Par l'établissement d'une synthèse de toute son activité artistique produite en Argentine, il expose des albums de voyage, à l'International Cultural Centrum d'Anvers, en 1980.
Installé à Paris, il devient un des pionniers de l'art fractal, dès 1981. Il crée « l'homo fractalus » ou comment dans le détail subjectif se reflète la totalité objective. Pendant ces années, il collabore avec Severo Sarduy, Pierre Restany, Susan Condé, Klaus Ottmann et Jean-Claude Chirollet. Aussi, le livre Barroco de Severo Sarduy, dans sa deuxième édition, contient un épilogue Un baroque fractal qui réfère à l'œuvre de Carlos Ginzburg, la situant entre Hokusai et le Bauhaus. En 1997, il cosigne avec, entre autres, Miguel Chevalier, Pascal Dombis, César Hénao, Jean Claude Meynard et Joseph Nechvatal, le Manifeste fractaliste qui paraît dans la revue Art Press[1].
Adhérent des premières heures du Mouvement World Art[3], Carlos Ginzburg crée avec Allaïa Tschann[4] sur l'imbrication du chaosfractal et du divin, comme système de pensée générant l'Arthéologie[5] et ouvrant, de par une résorption naturelle du chaos, sur le Paradis. C'est dans la pièce de théâtre Spectacle, écrite entre 1932 et 1936, que Jacques Prévert fit découvrir à son public de nouveaux libres-penseurs, qu'il nomme les arthéologues.
Les œuvres diachroniques réalisées entre 1967 et 2009 (plusieurs milliers de tableaux et de projets-documents) deviennent les parties d'une œuvre unique et plurielle qui les contient, en tant que structure synchronique. Le statut de chaque œuvre-élément est celui d'une autonomie relative : elle vaut par elle-même, mais est considérée comme inachevée, vouée à l'incorporation dans une œuvre-organisme qui lui donne un sens nouveau.
L'œuvre globale est une structure géante, complexe, récursive et auto-similaire de barbarisation, qui synthétise tableaux, projets, interventions écologiques, diagrammes, images, actions, propositions politiques, dessins, collages, formes numériques, etc.
Mais, à son tour, l'œuvre terminale n'est pas finie et de nouveaux éléments s'ajoutent dans un processus infini de prolifération de la différence.
Ainsi, l'artiste n'a produit, tout au long de sa vie, que des moments chaotiques fractals inachevés qui prennent leur véritable sens et forme, vers la fin du processus, grâce au recyclage des parties dans le tout. Le tout englobe les parties dans une mise en abyme infinie.
Carlos Ginzburg a créé une seule œuvre, en quarante années d'activité artistique : Les Barbares BA BA BA BA BA BA BA BA BA…
Barbare se disait d'une personne étrangère au monde grec et parlant avec des onomatopées BA BA BA BA… Cette œuvre est un méta-langage (image+texte) total, totalisant et infini qui se réfère à des langages-objet (image+texte), projets des œuvres à réaliser. Ces langages-objets sont, à leur tour, des méta-langages d'autres langages-objets qui sont, à leur tour, des méta-langages.
Ainsi, l'œuvre globale est comme un aleph qui engloutit et incorpore de nombreuses strates organisées d'œuvres d'art réalisées dans le passé. La progression diachronique (1967-2009) se synthétise dans une structure synchronique d'éternel présent BA BA BA…
Ces dimensions inactuelles, hybridées à d'autres actuelles, sont construites et déconstruites, dans les multiples échelles fractales de la pensée et de l'art, en mélangeant toutes les thématiques de la réalité et tous les procédés formels, la simplicité maximum de la barbarie enfermant toute cette complexité.
Le signifiant BA BA est un clin d'œil au signifiant DA DA.
Les Barbares BA BA BA BA BA… est entièrement scandée, fissurée et réinterrogée par des tableaux qui figurent la mort.
Severo Sarduy et Klaus Ottman, 1990 Revue Art Press, Paris, France
Tim Jacobs, 1989, Journal New City, Chicago, IL
Jean-Claude Chirollet (philosophe-esthéticien, spécialiste de l'Art fractaliste, Université de Strasbourg) :
id., 1992, "Images fractales : biogénétique des images en restructuration continue", in Les Figures de la Forme, éd. L'Harmattan, Paris, p. 283-295.
id., 1994, "En quel sens peut-on parler d'une Esthétique fractaliste?", in Littérature et Théorie du Chaos, éd. Presses Universitaires de Vincennes, Université Paris VIII, France, p. 115-140.
id., 1998, Carlos Ginzburg – La complexité autoréférentielle du Sujet fractal, revue La Mazarine, éd. du Treize Mars, Paris, septembre 1998, p. 112-114.
id., 2002, "L’Approche de l’art d’un point de vue fractaliste", in Revue Tangence, numéro 69, été 2002, Université du Québec, p. 103-132. Texte intégral sur www.erudit.org: http://www.erudit.org/revue/tce/2002/v/n69/008075ar.html
id., 2005, "Art fractaliste - La Complexité du Regard", Paris, éditions L'Harmattan, coll. Champs Visuels (Livre de synthèse sur les arts fractalistes depuis les années 1980; nombreuses références à l'œuvre et à la pensée fractaliste de Carlos Ginzburg).
id., 2011, "La question du détail et l'Art fractal - À bâtons rompus avec Carlos Ginzburg", Paris, éditions L'Harmattan, coll. Histoires et Idées des Arts.
Paul Ardenne, 1997, Art, l'Age Contemporain, Ed. du Regard, France