Église d'institution africaine

Une Église d'institution africaine est une Église caractéristique du christianisme en Afrique, fondée en Afrique par des Africains, par opposition à celles fondées par des missionnaires d'autres continents.

Désignation

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Ces Églises sont également nommées Églises indépendantes africaines ou Églises indigènes africaines[1] ou encore sous l'acronyme anglophone AIC (African-initiated church) qui convient aux trois appellations.

La première Église instituée en Afrique fut probablement celle du mouvement antonien, fondé au XVIIIe siècle par la prophétesse Kimpa Vita[2] qui finit sur un bûcher. Elle défend l'idée d'un Christ noir dont la terre sainte était le Kongo[3].

Sur ce modèle, d'autres Églises indépendantes furent fondées en Afrique durant l'entre-deux-guerres, dans le contexte des revendications de la décolonisation par des prophètes guérisseurs comme William Wade Harris ou Simon Kimbangu ; d'autres naquirent ensuite du protestantisme évangélique.

Une étude de David Barrett les évaluait en 1968 à près de 6 000[4]. En 2004, ces dénominations étaient estimées à plus de 11 500, dont la plupart sont totalement inconnues en Occident[5]. Leur importance numérique peut aller de quelques centaines à plus d'un million de fidèles : le Kimbanguisme au Congo, l'Église harriste en Côte d'Ivoire, le mouvement Aladura issu du Nigeria ou l'Église chrétienne de Sion depuis l'Afrique du Sud sont quelques exemples. Certaines sont membres du Conseil œcuménique des Églises.

Depuis les années 1960, les Églises d'institution africaine s'implantent sur les autres continents[1].

Fanfare kimbanguiste au Portugal.

Depuis 1975, le kimbanguisme né au Congo s'est également implanté en Europe[6]. Sébastien Fath (CNRS) estime, en 2015, que le développement des Églises d'institution africaine devrait conduire à revoir les classifications traditionnelles, forgées à partir du point de vue européen. "Ces nouvelles formes nous invitent à une certaine modestie méthodologique et à se méfier des cases que nous avons confortablement définies à partir de notre lecture européenne. Dans dix ou vingt ans il faudra sérieusement revoir notre grille de lecture des christianismes et établir de nouvelles typologies"[7].

Bibliographie

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  • Sébastien Fath & Cédric Mayrargue (dir.), Les nouveaux christianismes en Afrique, AFRIQUE CONTEMPORAINE, Paris, AFD, n° 252, 2015.
  • Sandra Fancello et André Mary (dir), Chrétiens africains en Europe. Prophétismes, pentecôtismes et politique des nations, Paris, Khartala, 2010.

Références

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  1. a et b Les Églises africaines se développent en Europe - Entretien avec Afe Adogame (de) le 19 janvier 2003 sur le site du Religioscope.
  2. Kimpa Vita sur le Dictionnaire biographique des chrétiens d'Afrique.
  3. Lusala lu ne Nkuka Luka, Jésus-Christ et la religion africaine: Réflexion christologique, Gregorian & Biblical Press, (lire en ligne), p. 10-12.
  4. David B. Barrett, Schism and Renewal in Africa : an analysis of six thousand contemporary religious movements, Oxford University, .
  5. Jonathan J. Bonk, « Ecclesiastical Cartography and the Invisible Continent », nternational Bulletin of Missionary Research,‎ (lire en ligne).
  6. Aurélien Mokoko-Gampiot, « Les kimbanguistes en Europe », Archives de sciences sociales des religions, no 143,‎ (lire en ligne).
  7. Sébastien Fath, Les nouveaux christianismes en Afrique, entretien Le Monde, 6 juillet 2015.

Articles connexes

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