10e arrt Boulevard de Magenta
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Situation | |||
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Arrondissement | 10e | ||
Quartier | Saint-Vincent-de-Paul Porte-Saint-Denis Porte-Saint-Martin |
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Début | Place de la République 1, rue Beaurepaire |
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Fin | 1, boulevard Marguerite-de-Rochechouart 53, boulevard de la Chapelle |
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Morphologie | |||
Longueur | 1 920 m | ||
Largeur | 30 m | ||
Historique | |||
Création | 1855-1858 (DUP) | ||
Dénomination | 1859 | ||
Ancien nom | Rue de la Barrière-Poissonnière Rue du Nord Boulevard du Nord |
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Géocodification | |||
Ville de Paris | 5835 | ||
DGI | 5907 | ||
Géolocalisation sur la carte : Paris
Géolocalisation sur la carte : 10e arrondissement de Paris
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Le boulevard de Magenta est situé dans le 10e arrondissement de Paris, en France.
La dénomination fautive « boulevard Magenta » est parfois rencontrée.
Situé dans le 10e arrondissement de Paris, quartiers Saint-Vincent-de-Paul, Porte-Saint-Denis et Porte-Saint-Martin, il commence place de la République et 1, rue Beaurepaire, finit 1, boulevard Marguerite-de-Rochechouart et 53, boulevard de la Chapelle. Il relie ainsi les extrémités sud-est et nord-ouest du 10e arrondissement.
Une gare portant le nom du boulevard est située à l'est de la Gare du Nord. Elle est desservie par la sous le nom de Magenta, même si elle n'est pas sous le boulevard de Magenta.
Elle doit son nom à la bataille de Magenta, victoire remportée par Napoléon III le durant la campagne d'Italie, en Lombardie, contre les troupes autrichiennes.
Une ordonnance royale en date du autorise le percement, sur les terrains appartenant à MM. André et Collier, d'une voie commençant à la rue des Magasins (actuelle rue de Saint-Quentin) et se dirigeant vers la barrière Poissonnière[1]. Elle prit le nom de « rue de la Barrière-Poissonnière » parce qu'elle se dirigeait vers cette barrière, puis en 1833, elle fut renommée « rue du Nord »[2].
« Charles, etc.
Vu l'ordonnance royale du , qui a autorisé la formation de la rue Lafayette et de la place Charles-X, nouveau quartier Poissonnière, dans notre bonne ville de Paris ;
Vu le plan de plusieurs autres rues et places qui se rattachent à ce premier percement, et qui doivent compléter le nouveau quartier;
Vu l'ordonnance royale du , qui a autorisé la ville à acquérir des sieurs André et Collier, le terrain nécessaire à la construction de la nouvelle église Saint-Vincent-de-Paul;
Vu la délibération du Conseil général du département de la Seine, faisant fonctions du Conseil municipal de Paris, du ;
Vu le certificat du maire du troisième arrondissement constatant que le plan a été publié conformément aux règlements;
Vu l'avis du préfet du département;
Vu les lettres-patentes du 10 avril 1783;
Notre Conseil d’État entendu, nous avons ordonné et ordonnons ce qui suit :
- Article 1er : les sieurs André et Cottier sont autorisés à ouvrir sur les terrains à eux appartenant, les rues tracées sur le plan ci-annexé, sous les numéros 1 (Rue Lafayette), 2 (Place Lafayette), 3 (sur l'emplacement du boulevard Magenta), 4 (emplacement de l'avenue de Denain), 5 (Rue de Dunkerque, partie entre les rues Saint-Martin et rue du Faubourg-Poissonnière, 6 (Rue des Petits-Hôtels), 7 (Rue de Saint-Quentin,partie entre les rues de Chabrol et La Fayette, 8 (Rue de Belzunce), 9 (Rue de Rocroy), 10 (Rue d'Abbeville), 11 (Rue de Valenciennes), 12 (Rue de la Butte-Chaumont, partie entre les rues Lafayette et du Château-Landon), 13 (Rue Saint-Vincent-de-Paul) et 14 (Rue Philippe-de-Girard) savoir[3],[4] :
