Église Saint-Gervais-Saint-Protais de Paris | |
Façade de l'église, vue l'ouest. | |
Présentation | |
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Culte | Catholique romain |
Dédicataire | Saints Gervais et Protais |
Type | Église paroissiale |
Rattachement | Archidiocèse de Paris |
Début de la construction | 1494 |
Fin des travaux | XVIIe siècle |
Architecte | Martin Chambiges, Salomon de Brosse, Victor Baltard |
Style dominant | Gothique flamboyant Classicisme (façade) |
Protection | Classé MH (1862) Patrimoine mondial (1991, 2024, au titre de Paris, rives de la Seine)[1] |
Site web | https://paris.fraternites-jerusalem.org |
Géographie | |
Pays | France |
Région | Île-de-France |
Département | Paris |
Ville | Paris |
Arrondissement | 4e arrondissement |
Coordonnées | 48° 51′ 20″ nord, 2° 21′ 16″ est |
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L'église Saint-Gervais-Saint-Protais de Paris, généralement connue sous le nom d'église Saint-Gervais, est située sur la place Saint-Gervais, dans le quartier Saint-Gervais, auxquels elle donne leurs noms, dans le 4e arrondissement, à l'est de l'Hôtel de Ville.
Depuis 1975, les offices sont célébrés par les Fraternités monastiques de Jérusalem, qui rassemblent des moines et moniales, qui vivent l'esprit de la solitude monastique au cœur des grandes villes.
Elle est bâtie sur les fondations du premier lieu de ̩culte connu de la rive droite à Paris, une basilique fondée entre 387 et 576 à côté d’un cimetière gallo-romain sur le monceau Saint-Gervais, butte non inondable dans un territoire marécageux. Elle est également la plus ancienne paroisse en dehors de la première cathédrale de l'île de la Cité, datant probablement de la deuxième moitié du XIe siècle[2].
L'église est mentionnée dans le testament d'Ermintrude (estimé fin VIe siècle) : baselicae Domni Gervasi, anolo aureo, nomen meu[m i]n se habentem scribtum[3],[4] (« basilique saint Gervais, avec un anneau d'or, et mon nom écrit dessus »).
Le duo des saints Gervais et Protais est très populaire à l'époque de la fondation de cette église, et on compte de nombreuses autres sous leur invocation au cours de cette période (aux alentours du XVIe siècle).
La construction de l'église actuelle, commencée en 1494, s'est déroulée sur une période de 150 ans environ. Des dates laissées par les artisans en rappellent la progression. La chapelle de la Vierge est achevée en 1517, le chœur en 1540 et le transept en 1578. Après une longue période d'interruption, probablement causée par les guerres de Religion, la nef est réalisée entre 1600 et 1620, juste avant la façade ouest.
Cette façade, due à l'architecte Salomon de Brosse, est construite de 1616 à 1621. Le jeune François Mansart en a reproduit les deux niveaux supérieurs (ionique et corinthien) sur la façade de l'église conventuelle des Feuillants (1623-1624)[5].
L'église est classée au titre des monuments historiques en 1862, par le biais de la liste éponyme[6].
Le 29 mars 1918, un obus allemand tiré par un canon de type Pariser Kanonen, improprement appelé Grosse Bertha tomba sur l'église tuant 92 personnes et en blessant 68 autres. L'obus pulvérisa le toit de la nef pendant l'office du Vendredi saint. Ce fut le bombardement le plus meurtrier de la guerre. Quelques traces de cet événement subsistent sur le pilier à l'angle ouest de la nef et du transept sud.
L'église fut restaurée une première fois sous la maîtrise d'œuvre de l'architecte Baltard entre 1827 et 1844, puis une nouvelle fois entre 1863 et 1869, avec notamment la réfection des chapelles (décor) et des vitraux. Des travaux furent encore entrepris en 1957 et plus récemment vers 2000, en 2013 et en 2022 (clocher et transept Nord).
En 1975, la paroisse est confiée à Pierre-Marie Delfieux par le cardinal Marty, afin qu'il y établisse les Fraternités de Jérusalem. En 2015, sept frères et quinze sœurs sont installés dans le monastère attenant à l'église[7].
Les offices monastiques en direct de l’église avec les Fraternités monastiques de Jérusalem sont diffusés sur la chaîne chrétienne KTO[8].
