C'est l'un des projets conçus personnellement par le baron Haussmann lors des travaux de transformation de Paris sous le Second Empire. Il complétait sur la rive gauche les boulevards de la rive droite et facilitait la desserte est-ouest des quartiers centraux sur la rive gauche. Il ne fut cependant achevé que sous la IIIe République, par l'ouverture de son tronçon central (entre les rues Hautefeuille et des Ciseaux) en 1877[2].
Le percement du boulevard Saint-Germain a entraîné la démolition d'un nombre important d'anciens hôtels du faubourg Saint-Germain[3]. Il a également absorbé plusieurs rues, dont notamment :
On peut constater que plusieurs maisons de ces rues disparues ont été conservées, car elles se trouvaient par hasard dans l'alignement du boulevard. On peut ainsi retrouver le côté impair de la rue de l'École-de-Médecine place Henri-Mondor ; son côté pair entre la rue de Seine et la rue de Buci ; tout le côté impair de la rue Taranne ; et tout le côté pair de la rue Saint-Dominique[4].
En octobre 1896, à l'occasion de leur visite en France, le tsar russe Nicolas II et son épouse Alexandra empruntent le boulevard Saint-Germain, le trajet devant les conduire à l'ambassade de Russie[5].
En décembre 1958, entre 6 000 et 7 000 manifestants étudiants du Quartier latin qui voulaient marcher en direction du palais Bourbon sont stoppés par des gardiens de la paix au carrefour des boulevards Saint-Michel et Saint-Germain. Peu après, l'Assemblée nationale vote à l'unanimité un vœu condamnant des violences policières[8].
Le boulevard a longtemps abrité des maisons d'édition et des librairies, par exemple des éditions médicales à proximité de la faculté de médecine. Au fil des années, elles ont tendance à être remplacées par des magasins de mode et des restaurants.
Le percement du boulevard Saint-Germain vu depuis la rue Saint-Dominique, en février 1870[9].
No 21 : immeuble de 1881-1882 construit par l’architecte Jean Boussard[13]. Les cariatides encadrant l’entrée, privées de bras et de jambes, sont en outre tournées de profil (on en trouve un autre exemple au 66, avenue Kléber, à l’entrée d’un immeuble également réalisé par Jean Boussard).
No 43 : ici avait lieu pendant le siège de Paris le conseil municipal de Bourg-la-Reine, qui se réunit de au dans un premier temps, dans l'ancien immeuble (l'immeuble actuel date de 1890), puis au no 64 rue de Rennes[15].
No 71 : en 1864 est construit le théâtre de Cluny, sur une partie du site de l'ancien couvent des Mathurins qui vient d'être démoli. Jusqu'à la fin du XIXe siècle, il est célèbre pour les opérettes et les pièces de boulevard qui y sont jouées. En 1933, il est transformé en cinéma[Note 1], renommé Cluny-Palace, conservant sa façade d'origine et sa salle de neuf cents places dotée d'un balcon. En 1948, François Truffaut y organise des séances de son cercle Cinémane. Durant l'été 1972, la salle est scindée en deux sur la hauteur, chacune proposant trois cent cinquante places. Le cinéma ferme une première fois en 1985, est repris par une nouvelle équipe qui le rouvre l'année suivante en orientant la programmation vers les films d'art et essai mais le Cluny-Palace finit par définitivement fermer en 1989[20]. En 1991, la Fnac y installe une librairie internationale, proposant des ouvrages dans des langues principalement européennes, ainsi qu'en arabe et dans certaines langues asiatiques. Sur trois niveaux, l'immeuble fait alors 1 000 m2 de surface[21]. Si l'enseigne Librairie internationale a été conservée sur la façade, lui succèdent un magasin de micro-informatique puis, jusqu'à nos jours, un centre de salles de sports[22],[19].
No 74 : immeuble où demeura et se pendit le docteur Simon Noël Dupré (1814-1885), professeur d'anatomie et de chirurgie, poète, chansonnier et homme politique français[réf. nécessaire].
