Le lieu et la date de sa naissance ne sont pas assurés. Il est souvent dit né à Lecce, dans le royaume de Naples. Dans un document découvert en France, Antonio Verrio prétend qu'il est né à Naples, baptisé dans l'église San Giovanni Maggiore[1]. Pour l'année de sa date de naissance, les historiens donnent en général l'année 1639, mais on trouve aussi l'année 1636 ou 1634. Dans certains documents de Lecce, il est cité comme fils de Giovanni Verrio, avocat, jurisconsulte et peintre[2].
Un de ses premiers tableaux se trouve à Lecce, dans l'église Sainte-Irène (des Théatins) (Sant'Irene dei Teatini): il représente le Martyre de saint Étienne, placé sur l'autel dédié à saint Étienne. Deux autres de ses tableaux se trouvent dans l'église du Gesù dans la même ville de Lecce[3].
Antonio Verrio quitta Lecce pour se rendre à Rome, puis Florence avant d'arriver en France et s'arrête à Toulouse (1666-1668), où il peint un retable pour les religieuses Carmélites[4].
On trouve des éléments sur la biographie de Verrius dans le manuscrit de Joseph Malliot (1736-1811), Vie de quelques artistes dont les ouvrages font l'ornement de la ville de Toulouse dont il existe trois copies du manuscrit original qui a disparu. Dans le manuscrit qui appartenait à l'éditeur E. Connac :
Verrius, peintre italien dont ignore le lieu de naissance, était disciple de Pierre de Cortone. Il était bel homme et d'une figure intéressante : double avantage dont il usa malheureusement qu'au préjudice de ses mœurs, car il fut toute sa vie le jouet et la victime de sa passion désordonnée pour les femmes.
Ne s'occupant jamais de l'avenir, oubliant toujours le passé, le présent seul l'affectait. Sourd à tout, excepté à la voix du plaisir, peu délicat sur le choix des moyens, bravant même la rigueur des lois, il exposa mille fois son honneur et sa vie lorsqu'il eut des obstacles à surmonter. Le nombre des infortunées que, dans ses voyages, il avait épousées et ensuite abandonnées, lui fit traîner dans la crainte et les remords les jours tristes et languissants d'une vieillesse prématurée.
C'est dans quelqu'une de ces circonstances critiques, en 1666, que fuyant déguisé en pèlerin, il vint mendier à la porte d'une auberge de campagne, où se trouvait par hasard une de ses épouses et deux petits enfants qu'il avait délaissés[5]. L'un d'eux le reconnaissant accourut vers lui avec de grands cris de joie et embrassait ses genoux, ce qui ne l'attendrit pas. Ce barbare paya d'effronterie, s'éloigna et fut errant jusqu'à Bonrepos. Il y vint demander asile au président Riquet[6], disant qu'une affaire fâcheuse le contraignait de fuir. Ayant ajouté qu'il était peintre, le magistrat ami des arts, touché de sa position, le reçut et l'occupa dans son château. Il y décora deux vastes salles, dans l'une il représenta les Vertus et dans l'autre l'Histoire de Psyché. Cette divinité a été détruite, l'autre subsiste encore.
S'étant enhardi, il quitta sa retraite et vint à Toulouse, où bientôt sa réputation s'établit. Il fit divers tableaux, entre autres celui de Saint Félix de Cantalice[7] pour les Capucins et celui du maître-autel des Carmes déchaussés représentant le Mariage de la Vierge[8],[9]. L'artiste la peignit sur les traits de l'épouse de son protecteur. On assure qu'il termina ce morceau dans moins d'une semaine, ce qui lui causa un démêlé avec les religieux, n'estimant l'ouvrage qu'à raison du temps que l'artiste y avait employé ; ils voulurent retrancher considérablement du prix convenu, mais des commissaires ayant été consultés, Verrius fut satisfait.
Après quelque séjour à Toulouse, il vit une jeune personne d'une famille distinguée. Il en fut épris et ne tarda pas à être payé en retour. Il osa, selon son usage, la demander pour épouse, et parvint à surmonter la répugnance des parents. Ils approuvèrent ses assiduités, mais heureusement pour la jeune demoiselle et malheureusement pour lui, sa réputation avait été trop loin, ainsi que le bruit de son nouvel hyménée. Plusieurs de ses épouses s'étaient liguées et avaient obtenu des ordres pour le faire arrêter. Elles avaient fait écrire de tous côtés. Il fut découvert, mais ses amis le prévinrent à temps. Il s'enfuit.
J'ai eu parmi les estampes de ma collection, un plafond représentant une Allégorie en l'honneur du roi d'Angleterre. L'inscription de ce morceau indique assez de vraisemblance que la Grande-Bretagne lui fournit un asile.
