Alphonse de Châteaubriant épouse à Saint-Nazaire, par contrat du , Marguerite-Eugénie-Thérèse Bachelot-Villeneuve (1876-1962), fille d'un médecin, dont il a deux fils, Guy et Robert (1906-1992, écrivain sous le nom d'Yves Le Scal[4]). Pendant la Première Guerre mondiale, il vit aussi à Versailles, rue de l'Orangerie, et ses enfants vont au lycée Hoche, sa famille faisant des allers et retours à Saint-Nazaire, pour causes de mauvais ravitaillement. Plus tard, il rencontre la poétesse Gabrielle Castelot. L'un des deux fils de cette dernière, le futur historien André Castelot, devient un temps son secrétaire particulier[5].
Il collabore à des revues régionales et publie une série de nouvelles intitulées Hobereaux[6].
C’est donc ce terroirrégional du grand Ouest qui constitue la matière de ses livres, à commencer par Monsieur des Lourdines, prix Goncourt 1911[6]. Romain Rolland, avec qui il s'est lié d'amitié, voit alors dans ce premier ouvrage « un livre à rendre en un mois son auteur célèbre dans le monde entier ». Vient ensuite La Brière, pour lequel il reçoit en 1923 le grand prix du roman de l'Académie française et qui est l'un des plus forts tirages de l'entre-deux-guerres avec 600 000 exemplaires vendus. Le livre est traduit dès 1924 en allemand, puis en anglais, et est publié par 26 éditeurs différents. En 1927, il publie La Meute[7].
Quand éclate la Première Guerre mondiale, Châteaubriant — qui sert comme ambulancier — écrit à sa femme et à Romain Rolland des lettres qui montrent son bouleversement. Lorsqu'arrive enfin la paix, l'écrivain est convaincu de la nécessité pour la France de se réconcilier avec l'Allemagne afin d'éviter une nouvelle guerre. Germanophile, catholique horrifié par le communismeathée, partisan de l'ordre, mais également dreyfusard[8], il est séduit par le national-socialisme d'Hitler, y voyant un retour à l'esprit de la chevalerie[9], auquel il mêle une mystique catholique, manifeste dans La Réponse du Seigneur. Il se rend plusieurs fois en Allemagne avec sa maîtresse et collaboratrice, Gabrielle Castelot, nazie convaincue.
En , à l'issue d'un voyage en Allemagne, il publie La Gerbe des forces[N 1] où il n’hésite pas à se prononcer en faveur de l'idéologie hitlérienne, voyant une sorte de compatibilité entre le christianisme et le nazisme. Se rendant au congrès de Nuremberg, il rencontre à Berchtesgaden, le , Adolf Hitler qui lui apparaît comme un nouveau messie. Il relate ensuite son entrevue dans le quotidien Le Journal, sous le titre « Hitler m'a dit… »[10].
En 1944, quand les troupes alliées approchent de Paris, Châteaubriant se réfugie en Allemagne, où il se trouve déjà quand, le , paraît le dernier numéro de La Gerbe. Le Comité national des écrivains (CNE) inscrit alors son nom sur la liste des auteurs qu’il juge indésirables.
Après l’écrasement de l’Allemagne, Alphonse de Châteaubriant se réfugie en Autriche, où il vit à Kitzbühel, se faisant appeler « Dr Alfred Wolf ». C’est donc par contumace qu’il est frappé d'indignité nationale et condamné à mort le [12] par la sixième section de la Cour de justice de la Seine ; le mandat d'arrêt lancé contre lui avec ordre de le conduire au fort de Charenton ne l’atteignit jamais dans le monastère du Tyrol où il s'était réfugié et où il mourut en 1951 après avoir publié une Lettre à la chrétienté mourante.
Monsieur des Lourdines – Histoire d'un gentilhomme campagnard (Prix Goncourt), Grasset, 1911. Réédition G. Crès & Cie, 1924, portrait de l'auteur gravé sur bois par Paul Baudier. Repris dans : Gens de Vendée, Omnibus, 1996 (comprend : Les Mouchoirs rouges de Cholet, par Michel Ragon - Les Louves de Machecoul, par Alexandre Dumas - Monsieur des Lourdines - La terre qui meurt, par René Bazin) (ISBN2-258-04206-2).
La Meute, éd. du Sablier, 1927; réédition chez Grasset (coll. Pour mon plaisir) en 1935.
Locronan, Cahiers libres, 1928.