Section du 6e arrondissement : du boulevard Saint-Michel à la rue des Saints-Pères
No 79 : librairie Hachette, fondée en 1826 par Louis Hachette, remplacée par une banque depuis 1994. Sur le mur même de la librairie, on pouvait lire une plaque rappelant l'emplacement de l'hôtel d'Aligre où Charles Baudelaire est né en 1821[23] ; le trophée de la première Coupe de France de football y fut exposé pendant plusieurs semaines aux yeux du public, avant la finale jouée le 5 mai 1918[24].
No 87 : Édouard Branly (1844-1940), physicien et médecin français, pionnier de la radio, habita cet immeuble[réf. nécessaire].
No 90 : l'architecte Charles Garnier y est mort ; une plaque lui rend hommage.
No 99 : cinéma UGC Danton.
No 104 : le médecin Arnold Netter y a vécu ; une plaque lui rend hommage.
No 120 : plaque de la Ville de Paris en hommage au docteur Pierre Simon[26]. Au dessus de la porte d'entrée se trouve la marque de la Librairie Masson.
No 136 : l'anarchiste Ravachol fit en partie sauter cette maison le 11 mars 1892. Dans les années 1930, l'immeuble est acheté par un couple de commerçants juifs venus de Roumanie, dont hérite ensuite leur fille Yolande. Emprisonnée dix ans en Roumanie pour des raisons politiques, celle-ci revient ensuite à Paris, s’installe au sixième étage du bâtiment, loue le reste des appartements et gère au rez-de-chaussée une boutique de vêtements pour hommes avec son mari. Il meurt de la maladie de Parkinson dans les années 1990. Sans enfant, elle consacre alors son héritage à lutter contre cette maladie avec la fondation de France, créant à cet effet la fondation Schutzman-Zisman, du nom de ses parents, désormais inscrit au-dessus de la porte de l'immeuble[27].
Inscription au no 136.
No 139 : au rez-de-chaussée de l'immeuble à cette adresse, situé à un angle d'une placette arborée, un café aujourd'hui disparu, Le Saint-Claude[28], fut lieu de rencontre pour les intellectuels et les artistes grecs exilés en France pendant la période de sept ans (1967-1974) de la dictature des colonels[29]. Le Saint-Claude et sa fréquentation à cette époque inspirent plus tard un livre à un de ces anciens exilés, l'écrivain Vassílis Vassilikós[30] : Καφενείον Εμιγκρέκ Ο Άγιος Κλαύδιος (Cafeion Emigrek O Agios Claudios), ouvrage publié en 1998.
No 145 : Monument à Diderot par Jean Gautherin (1886)[31], rappelant le lieu où il habitait, alors rue Taranne ; galerie Steph Simon dans les années 1950.
No 145 : brasserie Lipp. Le leader de l'opposition marocaine Mehdi Ben Barka fut enlevé devant en 1965 ; une plaque lui rend hommage.
No 147 : l'historien de l'art Élie Faure (1873-1937) a habité au dernier étage, de 1913 à sa mort[32],[33].
No 149 : à l'angle de la rue de Rennes, ancien drugstorePublicis, ouvert en 1965, le deuxième lancé par le groupe en France (le premier étant situé 133, avenue des Champs-Élysées). Bar, restaurant, magasin (tabac, parfumerie, pharmacie, kiosque, etc.), ouvert à des horaires très tardifs pour l'époque et ciblant la jeunesse, il reprend un concept observé par le dirigeant de Publicis Marcel Bleustein-Blanchet aux États-Unis. Slavik est une nouvelle fois chargé de la décoration. En 1974, un attentat terroriste commis par Carlos y fait deux morts et 34 blessés. Le chanteur Serge Gainsbourg était un habitué. Jusqu'au milieu des années 1980, il accueillait entre 2000 et 3000 visiteurs par jour. En 1995, trop exigu au goût du public, la fermeture du drugstore est annoncée, laissant place deux ans plus tard à une boutique Armani[34].
Nos 151 à 175 : immeubles faisant partie de la rue Taranne avant les années 1860.
No 153 : l'historien et homme politique polonais Joachim Lelewel y a vécu en 1832 ; une plaque lui rend hommage.
