Antjie Krog

Antjie Krog
Antjie Krog en 2019.
Biographie
Naissance
Nationalité
Formation
Activités
Période d'activité
Autres informations
A travaillé pour
Distinctions
Œuvres principales
Country of My Skull (d)Voir et modifier les données sur Wikidata

Antjie Krog (née le à Kroonstad dans l'État libre d'Orange) est une poétesse, journaliste et universitaire sud-africaine qui écrit en afrikaans et en anglais.

Enfance et jeunesse

[modifier | modifier le code]

Née en 1952[1] dans une famille d'écrivains, elle grandit dans une ferme à Kroonstad. Elle commence à écrire de la poésie très jeune car elle se sent seule[1]. Elle dit avoir pris conscience des mots à l'âge de 7-8 ans, lorsqu'elle pleure à la suite de la lecture de ses écrits dans son journal intime sur l'enterrement de sa grand-mère alors qu'elle ne l'a pas fait le jour même de l'enterrement[1].

En 1970, pendant les années les plus dures de l'apartheid, à l'époque où John Vorster est Premier ministre, elle publie dans le journal de son école un poème intitulé Mon beau pays qui scandalise la communauté afrikaner et attire l'attention de tout le pays[2] :

Gee vir my 'n land waar swart en wit hand aan hand
vrede en liefde kan bring in my mooi land.
Voyez, je me fais un pays (…) Où Noirs et Blancs, main dans la main
apporteront amour et paix, dans mon beau pays

(traduction de Georges Lory[3].

En 1973, elle obtient une licence d'anglais à l'université de l'État-Libre d'Orange puis, en 1976, une maîtrise d'afrikaans à l'université de Pretoria[4],[5]. Également diplômée de l'université d'Afrique du Sud (UNISA)[4], elle enseignera plus tard dans une université pour les Sud-Africains noirs.

Surnommée « la Pablo Neruda de l'afrikaans » par sa contemporaine Joan Hambidge, elle publie à l'âge de 17 ans son premier livre de poèmes, Dogter van Jefta (La Fille de Jephté) et, deux ans plus tard, Januarie-suite (Suite de janvier). Suivent huit autres recueils de poèmes en afrikaans et un en anglais.

Journalisme

[modifier | modifier le code]

Antjie Krog a travaillé pour diverses publications telles que Die Suid-Afrikaan, une revue aujourd'hui disparue, dont l'un des fondateurs était Hermann Giliomee. Plus tard, Pippa Green l'invita à rejoindre l'équipe de la radio sud-africaine (South African Broadcasting Corporation ou SABC). Pendant deux ans, sous le nom d'Antjie Samuel, elle collabore comme journaliste à l'émission AM Live consacrée à la Commission vérité et réconciliation (CVR). Après la fin des travaux de la CVR, elle occupe le poste de rédactrice parlementaire à la SABC.

Son œuvre la plus connue à l'étranger est sans conteste La douleur des mots, chronique de la Commission vérité et réconciliation. Ce livre a inspiré le réalisateur John Boorman, qui en a tiré un film intitulé In My Country avec Samuel L. Jackson et Juliette Binoche[6].

Vie privée

[modifier | modifier le code]

Antjie Krog est mariée à l'architecte John Samuel. Le couple a quatre enfants et trois petits enfants. Depuis 2004, Antjie Krog enseigne la littérature et anime des ateliers d'écriture au département d'afrikaans et de néerlandais de l'université du Cap-Occidental[7].

En , le poète Stephen Watson l'accuse d'avoir plagié une partie de son livre Return of the Moon, ainsi qu'un autre livre, de Ted Hughes. Antjie Krog réfute ces accusations, ainsi qu'un certain nombre d'universitaires, de journalistes et d'éditeurs, qui défendent le travail d'Antjie Krog[8]

Bibliographie (extrait)

[modifier | modifier le code]
  • Dogter van Jefta (La Fille de Jephté), 1970
  • Januarie-suite (Suite de janvier), 1972
  • Beminde Antarktika (Chère Antarctique), 1974
  • Mannin (L'Hommesse), 1974
  • Otters in Bronslaai, 1981
  • Jerusalemgangers (Les pèlerins de Jérusalem), 1985
  • Lady Anne (1989), prix Hertzog, 1990
  • Gedigte 1989–1995 (Poèmes), 1995
  • Kleur kom nooit alleen nie (La couleur ne vient jamais seule), 2000
  • Down to my last skin, 2000
  • Met woorde soos met kerse (Avec des mots comme avec des bougies), Le Cap, Kwela Boeke, 2002
  • The stars say tsau, 2004
  • Verweerskrif/Body bereft, 2006
poèmes (édition simultanée en afrikaans et en anglais)
  • Digter wordende, 2009
anthologie : choix par l'auteur de 115 de ses poèmes, regroupés par thème
  • Mede-wete / Synapse, 2014
  • 'n Vry vrou, 2020, sélection de poèmes par Karen de Wet