Liste des curés de Saint-Gervais du Concordat à nos jours :
L'église relève d'un plan allongé avec transept non saillant. Elle possède une tour-clocher avec abat-sons jouxtant le chœur. Ce dernier, entouré d'un déambulatoire bordé de chapelles, est composé de quatre travées tout comme la nef. Si l'architecture de l'église Saint-Gervais est d'aspect globalement gothique, la façade est en revanche inspirée par le classicisme français.
L'église reste encore relativement insérée dans le milieu urbain ; la façade Est n'est visible que du sud-est et celles du Nord et du Sud sont masquées par des constructions. La façade sud est toutefois accessible par une voie qui la longe : le passage du Gantelet.
Sur une des deux tourelles d'angle du transept sud, se trouvent deux cadrans solaires verticaux. Un troisième cadran est installé sur la tour clocher.
Seule, la face ouest est bien dégagée depuis l'agrandissement de la place adjacente au XIXe siècle. Réalisée entre 1616 et 1620 par l'architecte Clément II Métezeau[Notes 1] et le maître maçon Claude Monnart, ce dernier s'en inspire pour concevoir la façade occidentale de la cathédrale Saint-Étienne de Châlons[10]. Cette façade, qui donne sur la place Saint-Gervais et son orme, se compose d’un corps central à trois niveaux et de deux ailes à deux niveaux seulement : le rez-de-chaussée est orné de colonnes doubles et cannelées[11]. Le premier étage qui reprend le même agencement est orné de niches abritant la statue de saint Gervais sculptée par Antoine-Auguste Préault et de saint Protais par Antonin Moine. Le dernier étage est formé d’un grand Fronton (architecture)fronton curviligne en partie évidé, contrebuté par des ailerons. Les deux ailes sont couronnées de la statue de saint Matthieu et saint Jean l'Évangéliste[12]. Pour rattacher la façade à la nef gothique, large et élancée, l'architecte a ajouté une travée et érigé une chapelle en quart de cercle ogival aux extrémités. Cette façade présente la particularité de disposer des colonnes des 3 ordres : dorique au rez-de-chaussée, ionique au premier étage, corinthien au second étage. Annonçant un style nouveau en France, le classicisme, il s'agit de la première façade d'une église monumentale à reprendre le vocabulaire classique des ordres selon la mode à l'antique qui prévalait aux XVIe et XVIIe siècles[13].
Le clocher de l'église est un des points hauts du centre du Paris ; de nombreuses vues de la ville ont été prises de son sommet, notamment la célèbre carte postale Vue des sept ponts[14].
Globalement, l'intérieur de l'église relève du gothique tardif. On trouve deux niveaux d'élévation avec de grandes arcades en arcs brisés et des fenêtres hautes à remplages. L'église Saint-Gervais-Saint-Protais de Paris possède une voûte à liernes et tiercerons à la croisée du transept et quadripartite dans la nef.
Depuis la chapelle Sainte-Anne, on peut accéder à une curiosité : la Chapelle dorée. Concédée à Antoine Goussault et sa femme Geneviève Fayet en 1628 et construite avant 1634, cette chapelle minuscule, qui ne se visite qu'exceptionnellement, possède une décoration remarquable de style Louis XIII la recouvrant entièrement[15]. Cette décoration se compose de petits panneaux figurant des scènes de la Passion et de la Résurrection dans une boiserie richement ornée de différents motifs. Au-dessus de l'autel se trouve une œuvre de Claude Vignon, Le Christ au mont des oliviers.
Une cinquantaine d'objets sont classés monuments historiques[6].
L'église possède une grande variété de vitraux réalisés depuis la Renaissance :
L'église abrite une copie ancienne de L'Inhumation de sainte Pétronille de Giovan Francesco Barbieri Guercino (original à Rome, musées du Capitole), parfois donnée au maître lui-même, ainsi qu'une grande toile de Sebastiano Ricci, Saint Grégoire le grand et Saint Vital intercédant pour les âmes du Purgatoire.
La chapelle de Brégy située au sud de la chapelle de la Vierge abrite le cénotaphe du chancelier de France Michel Le Tellier[18] sculpté par Pierre Mazeline (1686)[19] en collaboration avec Simon Hurtrelle[20].
Les statues de René Potier (1579-1670), premier duc de Tresmes (en), de son épouse Marguerite de Piney-Luxembourg, et de leur fils Louis, provenant du couvent détruit des Célestins, ont été transférées dans la même chapelle.
