Une cascina[1], ou cascina a corte (sur cour), est une structure agricole typique de la plaine du Pô lombarde et, pour partie, piémontaise et émilienne.
Les premiers enregistrements de fermes (alors appelés cassine) remontent au XIIIe siècle. Au milieu du XIIIe siècle, dans certaines régions de la Lombardie, comme dans les campagnes de Pavie et de Milan, existaient déjà des fermes centralisées, équipées de boîtes, d’étables, de maisons, de moulins et de tours de défense. Certaines d'entre elles ont survécu jusqu'à nos jours[2],[3].
Il s'agit d'une grosse ferme au centre d'une exploitation agricole de plusieurs dizaines d'hectares, au minimum 40 à 50, mais parfois plus de 100. Dans la basse plaine irriguée la superficie varie entre 40 et 100 hectares[4], dans la haute plaine dite « sèche », elle est inférieure d'au moins la moitié. Ces structures sont dispersées en pleine campagne, à plusieurs kilomètres entre elles et des centres habités.
La cascina est constituée par les bâtiments d'habitation et les bâtiments agricoles, étable, hangar, silo, grenier, grange, laiterie, puits, four, entrepôt et moulin réunis en une unique structure au plan quadrangulaire et construits autour d'une cour faisant fonction d'aire de battage et de basse-cour. Dans les cascine les plus grandes, la cour peut être subdivisée en deux ou trois. Certaines parmi celles-ci possèdent un moulin, une osteria, une petite église et parfois une école. Dans les lieux les plus isolés, la présence d'épais murs périphériques leur donnent un aspect de forteresse. Certaines d'entr'elles furent fortifiées avec fossés, pont-levis et tours.Le nom de la cascina est celui du propriétaire ou du fondateur de l'exploitation agricole ou bien d'une chapelle, d'une église ou d'un monastère situé dans le voisinage ou dans la cascina elle-même. En Lombardie elles sont dénommées plus spécifiquement cascine lombarde. La cascina toscane n'est pas une cascina a corte mais un autre type de structure agricole assimilée à la casa colonica.
Selon le mode de distribution des édifices autour de la cour (ou des cours) les cascine sont réparties en quatre types :
Chacune de ces structures s'est développée à des époques différentes.
Cette structure aux dimensions imposantes accueillait plusieurs familles de paysans. Dans la « haute plaine sèche », elles pouvaient être au nombre de quatre, cinq ou six alors que dans la « basse plaine irriguée » elles étaient couramment entre dix et quinze, atteignant souvent le nombre de vingt mais ne dépassant généralement pas vingt-cinq. Le nombre de familles était lié à la dimension de l'exploitation agricole et, dans la Bassa milanese, du fait de la composition de la cellule familiale, la plupart des cascine dépassaient les cent habitants (environ vingt familles).
La cascina était rarement gérée par le propriétaire. Celui-ci en donnait l'exploitation à un fittavolo (ou affittuario, fermier) qui l'administrait comme s'il était le patron pour toute la période du contrat. Il y avait dans chaque commune quatre ou cinq familles de fittavoli, qui souvent vivaient dans des maisons isolées, pour une moyenne de vingt familles tous les cent kilomètres carrés. Le fermier ou le propriétaire de la cascina, ne vivaient la plupart du temps pas dans la ferme. Dans le cas contraire, leur habitation était l'édifice le plus grand, situé au centre de la cascina. Le régisseur était seul à communiquer avec le patron avec lequel il avait un rapport de confiance et restait en contact étroit. Il recevait une double rétribution par rapport à ses subordonnés.
Le paysan qui, dans la cascina, contrôlait l'exécution des travaux sous les ordres du fittavolo ou du patron était le fattore (régisseur). Celui-ci était responsable de la totalité de l'exploitation agricole et organisait le travail des autres agriculteurs. À l'époque où la majorité des paysans était salariés permanents, occasionnels ou métayers (sous contrat de métayage), le régisseur remplissait les fonctions du fermier ou du patron de l'exploitation. À part dans les cascine les plus vastes, le régisseur ne vivait pas non plus sur place.
Étant donné la quantité de paysans qui travaillaient à la cascina, ceux-ci étaient spécialisés. Vivaient normalement à la ferme les paysans qui avaient une fonction essentielle pour l'exploitation agricole comme les :
À côté de ces catégories spécialisées, s'affairent des garzoni (valets de ferme) au rôle varié : famigli (serviteurs), manzolai (bouviers), stallieri (garçons d'écurie), fatutto (homme à tout faire), mietitori (moissonneur), etc. Dans les cascine les plus grandes, on trouve aussi des artisans comme les maniscalco (maréchal-ferrant), sellaio (sellier), falegname (menuisier), muratore (maçon), fabbro (forgeron), etc. Et parmi les salariés saisonniers, les mietitori (moissonneurs), tagliariso (coupeurs de riz), mondine (repiqueuses de riz), etc.
En Lombardie, plus particulièrement dans la province de Varese, ainsi que dans quelques communes du Piémont, ces immenses fermes sont à l'origine de nombre de frazioni (hameaux), auxquelles elles ont donné leur nom sous la forme cascina, cascine, cascinale, ca', cà ou cá :
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Exemple significatif de cour fermée Lombarde, Linterno est une ancienne grange de la campagne milanaise connue pour la solide tradition qui l'identifie comme l'un des quatre lieux où l'on sait que Pétrarque a séjourné durant son séjour à Milan (1353-1361), l'unique encore visible. Autrefois située à quatre lieues de la ville, elle est aujourd'hui incorporée dans le tissu urbain tout en restant immergée dans un contexte unique qui conserve d'importants témoignages de l'ancien paysage agricole : les fontanili et les marcite (it), près de l'un des principaux parcs de la ville, le Parco delle Cave (it).
Bataille de Medole, Campo di Medole (it) (commune de Medole, province de Mantoue, Lombardie), cascina Quagliara, , à environ 16h30. La dernière attaque massive de la1re armée autrichienne du général Wimpffen repoussée, le 4e corps du général français Niel commence la contre-offensive vers Guidizzolo, soutenu par la division d'artillerie du général Soleille. Sur les collines, après avoir conquis Solferino (à gauche), on voit dans le lointain, la poursuite de l'affrontement entre les lignes françaises et autrichiennes pour le contrôle de Monte Fontana près de Cavriana (à droite). Les hostilités seront momentanément interrompues par l'arrivée d'un violent orage.