Berytidae

Les Berytidae sont une famille d'insectes hétéroptères (punaises) fines et allongées avec des longues pattes et antennes, souvent de couleur neutre (beige à brun sombre) qui compte environ 180 espèces réparties dans le monde.

Description

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Appelés en anglais « punaises à échasses » (« stilt bugs »), ces punaises sont en général allongées et fines, mesurant de 2.5 à 11 mm, avec des pattes et des antennes filiformes, les faisant ressembler superficiellement à des Hydrometridae (dont elles n'ont pas la tête allongée ) ou à des Emesinae (Reduviidae) (dont elles n'ont pas les pattes ravisseuses). La plupart sont jaune pâle à brun-rougeâtre, et certaines portent des protubérances ou des épines, notamment à la tête et au pronotum. La tête est subsphérique, avec un clypéus souvent saillant antérieurement, et le 4e segment des antennes souvent avec une massue à l'extrémité. Le scutellum est acuminé (se termine en pointe). Le système d'excrétion de la glande odoriférante comporte souvent une excroissance pointue. La partie coriacée de l'aile (corie) est souvent desclérotisée. Les tarses ont 3 articles. Les griffes sont dentées à la base, cas unique chez les Pentatomomorpha. Les fémurs sont parfois renflés à leur extrémité. L'implantation des trichobothries abdominales est très variable et parfois lacunaire[3],[4]. Le dimorphisme sexuel est faible, les femelles un peu plus grandes et avec un abdomen plus large que les mâles[5].

Répartition et habitat

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Cette famille est répandue de manière cosmopolite sur tous les continents,bien que certaines tribus aient des répartitions plus restreintes (les Hoplinini dans le Nouveau-Monde et les Metatropini de l'Europe à la Chine et à l'Inde).

Trois espèces sont présentes au Québec[6], pour 5 au Canada[7] et une douzaine en Amérique du Nord[8]. 22 espèces peuvent être observées en France[5],[9].

Elles sont souvent xérophiles et thermophiles, mais certaines espèces vivent au bord de l’eau ou sous un couvert forestier dense. Selon les espèces, les individus peuvent se trouver sur les parties aériennes des plantes ou au sol, au pied des plantes-hôtes[5],[4].

Cycle de vie

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Les œufs (0,7-1,5 mm) ressemblent à ceux des pentatomidae mais n’ont pas d’opercules et ont parfois des cannelures et sillons longitudinaux. Ils sont collés grâce à une sécrétion de la femelle, chacun isolé sur la plante-hôte (tige, feuille) ou sur des débris végétaux à proximité ou encore directement sur le sol. Différentes études évaluent le nombre d'œufs entre 5 et 27 œufs par femelle. Le développement embryonnaire dure entre 10 jours et 5 semaines. L’éclosion a généralement lieu la nuit ou dans les heures matinales, pour avoir une humidité relative ambiante élevée. Il y a 5 stades juvéniles, durant chacun 4 à 10 jours[5].

Les accouplements ont souvent lieu à l’ombre d’une plante-hôte, souvent à la fin des heures chaudes de la journée. Lorsque mâle et femelle se rencontrent, ils se positionnent l’un à côté de l’autre et se frottent les antennes pendant une vingtaine de secondes. Ensuite vient l’accouplement, le mâle positionne son abdomen sous celui de la femelle, puis se laisse tirer par la femelle qui décide des déplacements du couple. Ils se retrouvent alors cul à cul, comme une ligne. Si le mâle essaye de se déplacer pour se retrouver à côté de la femelle, aisselle-ci le repousse dans sa position initiale. L’accouplement dure entre 45min et 6 heures, il dure souvent 5-6h. La femelle peut s’accoupler plusieurs fois durant la période de ponte[5].

Il y a une diapause hivernale au stade adulte, ils se cachent dans les détritus végétaux, les mousses et la litière végétale, souvent au pied des plantes-hôtes. Le réveil au printemps est souvent assez précoce.

Alimentation

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Les Berytidae ont une alimentation très majoritairement phytophage, se nourrissant des tiges, rameaux, bourgeons, fruits, … Lors d’une piqûre de plante, le repas dure entre 12 et 30 min. Elles sont liées à des plantes, souvent à pilosité glanduleuse et visqueuse (sauf les Berytinus), dont elles aspirent le contenu des vésicules sécrétrices. C'est par exemple le cas de Metatropis rufescens, et de sa plante-hôte, Circaea lutetiana. Il semble que la structure de leurs tarses, avec des griffes dentées à la base leur permet de ne pas rester collés, comme c'est également le cas pour la tribu des Dicyphini chez les Miridae (Cimicomorpha)[4]. Elles sont oligophages à polyphages, et peu d’espèces sont inféodées à une seule espèce de plante. L’attirance pour les plantes glanduleuses s’expliquerait par un besoin de compléter leur régime alimentaire par des petits arthropodes qui s’y trouvent englués. En résumé, ce sont des phytophages à faibles tendances prédatrices, pouvant être qualifiées d’opportunistes. Le rostre des Berytidae n’est d’ailleurs pas adapté aux prédations, il n’est ni aussi robuste que celui des Reduviidae, ni aussi agile que celui des Anthocoridae. Cela n'exclut cependant pas la capacité de se nourrir de petits arthropodes lents comme les pucerons. Le régime alimentaire des larves semble similaire à celui des adultes[5]. Des cas de cleptoparasitisme dans des toiles d'Agelenidae ont été observés chez des Berytinae et des Metacanthinae dans l'ouest de la Turquie[4].

