25 km au sud-ouest de Beauvais, 34 km au nord-ouest de Pontoise et 54 km au sud-est de Rouen, traversée par l'ancienne route nationale 181 et sa déviation (actuelle RD 981) reliant Gisors à Beauvais. Situé dans l'Oise, la commune est limitrophe de celui de l'Eure.
La commune est située dans le bassin Seine-Normandie. Elle est drainée par la Troesne, l'Aunette[1] et divers autres petits cours d'eau[2],[Carte 1].
La Troesne, d'une longueur de 27 km, prend sa source dans la commune de Hénonville et se jette dans l'Epte à Gisors, après avoir traversé douze communes[3].
Pour la période 1971-2000, la température annuelle moyenne est de 10,7 °C, avec une amplitude thermique annuelle de 14,4 °C. Le cumul annuel moyen de précipitations est de 726 mm, avec 11 jours de précipitations en janvier et 7,8 jours en juillet[4]. Pour la période 1991-2020, la température moyenne annuelle observée sur la station météorologique la plus proche, située sur la commune de Jaméricourt à 5 km à vol d'oiseau[6], est de 11,0 °C et le cumul annuel moyen de précipitations est de 695,7 mm[7],[8]. Pour l'avenir, les paramètres climatiques de la commune estimés pour 2050 selon différents scénarios d'émission de gaz à effet de serre sont consultables sur un site dédié publié par Météo-France en novembre 2022[9].
Statistiques 1991-2020 et records JAMERICOURT (60) - alt : 113m, lat : 49°18'23"N, lon : 1°52'46"E Records établis sur la période du 01-02-1990 au 03-12-2023
Au , Trie-Château est catégorisée bourg rural, selon la nouvelle grille communale de densité à sept niveaux définie par l'Insee en 2022[10].
Elle appartient à l'unité urbaine de Gisors[Note 1], une agglomération inter-régionale regroupant trois communes, dont elle est une commune de la banlieue[Note 2],[11],[12]. Par ailleurs la commune fait partie de l'aire d'attraction de Paris, dont elle est une commune de la couronne[Note 3],[12]. Cette aire regroupe 1 929 communes[13],[14].
Le nom est attesté sous les formes Tretum au XIe siècle ; Tria au XIIe siècle en 1129[16] ; Treia en 1195[17]; Tria villa en 1337[18].
En dépit des mauvaises latinisations, certains spécialistes[Qui ?] supposent une évolution phonétique à partir du gallo-roman *TRAIECTU « gué, passage d'eau », terme issu du latin trajectum et qui a régulièrement abouti à trait en français. Il partage vraisemblablement la même étymologie que le Trait (Seine-Maritime), (Tractu en 1462[19]) désignant un lieu de passage de la Seine, Utrecht (Pays-Bas, Rheno Trajectum, Utraiectum) désignant un lieu de passage en aval du Rhin et Maastricht (Pays-Bas, Mosae Trajectum, Masetrieth en 1051) désignant un lieu de passage de la Meuse (Maas)[réf. nécessaire].
Albert Dauzat et Charles Rostaing ont rapproché Trie de Trilbardou (Seine-et-Marne, Tria vers 1172), Trilport (Sene-et-Marne, Tria portus 1221) et Treix (Haute-Marne, Trie 1188), qu'ils font remonter au francique thresk « jachère »[20], sans doute veulent-ils dire le vieux bas francique *thresk qui aurait d'abord désigné un « terrain non cultivé, inculte, lande, friche, jachére »[21]. .
Durant la Révolution, la commune, alors nommée Trie-Château (également orthographiée Trye), porte le nom de Trye-sur-Troesne[22].
En ce qui concerne le hameau de Villers-sur-Trie, le nom de la localité est mentionné sous les formes Villers en 1793, Villers-sur-Trie en 1801[23].
Étymologie : du bas latin villare (ferme).
Il convient de se reporter aux articles consacrés aux anciennes communes fusionnées.
La déviation de Trie-Château sur la RD 981[24] est mise en service fin 2017, permettant aux 6 000 voitures et 900 camions qui empruntent quotidiennement cet axe d'éviter le centre-bourg et le passage alterné sous la porte fortifiée[25].
Cette fusion des deux anciennes communes qui collaboraient déjà auparavant notamment sur des sujets comme l'assainissement d'eau ou la cantine et demandée par les deux conseils municipaux, est principalement justifiée par la volonté des élus locaux de faire face à la baisse des dotations de l'État[26],[27],[28].
L'évolution du nombre d'habitants est connue à travers les recensements de la population effectués dans la commune depuis sa création.
En 2021, la commune comptait 1 896 habitants[Note 4], en évolution de −1,3 % par rapport à 2015 (Oise : +0,89 %, France hors Mayotte : +1,84 %).
