Fille de l'acteur, metteur en scène et auteur dramatique Louis Péricaud (1835-1909), elle fit l'essentiel de sa carrière cinématographique au temps du cinéma muet.
C'est grâce à un entretien que Berthe Jalabert a accordé en 1922 à l'écrivain André Bencey pour la revue Cinémagazine[3], que l'on connait l'essentiel de sa vie et de sa carrière.
C'est ainsi qu'on apprend qu'elle est née à Rennes de parents comédiens[4]. « J'avais dix-huit mois à peine quand j'ai quitté Rennes et je n'y suis jamais revenue depuis », précise-t-elle. Elle passe une partie de son enfance à Lyon où sa mère a obtenu un engagement de longue durée au théâtre des Célestins. Son père étant opposée à sa vocation de comédienne, elle est placée comme apprentie pendant deux ans chez une fleuriste. À l'âge de 17 ans, des comédiens amis de la famille réussissent à persuader son père de réaliser sa passion pour le théâtre.
Après avoir pris des cours d'art dramatique à Lyon, Berthe Péricaud débute au théâtre municipal de Nice en 1876 qu'elle quitte en août 1878 pour le Havre[5]. Dans le numéro 35 du 31 août 1878 de la revue Le Monde artistique, on peut lire à propos de la réouverture du Grand-Théâtre du Havre pour la saison d'hiver 1878-1879 que « parmi tant de noms nouveaux, un surtout nous frappe, c'est celui de Mlle Péricaud, fille de l'excellent comédien que les Havrais ont tant applaudi dans le temps. Les succès du père sont une bonne recommandation pour Mlle Péricaud[6] ». C'est là qu'elle rencontre le comédien Victor Jalabert[7] qu'elle épouse quelques mois plus tard le 8 février 1879 et sous le nom duquel elle sera désormais connue[8]. Il s'ensuit une carrière conjointe qui durera 20 ans à travers toute la France.
Devenue veuve en novembre 1899[9], elle poursuit désormais seule sa carrière en province (elle fera notamment partie du tableau de la troupe du théâtre des Variétés à Toulouse pour la saison 1902-1903[10]) et finit par s'installer définitivement à Paris avec ses enfants en 1913, date à laquelle elle entre au théâtre des Arts puis au théâtre des Champs-Élysées. En janvier 1914, sollicitée par Gaumont, elle tourne son premier film L'Étau sous la direction de Maurice Mariaud, puis elle enchaîne les tournages avec Henri Pouctal, Louis Feuillade, Henri Fescourt et René Le Somptier jusqu'à la déclaration de guerre.
Bien que la plupart des studios soient à l'arrêt pendant le conflit, Berthe Jalabert réussit néanmoins à tourner dans une vingtaine de films, avant de reprendre après l'armistice une carrière bien remplie aussi bien au théâtre qu'au cinéma.
Après cet entretien, Berthe Jalabert ne semble plus avoir accordé d'autres interviews à la presse, si bien que les dernières années de sa carrière sont peu documentées.
Berthe Jalabert apparaît pour la dernière fois à l'écran en 1935 dans Golgotha de Julien Duvivier, avant de s'éloigner définitivement des scènes de théâtre et des plateaux de cinéma. Elle meurt sept ans plus tard à Montauban où elle s'était retirée.
↑Louis Péricaud (1835-1909) et Caroline Annette Meyronnet (1837-?).
↑d'où était originaire sa mère, elle-même fille de comédiens (Ville du Havre, état-civil, registre des naissances de 1837, acte no 521).
↑sur le tableau des troupes, publié dans le même numéro, il est précisé : Berthe Péricaud, 1re ingénuité (Lyon, Nice).
↑On sait peu de choses sur Victor Jalabert en dehors de ce qui est indiqué sur l'acte de mariage : né en 1847 à Mustapha en Algérie où son père, originaire de Toulon, était officier de cavalerie. Il mourra subitement en novembre 1899 à l'âge de 51 ans en sortant du théâtre du Havre. On connait peu de chose sur sa carrière d'acteur et sur les rôles qu'il a interprétés [1].
↑Ville du Havre, état-civil, registre des mariages de 1879, acte no 81. Leur fille Honorine Jeanne Louise naît le 24 juillet suivant (registre des naissances de 1879, acte no 1850).