Les limites communales de Bouxières-aux-Dames et celles de ses communes adjacentes.
L'ancien village est situé sur le flanc d'une colline, orientée sud-nord, qui surplombe le confluent de la Moselle et de la Meurthe à son nord-nord-ouest. Il se situe au nord-nord-est de Nancy, le long de l'autoroute A 31. Le village est divisé en cinq parties :
le haut du village autour des restes de l'abbaye et de la pelouse, sur la partie sommitale de la colline ;
le cœur du village autour de l'église et de la mairie ;
le quartier récent des Nevaux sur le flanc nord de la colline ;
le quartier des Noisetiers dans le vallon du ruisseau de l'étang de Merrey ;
Le nom de la localité est attesté sous les formes Villa Buxarius in pago Calvomontense (770), Buxarie, Buxerie super fluvium Mertuum (932), Bosseria (1070), Bosherie (1164), Bosseres (1188), Boissiers-as-Nonains (1238), Buxières-ad-Dames (1340), Bourcières-aux-Dames (1471)[1].
Le nom de Bouxières est issu du bas latin buxaria (de buxus « buis »), avec le suffixe -aria. Il désignait donc un lieu planté de buis[2].
Le déterminant complémentaire -aux-dames s'explique par la présence de nones (nonains) qui vivaient en communauté aux environs de 1238, d'où la forme ancienne de l'époque Boissiers-as-Nonains.
On a trouvé sur la route qui va vers Lay-Saint-Christophe des traces d'un four provenant d'un établissement métallurgique gallo-romain dont un gros bloc de fer pesant 600 kg[4],[3] (voir figure). Trois villas gallo-romaines ont été identifiées : l'une (villa ouest) à l'emplacement de la maison communale actuelle (ancien presbytère), une autre (villa est) près de l'Étang de Merrey[Note 1], une troisième (villa nord) au lieu-dit les Narvannes qui est aujourd'hui sur le territoire communal de Custines[5].
La seconde partie du nom de la commune vient de son abbaye de chanoinesses ou « dames », fondée par saint Gauzelin[6]. Issu d'une noble famille franque, il était notaire de la chancellerie royale quand le roi Charles le Simple le désigna comme évêque de Toul[7]. À la suite d'une visite à l'abbaye de Fleury à Saint-Benoît-sur-Loire il fonda en Lorraine le monastère masculin de Saint-Epvre et l'abbaye de bénédictines de Bouxières-aux-Dames en 936[8]. Il a vécu dans la pauvreté et est mort en 962. Une légende dit qu'un sanglier apparut à un de ses frères lui indiquant où fonder l'abbaye[9], une autre, décrite dans une peinture de l'église, qu'une biche blanche apparut à saint Gauzelin[10].
Au XVe siècle l'abbaye est transformée en chapitre de chanoinesses, l'un des quatre chapitres nobles de Lorraine[11] ; les chanoinesses doivent avoir huit quartiers de noblesse[8],[12]. Le trésor de l'abbaye se trouve à la cathédrale de Nancy[13]. Il comporte en particulier cinq objets un calice[14], une patène[15], un évangéliaire recouvert d’une reliure d’orfèvrerie[16], un anneau de prélat et un peigne d’ivoire[17]. Quelques rares restes lapidaires sont visibles sur le sommet de la colline dans la rue des chanoinesses. L'abbaye a persisté jusqu'en 1787, date à laquelle les chanoinesses s'installèrent à Nancy près de Bonsecours. L'abbaye a été détruite après la Révolution et les pierres ont été réutilisées pour la construction de plusieurs maisons[Note 2].
Un autre événement important dans l'histoire du bourg est celui de la bataille de Nancy, le 5 janvier 1477, où, avec ses mercenaires, le condottiereCampo Basso qui a trahi Charles le Téméraire massacre le lendemain de la bataille, 6 janvier 1477, sur le pont de Bouxières, les restes de l'armée du duc de Bourgogne en fuite vers Metz en voulant gagner les rives droites de la Meurthe puis de la Moselle. Il y eut 600 (six cents) morts parmi les Bourguignons. Le duc de Bourgogne y perdit autant d'hommes qu'à la bataille de Bonsecours[8]. Il y eut de nombreux cadavres de Bourguignons dans la Meurthe gelée et près du pont. Cette scène où l'on voit le pont et l'élimination des Bourguignons est représentée sur une gravure de la Nancéide[18].
En 1793, la commune prend le nom révolutionnaire de Bouxières-au-Mont. Elle retrouvera son nom actuel après la Révolution française[1].
