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Nom de naissance |
مصطفى بن عبد القادر ست مريم نصار |
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Abou Moussab al-Souri (أبو مصعب السوري en arabe), né Mustafa bin Abd al-Qadir Setmariam Nasar (مصطفى بن عبد القادر ست مريم نصار en arabe) le 26 octobre 1958 à Alep en Syrie, est un théoricien djihadiste lié à al-Qaïda.
Il a environ 24 ans quand il participe à l’insurrection de la grande ville syrienne de Hama (400 000 habitants), en , qui est un des événements fondateurs du djihadisme global[2]. Le 2 février, les forces paramilitaires des Frères musulmans estimées à 250 ou 300 personnes prennent le contrôle de la grande ville de Hama[2]. L’appel au djihad lancé, des fonctionnaires du gouvernement sont assassinés froidement au cours d'affrontements puis d'une répression durant plus d’un mois[2]. Après la fuite de la majorité des islamistes dont Al-Souri, la population est tenue pour responsable de l’insurrection par le régime qui fait entre 20 et 25 000 morts pour l'exemple[2]. Il gagne la France, puis se rend en Espagne où il épouse une Espagnole athée, ce qui lui permet d’avoir le passeport indispensable pour ses futurs voyages[2]. En 1995, il rejoint Oussama ben Laden en Afghanistan, où son aura de vétéran du djihad acquise à Hama lui permet d’organiser, en 1997, la première interview du fondateur d’Al-Qaïda sur CNN par Peter Bergen[2].
De retour en Espagne en 1992, al-Souri soutient le Groupe islamique armé algérien[2]. Il est recherché en Espagne pour l'attentat d'El Descanso de 1985 ainsi que comme témoin dans les attentats de Madrid du 11 mars 2004[3]. Il est également suspecté d'être le cerveau des attentats de Londres du 7 juillet 2005[4]. Beaucoup le considèrent comme « le représentant le plus éloquent du djihad moderne et de ses stratégies les plus sophistiquées[5],[6] ». Selon le journaliste américain Bergen qui le rencontre en 1996 : « Il apparaissait comme un vrai intellectuel, très au courant de l'histoire, et il avait des objectifs des plus sérieux. Pour sûr, il m'a davantage impressionné que Ben Laden »[7].
Selon Gilles Kepel, il serait l'inspirateur de Mohammed Merah, l'auteur des attentats de 2012 à Toulouse[8].
En 2005, avec deux de ses compagnons, Abou Moussab Al-Souri est arrêté par les services de renseignements pakistanais et livré à la CIA par qui il sera emprisonné pendant plusieurs mois. Au bout de plusieurs mois d'enquête, les Américains comprennent que Abou Moussab n'est pas un membre d'Al-Qaida mais un « simple » islamiste, et qu'il n'est pas responsable d'acte terroriste aux États-Unis. N'ayant aucune preuve contre lui, ils l'envoient à Damas, sous le contrôle du général Assef Shawkat, chef de la division des services de renseignements militaires syriens[9].
Selon Abou Khaled al-Souri, ami proche d'Abou Moussab, emprisonné avec lui, le général Assef a commencé à négocier avec lui pour qu'il abandonne ses idées et cesse de publier. Abou Moussab a refusé car il se jugeait un auteur connu[9].
Abou Moussab a été torturé presque quotidiennement par les services de renseignements syriens, jusqu'à son transfert à l'été 2011 vers la prison de Saidnaya. Selon plusieurs témoignages de différentes sources, dont une association, Abou Khaled al-Souri a été libéré avec plusieurs centaines d'islamistes lors du début de la guerre civile syrienne en 2011, tandis que Abou Moussab n'a pas eu cette chance. Torturé de façon intensive, il a été présenté devant un tribunal militaire pour être jugé pour appartenance à l'avant-garde combattante et à la branche militaire des frères musulmans syriens dans les années 1980 lors du règne de Hafez Al-Assad. Cela s'est produit rapidement car Abou Moussab était déjà mourant à la suite des tortures commises sur sa personne par le régime syrien[9].
Il aurait été inhumé dans le cimetière Al-Najha dans la campagne de Damas, cimetière où le régime syrien avait l'habitude d'enterrer ceux qu'il avait exécutés ou qui étaient décédés lors de séances de torture[9]. Selon plusieurs sources, cette thèse est la plus probable compte tenu du nombre important de personnes, dont son ami Abou Khaled al-Souri, pour la corroborer. Il n'y a eu signe de vie depuis 2011.
Cependant, en 2014, Ayman al-Zawahiri, à l'occasion de l'enregistrement vidéo de l'éloge funèbre d'Abou Khaled al-Souri, fait référence à Abou Moussab al-Souri en demandant à Dieu sa libération, indiquant par là que celui-ci serait toujours détenu[10].
Selon l'islamologue Gilles Kepel, son Appel à la résistance islamique mondiale de 1600 pages aurait transformé l'idéologie du djihadisme international. Il recommanderait la guerre civile en Europe menée par la jeunesse musulmane immigrée qui devrait être préparée à « enclencher la dislocation finale de l’Occident, préalable au triomphe mondial de l’islam[11] ». Plutôt que de frapper les États-Unis, Abou Moussab al-Souri préconise de viser l'Europe, « ventre mou » de l'Occident, afin de provoquer des réactions islamophobes qui pousseraient les musulmans européens à rejoindre les rangs djihadistes[7]. Pour le journaliste Éric Leser, « Selon Abou Moussab al-Souri, il faut viser les juifs, les policiers, les militaires, les églises, les grands événements sportifs et culturels. Il faut dresser les populations contre les musulmans et contraindre ainsi ces derniers à choisir un camp[12] ».
Dans son Appel il prône aussi l'utilisation « des nouvelles technologies de communication bon marché pour faire le maximum de dégâts avec le minimum de budget[13] ».