Ville-di-Paraso | |
Vue de Ville-di-Paraso. | |
Administration | |
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Pays | France |
Collectivité territoriale unique | Corse |
Circonscription départementale | Haute-Corse |
Arrondissement | Calvi |
Intercommunalité | Communauté de communes de l'Île-Rousse - Balagne |
Maire Mandat |
William Monti Rossi 2020-2026 |
Code postal | 20279 |
Code commune | 2B352 |
Démographie | |
Gentilé | Villais |
Population municipale |
208 hab. (2021 ) |
Densité | 22 hab./km2 |
Géographie | |
Coordonnées | 42° 34′ 03″ nord, 8° 59′ 13″ est |
Altitude | 400 m Min. 31 m Max. 1 120 m |
Superficie | 9,37 km2 |
Type | Commune rurale à habitat dispersé |
Unité urbaine | Hors unité urbaine |
Aire d'attraction | L'Île-Rousse (commune de la couronne) |
Élections | |
Départementales | L'Île-Rousse |
Localisation | |
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Ville-di-Paraso est une commune française située dans le département de la Haute-Corse et le territoire de la collectivité de Corse. Le village appartient à la piève de Tuani, en Balagne.
Ville-di-Paraso appartient à la microrégion du Regino, dans la partie orientale de la Balagne. Elle se trouve actuellement dans le canton de L'Île-Rousse composé de 21 communes. Elle est située dans l'ancienne pieve de Tuani.
Speloncato | Monticello | Occhiatana | ||
Speloncato | N | Occhiatana, Costa, Occhiatana | ||
O Ville-di-Paraso E | ||||
S | ||||
Speloncato | Pioggiola | Occhiatana |
Son territoire est situé dans le massif du Monte Cinto dont il occupe en partie les contreforts septentrionaux, dans la « Corse occidentale cristalline » à granites monzonitiques porphyroïdes (granite à porphyroïdes de la région de Calvi) qui domine à 90 % avec quelques secteurs avec des sédiments quaternaires (cuvette du Regino) et des formations sédimentaires et métamorphiques[1]. Cette zone est formée pour l’essentiel, par un vaste batholite (formé entre -340 et -240 Ma), issu d’un cycle plutonique carbonifère[2].
La vallée du Regino dont elle fait partie est une zone dépressionnaire dans la partie orientale de la Balagne, située entre la chaîne de hautes montagnes qui la ceint au sud et son littoral à Lozari (Belgodère, Palasca) au nord, se trouvant au sud de l'agglomération île-roussienne.
Ce territoire est une bande de terre longue de 8 km et de moins de 2 km dans sa partie la plus large, orientée dans un axe sud-nord. Il se compose de trois parties aux reliefs différents :
La commune de Ville-di-Paraso est traversée par le fleuve Regino, depuis le moulin de Salti jusqu'à la limite communale de Costa, soit un parcours de 1,4 km. Au cours de sa traversée, le fleuve reçoit les eaux du ruisseau de Cervione[3] qui naît sur la commune. Au sud, venant de Speloncato, coule le ruisseau de Centu Mezzini qui prend en aval le nom de ruisseau de Pinzu Corbo[4] avant de confluer avec le ruisseau de Catarelle, autre affluent du Regino. Il reçoit les eaux du ruisseau de San Simone[5] dont le sud communal est le bassin versant.
Au , Ville-di-Paraso est catégorisée commune rurale à habitat dispersé, selon la nouvelle grille communale de densité à sept niveaux définie par l'Insee en 2022[6]. Elle est située hors unité urbaine[7]. Par ailleurs la commune fait partie de l'aire d'attraction de L'Île-Rousse, dont elle est une commune de la couronne[Note 1],[7]. Cette aire, qui regroupe 12 communes, est catégorisée dans les aires de moins de 50 000 habitants[8],[9].