- La première, le « boulevard Magenta », partant de la rue de Dunkerque, à sa jonction avec l'avenue de Denain, et se dirigeant sur la barrière Poissonnière ;
- La deuxième, l'« avenue de Denain », partant du carrefour triangulaire de la rue Charles-X, la Place Lafayette, et s'alignant dans la direction de la barrière Saint-Denis ;
- La troisième, la « rue de Dunkerque », de la rue du Faubourg-Poissonnière à celle du faubourg Saint-Martin, en coupant la rue Lafayette, celle du faubourg Saint-Denis, et la rue Charles-X ;
- La quatrième, la « rue des Petits-Hôtels », de la place Charles-X, la rue de Dunkerque, au point de jonction de cette dernière avec la Rue Lafayette ;
- La cinquième, la « rue de Saint-Quentin », de la rue de Chabrol à la rue Charles-X ;
- La sixième, la « rue de Belzunce », de la rue Lafayette, parallèlement à l'arrière façade de l'église Saint-Vincent-de-Paul, dont le perron ni les marches ne pourront faire saillie sur l'alignement ainsi tracé ;
- La septième, la « rue de Rocroy », transversale à la précédente (rue de Belzunce), depuis le boulevard Magenta jusqu'à la rue de Belzunce ;
- La huitième, la « rue d'Abbeville », de la place Charles-X, vers la rue du Faubourg-Poissonnière ;
- La neuvième, la « rue de Valenciennes », du carrefour triangulaire de la rue Charles-X (Place Lafayette), vers celle du Faubourg-Saint-Denis ;
- Enfin, la dixième, la « rue de la Butte-Chaumont », formant le prolongement de la rue de la Butte-Chaumont déjà existante.
- Article 2, —
- La Rue de Dunkerque aura dix mètres de largeur.
- Les boulevard Magenta, avenue de Denain, rue des Petits-Hôtels, rue de Saint-Quentin, rue de Belzunce, rue de Rocroy et rue d'Abbeville en auront douze.
- La rue Lafayette aura 12 mètres de large depuis la rue de Dunkerque jusqu'à la rue Charles-X, et 13 mètres dans le surplus de son étendue.
- La Place Lafayette aura quinze mètres de largeur.
- Article 3, — Il sera de plus ouvert une rue, la rue Saint-Vincent-de-Paul, de 12 mètres de largeur dans l'axe de l'église portée au plan, et qui, partant de la rue des Petits-Hôtels, continuera le prolongement de la rue d'Hauteville.
- Article 4, — Il sera réservé autour de l'église, sur le terrain acquis par la ville en vertu de l'ordonnance royale du 31 mars 1825, un espace libre formant rue de pourtour, et qui débouchera d'un côté sur la rue des Petits-Hôtels, de l'autre sur la place Charles-X, au moyen de degrés qui y aboutiront.
Il sera formé, dans les dimensions indiquées au plan, une place rectangulaire au point de jonction des rues Lafayette et du boulevard Magenta, et du prolongement de la rue d'Hauteville.
Enfin la place Charles-X sera agrandie de toute la superficie indiquée par une teinte jaune.- Article 5, — L'autorisation de former les rues et places détaillées dans les articles précédents, est accordée à la charge consentie par la Compagnie André et Cottier :
- 1° D'abandonner gratuitement le terrain qu'elles occuperont, sauf en ce qui concerne l'agrandissement de la place Charles-X, pour lequel il sera traité par le préfet, au nom de la Ville de Paris, avec la Compagnie ;
- 2° De supporter les frais de premier établissement du pavage et de l'éclairage desdites voies, ainsi que ceux des travaux à faire pour l'écoulement souterrain ou à ciel ouvert des eaux pluviales et ménagères;
- 3° D'établir de chaque côté, des trottoirs en pierre dure, dont les dimensions seront indiquées par l'Administration ;
- 4° De tenir fermées de portes, de grilles ou de toute autre manière, les portions de rues qui ne pourraient, quant à présent, avoir de débouché, et ce, jusqu'à ce que les propriétaires sur les terrains desquels lesdites rues devraient se continuer, aient librement consenti à livrer passage à ces rues, suivant les dimensions arrêtées par le plan ;
- 5° Enfin, de se conformer aux lois et règlements sur la voirie de Paris.