En 1821 la commune comptait 468 habitants, 100 ménages et 80 habitations. Ses 322 hectares étaient cultivés en vignes pour 123, en labours pour 102, en prairies pour 41, et en bois pour 25. Elle possédait deux moulins et une carrière de moellons[8].
Une liqueur est commercialisée[Note 3] sous le nom de La Chanoinesse de l'abbaye de Bouxières-aux-Dames ou simplement La Chanoinesse[19] et dont la publicité[20] est : « Liqueur fabriquée avec des plantes stomachiques récoltées sur la montagne suivant une ancienne formule trouvée dans un manuscrit de l'abbaye daté de 1670. »
Entre 1860 et 1932, une mine de fer et une scierie industrielle[21] sont exploitées.
En 1945, des « apparitions » de la Vierge défrayent la chronique et divisent les paroissiens du village[23].
Plusieurs lotissements sont mis en chantier dans les années 1970, la population communale double en 10 ans. Le , un arrêt du Conseil d'État précisant le droit de préemption des communes[24] et condamnant la commune de Bouxières-aux-Dames fera jurisprudence. Il stipule que lorsqu'une même unité foncière se trouve partiellement située dans une zone de préemption, le droit de préemption ne peut être exercé sur aucune fraction de cette unité foncière[25]. Cette décision a conduit à une modification de la loi, autorisant la préemption partielle sous certaines conditions[24].
L'évolution du nombre d'habitants est connue à travers les recensements de la population effectués dans la commune depuis 1793. Pour les communes de moins de 10 000 habitants, une enquête de recensement portant sur toute la population est réalisée tous les cinq ans, les populations de référence des années intermédiaires étant quant à elles estimées par interpolation ou extrapolation[32]. Pour la commune, le premier recensement exhaustif entrant dans le cadre du nouveau dispositif a été réalisé en 2006[33].
En 2022, la commune comptait 4 122 habitants[Note 4], en évolution de −2,39 % par rapport à 2016 (Meurthe-et-Moselle : −0,13 %, France hors Mayotte : +2,11 %).
La Meurthe, d'une longueur de 161 km, prend sa source dans la commune du Valtin et se jette dans la Moselle à Pompey, après avoir traversé 53 communes[37].
Pour la période 1971-2000, la température annuelle moyenne est de 9,7 °C, avec une amplitude thermique annuelle de 17,2 °C. Le cumul annuel moyen de précipitations est de 836 mm, avec 12,3 jours de précipitations en janvier et 9,6 jours en juillet[38]. Pour la période 1991-2020, la température moyenne annuelle observée sur la station météorologique de Météo-France la plus proche, « Nancy-Essey », sur la commune de Tomblaine à 9 km à vol d'oiseau[40], est de 11,0 °C et le cumul annuel moyen de précipitations est de 746,3 mm.
La température maximale relevée sur cette station est de 40,1 °C, atteinte le ; la température minimale est de −24,8 °C, atteinte le [Note 6],[41],[42].
Au , Bouxières-aux-Dames est catégorisée ceinture urbaine, selon la nouvelle grille communale de densité à sept niveaux définie par l'Insee en 2022[45].
Elle appartient à l'unité urbaine de Nancy[Note 7], une agglomération intra-départementale regroupant 28 communes, dont elle est une commune de la banlieue[Note 8],[46],[47]. Par ailleurs la commune fait partie de l'aire d'attraction de Nancy, dont elle est une commune de la couronne[Note 9],[47]. Cette aire, qui regroupe 353 communes, est catégorisée dans les aires de 200 000 à moins de 700 000 habitants[48],[49].
L'occupation des sols de la commune, telle qu'elle ressort de la base de donnéeseuropéenne d’occupation biophysique des sols Corine Land Cover (CLC), est marquée par l'importance des territoires artificialisés (54,8 % en 2018), en augmentation par rapport à 1990 (52,1 %). La répartition détaillée en 2018 est la suivante :
zones urbanisées (40,2 %), forêts (28 %), terres arables (10,3 %), zones industrielles ou commerciales et réseaux de communication (9 %), espaces verts artificialisés, non agricoles (5,7 %), eaux continentales[Note 10] (4,9 %), prairies (2,1 %)[50]. L'évolution de l’occupation des sols de la commune et de ses infrastructures peut être observée sur les différentes représentations cartographiques du territoire : la carte de Cassini (XVIIIe siècle), la carte d'état-major (1820-1866) et les cartes ou photos aériennes de l'IGN pour la période actuelle (1950 à aujourd'hui)[Carte 2].