On trouve à l'entrée de la chapelle Sainte-Madeleine dans le déambulatoire Nord, une porte en fer forgé réalisée en 1741 par le serrurier Valet[19].
L’église Saint-Gervais a la particularité de posséder la maquette en bois du projet de sa façade. C'est une pièce exceptionnelle, car c'est l'unique maquette d'un projet d'architecture du XVIIe siècle conservé aujourd'hui[21]. Datée de 1615, elle est l’œuvre de l'architecte Salomon de Brosse, et fut exécutée par le menuisier Antoine de Hancy[22].
La chaire, de facture assez simple, comporte des panneaux avec des bas-reliefs en bois ainsi que quatre statues représentant les Évangélistes associés aux quatre figures du Tétramorphe. Saint Jean avec l'aigle, Saint Luc avec le taureau, Saint Mathieu avec l'ange et Saint Marc avec le lion.
Comme dans la plupart des églises parisiennes, Saint-Gervais possède des stalles. Ces rangées de sièges prévues pour les moines ou chanoines se trouvent alignées dans le chœur et possèdent la caractéristique de permettre deux positions : ou bien « assise » ou bien (si le siège est relevé) debout, avec appui sur une « miséricorde ». Les stalles de Saint-Gervais remontent au XVIe siècle.
Elles sont illustrées principalement par des motifs représentant les métiers des paroissiens de l'époque, certains censurés depuis car estimés trop licencieux (femmes dénudées...). Parmi les motifs, figurent également des blasons de rois de France (Henri II, François Ier) en raison de la fréquentation de l'église par la cour à la Renaissance.
L'église Saint-Gervais accueillit, pendant plus de deux siècles, à partir de 1653, une grande dynastie de musiciens français : les Couperin, organistes de l'orgue de tribune. L'orgue de Louis et François Couperin est aujourd'hui encore présent à l'intérieur de l'église.
L'orgue de St-Gervais est l'un des plus anciens de Paris. Il a été construit par François-Henri Clicquot entre 1766 et 1768, en remplacement d’un instrument dont la construction a débuté en 1601 par Languedul et qui a été plusieurs fois remanié par Thierry. Lors de la construction du nouvel instrument, Clicquot a utilisé des parties de l'ancien orgue. Il a eu la chance d’être préservé de toutes modifications au cours des XIXe et XXe siècles, grâce à l’exemplarité des curés et titulaires de l’époque qui avaient conscience de la valeur matérielle et historique de l’orgue.
Relevé en 1812 et 1843, par Dallery, il fut restauré en 1920-1924 et 1967-1973. La plupart des 41 jeux sont anciens, ce qui est extraordinaire pour un orgue parisien. 17 jeux sont du XVIIe siècle, 15 jeux sont du XVIIIe, et 5 jeux ont été reconstruits en 1974. De plus, toute la soufflerie est d’origine.
La famille Couperin s'y est illustrée aux XVIIe et XVIIIe siècles, fournissant à l'église tous ses organistes titulaires depuis Louis Couperin (1626-1661) jusqu'à son arrière-arrière-petite-nièce Céleste-Thérèse (1792-1860).
Les organistes titulaires sont : Aude Heurtematte, Nicolas Bucher, Gaétan Jarry, Grellety Bosviel, Élise Friot (pour les offices de semaine).
Certains concerts y sont organisés chaque premier samedi du mois à 16h (septembre-juillet)
Trois claviers de 51 notes, un clavier de 32 notes, un clavier de 27 notes et pédalier de 28 notes.
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Orgue Daublaine-Callinet (1845) dans son buffet XIXe siècle ; revu par Gutschenritter (1967) et Bernard Dargassies (1992).
La console comporte 2 claviers de 54 notes et un pédalier de 30 notes ; traction mécanique des claviers et des jeux ; 16 jeux, dont, (15 réels).
« Celui qui cy maintenant dort Fit plus de pitié que d'envie, Et souffrit mille fois la mort Avant que de perdre la vie. Passant, ne fais ici de bruit Garde bien que tu ne l'éveilles : Car voici la première nuit Que le pauvre Scarron sommeille ».
Il fut non seulement un grand poète mais aussi l'époux de Françoise d'Aubigné, future Madame de Maintenon.