Baoulé (langue)

Baoulé
bawle
Pays Côte d'Ivoire
Nombre de locuteurs 7 468 290
Classification par famille
Codes de langue
IETF bci
ISO 639-3 bci
Étendue langue individuelle
Type langue vivante
Glottolog baou1238
Échantillon
Article premier de la Déclaration universelle des droits de l'homme (voir le texte en français) :

Sran n'gba be wu be be ɲanman be ti, be le atin be yo kun. Be le akunndan nin klun akunndan, ɔ maan ɔ fata kɛ be nin be wiengu’m be tran kɛ aniaan sa.

Le baoulé est une langue africaine de la famille des langues akan ou tano central. Il s'agit de la langue du peuple des Baoulés. Elle est principalement parlée en Côte d'Ivoire dans le centre du pays à Bouaké, Yamoussoukro, Dimbokro, Béoumi, Sakassou, Daoukro, Bouaflé, Kouassi Kouassikro, Bodokro, Bocanda, Ouelle, M'bahiakro, Toumodi, Tiébissou et de Didiévi.

Le baoulé s’écrit avec l’alphabet latin, et certaines lettres supplémentaires selon les règles de l’Orthographe pratique des langues ivoiriennes rédigé par l’Institut de linguistique appliqué ivoirien en 1979. D’autres conventions orthographique étaient d’usage auparavant et le sont encore.

Alphabet ILA

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Alphabet ILA (1979)[1],[2]
A B C D E Ɛ F G GB I J K KP L M N NY O Ɔ P R S T U V W Y Z
a b c d e ɛ f g gb i j k kp l m n ny o ɔ p r s t u v w y z
Voyelles nasales
an ɛn in ɔn un

Prononciation

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Voyelles[3],[4]
Antérieure Centrale Postérieure
Fermée i
ĩ
u
ũ
Mi-fermée e o
Mi-ouverte ɛ
ɛ̃
ɔ
ɔ̃
Ouverte a
ã
Consonnes[5],[6]
Bilabial Labio-
dental
Alvéolaire Palatal Vélaire Labio-vélaire
Occlusive p b t d ɡ k ɡb kp
Nasale m (n) (ɲ) (ŋw)
Fricative f v s z c  ɟ
Spirante l j w
Roulée r
  • Un (1): kun ou kɔn (konh)
  • Deux (2): nnyɔn (n'gnonh)
  • Trois (3): nsan (n'sanh)
  • Quatre (4): nnan (n'nanh)
  • Cinq (5): nnun (n'nouh)
  • Six (6): nsiɛn (nsihinh)
  • Sept (7): nso (n'soh)
  • Huit (8): mɔcuɛ (m'tchouêh)
  • Neuf (9): ngwlan (n'glouhan)
  • Dix (10): blu (blouh)
  • Onze (11): blu nin kun (blouh-ni-konh)
  • Douze (12): blu nin nnyɔn (blouh-ni-n'gnonh)
  • ...
  • Dix-neuf (19): blu nin ngwlan (blouh-ni-n'glouhan)
  • Vingt (20): ablaɔn (ablahah)
  • Vingt et un (21): ablaɔn nin kun (ablahah-ni-konh)
  • ...
  • Trente (30): ablasan (ablasanh)
  • Quarante (40): ablanan' (ablananh)
  • Cinquante (50): ablenunn ou abluenunn (ablenouh)
  • Soixante (60): ablesiɛn ou abluesiɛn (abléssihinh)
  • Soixante-dix (70): ableso ou ablueso (abléssoh)
  • Quatre-vingts (80): ablauncuɛ ou ablaɔcuɛ (abla n'tchouêh)
  • Quatre-vingt-dix (90): ablangwlan (abla n'glouhan)
  • Cent (100): ya ou ya kun (yah-konh)
  • Cent un (101): ya kun ni kun (yah-konh-ni-konh)
  • ...
  • Deux cents (200): ya nnyɔn (yah-gnonh)
  • Trois cents (300): ya nsan (yah-nsanh)
  • ...
  • Mille (1 000): akpi (akpi)
  • Dix mille (10 000): akpi blu
  • Dix mille un (10 001): akpi blu ɔni kun
  • Onze mille (11 000): akpi blu ni kun
  • Cent mille (100 000): akpi ya kun
  • Un million (1 000 000): akpingbin
  • Un milliard (1 000 000 000): akpingbingbin

Les Baoulé distinguent trois grands groupes de couleur:

  • Blé : pour désigner à la fois le noir, le bleu, le vert, le violet, l'indigo, le gris, le brun etc.
  • Ôclouê ou Kôkôlè : pour désigner à la fois le rouge, le jaune, le rose etc.
  • Oufoué : pour désigner le blanc, le beige, le kaki etc.