Bouxières-aux-Dames est une commune urbaine, car elle fait partie des communes denses ou de densité intermédiaire, au sens de la grille communale de densité de l'Insee[Note 11],[51],[52],[53].
Elle appartient à l'unité urbaine de Nancy, une agglomération intra-départementale regroupant 28 communes[54] et 286 041 habitants en 2017, dont elle est une banlieue[55],[56].
Par ailleurs la commune fait partie de l'aire d'attraction de Nancy dont elle est une commune de la couronne[Note 12], qui regroupe 353 communes et qui est catégorisée dans les conurbations de 200 000 à moins de 700 000 habitants[57],[58].
Nombreux vestiges gallo-romains et mérovingiens découverts au XIXe siècle près de l'église.
Domaine dit les Tilles fin XVe siècle, 4 rue des 3-Frères-Lièvre, objet d'une inscription au titre des monuments historiques par arrêté du 24 décembre 1991 pour son jardin d'agrément, salon et décor intérieur[59].
La rue des Chanoinesses où se trouvaient les hôtels particuliers des chanoinesses. Dans un jardin, on trouve encore une partie d'arche gothique.
Le pont de Bouxières lié à la bataille de Nancy n'est plus le pont d'origine (en pierre de taille à quatre arches), qui a été détruit lors de la libération de Bouxières en septembre 1944. Le pont, reconstruit après la Seconde Guerre mondiale, a lui-même été détruit et un nouveau pont a été reconstruit lors de la rectification du tracé de la Meurthe et de la construction de la rocade.
La pelouse est un site arboré de tilleuls plantés au XVIIIe situé sur le sommet de la colline, c'est un lieu de détente avec une belle vue sur le confluent de la Moselle et de la Meurthe.
Le château du comte de Frawenberg, aujourd'hui site de la maison d'enfants de Clairjoie.
Ancienne école catholique Notre-Dame, construite en 1900.
Église Saint-Martin XVe siècle, remaniée : nef et chevet XVe siècle. Le chœur gothique comporte de belles fresques du XVe siècle, qui viennent d'être restaurées[60]. Le chœur abritant les peintures murales en totalité ; les façades et la toiture de l'église, à l'exception de la sacristie sont inscrits au titre des monuments historiques par arrêté du 25 juin 2015[61].
Chapelle Saint-Gauzelin, se trouve dans une rue sous la colline.
Louis Guingot a vécu et est inhumé à Bouxières-aux-Dames.
Georgette Vierling est née à Bouxières-aux-Dames le 11 juillet 1873. Fille du peintre nancéien Antoine Vierling et élève de son père, elle a exposé ses peintures au Salon des Artistes Lorrains de 1892 à 1896. Mariée à l'écrivain Jules Cahen dit Jules Nathan et dit aussi Jules Rais, le 27 juillet 1897, elle est décédée le 21 mai 1899 à Paris (VIIe)[62]. Son mari lui fera construire un monument funéraire[Note 13], considéré comme l'un des premiers dans le style « Art nouveau ».
Antoine Vierling[63] (1842, 1917), peintre et professeur de dessin, avait une maison de campagne à Bouxières-aux-Dames. Il fut exposé au Salon de Nancy, au Salon de Paris ainsi qu'au Salon de Remiremont. Il a peint Près Bouxières, un tableau exposé au Salon des Artistes Lorrains de 1874, Un ruisseau sous bois (Bouxières-aux-Dames), Coucher de soleil (Bouxières-aux-Dames), La mare aux hérons (Bouxières-aux-Dames), exposés en 1876 et Coin de Bouxières-aux-Dames, un tableau également exposé au Salon des Artistes Lorrains de 1911.
La commune de Bouxières-aux-Dames possède un blason dont la définition est « de gueules à la croix de Lorraine d'or issante de la pointe et du chef, chargée en abîme d'un carré posé en losange d'azur chargé du sceau d'argent du chapitre des Dames Chanoinesses de Bouxières ».
L'abbaye de Bouxières possédait un blason : « d'or et à la fasce d'argent au chef d'azur »[64].
↑Par F. Schoumacker, entrepositaire général à Nancy.
↑Population municipale de référence en vigueur au 1er janvier 2025, millésimée 2022, définie dans les limites territoriales en vigueur au 1er janvier 2024, date de référence statistique : 1er janvier 2022.
↑Les ruisseaux intermittents sont représentés en traits pointillés.