L'occupation des sols de la commune, telle qu'elle ressort de la base de données européenne d’occupation biophysique des sols Corine Land Cover (CLC), est marquée par l'importance des forêts et milieux semi-naturels (64,7 % en 2018), néanmoins en diminution par rapport à 1990 (69,5 %). La répartition détaillée en 2018 est la suivante : milieux à végétation arbustive et/ou herbacée (47,9 %), zones agricoles hétérogènes (23,7 %), cultures permanentes (11,6 %), forêts (11,4 %), espaces ouverts, sans ou avec peu de végétation (5,4 %)[10]. L'évolution de l’occupation des sols de la commune et de ses infrastructures peut être observée sur les différentes représentations cartographiques du territoire : la carte de Cassini (XVIIIe siècle), la carte d'état-major (1820-1866) et les cartes ou photos aériennes de l'IGN pour la période actuelle (1950 à aujourd'hui)[Carte 1].
Le nom corse de la commune est e Ville di Balagna /ɛ ˌβilɛ ði waˈlaɲa/.
Le site a connu une importante occupation durant la pré et la protohistoire. Des habitats du néolithique ont été mis au jour notamment à Monte Ortu et Capu Braggaghju (Lumio), Carcu (Cateri) et à proximité de Speloncato sur le site de Mutola (actuellement commune de Ville-di-Paraso).
Des fouilles archéologiques sur le site de Mutola ont permis la mise au jour de fragments d'amphores qui témoignent d'une fréquentation à l'époque romaine[11].
Dès l'an 800, pendant un siècle, les Sarrasins vont envahir la Corse et couper toute relation avec le Continent. La toponymie en Balagne permet de révéler le souvenir de leur présence : Punta a i Mori, Muratu, Muratellu, Capu di Moru, ... les deux derniers sont aujourd'hui sur la commune de Ville-di-Paraso.
Au XIe siècle, à partir de la fin des années 1070 ou du début de la décennie suivante, des chevaliers participent avec les marquis Obertenghi aux côtés de l'évêque de Pise, à l’expédition pour la reconquête et à la mise en place d'une nouvelle administration dans l'île. Alberto IV Rufo serait le premier marquis à exercer un pouvoir effectif et reconnu sur l'île. Son fils Hugues lui succède. Sa présence est attestée dans l'île jusque vers 1124.
En Balagne, les forces sont commandées par les membres de la famille De Pino qui, peu après la reconquête, édifient un château à Sant'Antonino. Il s'agit d'une famille importante et proche des marquis Obertenghi, au moins à la fin du XIe siècle. Originaires de la pieve de Pino, au centre de la Balagne, les seigneurs de Pino, I Pinaschi, étaient à cette époque, largement possessionnés dans tout le nord-ouest de la Corse ; mais ses membres étaient propriétaires de domaines fonciers beaucoup plus au nord. « Le marquis [Obertenghi] apparaît souvent entouré des seigneurs Pinaschi et plus occasionnellement des Amondaschi - Archives départementales de Corse-du-Sud, IH1, 15. S. P. P. Scalfati, Les documents du « Libro Maestro G di Gorgona ». »[12].
Mutula pourrait appartenir aux seigneurs de Pino. Le château est situé dans la basse vallée du Regino, en Balagne. Il est installé sur un tertre naturel (altitude 261 m), nommé Mutola (a Mudua) sur les cartes IGN, d'une trentaine de mètres de hauteur d'où il domine un petit terroir fertile et intensément exploité au XIIe siècle. Les marquis y possédaient de nombreux alleux, principalement sur le versant droit du ruisseau de Catarelle, dont certains seront abandonnés aux abbayes de la Gorgone et de San Venerio del Tino entre la fin du XIe siècle et le début du XIIe siècle.
« Entre 1118 et 1131, est mentionné de manière non équivoque et dans un document digne de foi le premier château : le castellum de Mutula. Nous ne connaissons pas directement les propriétaires de ce lieu fortifié mais il est permis de faire quelques suppositions. L'acte dans lequel apparait Mutula est une renonciation de trois personnages de la famille de Pino à tous les biens que Lanfrancus dit Mazzacorta avait légué au monastère de la Gorgone, probablement en 1116. »
— Daniel Istria, Les marquis Obertenghi dans le nord de la Corse (fin du XIe siècle-milieu du XVe siècle) p. 237.
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Le site sur lequel ne subsistent que deux structures seulement, une pièce quadrangulaire d'environ 25 m2 ainsi qu'un petit rempart, semble avoir été abandonné rapidement, probablement dans le courant du XIIe siècle.
