Fondation | 1144 |
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Début construction | XIIe siècle |
Fin construction |
XIIIe siècle XVe siècle (réfectoire) |
Dissolution | 1450 |
Abbaye-mère | Abbaye de Morimond |
Abbayes-filles | Abbaye Notre-Dame de Valsaintes |
Congrégation |
Ordre cistercien (désaffectée aujourd'hui) |
Période ou style |
Roman cistercien Gothique (réfectoire) |
Protection | Classé MH (1840) |
Coordonnées | 43° 42′ 58″ N, 5° 19′ 45″ E |
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Pays | France |
Région | Provence-Alpes-Côte d'Azur |
Département | Bouches-du-Rhône (13) |
Commune | La Roque-d'Anthéron |
Site | https://www.abbaye-silvacane.com/ |
L'abbaye de Silvacane, dite autrefois abbaye de Sauvecanne, est une abbaye cistercienne située dans la commune de La Roque-d'Anthéron, dans le département français des Bouches-du-Rhône en région Provence-Alpes-Côte d'Azur.
Elle est fondée en 1144 par des moines venus de l'abbaye de Morimond.
Avec Sénanque et le Thoronet, Silvacane fait partie des trois abbayes cisterciennes de Provence appelées les « trois sœurs provençales » qui témoignent du grand rayonnement de l'ordre cistercien en Provence.
Il s'agit de la plus récente des trois et la seule qui n'ait pas retrouvé une activité conventuelle.
L'abbaye doit son nom aux marécages à roseaux de la Durance, au bord de laquelle elle est implantée : « silva cannorum », la forêt de roseaux[1].
C'est en 1144 que les moines s'installèrent dans cette forêt. Et c'est un groupe de cisterciens de Morimond, sous la conduite de l'abbé Othon, demi-frère de l'empereur Conrad III[2], qui remplacèrent les bénédictins en prenant en main l'abbaye de Silvacane dès son affiliation à l'Ordre cistercien et effectuèrent les travaux de bonification des terres environnantes.
Protégée par les grands seigneurs de Provence, les débuts de l'abbaye furent dynamiques. En 1175, Bertrand des Baux entreprit la construction de l'église, où il est enterré. Peu après, en 1188, l'abbaye de Silvacane fonda une filiale à Valsaintes, près d'Apt.
Mais le déclin qui s'amorça dès la fin du XIIIe siècle sera irréversible. Un conflit avec l'abbaye de Montmajour éroda son aura. Le sac de 1358 par le seigneur d'Aubignan et les grandes gelées de 1364 qui anéantirent les récoltes d'olives et de vin entrainèrent le déclin et, pour conclure, les inondations de la Durance, en 1440, détruisirent le monastère[3]. En 1450, l'abbaye fut annexée au chapitre de la cathédrale Saint-Sauveur d'Aix-en-Provence, et les abbés de Valsaintes rétablis.
Devenue église paroissiale de la Roque-d'Anthéron au début du XVIe siècle, elle subit des dégradations pendant les guerres de Religion. Lorsque la Révolution éclate, les bâtiments sont à l'abandon ; divisé en lots et vendus comme bien national en 1790 ils sont transformés en exploitation agricole.
Le classement sur la liste de 1840[4] permet à l'État d'acquérir l'église en 1845. Et, pour effectuer le remembrement de l'ensemble du site, un décret d'expropriation est signé le par Charles de Gaulle et René Capitant, ministre de l'Éducation nationale. Mais les travaux de restauration n'ont pu commencer qu'en 1950.
L'église est alors restaurée par Henri Révoil puis Jean Camille Formigé. Le reste a été progressivement restauré, comme les bâtiments monastiques, le mur d'enceinte et l'hôtellerie des moines. Des fondations découvertes en 1989 ont été également restituées.
La protection des abords de l'ancienne abbaye, au titre des sites est, elle, intervenue par arrêté du [5].