Poésie pour enfants

[modifier | modifier le code]
  • Mankepank en ander Monsters (Mankepank et autres monstres), 1989
  • Voëls van anderster vere (Oiseaux de différents plumages), 1992
  • Fynbosfeetjies (Les fées du fynbos), 2007 (en collaboration avec Fiona Moodie)
  • Relaas van 'n Moord (Récit d'un meurtre), 1995
  • Country of my Skull (La douleur des mots), 1998
  • A Change of Tongue (En changeant de langue), 2003
  • There was this goat, 2009 (en collaboration avec Nosisi Mpolweni et Kopano Ratele)
  • Begging to be Black, 2009
  • Conditional Tense: Memory and Vocabulary after the South African Truth and Reconciliation Commission, 2013
  • Waarom is dié wat voor toyi-toyi altyd vet? (Pourquoi les danseurs en tête du cortège sont-ils toujours gros?), 1999

Traductions par Antjie Krog

[modifier | modifier le code]

Depuis les années 1990, outre son œuvre littéraire, politique et journalistique, Antjie Krog publie également des traductions. Son ouvrage le plus ambitieux dans ce domaine est peut-être Met woorde soos met kerse, qui vise à faire connaître en afrikaans les différentes traditions poétiques d'Afrique du Sud telles qu'elles s'expriment dans les autres langues du pays : /Xam, xhosa, zoulou, ndebele, swati, venda, tsonga, sotho du nord, tswana et sotho du sud. Cette anthologie a été couronnée en 2003 par le prix de traduction de l'Institut sud-africain des traducteurs.

Elle a également traduit en afrikaans les ouvrages suivants :

du néerlandais

[modifier | modifier le code]
  • Domein van Glas (titre original Een Mond vol Glas) de Henk van Woerden, Le Cap, Queillerie-Uitgewers, 2000
ouvrage disponible en français aux Éditions Actes Sud, dans une traduction de Pierre-Marie Finkelstein, sous le titre La bouche pleine de verre
  • Mamma Medea, (titre original Mamma Medea), pièce de théâtre de l'auteur belge Tom Lanoye (inédite en français), Le Cap, Queillerie-Uitgewers, 2002

de l'anglais

[modifier | modifier le code]
  • Lang Pad na Vryheid, (titre original Long Walk to Freedom), autobiographie de Nelson Mandela, Florida (Johannesbourg), Vivlia Uitgewers, 2001
cet ouvrage a été traduit en français par Jean Guiloineau aux Éditions Fayard, sous le titre Un long chemin vers la liberté)

et de l'afrikaans en anglais :

Traduction des oeuvres d'Antjie Krog

[modifier | modifier le code]

Œuvres d'Antjie Krog traduites en français

[modifier | modifier le code]
  • La douleur des mots (titre original Country of My Skull), traduit de l'anglais par Georges Lory, Arles, Actes Sud, Arles, 2004
  • Ni pillard, ni fuyard, poèmes (1969-2003) traduits de l'afrikaans par Georges Lory, Cognac, Éditions Le Temps qu'il fait, 2004
  • Une syllabe de sang, poèmes (2003-2012) traduits de l'afrikaans par Georges Lory, Cognac, Éditions Le Temps qu'il fait, 2013
  • Messe pour une planète fragile et autre poèmes, traduit de l'afrikaans par Georges-Marie Lory, Éditions Joca Seria, 2021