La Réponse du Seigneur, Grasset, 1933, 313.p. bois gravé de Constant Le Breton (1895-1985); dernière réédition Grasset, 1967 (ISBN2-246-11082-3).
Kériacop, éditions Mornay, « la collection originale ».
La Cité de nos fêtes , éditions Bernard Grasset.
Au pays de Brière (photos de C. Le Boyer & A. Bernard), édition préparée par A. Castelot, éd. de Gigord, sans date, [1935].
La Gerbe des forces, Grasset, 1937 ; réédition aux éditions de l'Homme libre, 2005.
Le Bouquet fané (illustrations de Bernard Roy), Tisné, 1937.
« Mais si le bouquet est fané, quelque chose dans ce bouquet fané ne veut pas mourir. La couleur plus forte que la mort, d'une certaine fleur de bruyère […] Oui ! il reste la plupart du temps quelque chose de caché au fond des cassettes vides, et ce qui reste ainsi caché porte le dernier et le premier des beaux noms : l'honneur. L'honneur qui reste malgré tout, dans la gentry française, l'un des adversaires historiques les plus redoutables de cet ennemi de toute sagesse qui s'appelle : l'or. »
Les pas ont chanté, Grasset (coll. Le trentenaire), 1938.
Écrits de l'autre rive, Le Palladium - André Bonne éditeur, 1950
Lettre à la chrétienté mourante, Grasset (coll. Les cahiers verts), 1951.
…Des saisons et des jours… Journal de l'auteur, 1911-1924, avec 7 dessins originaux de l'auteur, éd. du Sapin vert, 1953.
Itinerarium ad lumen divinum, La Colombe, 1955.
Procès posthume d'un visionnaire, Nouvelles Éditions latines, 1987.
↑Sur cet ouvrage, voir le jugement de Paul Lévy : « Un homme comme A. de Châteaubriant, qui voulait passer pour un fin connaisseur des choses d’Allemagne, a réussi à faire de sa Gerbe un véritable florilège de fausses traductions et de coquilles de toute espèce (par exemple dans La Gerbe des forces, p. 57, 80, 99, 211 s., 227 s.) », in La langue allemande en France : pénétration et diffusion des origines à nos jours, de 1830 à nos jours, t. II, Lyon, I. A. C, coll. « Bibliothèque de la Société des études germaniques », , 277 p. (BNF32381554), p. 229-230.
↑Directeur littéraire aux éditions Grasset, puis aux éditions André Bonne, il se consacre à l'édition des œuvres philosophiques de son père, Alphonse de Châteaubriant puis consacre ses propres talents d'écrivain à la mer pour laquelle il se passionne.
↑Jonathan de Chastenet, « Romanesque et chevaleresque mêlés : l'itinéraire aristocratique d'Alphonse de Châteaubriant », in Plus noble que le roi : représentations littéraires de la noblesse : journée d'hommage à Alain Néry du 25 juin 2008, Angers, Presses de l'université d'Angers, , 162 p. (ISBN978-2-915751-44-4, BNF42477571), p. 121-131.
↑Alphonse de Châteaubriant, « Hitler m'a dit… » , Le Journal, 2 septembre 1938 (Lire en ligne).
Thierry Bouclier, Alphonse de Châteaubriant, Pardès, coll. « Qui suis-je ? », 2019 (ISBN978-2-86714-529-2).
Jonathan de Chastenet, « Romanesque et chevaleresque mêlés : l’itinéraire aristocratique d’Alphonse de Châteaubriant », dans Anne-Simone Dufief (dir.), Plus noble que le roi : Représentations littéraires de la noblesse, Angers, Presses de l’Université d’Angers, , 162 p. (ISBN9782915751444, lire en ligne).
Simon Epstein, Les Dreyfusards sous l'Occupation, éd. Albin Michel, 2001[source insuffisante].
Jean-Félix Lapille, Une parousie européenne : La Gerbe (1940-1944), mémoire de master, Université Paris 1, 2016.
Louis-Alphonse Maugendre, Alphonse de Chateaubriant 1877-1951 – Dossier littéraire et politique, André Bonne, 1977, 445 p.
Louis-Alphonse Maugendre, éd., L'un et l'autre (1983-1996), Albin-Michel (ISBN2-226-06494-X). Correspondance entre Romain Rolland et Alphonse de Châteaubriant – Choix de lettres, 1906-1944, texte établi par M. Romain-Rolland et R. de Châteaubriant pour le I, texte établi et annoté par L.-A. Maugendre pour le II.