Verrius peignait dans le goût de Pierre de Cortone, son maître, avec une facilité et une prestesse de main étonnantes. Il en abusait. Souvent ses tableaux, quoique sentant la manière, ne laissent pas que d'intéresser. Il sut toujours y faire dominer une certaine fraîcheur qui les caractérise. On les connaît au premier coup d'œil (folios 503-507)[10].
Il est à Paris vers 1670 où il a décoré plusieurs hôtels particuliers, en particulier à l'hôtel Brûlart où il a peint le plafond de la salle à manger en représentant une Bacchanale avec Jupiter et Junon[11],[12].
En vieillissant, Antonio Verrio perdit la vue. La reine Anne lui a accordé une pension annuelle de 200 livres. Il est mort à Hampton Court, le .
Louis Laguerre (1663-1721) et James Thornhill (1675-1734) furent ses élèves et Laguerre travailla pour lui avant de se mettre à son propre compte après sa mort.
↑(it) Raffaele De Giorgi, « Couleurs, couleurs ! » Antonio Verrio : un pittore in Europa tra Seicento e Settecento, Florence, edifir, , 236 p. (ISBN978-88-7970-449-6), p. 45
↑Dans sa thèse, en 2001, Alain de Beauregard, écrit que son père, Jean Verrié, descendait d'une famille de marchands français de Bourgneuf installés à Naples. Il serait arrivé à Toulouse en 1664, après avoir séjourné à Aix, Montpellier et Béziers où il serait revenu en 1668. Il se serait marié le 15 février 1665 avec Françoise Dangelly, fille d'un notaire de Béziers, cousine de Madame de Riquet. Il aurait quitté Toulouse au printemps 1670 pour suivre le comte de Northumberland venu consulter O'Riordan. Stéphanie Trouvé remarque que ces informations ne sont basées sur aucune justification (Trouvé 2016, p. 88, note 98).
↑Antonio Verrio s'est marié à Lecce, vers 1655, avec Massenzia Tornese avec laquelle il a eu deux fils, Cristoforo Gaetano, né en janvier 1656, et Oronzio Cristoforo, en mars 1659. En 1661, il s'établit avec sa famille à Naples (Brett 2009, p. 4).
↑Bernard Dupuy Du Grez, Traité sur la peinture pour en apprendre la téorie et se perfectionner dans la pratique, Toulouse, chez la veuve de J. Pech & A. Pech, (lire en ligne), p. 219-220. Le tableau est signé Verrius fecit
↑Joëlle Barreau, « Antonio Verrio à l'hôtel Brûlart », Revue de l'Art, no 122, , p. 64-71 (lire en ligne)
↑Béatrice Sarrazin, Matthieu Lett, Bertrand Rondot, Xavier Beugnot, Marie-Ange Laudet-Kraft et David Prot sem-linkCécile des Cloizeaux, « Le décor du plafond du salon de l’Abondance », Versalia. Revue de la Société des Amis de Versailles, no 19, , p. 47, 68 (lire en ligne)
↑Myra Nan Rosenfeld, « La culture de Largillière », Revue de l'Art, no 98, , p. 45, 46, 49, 51 (lire en ligne)
↑André Michel et Henry Marcel, « L'art en Angleterre au XVIIe siècle », dans Histoire de l'art depuis les premiers temps chrétiens jusqu'à nos jours : L'Art en Europe au XVIIe siècle, t. VI seconde partie, Paris, Librairie Armand Colin, (lire en ligne), p. 804-806
↑Jean Paul Lucas, « Antoine Verrius, élève de Cortone », dans Catalogue des tableaux et autres monumens des arts, formant le Museum provisoire établi à Toulouse, Toulouse, Imprimerie de P. B. A. Robert, an v de la république, 3e éd. (lire en ligne), p. 13
Collectif, sous la direction d’Axel Hémery, Antonio Verrio. Chroniques d’un peintre italien voyageur (1636-1707), Musée des Augustins, 2010 (catalogue de l'exposition au musée des Augustins de Toulouse en 2010).
Raffaele De Giorgi, "Couleur, couleur!". Antonio Verrio: un pittore in Europa tra Seicento e Settecento (Edifir, Firenze 2009). (ISBN9788879704496).
[Brett 2009/2010] (en) Cécile Brett, « Antonio Verrio (c1636-1707) : His career and surviving work », The British Art Journal, 10e série, no 3, winter/spring 2009/10, p. 4-17 (lire en ligne)
[Trouvé 2016] Stéphanie Trouvé, Peinture et discours : La construction de l'école de Toulouse, XVIIe – XVIIIe siècles, Rennes, Presses universitaires de Rennes, coll. « art & société », , 471 p. (ISBN978-2-7535-5051-3), p. 66, 74, 75, 88, 213, 302, 305, 375-376, 400