Petit-fils de magistrats napolitains, Willy Rizzo se passionne très jeune pour la photographie. À douze ans, il réalise ses premiers clichés et fait le portrait de ses camarades de classe du lycée italien de la rue Sédillot à Paris avec l’appareil Agfa Box que lui a offert sa mère[2].
Dès 1944, il s’achète un Rolleiflex[3]. Son idole est le photographe des magazines Vu et Le Détective, Gaston Paris qui lui dit un jour : « … quand tu prends une photo, pense que tu fais un Fragonard ! Mais dans certains cas, appuie et pense après. »[2].
Willy Rizzo pénètre dans le monde du cinéma, et fréquente les studios de Billancourt et de Joinville notamment. Il photographie les vedettes qui s'enthousiasment pour son style. Ses photos sont publiées par Ciné Mondial, Point de Vue, puis Images du Monde[2]. Il couvre le Procès de Nuremberg en 1945/46.
En 1947, il fait son premier séjour aux États-Unis pour le compte de l’agence anglaise Blackstar[4].
Il est engagé par Point de Vue et réalise ses premiers reportages. Il part en Tunisie sur la ligne Mareth[2], d'où il rapporte un reportage sur les carcasses de chars, publié par LIFE.
Quand il rentre en France en 1949, il est embauché à la création de Paris Match, pour lequel il réalise la première couverture en couleur avec une photographie de Winston Churchill.
Philippe Boegner, directeur de Paris Match, voulait obtenir « des images différentes » ou inattendues, ce que ne permettaient pas les photos produites par les photographes de l’Armée française dans un but de propagande.
Il couvre les combats du Tonkin à la fin de 1952 et photographie aussi des tranchées, clichés jusque-là évités par l'Armée car évoquant trop ceux de la Première Guerre mondiale et ses bourbiers[3], qui seront interdits de diffusion[5].
Même si les articles de son collègue Philippe de la Baleine sont souvent plus favorables à l'armée française[6],[7], ses photos déplaisent, agacent le commandement militaire, qui les considère « spectaculaires »[8].
Selon Le Monde, le général Salan, encore à la tête de l'armée en Indochine, a même déclaré : « Si je revois Rizzo en Indochine, je l'encule devant mon bataillon », car le photoreporter a réussi, selon le quotidien, à montrer qu'en Indochine la France menait « une guerre et pas une opération de police »[3].
Il rentre en Europe photographier les stars et assurer la plupart des clichés de mode du journal. Paris-Match publie le une série de photos artistiques de Willy Rizzo : Picasso dessinant sur un tableau noir une tête de chèvre avec des craies de couleur[9]. Il fera également la couverture de Paris Match en avec le tout jeune Yves Saint Laurent et son mannequin fétiche Victoire[10].
Au début des années 1960, il est à Milan, chez la Callas, qui hurle : « On a volé mon émeraude ! » et se rend compte que le personnel suspecte le photographe et son assistant[3],[11].
Ce reportage sur Maria Callas a inspiré Hergé – qui a eu vent de l'anecdote dans les couloirs de Paris Match – pour un de ses personnages, le photographe Walter Rizotto, travaillant pour le magazine fictif Paris-Flash[3]. Son collègue Jean-Loup de la Batellerie, inspiré par le véritable reporter de Paris-Match Philippe de Baleine et lui, apparaissent longuement dans Les Bijoux de la Castafiore, inspirant même la trame de l'album, mais aussi d'autres albums de Tintin, souvent sur le ton de la dérision car leurs articles sensationnalistes comportent des erreurs factuelles.
En 1959, il devient directeur artistique de Marie-Claire et travaille pour le magazines de mode Vogue. Alors que Roger Thérond voulait faire un sujet sur les signes du zodiaque avec des starlettes devant les tapisseries de Jean Lurçat, il dit non. L'idée ne lui a pas plu et il décide de faire un sujet avec de grandes personnalités de l'Art avec sa mise en scène. Cela donna, par exemple, une très belle séance de photographies avec Coco Chanel et Le Lion en 1960, dans ses studios.
En 1968, il part vivre à Rome et commence son travail de designer, d'abord pour ses besoins personnels. Il parvient à créer sa propre collection, influencé par de grands noms comme Le Corbusier. Il crée sa société, qui a compté jusqu'à 150 salariés.
Une dizaine d'années plus tard, il délaisse son activité de designer pour rentrer en France et retourner à sa première passion, la photographie.
Willy Rizzo a été marié à Paule, ancienne modèle chez Chanel, avec laquelle il a eu deux enfants, puis en deuxièmes noces avec l'actrice italienne Elsa Martinelli.
De 1979 à sa mort, il a été marié à Dominique Rizzo avec laquelle il a eu trois enfants, Willy Rizzo Jr., Camilla et Gloria.
Willy Rizzo, photos et textes de Willy Rizzo, contrejour, 2014
Chanel par Willy Rizzo, textes de Fabrice Gaignault, Edmonde Charles-Roux, Olivier Saillard, Arnold de Contades et Danniel Rangel, éditions Minerve, 2015.
↑" La Guerre d'Indochine de Willy Rizzo. Un photographe à contre-emploi." par Stéphane Dubreuil, article dans la revue Guerres et Histoire le 27 déc 2017 [2]
↑"Le général gambiez et les catholiques vietnamiens pendant la guerre d'indochine" par Francis Latour, article de la revue Guerres mondiales et conflits contemporains en 2010 [3]
↑Philippe de Baleine et Willy Rizzo, « Dans Na-Sam assiégée », Paris Match, no 194, 29 novembre-6 décembre 1952. [4]
↑"Salon de la photo 2010 : rétrospective willy rizzo ", article de Sortiraparis le 30 septembre 2010 [5]