Pour les nuances, ils se réfèrent aux éléments naturels comme chez les Occidentaux d'ailleurs: vert olive…

Noms de quelques végétaux tropicaux en langue baoulé (nom courant, nom scientifique, nom en baoulé)[réf. nécessaire]

Pour être précis, il s'agit plutôt de postnoms. En effet comme dans plusieurs cultures bantoues, chez les Baoulés le nom personnel se place après le patronyme.

Noms de jour et prénoms

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Noms des jours et prénoms[7],[8],[2]
jour en français jour en baoulé prénom masculin prénom féminin
lundi kisie Kuasi (Kouassi) Akisi (Akissi)
mardi jɔlɛ Kuajo (Kouadio, Kadjo, Kadio) Ajua (Adjoua ou Adjo)
mercredi mlan Kɔnnan (Konan) (Konan) Amlan (Komlan, Komenan, Amenan, Amlan)
jeudi we Kuaku (Kouakou) Au (Ahou)
vendredi ya Yao (Yao) Aya (Aya ou Ya)
samedi fue Kofi (Koffi) Afue (Affoué)
dimanche mɔnnɛn Kuain ou Kuamin (Kouamé, Kouam, Kouamin, Kamee) Amuɛn (Amoin ou Amou)

Les prénoms selon la position dans la famille

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  • Troisième enfant d'une succession d'enfants de même sexe : I'nsan, Essan, N'Guessan et Gnissan.
  • Quatrième enfant d'une succession d'enfants de même sexe : N'dri.
  • Le neuvième enfant d'une mère : N'goran, N'gloan
  • Le dixième enfant d'une mère : Brou.
  • Le onzième enfant d'une mère : Loukou.
  • Le douzième enfant d'une mère : N'gbin.

Les prénoms de caresse

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Un prénom de caresse, également appelé surnom mignon ou petit nom, est un terme affectueux que l'on donne à son partenaire dans un couple.

Les prénoms selon les circonstances de la naissance

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  • Atoumgbré : pour un enfant né lors d'une course de la mère hors de la maison
  • Ahoutou : pour un enfant né faisant face au sol
  • N'Da : pour des enfants jumeaux
  • Amani : pour un enfant né à la suite des jumeaux de la même mère
  • Allaly : quiétude
  • N'Gonian : désespoir (pour conjurer le mauvais sort)
  • Atiman : enfant prématuré
  • Abonouan : étonnant
  • Loukou : onzième enfant
  • Abahndai : enfant attendu
  • Djaha, gbamlê : rouquin
  • Fri : albinos
  • N'Siéni : où le mettre pour qu'il réussisse (prénom donné à un enfant dont les frères aînés sont décédés à la naissance)
  • Rassou ou Souralê : bénédiction
  • Famien : roi, prince
  • N'Nafiassou : je n'y croyais plus (prénom donné à un enfant dont la mère était désespérée d'embrasser un enfant de son sein)
  • Béhiblo : à jeter (pour exprimer son insatisfaction due à la forme très maigre du nouveau-né. en général les prématurés)
  • Kodissou : si Dieu agrée (pour marquer son incertitude quant à la survie de l'enfant à cause de l'histoire triste des premières maternités de la mère)
  • Koyahé : ça ne réussira pas (idem que Kodissou)
  • Kanga : esclave (enfant né avec le cordon ombilical autour du cou)
  • Moahé: Chance

Les prénoms en référence aux éléments naturels

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Ils sont portés dans leur plus grande part par les deux sexes. La parade trouvée pour faire la différence entre les deux sexes étant de précéder au nom N'djah pour l'homme et Moh pour la femme.