Deux espèces, Jalysus whickami et Jalysus spinosus peuvent s'en prendre occasionnellement à des cultures, la première notamment aux tomates, mais également à d'autres plantes, la seconde à des monocotylédones. Toutefois, Jalysus whickami est également considéré comme un prédateur important de pucerons et d’œufs de papillons sur les plants de tabac[10]. Il semblerait que leur développement nécessite à un moment ou à un autre de la nourriture animale[4],[11].

Systématique

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Ce taxon est créé par Fieber en 1851. On le considère vite comme une sous-famille des Coreidae, avant que Stål ne les déplace dans les Lygaeidae (1874). Kirkaldy leur reconnaît un statut de famille à part entière à partir de 1902, mais sous le nom de « Neididae » (en raison de la préséance de Neides Latreille, 1802 sur Berytus Fabricius, 1803). En 1959, Southwood et Leston les associent aux Cyminae (aujourd'hui Cymidae), une hypothèse réfutée ultérieurement. Ce n'est qu'en 1997 que Thomas J. Henry établit une relation plus claire au sein des Lygaeoidea[12]. Selon ses travaux, les Berytidae sont le groupe-frère des Colobathristidae, et, pris ensemble, forme un clade-frère des Malcidae[4],[13].

Trois sous-familles sont distinguées par les travaux de Henry, qui comprennent ensemble environ une trentaine de genres et plus de 180 espèces[14] : les Berytinae (deux tribus, Berytini et Berytinini), les Gampsocorinae (deux tribus également, Gampsocorini et Hoplinini) et les Metacanthinae (deux tribus encore, Metacanthini et Metatropini). Les Berytinae sont le groupe-frère des deux autres sous-familles prises ensemble[13] :

  • Berytidae
    • Berytinae
      • Gampsocorinae
      • Metacanthinae

Un catalogue en ligne est accessible sur Lygaeoidea Species Files[15].

Une demi-douzaine de fossiles attribués aux Berytidae ont été découvert. Ils sont relativement récents, les plus anciens remontant à l'Oligocène (Rupélien, -33 à -28 millions d'années). Pour ceux qui ont été déterminés, ils correspondent à des espèces fossiles de genres existants, Metacanthus et Neides, déjà présents à cette période[16].

Liste des sous-familles, tribus, et genres

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Selon BioLib (21 octobre 2022)[2] :

Liens externes

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Sur les autres projets Wikimedia :

Notes et références

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  1. Integrated Taxonomic Information System (ITIS), www.itis.gov, CC0 https://doi.org/10.5066/F7KH0KBK, consulté le 21 octobre 2022
  2. a b et c BioLib, consulté le 21 octobre 2022
  3. Henri-Pierre Aberlenc (coordination), Les insectes du monde : biodiversité, classification, clés de détermination des familles, Plaissan & Versailles, Museo Éditions & Éditions Quae, (ISBN 978-2-37375-101-7 et 2-37375-101-1, OCLC 1250021162, lire en ligne), tome 1, p. 514, tome 2 pp. 211 et 248
  4. a b c d e et f (en) Randall T. Schuh et Christiane Weirauch, True bugs of the world (Hemiptera, Heteroptera) : classification and natural history., Manchester, Siri Scientific Press, , 800 p. (ISBN 978-0-9957496-9-6 et 0-9957496-9-8, OCLC 1125224106, lire en ligne), pp. 68, 557-561
  5. a b c d e et f Jean Péricart, Hémiptères Berytidae euro-méditerranéens (Faune de France 70), , 175 p.
  6. « Berytidae punaises Hétéroptère Hémiptère », sur entomofaune.qc.ca (consulté le )
  7. (en) G.G.E. Scudder, « THE STILT BUGS (HETEROPTERA: BERYTIDAE) OF CANADA », The Canadian Entomologist, vol. 123, no 3,‎ , p. 425–438 (ISSN 0008-347X et 1918-3240, DOI 10.4039/Ent123425-3, lire en ligne, consulté le )
  8. « Family Berytidae - Stilt Bugs », sur bugguide.net (consulté le )
  9. Zicrona, « Liste des Hétéroptères de France : Pentatomomorpha », sur Zicrona, (consulté le )
  10. (en-US) « Spined Stilt Bug in Tobacco | NC State Extension Publications », sur content.ces.ncsu.edu (consulté le )
  11. (en) Kent D. Elsey et R. E. Stinner, « Biology of Jalysus spinosus,1 an Insect Predator Found on Tobacco2,3 », Annals of the Entomological Society of America, vol. 64, no 4,‎ , p. 779–783 (ISSN 1938-2901 et 0013-8746, DOI 10.1093/aesa/64.4.779, lire en ligne, consulté le )
  12. (en) Thomas J. Henry, « Phylogenetic analysis of family groups within the infraorder Pentatomomorpha (Hemiptera: Heteroptera), with emphasis on the Lygaeoidea », Annals of the Entomological Society of America, vol. 90, no 3,‎ , p. 275-301 (lire en ligne [PDF])
  13. a et b (en) « Australian Faunal Directory - Berytidae », sur biodiversity.org.au (consulté le )
  14. Thomas J. Henry et Pablo M. Dellapé, « Revision of the Neotropical Stilt Bug Genus Metajalysus Štusák (Hemiptera: Heteroptera: Berytidae), with Descriptions of Three New Species », Zootaxa, vol. 4958, no 1,‎ , p. 690–701 (ISSN 1175-5334 et 1175-5326, DOI 10.11646/zootaxa.4958.1.44, lire en ligne, consulté le )
  15. « family Berytidae: Lygaeoidea Species File », sur lygaeoidea.speciesfile.org (consulté le )
  16. « Berytidae », sur paleobiodb.org (consulté le )