Cette pièce d'artillerie montée sur rails avait un calibre exact de 28,3 cm. Le tube était d'une longueur de 21,5 mètres sur un pivot ne permettant qu'une élévation verticale de l'arme. Ce pivot était monté sur un wagon à deux bogies de 12 roues. Ce montage ne permettait de faire varier l'axe horizontal du canon que de 2 degrés. Pour aligner la cible, en reculant ou en avançant le wagon, il fallait disposer d'une section de voie courbe ou d'une plate-forme tournante.
Le "K 5" fut développé à partir de 1934 par Friedrich Krupp et produit dès 1937 en collaboration avec Hanomag à Hanovre. De jusqu'à 1945, cette société livre 25 exemplaires à la Wehrmacht. Il s'agissait de la pièce d'artillerie standard de l'artillerie de chemin de fer. Il était efficace, mais à la merci des bombardiers alliés qui au fur et à mesure de l'avancement du conflit menacèrent de plus en plus les réseaux de chemins de fer dont ce type d'armement était forcément dépendant. Cette vulnérabilité et la complexité de sa mise en œuvre (nécessité d'une équipe de 250 personnes, munitions spécifiques souvent en rupture d'approvisionnement, lenteur de la cadence de tir avec un coup toute les quatre minutes...) expliquent que ce canon fut plus employé pour servir les desseins de la propagande hitlérienne que pour son efficacité[3].
On peut encore voir deux exemplaires de ce canon :
Le premier est conservé au United States Army Ordnance Training and Heritage Center aux États-Unis. Il a été reconstitué à partir des pièces de deux canons qui tirèrent sur la tête de pont américaine lors de l'opération Shingle à Anzio, au sud de Rome. Ils étaient nommés Robert et Leopold par les Allemands mais sont plus connus sous le surnom que leur donnèrent les Alliés - Anzio Annie et Anzio Express. Les canons furent découverts sur une voie de garage dans la ville de Civitavecchia, le , peu après la libération de Rome par les Alliés[5]. Robert avait été partiellement détruit par ses servants avant qu'ils ne se rendent et Léopold également mais moins gravement. Les deux canons furent envoyés aux États-Unis sur le champ de tir d'Aberdeen dans le Maryland où ils furent testés. Un K5 complet fut reconstitué à partir des deux sur la base de l'exemplaire Léopold. En 2011, il est démonté avec difficulté pour être transporté à Ford Lee en Virginie, nouveau site du musée, où les travaux pour l’exhiber commencent en 2018[4].
Le second exemplaire survivant, était jusqu'au début des années 1990 à Tarbes. Il est, désormais, visible à côté du musée du Mur de l'Atlantique installé dans le Bunker N° 1 de la batterie Todt au hameau de Haringzelle à Audinghen dans le département du Pas-de-Calais (France)[6]. Un des trois Dombunkers est visible à proximité d'une carrière à Rinxent[7]; un autre à Calais[8] et enfin le troisième à Wimereux[9].
↑(en) United States Army in World War II, United States Army Center of Military History, (1re éd. 1968) (lire en ligne), « The Ordnance Department, On Beachhead and Battlefront », p. 200
↑À titre indicatif, on le dénomme techniquement par Widerstandsnest 208 Gabelweiher / Eisenbahn-Artillerie-Batterie 713 installé à la Pointe aux Oies / Wimereux, visible ici 50° 47′ 03″ N, 1° 37′ 18″ E.
(en) Louis Wildenboer, « Anzio Annie the story of a gun », South African Military History Society, no 13, (lire en ligne)
(en) Joachim Engelmann, Armor in Action : German Railroad Guns, Squadron/Signal Publications, (ISBN0-89747-048-6)
(en) R.J. O'Rourke, Anzio Annie : she was no lady, Fort Washington, Md., , 227 p. (ISBN978-0-9645084-0-8)
(de) Ulrich Ziervogel, Der Schießplatz in Rügenwalde-Bad, in: Der Kreis Schlawe - Ein pommersches Heimatbuch (M. Vollack, ed.), Vol. I: Der Kreis als Ganzes, Husum, (ISBN3-88042-239-7).