Évolution démographique du territoire de la commune nouvelle
1968
1975
1982
1990
1999
2008
2013
2018
1 060
1 177
1 513
1 692
1 753
1 866
1 868
1 934
Nombre retenu à partir de 1968 : population sans doubles comptes. Les données mentionnées ci-dessus sont établies à périmètre géographique constant, dans la géographie en vigueur au . (Source : INSEE RGP 2018[33])
Trie-Château fait partie de l'académie d'Amiens et se situe en zone de vacances B.
Les enfants de la commune de maternelles et de primaires sont scolarisés en 2019 dans les 6 classes multi-niveaux de l'école Marie-de-Lancry, qui dispose d'un service de restauration scolaire.
Ils continuent normalement leur scolarité au collège Guy de Maupassant à Chaumont-en-Vexin puis au Lycée Louise-Michel et Louis-Aragon de Gisors ou aux lycées de Beauvais[34].
Église Sainte-Madeleine (classée monument historique par liste de 1862[36]) : Organisée tout en longueur, elle se compose d'un narthexroman tardif des années 1160 ; d'une nef unique romane des alentours de 1100 ; et d'un chœurgothique de deux travées d'une centaine d'années plus récent. Le narthex, avec sa façade à la décoration exubérante, et son ancien portail latéral nord également richement décoré, constitue l'une des œuvres romanes les plus extravagantes dans le Vexin. Il est souvent comparé au croisillon nord de l'église Saint-Étienne de Beauvais. Or, seulement le rez-de-chaussée est authentique, exceptés certains éléments abîmés refaits pratiquement à l'identique au cours de la restauration des années 1860/1867. Les parties hautes sont une création néo-romane imaginée par l'architecte Aymar Verdier. À l'intérieur, le narthex a été remanié, ou bien n'a jamais été achevé, car il n'est pas voûté, et des doutes sont permis que cela ait jamais été le cas. Il se trouve ainsi intégré dans la nef, mais séduit néanmoins par la décoration intérieure des fenêtres qui est presque analogue aux élévations extérieures. La nef proprement dite est de faible intérêt, mais elle partage avec le narthex une charpente gothique flamboyante munie d'une sablière sculptée et d'engoulants sous la forme de têtes d'homme grotesques, de facture rustique et d'un style naïf. Un arc triomphal fruste de dimensions restreintes ouvre sur le chœur gothique bâti vers 1200 à l'emplacement de l'ancien sanctuaire roman. Ce chœur constitue la seule partie de l'église qui soit voûtée d'ogives. Son architecture est de bon niveau, comme le souligne la décoration des fenêtres, mais fait aussi certains compromis imposés par les contraintes économiques, dont l'appareil en moellons et les colonnettes non monolithiques. Le chevet plat est éclairé par un triplet[37], qui rappelle qu'un triplet de trois baies romanes en provenance de Trie-Château est exposé au Victoria and Albert Museum[38].
Château de Trie (inscrit monument historique en 1956[39]) : propriété traditionnelle des ducs de Longueville, il passe en 1694 à François Louis de Bourbon-Conti. Son petit-fils Louis François de Bourbon-Conti le met en 1767 à la disposition de Jean-Jacques Rousseau. Il est acheté par Joseph-Arthur de Gobineau en 1857 puis transformé ultérieurement en mairie. Le bâtiment actuel est constitué par la tour du XIe siècle et son escalier voûté du XVIe siècle, le mur de courtine, les tours demi-roudes à l'angle ouest du château et la tour est, transformée en maison d'habitation, qui résultent notamment des modifications de la forteresse médiévale réalisées au XVe siècle. Ces éléments ont été sauvegardés lors de la Révolution, en hommage à Jean-Jacques Rousseau, qui y habita une année, alors que le « château neuf » du XVII a été totalement rasé[40].
Auditoire de justice (ancien hôtel de ville de Trie-Château), construit entre 1170 et 1190, classé monument historique par liste de 1862[41],[42]). Il sert d'auditoire à la haute justice seigneuriale du milieu du Moyen Âge jusqu'à la Révolution française. Il est alors utilisé comme hôtel-de-ville jusqu'en 1980. C'est l'un des rares édifices civils de l'époque romane subsistant dans le nord de la France. Le campanile a été rajouté au XIXe siècle pour abriter l'horloge publique réalisée par Auguste-Lucien Vérité, également auteur de l'Horloge astronomique de Beauvais.
L'ancien auditoire de justice
Façade sur rue.
Détail de la façade.
La salle vourée du rez-de-chaussée, ouverte sur la rue.
Porte fortifiée de la ville du XVe siècle (classée monument historique en 1936[43]), vestige du premier tour d'enceinte de la forteresse de Trye, qui défendait la frontière du Domaine royal, face à la forteresse normande de Gisors. C'est donc une conséquence de la signature du traité de Saint-Clair-sur-Epte qui entérine en 911 la création du duché de Normandie[44].
La Porte fortifiée
Vue de l'intérieur du bourg.
Vue de l'extérieur.
Une tour d'enceinte transformée en maison d'habitation (inscrite monument historique par arrêté du [45], jouxtant la bibliothèque, place de l'église).
