Unus mundus, du latin « Monde un », est une notion de psychologie analytique à caractère métaphysique qui renvoie à l'idée d'une réalité unifiée sous-jacente, de laquelle tout émerge et à laquelle tout retourne. Elle a été popularisée au XXe siècle par le psychiatre suisse Carl Gustav Jung. Ce terme apparaît pour la première fois avec Gérard Dorn, un étudiant de Paracelse au XVIe siècle.
Les concepts jungiens d'archétype et de synchronicité sont liés à l’unus mundus. Les archétypes sont en effet des manifestations de l’unus mundus, et la synchronicité dépend de l'union de l'observateur et du phénomène via l’unus mundus.
C'est dans son Mysterium Conjunctionis de 1956 que Carl Gustav Jung avance pour la première fois l'idée d'un « monde un » fondamental mais non sensible[1].
Dans l'une de ses correspondances avec le physicien Wolfgang Pauli, Jung associe l'unus mundus à l'unité intérieure fondamentale de l'individu et du monde[1]. Cette unité est pour lui plus profonde que la division apparente du monde en une myriade d'objets, et plus profonde encore que la division du sujet et de l'objet dans la conscience :
L'ordre indifférencié de l'unus mundus n'est autre, selon Jung, que l'inconscient radical, ou « inconscient archaïque », auquel il n'y a aucun accès conscient possible[1]. On parle en ce sens de « coupure épistémique » pour désigner cette situation où l'esprit conscient ne peut se représenter sa propre origine, sa racine qui le relie au reste du monde.
Chez Jung, lorsque l'unus mundus est fractionné ou morcelé, des corrélations apparaissent entre les domaines qui en résultent[1]. Ces corrélations sont en quelque sorte des vestiges de la totalité perdue par suite de ce morcellement. Elles se présentent sous les deux modes relationnels que sont :
La causalité, quant à elle, est la conséquence de la division apparente et illusoire de l'unus mundus en une multitude de phénomènes devenus distincts mais qui restent reliés ensemble.
Parce qu'elle implique l'idée d'une double manifestation, à la fois subjective et objective, la théorie de l'unus mundus est proche du monisme à double aspect qui s'est développé à la suite de Spinoza[1]. Des versions du monisme à double aspect inspirées des sciences ont été formulées, discutées et développées dans la seconde moitié du XXe siècle, au moment même où Jung et le physicien Wolfgang Pauli collaboraient dans cette direction. Notamment, la théorie de l'ordre implicite, proposée à l'origine par le physicien David Bohm, suppose de considérer l'esprit et la matière (ou la dualité onde-corpuscule) comme la double manifestation dans l'ordre explicite d'une même réalité sous-jacente[1].