- Article 6, — Le préfet de la Seine est autorisé à acquérir, au nom de la Ville de Paris, soit de gré à gré, soit en procédant suivant les formes prescrites par la loi du 8, mars 1810, l'ilot formé par la rencontre de la rue Charles-X avec les rues de la Chapelle (devenue rue Philippe-de-Girard) et du Château-Landon.
L'emplacement de cet ilot sera réuni à la voie publique..- Article 7, — Notre ministre secrétaire d’État au département de l'intérieur est chargé de l'exécution de la précédente ordonnance,
Donné en notre château des Tuileries, etc.
Signé : CHARLES[1]. »
Dans les années 1840, la voie partait de la rue des Magasins (au niveau des actuels nos 9 et 11 rue de Saint-Quentin) et finissait à la rue des Abattoirs (actuelle rue de Dunkerque). Cette voie était longue de 303 mètres. Elle se prolongeait alors comme impasse dans la rue des Abattoirs (actuelle rue de Dunkerque), sur une longueur de 193 mètres[2].
Sa largeur fut fixée de la rue des Magasins (actuelle rue de Saint-Quentin) jusqu'à la rue La Fayette, à 12 mètres, et de cette rue à la rue des Abattoirs (actuelle rue de Dunkerque) à 13 mètres[2].
Le dernier numéro impair de la rue était le no 35 et le dernier numéro pair était le no 26[2].
Dans le cadre de la transformations de Paris sous le Second Empire, Napoléon III approuve un projet visant à créer un boulevard de 1 915 mètres de long reliant le Château d'eau et la barrière Poissonnière (boulevard de Rochechouart). Ce boulevard reprend ainsi le tracé de la rue du Nord qui disparait[5]. Le côté droit de la rue du Nord est toutefois conservé[6].
Les travaux sont engagés immédiatement par le baron Haussmann à l'encoignure droite de la rue de la Douane (actuelle rue Léon-Jouhaux)[7] et à l'encoignure droite de la rue de la Fidélité[6],[8].
En 1855, le percement d'un boulevard de 30 mètres de large, baptisé boulevard du Nord, entre le faubourg-Saint-Martin (rue du Faubourg-Saint-Martin) et la barrière Poissonnière (boulevard de Rochechouart) est déclaré d'utilité publique[9].
En 1858, la Ville de Paris et l'État signe une convention prévoyant le prolongement du boulevard du Nord entre le Château d'eau (place de la République)[10]. Le projet, confirmé par décret la même année[11], est déclaré d'utilité publique en 1859[12].
En 1864, la section comprise entre le boulevard de Strasbourg et le Château d'eau reste à construire[13].
Le boulevard Magenta devint alors la desserte principale de la gare du Nord et sa porte d'entrée majestueuse dans le Paris « moderne », et se peupla d’immeubles haussmanniens aux façades en pierre de taille, murs avec refends et balcon aux deuxième (étage « noble » avant la généralisation de l'ascenseur à la fin du siècle) et cinquième étages, attirant ainsi une population aisée. Les frères Goncourt, dans leur Journal, regrettaient d'ailleurs que ces boulevards rectilignes « ne sentent plus le monde de Balzac ».
Cependant, fuyant la circulation et les nouvelles manufactures qui s’installent à proximité des gares, la bourgeoisie qui, déjà sous Louis XVI, s’était installée à proximité des grands boulevards « historiques » Saint-Martin et Saint-Denis, commence progressivement à s’éloigner du boulevard.
Une chanson de Vincent Scotto évoque dès 1916 le nouveau côté populaire du boulevard : Ell' prend l'boul'vard Magenta[14].
Dans les années 1980, le boulevard a été transformé en axe rouge, ce qui signifie que le stationnement y est interdit, pour augmenter le nombre des voies de circulation.