↑Une unité urbaine est, en France, une commune ou un ensemble de communes présentant une zone de bâti continu (pas de coupure de plus de 200 mètres entre deux constructions) et comptant au moins 2 000 habitants. Une commune doit avoir plus de la moitié de sa population dans cette zone bâtie.
↑Dans une agglomération multicommunale, une commune est dite de banlieue lorsqu'elle n'est pas ville-centre, à savoir que sa population est inférieure à 50 % de la population de l’agglomération ou de la commune la plus peuplée. L'unité urbaine de Nancy comprend une ville-centre et 27 communes de banlieue.
↑Les eaux continentales désignent toutes les eaux de surface, en général des eaux douces issues d'eau de pluie, qui se trouvent à l'intérieur des terres.
↑Selon le zonage des communes rurales et urbaines publié en novembre 2020, en application de la nouvelle définition de la ruralité validée le en comité interministériel des ruralités.
↑ a et bDictionnaire topographique du département de la Meurthe, Henri Lepage, 1862
↑Albert Dauzat et Charles Rostaing, Dictionnaire étymologique des noms de lieux en France, A.Dauzat et Ch.Rostaing, Larousse 1963
↑ a et bBleicher et J. Baupré, « Matériau pour l'histoire de la métallurgie en Lorraine », Mémoires de la Société d'archéologie lorraine Société d'archéologie lorraine, , p. 5-16 (lire en ligne). Lire p. 10 et suivantes.
↑In Christian Pfister, Histoire de Nancy, t. 1, Berger Levraut, (lire en ligne)p.7
↑Lucien Geindre, Bouxières-aux-Dames et son abbaye, pp. 13-16
↑Nobiliaire universel de France, volume 21 page 388
↑Notice de la Lorraine, page 148,d'Augustin Calmet
↑ abc et dStatistique administrative et historique du département de la Meurthe, 1822 Louis-Antoine Michel
↑Général H. Colin, Le Grand-Couronné : 1914, 106 Boulevard St Germain, Payot, (lire en ligne). Les hauts de Bouxières-aux-Dames se trouvent sur le massif Faulx-La Rochette.
↑« Un curieux procès devant la cour d'appel, l’ancien curé frappé de suspension refuse de céder le presbytère à son successeur », l'Est républicain, (lire en ligne) ; A. Gonnet, « Chronique judiciaire, l'abbé César, curé de Bouxières-aux-Dames frappé de suspension refuse de quitter sa cure », l'Est républicain, (lire en ligne) ; A. G., « Un nouveau procès oppose l'abbé César à Bouxières-aux-Dames », L'Est républicain, (lire en ligne).
↑ a et bDaniel Joly, Thierry Brossard, Hervé Cardot, Jean Cavailhes, Mohamed Hilal et Pierre Wavresky, « Les types de climats en France, une construction spatiale », Cybergéo, revue européenne de géographie - European Journal of Geography, no 501, (DOI10.4000/cybergeo.23155, lire en ligne, consulté le )
↑Félix de Salles, Chapitres nobles de Lorraine, Annales, preuves de noblesse, documents, portraits, sceaux et blasons, 89 quai des Grands Augustins, Paris, Emile Lechevallier Libraire, (lire en ligne), « Abbaye insigne, collégiale et séculière de Notre-Dame de Bouxières, notice historique, ses abbesses, sa translation à Nancy ; ses archives et son trèsor »
Félix de Salles, Chapitres nobles de Lorraine, Annales, preuves de noblesse, documents, portraits, sceaux et blasons, 89 quai des Grands Augustins, Paris, Emile Lechevallier Libraire, (lire en ligne), « Abbaye insigne, collégiale et séculière de Notre-Dame de Bouxières, notice historique, ses abbesses, sa translation à Nancy ; ses archives et son trèsor »
Ferdinand de Lacombe, Le siège et la bataille de Nancy : (1476 --1477), Trottoirs Stanislas 16, Maubon libraire-éditeur, successeur de Pfeiffer, (lire en ligne)
(de) Klaus Oschema, « Zur Gründung des Benediktinerinnenklosters Notre Dame de Bouxières », Mitteilungen des Instituts für Österreichische Geschichtsforschung, vol. 110, , p. 182-190 (lire en ligne)
(en) Steven Vanderputten, Dismantling the Medieval : Early Modern Perceptions of a Female Convent’s Past, Brepols Publishers, , 247 p. (ISBN978-2-503-59347-0, lire en ligne)
« Bouxières-aux-Dames », Monographies communales de Meurthe-et-Moselle réalisées pour l'exposition universelle de 1889 et conservées par les Bibliothèques de Nancy, sur galeries.limedia.fr