La locution ars subtilior a été inventée en 1963 par la musicologue Ursula Günther(en)[1],[2] pour définir une évolution de l'ars nova apparue après la mort de Guillaume de Machaut (1377), dont la principale caractéristique était son extrême raffinement et sa complexité rythmique et polyphonique. C'est en France et en Italie que cette musique est apparue, on en trouve des exemples à la cour du duc Jean de Berry, de Gaston Fébus et de Janus de Lusignan à Chypre, ainsi qu'à la cour des papes d'Avignon et à la cour des ducs de Visconti à Pavie. Pour l'essentiel, ces œuvres sont conservées dans les manuscrits de Modène et de Chantilly.
L'ars subtilior reprend les mêmes formes que l'ars nova : on y trouve des ballades, des madrigaux, des rondeaux, des virelais, des motetsisorythmiques, des parties polyphoniques de messes. Les musiciens de l'époque arrangeaient aussi les œuvres de l'ars nova en les rendant plus complexes, dans un style maniéré, riches en artifice et perfection technique. La difficulté d'écriture et d'interprétation réservait l'usage de ces pièces à des chanteurs professionnels et un public de connaisseurs.
On trouve également des pièces instrumentales d'après Guillaume de Machaut et Francesco Landini qui sont conservées dans le Codex Faenza, qui est l'un des premiers témoignages de musiques écrites pour un instrument à clavier.
Certaines expérimentations rappellent celles du style d'avant-garde du XXe siècle. Le canon perpétuel Tout par compas de Baude Cordier est noté sur une portée circulaire. La pièce de Jacob SenlechesLa Harpe de mélodie est écrite en forme de harpe, dans un des manuscrits.
Les notes colorées en rouge signalent une réduction d'un tiers de leur valeur, procédé déjà présent dans les compositions de l'Ars nova.
↑Günhter définit l'ars subtilior comme « la phase de déclin de ce que l'on appelait jusqu'alors Ars nova. » Voir (de) Ursula Günther, « Das Ende der Ars Nova », Die Musikforschung, no 16, , p. 105-120 (ISSN0027-4801, OCLC5543358367).
↑Guide de la musique au Moyen Âge, page 548, notice de Nigel Wilkins.