Au début du millénaire, la chaussée est à quatre voies avec des trottoirs exigus[15]. La Ville de Paris décide la réduction de la circulation du boulevard qui est transformé en « espace civilisé »[16] et inauguré en : sous l'impulsion de l'adjointe au maire d'arrondissement Charlotte Nenner[15], 300 ormes ont été plantés sur une double rangée, des couloirs de bus ont été aménagés sur la chaussée et des pistes cyclables ont été créées sur les trottoirs. Ce mouvement va à l'encontre des travaux de voirie des années 1960 pendant lesquels les trottoirs avaient été rétrécis et les arbres déplacés vers les façades pour élargir les voies de circulation automobile, passées de 15 à 20 m de large[17]. Il ne restitue cependant pas l'aspect du boulevard créé par Haussmann, ni l'esprit d'origine[18].
En 2009, il était considéré comme le deuxième axe parisien le plus accidentogène avec 26 accidents et 29 blessés au niveau des rues du Château d'eau et de Lancry, et des cyclistes peu à l'aise sur la piste cyclable en raison de risques de collision avec les piétons sur tout linéaire[19]. Avec le fort développement de la pratique du vélo à compter des années 2010, la largeur de la piste cyclable (1,20 m) qui ne permet pas des dépassements et la proximité du stationnement (avec des risques de chocs à l'ouverture de la portière passagers) ne satisfait plus les cyclistes et les conflits d'usage avec les piétons sont nombreux, la seule amélioration apportée en 2020 avec la mise en contraste de la piste cyclable par une résine verte se révélant insuffisante, ce qui incite les associations de cyclistes à demander la mise en sens unique du boulevard pour y créer des pistes plus larges[20],[15].
Dans Le Train 17 publié en 1877, Jules Claretie fait cette description de l'ambiance et des activités du boulevard de Magenta dans les premières années de la Troisième République :
« Par le boulevard Magenta [sic] et les boulevards extérieurs, la place du Théâtre de Montmartre était à deux pas. Martial voulait se hâter, et pourtant il éprouvait une satisfaction profonde à tout regarder autour de lui, à se dire, avec une fierté naïve, qu'il était père, c'est-à-dire que sa propre personnalité lui semblait doublée. Autour de lui, tout semblait joyeux de sa joie. C'était un de ces soirs d'été où après la chaleur du jour, tout le monde sort prendre le frais dans ces quartiers populaires. Les bancs des boulevards étaient occupés par une double rangée de gens, ouvriers en veste, en bourgeron ou en manches de chemise, ouvrières en caraco blanc, qui humaient, sans presque parler, l'air de la nuit. Les cafés, les marchands de vins étincelaient avec leurs consommateurs assis devant des tables, en plein vent. Des groupes heureux marchaient lentement, sous les platanes, et sous leurs pieds on eût dit que le sable crissait joyeusement. Des curieux s'entassaient devant les loteries, où l'on gagnait des porcelaines de rebut, des vases à fleurs peintes à froid, décorées à l'or brillant. On regardait quelque escamoteur qui posait ses gobelets sur son tapis de toile rayée, à franges à demi déchirées. Des marchands de glaces et de guimauves criaient des sorbets à un sou. Un marchand de coco jetait parfois sa note grêle au milieu de ce concert. Une sorte de vapeur faite de poussière, et qui semblait l'haleine même de la terre, enveloppait ce gai tableau d'un beau soir. Il y avait partout des cris d'enfants, jaseurs comme des nids, des petits qui se roulaient, qui couraient, tombaient, se relevaient, riaient ; partout des cerceaux, des ballons. Et cette chanson des gamins se fondait, se perdait dans une sorte de rumeur vague produite par le roulement des fiacres qui passaient des deux côtés du boulevard. […] La lumière du gaz dans les arbres faisait ressembler les feuilles encore fraîches à une dentelle verte[28]. »
Dans la musique "Khouk Travolta" de Mohamed Maazouni, "Khouk Travolta ou saken boulevard Magenta. Nechreb fi Fanta ou nerja fik ya bent ennass".