Dans les années 1930, Yoshiko Okada est une actrice renommée, elle tourne avec les plus grands réalisateurs japonais de son époque : Kenji Mizoguchi, Yasujirō Ozu, Mikio Naruse, Heinosuke Gosho. Ozu prétend avoir été inspiré par son interprétation dans Jusqu'à notre prochaine rencontre (1932), il déclare : « Elle était excellente et il ne fait aucun doute qu'il y a quelque chose de sensuel dans ses yeux »[3].
Tombée amoureuse du metteur en scène communiste Ryōkichi Sugimoto, le couple prépare sa fuite du Japon impérialiste et militariste pour rejoindre l'URSS où ils espèrent gagner leur liberté artistique et vivre leur amour car tous deux sont mariés. Ils passent la frontière depuis la préfecture de Karafuto sur l'île de Sakhaline le mais sont vite arrêtés par la police soviétique. Sugimoto est exécuté comme espion le et Yoshiko Okada est condamnée à dix ans de travaux forcés au goulag[4].
Libérée à la fin de l'année 1947, Yoshiko Okada travaille comme voix japonaise à Radio Moscou pour des émissions sur la littérature russe et le théâtre[5]. Elle étudie à l'Académie russe des arts du théâtre et se produit pour la première fois en URSS en 1959 dans la pièce Onna no issho du dramaturge Kaoru Morimoto(en) qu'elle traduit elle-même en russe[5]. La pièce est jouée au théâtre Maïakovski et rencontre le succès[5].
En 1961, Yoshiko Okada co-réalise avec le cinéaste russe Boris Buneev(en) le film Ten Thousand Boys (Десять тысяч мальчиков) destiné aux enfants et ne portant pas l'image stéréotypée des Japonais montrés comme ennemis généralement véhiculée par les films soviétiques[5]. La distribution est composée d'acteurs japonais vivant en URSS, comme Yoshiko Okada et son mari Shintarō Takiguchi(ja) ainsi que par des acteurs soviétiques d'origine asiatiques[5].
Yoshiko Okada revient vivre au Japon en 1972 et apparait au théâtre et dans quelques films dont un épisode de la série C'est dur d'être un homme en 1976 et Le Mois d'août sans empereur (Kōtei no inai hachigatsu) de Satsuo Yamamoto en 1978[6]. À la faveur de la perestroïka, elle retourne en URSS en 1986[6].
↑(en) Tetsuro Kato, The Japanese Victims of Stalinist Terror in the USSR, Hitotsubashi University, , 13 p. (lire en ligne), p. 11
↑ abcde et f(en) Irina Melnikova, Representation of Soviet-Japanese Encounters in Co-production Feature Films - Part 1. The Musical Harmony, Doshisha University, (lire en ligne [PDF]), p. 51 - 74
↑ a et b(en) Satsuo Yamamoto (trad. Chia-ning Chang), My Life as a Filmmaker, Ann Arbor, Mich., University of Michigan Press, , 294 p. (ISBN978-0-472-05333-9, lire en ligne), p. 165
↑(ja) « 岡田嘉子 » [« Yoshiko Okada »], sur plala.or.jp (consulté le )