  • Yobouet : caillou
  • Akpoué : roche
  • Allah : Iroko (chloroflora excelsa).
  • Kondro : Loloti (arbre médicinale à écorce épaisse).
  • Bla : fontaine
  • N'Zué : eau
  • Frondo : baobab
  • Faitai : lac
  • N'go : huile (prénom donné aux personnes de teint clair).
  • Lomé : espèce de palmiste spécialement rouge
  • M'mé : palmier
  • Djué : poisson
  • Bohoussou : génie des forêts
  • Django : ficus
  • Ko'go : vallée
  • Béra : Touraco, aussi appelé Kodjo allou.
  • Oura : ordures, prénom attribué à l'enfant né ou conçu juste avant le divorce de ses parents
  • Zougou : chenille, prénom attribué aux personnes particulièrement velues.
  • Oka : montagne, colline ou butte
  • Gnamien : Dieu.
  • Assié : terre

Prénoms religieux et autres

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  • Pokou
  • Botiwa (nom de masque protecteur)
  • Bolaty ou Baulaty (la forêt n'a pas de tête)
  • Goly
  • Djè (masque protecteur)
  • Akoua
  • Mlan
  • Assoh : fétiche de Bocanda à Konan-Elekro.
  • M'bra : danse fétichiste
  • Doh : fétiche strictement féminin.
  • Allou : fétiche guerrier.
  • Gbangbo : fétiche chez les Baoulé N'gban
  • Allangba : fétiche protecteur.
  • Tanou, Tanoh : fétiche.
  • Djézou : fétiche.
  • Kra : fétiche.
  • Kangah : esclave, de nos jours, ce prénom est attribué aux enfants dont les précédents sont décédés.
  • Souaga.
  • N'gatta : enfant né après le décès de son père.
  • Déla : fétiche.
  • Saraka : sacrifice.
  • Pondo : fétiche.
  • Boni
  • Messou
  • Saouré
  • Ti n'dôh : dixième enfant porte-malheur chez les Baoulé Fafoué et Faly mais désignant aussi l'enfant qui suit le troisième ou le quatrième enfant d'une succession d'enfants de même sexe. C'est le cas d'un enfant né après "N'san ou N'dri et de même sexe que celui-ci.
  • Tola
  • Yoman ou Yeman
  • Ameya
  • Ayewla
  • Koyayé
  • Dua
  • Ayevolè
  • Langui
  • Toto
  • Kra
  • Adjé
  • Djè (variante de Adjé d'origine ashanti)
  • Djèkè
  • Elyôh enfant appartenant à tous.
  • Apko
  • Angoua

Notes et références

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  1. Kla ufue i nun ndɛ cinnjin mun, pp. vi-viii
  2. a et b N'Guessan et Kouame 2004, p. 15-18
  3. Creissels et Kouadio 1977, p. 13.
  4. N'Guessan et Kouame 2004, p. 15-16.
  5. Creissels et Kouadio 1977, p. 14.
  6. N'Guessan et Kouame 2004, p. 17-18.
  7. Kanoute 1977, p. 47
  8. Salmon 2007, p. 189

Bibliographie

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  • Kla ufue i nun ndɛ cinnjin mun (Quelques versets du Coran en Baoulé), Islam International Publications Limited, 1988 (ISBN 1853721190)
  • Denis Creissels et Jérémie Kouadio NʼGuessan, Description phonologique et grammaticale d’un parler baoulé, Abidjan, Institut de Linguistique Appliquée (ILA), Université Nationale du Côte d’Ivoire, coll. « Linguistique africaine » (no 59),
  • D. Kanoute, Traduction orale : authentique histoire de l'Afrique, t. II, Dakar, (présentation en ligne)
  • Jérémie Kouadio N'Guessan et Kouakou Kouame, Parlons baoulé : langue et culture de la Côte d’Ivoire, Paris/Budapest/Torino, L'Harmattan, , 198 p. (ISBN 2-7475-6957-8)
  • Judith Tymian, Jérémie Kouadio N’Guessan, Jean-Noël Loucou (directeurs), Dictionnaire baoulé-français, Abidjan, Nouvelles Éditions Ivoiriennes (NEI), 2003, 610 pages, (ISBN 2-84487-200-X)
  • Pierre Salmon, Nouvelle introduction à l'histoire de l'Afrique, Paris, L'Harmattan, coll. « Études africaines », , 299 p. (ISBN 978-2-296-03265-1 et 2-296-03265-6, présentation en ligne)
  • Judith Tymian, « Les tons du baoulé : comparaison de deux dialectes (kodé, fali) », Ann. Univ. Abidjan, Série H, Linguistique, T. VIII, fascicule I, Abidjan, 1975, pp. 261-281.

Liens externes

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