No 167 : le résistant François Faure y a vécu ; une plaque lui rend hommage.
No 168 : ancienne Librairie franco-hispano-américaine, et siège des éditions Louis-Michaud (1905-1931), reprises par Valdemar Rasmussen ; la librairie, continuée par René Rasmussen, ferme en 1960[36],[37].
No 170 : emplacement, à la fin du XIXe siècle, d'un bouillon Duval[40]. En 2017 le lieu est occupé par un magasin de mode.
No 172 : le Café de Flore, un des cafés littéraires de Paris les plus célèbres, où se retrouvent les vainqueurs du prix Goncourt, les poètes de toutes les époques, et où sont passés quelques idéologues des révolutions russes ou chinoises et de grandes personnalités littéraires[réf. nécessaire].
No 184 : immeuble construit en 1878 par l'architecte Édouard Leudière pour la Société de géographie. Les deux cariatides, représentant La Terre et La Mer, et le globe terrestre en façade ont été sculptés par Émile Soldi. La distribution initiale des locaux comprenait au rez-de-chaussée, la grande salle de réunions (conservée), une salle des pas perdus, un vestiaire, un logement de concierge ; au 1er étage, une salle de commission et le cabinet du président ; aux 2e et 3e étages, la bibliothèque et une salle de commission ; au 4e, l'appartement de l'agent de la Société[41]. Siège également de l'IPAG Business School.
No 177 : l'homme politique Édouard Frédéric-Dupont y a vécu à partir de 1908 ; une plaque lui rend hommage.
No 195 : immeuble édifié par l’architecte Charles Garnier en 1882 pour la famille Hachette[42] comprenant à l’origine un appartement par étage d’une superficie de 423,45 m2[43].
No 202 : domicile du poète Guillaume Apollinaire. Ce dernier quitta Auteuil en janvier 1913 pour emménager dans cet immeuble dont il appréciait, entre autres, la proximité avec le Café de Flore. Il y résida jusqu'à sa mort en novembre 1918. Une plaque lui rend hommage[49].
Nos 213-217 : emplacement de l'hôtel de Neufchâtel, de Béthune, de Châtillon, de La Trémoille, située anciennement au No 63 rue Saint-Dominique, construit en 1708 par Pierre Cailleteau dit Lassurance[50] détruit lors du percement du boulevard Saint-Germain.
No 218 : hôtel anciennement situé rue Saint-Dominique, habité de 1714 à 1746 par le mémorialiste Louis de Rouvroy, duc de Saint-Simon[53] ; une plaque lui rend hommage. Au rez-de-chaussée, boutique Madeleine Gély (ombrelles et parapluies).
No 243 : la cantatrice et compositrice Pauline Viardot y a vécu de 1884 à sa mort en 1910 ; une plaque lui rend hommage.
No 244 : bâtiments construits pour le ministère des Travaux publics par Antoine Isidore Eugène Godebœuf en 1861 et réunis au no 246. Ils abritent aujourd'hui des services du ministère des Affaires étrangères (direction générale de la coopération internationale et du développement, direction des Français à l'étranger et des étrangers en France).
No 248 : hôtel de Lesdiguières, dit aussi hôtel de Béthune-Sully. Une maison construite par Antoine Desgodets fut achetée en 1706 par la duchesse de Lesdiguières qui la fit agrandir par Boirette[Qui ?]. Sully la fit transformer par Jean-Michel Chevotet entre 1747 et 1750. L'hôtel a été rattaché en 1808 à l'hôtel de Roquelaure[réf. nécessaire].
No 252 bis, à l'angle de la rue de Villersexel : plaque commémorative en mémoire de José Barón Carreño (1918-1944), républicain espagnol et résistant, mort pour la France lors des combats de la Libération de Paris, apposée à la suite du vote à l'unanimité du Conseil du 7e arrondissement et du Conseil de Paris[57].
No 274 : hôtel de Wignacourt, « hôtel de maître édifié en 1868, il est habité successivement par les Mangini et par les Wignacourt. Inondé lors de la crue de la Seine de janvier 1910, il est alors acquis par la Chambre syndicale des propriétaires de Paris. Il change de main en 2002, et début 2006, accueille sous le label générique « Ambassade de Belgique » la représentation diplomatique de la Communauté française de Belgique et de la Région wallonne[58] ».