La propriété de l'abbaye (anciennement propriété de l'État, ministère de la Culture) a finalement été transférée à la commune par convention signée le .
Source : Gallia Christiana
L'église abbatiale est édifiée en pierre de taille assemblée en grand appareil régulier et est couverte de tuiles.
Elle constitue un excellent exemple de l'architecture cistercienne de transition roman-gothique puisqu'elle combine des éléments stylistiques romans et gothiques :
L'église abbatiale présente un chevet carré très sobre, percé d'une grande rosace et d'un triplet constitué de deux baies en plein cintre encadrant une baie plus haute, symbole de la Trinité.
Ce chevet est soutenu par deux puissants contreforts situés aux angles.
La croisée du transept est surmontée par un petit clocher carré sans toit percé sur chaque face de baies géminées en plein cintre séparées par une colonnette à chapiteau et logées sous un arc de décharge.
La façade principale, tripartite, est segmentée par deux puissants contreforts.
La partie centrale de la façade est percée d'un portail en plein cintre à triple voussures dont l'archivolte est ornée de deux arcs toriques (boudins) reposant sur des chapiteaux encadrés de chapiteaux à feuilles d'eau, motif typique de l'architecture cistercienne que l'on retrouve à l'intérieur de l'abbatiale. Le tympan aveugle repose sur un puissant linteau.
Ce portail est surmonté d'un triplet de baies en plein cintre similaire à celui du chevet surmontées d'un grand oculus à moulures.
Les parties latérales de la façade sont chacune percée d'une fenêtre en plein cintre à simple ébrasement et d'une porte en plein cintre surmontée d'un linteau et d'un tympan aveugle.
L'église abbatiale fut construite de 1175 à 1230.
La nef principale est couverte d'une voûte en berceau brisé soutenue par de puissants arcs-doubleaux prenant appui sur d'imposants piliers cruciformes.
La croisée du transept est couverte d'une croisée d'ogives mais on retrouve la voûte en berceau brisé au chœur, dans la nef et les deux parties du transept.
Il faut remarquer également les motifs d'une très grande précision qui composent ses chapiteaux carrés à feuilles d'eau, motif typique de l'architecture cistercienne.
Le cloître, aux murs très épais, a été édifié au XIIIe siècle.
Comme l'église, il combine des éléments stylistiques romans et gothiques. Les galeries présentent une voûte en berceau et sont percées de baies en plein cintre. Chacune de ces baies abritait initialement une paire de baies ogivales séparées par d'élégantes colonnettes et surmontées d'un oculus mais ces baies ogivales ont été détruites : il en subsiste une reconstitution au niveau de la galerie nord. Les autres baies présentent encore, telles des cicatrices, le départ des arcs ogivaux et, dans certains cas, les pieds des colonnettes.
Le lavabo se dresse devant la porte menant à l'aile nord du cloître et au réfectoire, afin que les moines se purifient les mains avant de toucher le pain, symbole sacré. Ce lavabo en pierre, nettement plus modeste que celui de l'abbaye de Valmagne, est orné d'anneaux et de colonnettes supportant des arcatures trilobées.
La salle du chapitre et la salle des moines sont du XIIIe siècle.
À l'est du cloître, la salle des moines est dotée d'élégantes voûtes gothiques du XIIIe siècle. Au nord du cloître, le grand réfectoire, reconstruit en 1423, est plus richement orné que le reste du monastère car il a été bâti à un moment où la règle de saint Bernard était respectée avec bien moins de rigueur et d'austérité.
Rachetée par l'État en 1846, l'abbaye a conservé en grande partie son aspect d'origine grâce à l'intervention des architectes des monuments historiques, qui l'ont restaurée durant près d'un siècle.
Elle accueille chaque année quelques prestigieux concerts du célèbre festival de piano de la Roque-d'Anthéron et du festival international de quatuors à cordes du Luberon.
Silvacane est fille de l'abbaye de Morimond