Au XIIIe siècle, quand le fief sera partagé entre trois cousins héritiers des Pinaschi, l'un des membres de cette famille surnommé Malpensa édifiera le château de Speloncato, Malaspina s'en alla à Sant'Antonino qui était la résidence seigneuriale, pendant que le troisième héritier Malafidanza s'installera à Braggaghju (Capu Bracajo) au-dessus de Lumio. Les trois cousins se feront une guerre sanglante[13].
Des mésententes entre ces trois seigneurs conduisent à plusieurs attaques du château de Speloncato. Giovanni della Grossa en fait état dans sa Chronique[14].
Un siècle plus tard, le seigneur de Speloncato se heurtera au marquis de Massa installé au château de San Colombano et agissant au nom de Pise et du Pape pour reprendre en main les seigneuries locales. Le seigneur de Speloncato nommé Marovello s'attaque au château des Massa à Belgodère et le détruit.
La pieve de Tuani dans laquelle se situait Ville-di-Paraso, ainsi que les pièves de Sant'Andrea et d'Ostriconi, relevaient du diocèse de Mariana - Accia.
La piève de Tuani jouxtait celle de Santo Andrea. La ligne de partage des deux Pieve passe au centre du village qui possède ainsi deux églises paroissiales : San Michele dépendant de Tuani et Santa Catalina dépendant de Sant'Andrea. San Michele est devenu l'église piévane après l'abandon de l'église pievane San Giovanni Baptista (sur Ville-di-Paraso) proche du couvent de Tuani (sur Costa). Monseigneur Giustiniani, évêque génois du Nebbio, cite les hameaux de Giustiniani, de Cavalleragie ainsi que de « Villa di Speloncato » qui participera plus tard à la constitution de la commune de Ville-di-Paraso[14].
Au début du XVe siècle, aucune implantation de couvent n'avait été encore réalisée. Le christianisme s'implante solidement en Balagne avec les seigneurs toscans venus libérer la Corse du joug sarrasin. Les moines sont chargés de l'évangélisation. Les seigneurs locaux et les possédants vont faire des dons de terres et de bâtiments aux abbayes bénédictines de Toscane et de Ligurie dont celle de Gorgone, pour faciliter cette influence monastique[14].
Au début du XVIIIe siècle, avant la grande révolte des Corses contre les Génois (1729-1769), le nom était Ville dans la pieve de Tuani, qui faisait alors partie de la province génoise de Balagna et relevait de la juridiction civile d'Algajola et Calvi. « Quella di Tuvani con 7.ville principali frà quali Belgodere, Ochiatana, Costa, Speloncato, e Ville con un conuvento di Franti minori di S.Francesco contiene 2030.abitanti. »[15].
L'évolution du nombre d'habitants est connue à travers les recensements de la population effectués dans la commune depuis 1800. Pour les communes de moins de 10 000 habitants, une enquête de recensement portant sur toute la population est réalisée tous les cinq ans, les populations légales des années intermédiaires étant quant à elles estimées par interpolation ou extrapolation[17]. Pour la commune, le premier recensement exhaustif entrant dans le cadre du nouveau dispositif a été réalisé en 2005[18].
En 2021, la commune comptait 208 habitants[Note 2], en évolution de −1,42 % par rapport à 2015 (Haute-Corse : +5,79 %, France hors Mayotte : +1,84 %).
Ville-di-Paraso a compté jusqu'à 785 habitants en 1851[16].
L'église paroissiale San Simonu relève du diocèse d'Ajaccio.
L'église paroissiale Saint-Simon (San Simonu) d'architecture baroque, date du XVIIIe siècle. C'est un grand édifice doté d'un clocher à 4 étages avec horloge, construit hors du village sur un promontoire à 300 m d'altitude.
La chapelle de confrérie (Casazza) Sainte-Croix (Santa Croce) est voisine de l'église paroissiale. Elle date également du XVIIIe siècle. Sa façade principale (ou occidentale) présente une niche avec une statuette de la Vierge au-dessus du portail. Entre les deux se trouvent des armoiries, un « emblème franciscain » appelée « conformités ».
La chapelle Saint-Roch (San Roccu) est un petit édifice qui se situe au-dessus et en arrière de la chapelle de confrérie Sainte-Croix et de l'église paroissiale.