Il a également développé ce qu'il a appelé la sicilienne « caméléon ». Il s'agit de garder une certaine flexibilité entre les siciliennes dites « ouvertes » (3...cxd4 4. Cxd4) et la sicilienne fermée, en jouant Cc3 et Cge2. Andrew Soltis a utilisé cet ordre de coups à partir de 1978 pour réduire drastiquement le niveau de la théorie échiquéenne dont il lui fallait suivre l'évolution[3]. Il évitait la variante Najdorf (par l'ordre de coups 1. e4 c5 2. Cc3 d6 3. Cge2 Cf6 4. g3 a6 5. Fg2 sans jouer d4) , la sicilienne Kan (par l'ordre de coups 1. e4 c5 2. Cc3 e6 3. Cge2 a6 4. g3 b5 5. Fg2 Fb7) et la variante Taïmanov (par l'ordre de coups 1. e4 c5 2. Cc3 e6 3. Cge2 Cc6 4. g3)[3]. Il affirme que dans 70% des cas, il obtenait une variante du dragon ou une attaque Velimirović (par l'ordre de coups 1. e4 c5 2. Cc3 Cc6 3. Cge2 Cf6 4. d4 cxd4 5. Cxd4 d6 6. Fc4)[3]. On peut noter en passant que l'ordre de coups 2. Cc3 et 3. Cge2 avait déjà été employé par Bobby Fischer en 1970 (contre Mario Bertok, au tournoi de Rovinj/Zagreb[4]).
Soltis a souvent cherché à éviter les lignes qui lui déplaisaient grâce aux transpositions. Il a par ailleurs exploré certaines ouvertures marginales telles que la défense franco-Benoni (ou franco-sicilienne ou ouverture Barcza-Larsen): 1. e4 e6 2. d4 c5, et la défense tchèque : 1. e4 d6 2. d4 Cf6 3. Cc3 c6 (Code ECO B07). Dans son livre Confessions of a Chess Grandmaster, il a écrit qu'il considérait comme un défi intellectuel très stimulant le fait d'élaborer des défenses originales contre 1. e4.
Comme pour tout auteur prolifique, ses écrits sont inégaux. Certains de ses ouvrages comme Pawn Structure Chess, qui synthétise des techniques de jeu en fonction des structures de pions, ont gagné leur place dans l'histoire. D'autres de ses livres (ceux sur les ouvertures notamment) ne peuvent se révéler utiles qu'à des joueurs qui, tel José Raúl Capablanca, souhaitent consacrer le moins de temps possible à cette phase du jeu.
Dans ce livre, Andrew Soltis étudie les finales sous forme de dialogue socratique. Il emploie également des exemples tirés de parties réelles de haut niveau où, parfois, des joueurs réputés se sont trompés, en indiquant alors quelle était la bonne marche à suivre. Outre des notions abordées selon un plan original (avant des sections par type de matériel, sont traités les « déséquilibres », puis les « techniques » et enfin les « plans »), les exemples donnés sur les finales de tours occupent pas moins de 25 pages, soit une instruction calibrée pour les joueurs de niveau moyen. Jeremy Silman a exprimé dans Inside Chess Online son admiration vis-à-vis de ce livre.
Soltis retrace sa carrière. Il y rapporte notamment qu'ayant joué toute sa vie la défense est-indienne, il ne comprend toujours pas cette ouverture[5] !
Frank Marshall, United States Chess Champion: A Biography with 220 Games, 1993
The United States Chess Championship, 1845-1996
2e édition : The United States Chess Championship, 1845-2011
↑Le terme est resté : voir le livre de Carsten Hansen The chameleon variation: Confronting the sicilian on your own terms (Russell Enterprises, Inc., 2017).