Gabrielle d' Estrées (vers 1573-1599) favorite d' Henri IV y séjourna à plusieurs reprises[réf. nécessaire]
Jean-Jacques Rousseau (1712-1778), philosophe qui vécut à Trie-Château de juin 1767 à juin 1768, où il compose la musique du motetQuam dilecta Tabernacula sur des paroles de Mme de Nadaillac, abbesse de Gomerfontaine, et rédige le livre VI de son autobiographie Les Confessions[47]
Jean-René Baron, Jacques Beauroy, Philippe Bonnet-Laborderie, Monique Brennemann, Pierre Cayrol et Henri Fromage, Trie-Château et ses environs, Beauvais, coll. « Bulletin du G.E.M.O.B. n° 9 », , 48 p. (ISSN0224-0475)
↑Une unité urbaine est, en France, une commune ou un ensemble de communes présentant une zone de bâti continu (pas de coupure de plus de 200 mètres entre deux constructions) et comptant au moins 2 000 habitants. Une commune doit avoir plus de la moitié de sa population dans cette zone bâtie.
↑Dans une agglomération multicommunale, une commune est dite de banlieue lorsqu'elle n'est pas ville-centre, à savoir que sa population est inférieure à 50 % de la population de l'agglomération ou de la commune la plus peuplée. L'unité urbaine de Gisors comprend une ville-centre et deux communes de banlieue.
↑Population municipale légale en vigueur au 1er janvier 2024, millésimée 2021, définie dans les limites territoriales en vigueur au 1er janvier 2023, date de référence statistique : 1er janvier 2021.
↑ a et bDaniel Joly, Thierry Brossard, Hervé Cardot, Jean Cavailhes, Mohamed Hilal et Pierre Wavresky, « Les types de climats en France, une construction spatiale », Cybergéo, revue européenne de géographie - European Journal of Geography, no 501, (DOI10.4000/cybergeo.23155, lire en ligne, consulté le )
↑Matthieu Le Tirant, « La déviation de Trie-Château enfin opérationnelle : Elle était attendue depuis 40 ans par les habitants et notamment par les riverains de la départementale 981 dont le quotidien va nettement s'améliorer », L'Impartial, (lire en ligne, consulté le ).
↑Vincent Gautronneau, « Face à la baisse des dotations, Villers-sur-Trie et Trie-Château vont s'unir », Le Parisien, édition du Val-d'Oise, (lire en ligne, consulté le )« Un mariage d'amour entre deux maires qui s'apprécient, mais surtout une union de raison. « On est parti d'un constat évident : il est de plus en plus difficile pour les communes de faire face aux dépenses en raison des baisses de dotation », note Didier David, le maire de Trie-Château. Depuis la suppression de la dotation globale de fonctionnement, les deux communes reçoivent de l'Etat 66 000 €, contre 196 000 € auparavant ».
↑Yoann Roche, « Trie-Château / Villers-sur-Trie : les deux communes en passe de fusionner », Oise Hebdo, no 1200, , p. 44 (lire en ligne, consulté le ).
↑« Villers-sur-Trie et Trie-Château officiellement unies », Le Parisien, édition du Val-d'Oise, (lire en ligne, consulté le ).
↑Arrêté du 29 septembre 2017 portant création de la commune nouvelle de Trie-Château (lire en ligne).
↑« Les communes de Trie-Château et Villers-sur-Trie ne font plus qu'une ! », Brèves de Trie-Château, no 1, , p. 3 (lire en ligne [PDF], consulté le ).
↑Juliette Duclos, « Ces ex-maires de l'Oise laissent derrière eux une vie politique «passionnante et dévorante» : Après plusieurs mandats, ils ont raccroché leur écharpe tricolore. De premier magistrat à simple citoyen, ils retrouvent un quotidien « normal ». Ils racontent leurs souvenirs, leurs galères et aussi leur soulagement », Le Parisien, édition de l'Oise, (lire en ligne, consulté le )« Après dix-neuf ans consacrés à la commune, cet agriculteur a quitté la vie politique « passionnante et dévorante » : cela va bientôt faire trois semaines qu'il n'est plus le maire de Trie-Château, commune de 2000 habitants ».
↑« Église Sainte-Madeleine », notice no PA00114927, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture ; l'église n'est pas dédiée à saint Étienne contrairement à ce qui est prétendu ; cf. Bernhard Duhamel, Guide des églises du Vexin français : Trie-Château, Paris, Éditions du Valhermeil, , 344 p. (ISBN2-905684-23-2), p. 307-310 et Louis Graves, Précis statistique sur le canton de Chaumont-Oise, Beauvais, Achille Desjardins, , 130 p. (lire en ligne), p. 310.
↑Dominique Vermand, Églises de l'Oise. Canton de Chaumont-en-Vexin. Vexin et pays de Thelle, Comité départemental du tourisme de l'Oise et Communauté de communes du Vexin-Thelle, , 56 p. (lire en ligne), p. 51-52.
↑« Triple window », sur Victoria and Albert Museum (consulté le ).