Ancien hôtel de Wignacourt. Actuelle délégation Wallonie-Bruxelles.
No 288, à l'angle du quai Anatole-France) : immeuble Second Empire, exemple du style haussmannien de la meilleure facture. Initialement, c'est le Cercle agricole qui s'établit au 288 du nouveau boulevard, dans un hôtel construit spécialement à son intention en 1867. L'immeuble comporte de vastes pièces qui abritent une bibliothèque de 35 000 volumes, une salle de billard, des salles de jeux et un salon de lecture en forme de rotonde. Dans ce club, familièrement dénommé « Club de la Patate », se côtoieront, pendant une centaine d'années, les personnalités de l'aristocratie et de la grande bourgeoisie. Par la suite, le bâtiment sera occupé à titre privé par des particuliers, notamment dans les étages supérieurs. Louis Blériot, pilote pionnier de l'aviation française, qui fut le premier à traverser la Manche a longtemps vécu au 288. Une plaque commémorative a été inaugurée par Antonio Tajani, alors commissaire européen chargé des Transports, en 2009. Entre 1990 et 2022, le bâtiment héberge la représentation en France de la Commission européenne. Le bureau d’information du Parlement européen en France y est installé[59].
↑À noter qu'à la même époque existent, sans qu'il faille les confondre, un théâtre Cluny 91 boulevard Saint-Germain et un cinéma Cluny, rue des Écoles[19].
↑Selon le Journal des débats politiques et littéraires du 14 avril 1911, le percement du boulevard Saint-Germain a entraîné la démolition des hôtels de la Force, Samuel-Bernard, de Broglie, de Montmorency et de Bentheim.
↑Léonard Pitt, Paris, un voyage dans le temps, Parigramme, 2008, 221 p. (ISBN978-2-84096-454-4), p. 108, 115, 131 et 134-135.
↑Xavier Lenormand, Bourg-la-Reine, Histoire des Rues, PAO Imprimerie Nouvelle Orléans, no 24932, 1994 (ISBN2-9509068-0-X) — Ouvrage édité au profit des œuvres sociales de la mairie, p. 46.
↑Michaël Darin et Samuel Picas, Ces rues qui racontent Paris: promenades architecturales, Parigramme, (ISBN978-2-37395-074-8).
↑ a et bEncyclopédie multimédia de la comédie musicale théâtre en France, « Les Théâtres parisiens - Cluny », sur biusante.parisdescartes.fr (consulté le ).
↑Quand il arriva en France en 1967, Vassilikós était déjà un auteur reconnu, grâce à son roman Z publié l'année précédente, puis d'autant plus après la sortie de l'adaptation filmée de celui-ci, réalisée par Costa-Gavras et sortie en 1969.
↑Norman Howard-Jones, « Les bases scientifiques des conférences sanitaires internationales, 1851-1938 », Chronique OMS, vol. 28, (lire en ligne).
↑Norman Howard-Jones, La santé publique internationale entre les deux guerres. Les problèmes d'organisation, Genève, Organisation mondiale de la santé, coll. « Histoire de la santé publique internationale » (no 3), , 96 p. (ISBN92 4 256058 8), p. 35.
↑Office international d'Hygiène publique, Vingt-cinq ans d'activité de l'Office international d'Hygiène publique (1909-1933), Paris, Office international d'Hygiène publique, , 132 p. (lire en ligne)
↑Jacques-François Blondel, Architecture française, Paris, Jombert, 1752, tome Ier : Description des principaux édifices du Faubourg St. Germain et catalogue de l'exposition « Le Faubourg Saint-Germain », musée Rodin, 1984, article de Bruno Pons, p. 68-72.
↑Cf. notice de la BnF [1] et Maurice Culot, William Pesson, Histoire d'une ambassade, Bruxelles, AAm éditions, 2008. Dans cet ouvrage, les auteurs supposent que l'immeuble soit d'Henri Parent.