Traductions dans d'autres langues

[modifier | modifier le code]
  • 'n Ander Tongval (titre original A Change of Tongue), version afrikaans de l'auteure, Le Cap, Tafelberg, 2005
  • Account of a Murder (titre original Relaas van 'n Moord), traduit de l'afrikaans par Karen Press, Heinemann Publishers Ltd., 1997
  • Terra del mio sangue (La douleur des mots), traduit de l'anglais par Marina Rullo, Rome, Nutrimenti editore, 2006

néerlandais

[modifier | modifier le code]
  • Om te kan asemhaal, anthologie de poèmes traduits de l'afrikaans par Robert Dorsman, Amsterdam, Atlas, 1999
  • De kleur van je hart (La douleur des mots), traduit de l'afrikaans par Robert Dorsman, Amsterdam, Metz & Schilt, 2000
  • Kleur komt nooit alleen (titre original Kleur kom nooit alleen nie) traduit de l'afrikaans par Robert Dorsman, Amsterdam, Uitgeverij Podium, 2000
édition bilingue afrikaans-néerlandais
  • Relaas van een moord (titre original Relaas van 'n Moord), traduit de l'afrikaans par Robert Dorsman, Amsterdam, Uitgeverij Podium, 2003
  • Liedere van die bloukraanvoël/Liederen van de blaauwkraanvogel, poèmes traduits de l'afrikaans par Robert Dorsman, Amsterdam, Uitgeverij Podium, 2003
édition bilingue afrikaans-néerlandais
  • Een andere tongval (La douleur des mots), traduit de l'anglais par Robert Dorsman, Amsterdam, Uitgeverij Contact, Amsterdam 2004
  • Lijfkreet (titre original Verweerskrif) traduit de l'afrikaans par Robert Dorsman et Jan van der Haar, Amsterdam, Uitgeverij Podium, 2006
édition bilingue afrikaans-néerlandais
  • Hoe zeg je dat, choix de poèmes traduits de l'afrikaans par Robert Dorsman et Jan van der Haar, Amsterdam, Uitgeverij Podium, 2009
édition bilingue afrikaans-néerlandais
  • Zavičaj moje lobanje (La douleur des mots), traduit de l'anglais par Gordana Vučićević, Belgrade, Samizdat FreeB92, 2000

L'œuvre d'Antjie Krog a été couronnée par de nombreux prix littéraires, tant en Afrique du Sud qu'à l'étranger.

  • 1973 : Prix Eugène-Marais pour Januarie Suite
  • 1976 : Prix Reina Prinsen-Geerlig (Pays-Bas)[9]
  • 1990 : Prix Hertzog (poésie) pour Lady Anne
  • 1996 : Prix de la presse étrangère (Foreign Correspondents Award)
  • 1999 : Prix Alan-Paton Alan Paton Award, décerné par le Sunday Times de Johannesbourg, pour Country of My Skull (La douleur des mots)
  • 1999 : Prix des libraires sud-africains (Booksellers Award)
  • 2000 : Hiroshima Peace Culture Foundation Award[10] (Japon)
  • 2000 : Prix Olive Schreiner, décerné par l'Académie de langue anglaise d'Afrique du Sud, pour Country of My Skull (La douleur des mots)
  • 2001 : Prix de l'université afrikaans du Rand
  • 2003 : Prix de traduction de l'Institut sud-africain des traducteurs
  • 2017 : Gouden Ganzenveer (Pays-Bas)

Depuis 2004, Antjie Krog est également docteur honoris causa de l'université de Stellenbosch et de l'université de l'État-Libre.

Adaptations de son œuvre

[modifier | modifier le code]

Notes et références

[modifier | modifier le code]
  1. a b et c Tirthankar Chanda, « Chemins d'écriture - Découvrir la dignité humaine des mots, avec la Sud-Africaine Antjie Krog », Radio France internationale,‎ (lire en ligne)
  2. a et b Nicolas Michel, « Au théâtre, bourreaux et victimes de l’apartheid en plein débats », Jeune Afrique,‎ (lire en ligne)
  3. Antjie Krog (trad. Georges Lory), Ni pillard, ni fuyard, Cognac, Éditions Le Temps qu'il fait,
  4. a et b (en) « Antjie Krog », sur LitNet
  5. (en) « Antjie Krog », sur South African History Online
  6. a et b Nathalie Simon, « Mon pays, ma peau au Lucernaire : les maux des mots », Le Figaro,‎ (lire en ligne)
  7. (en) « Home », sur ac.za (consulté le ).
  8. (en) Michael Wessels, « Antjie Krog, Stephen Watson and the Metaphysics Of Presence », sur Cambridge University Press,
  9. (nl) G.J. Schutte, « Vondsten uit het archief: Reina Prinsen Geerligs-prijs », Zuid-Afrikahuis,‎ (lire en ligne)
  10. (en) Simon Gikandi, Encyclopedia of African Literature, Routledge, (lire en ligne), p. 379

Liens externes

[modifier | modifier le code]