la Chiers Korn, Kor, (lb) Kuer | |
La Chiers à Charency-Vezin (Meurthe-et-Moselle). | |
Cours de la Chiers (carte interactive). | |
Caractéristiques | |
---|---|
Longueur | plus de 127 km [1] |
Bassin | 2 222 km2 [réf. nécessaire] |
Bassin collecteur | Meuse |
Débit moyen | 30,6 m3/s (Remilly-Aillicourt) [réf. nécessaire] |
Organisme gestionnaire | SIAC ou syndicat intercommunal d'Aménagement de la Chiers et de ses affluents[2] |
Régime | pluvial |
Cours | |
Source | Oberkorn |
· Localisation | Oberkorn |
Confluence | Meuse |
· Localisation | Bazeilles, Remilly-Aillicourt |
· Coordonnées | 49° 39′ 31″ N, 4° 59′ 40″ E |
Géographie | |
Principaux affluents | |
· Rive gauche | Crusnes, Othain, Loison |
· Rive droite | Messancy, Ton, Thonne, Aulnois, Marche |
Pays traversés | Luxembourg France Belgique |
Régions traversées | Grand Est, Terres Rouges |
Principales localités | Differdange, Pétange, Athus, Longlaville, Longwy, Longuyon, Torgny, Montmédy, Carignan, Remilly-Aillicourt |
Sources : SANDRE:« B4--0100 », Géoportail, Banque Hydro | |
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La Chiers (prononcer [ ʃjɛʁ]) est une rivière franco-belgo-luxembourgeoise. C'est un important affluent de la Meuse en rive droite.
La Chiers (orthographiée Chières dans les anciens documents) prend sa source sur le territoire de la commune de Differdange dans la section d'Oberkorn au Grand-Duché de Luxembourg, puis passe par le coin sud-est d'Athus (Aubange) en Belgique où s'y déverse la Messancy. Le confluent fut construit en forme d'écluse afin de garantir l'alimentation permanente en eau de l'usine sidérurgique d'Athus pour refroidir ses hauts-fourneaux.
La Messancy, ruisseau qui passe par Messancy, aurait dû être appelée « Le Chiers », car au confluent avec la « petite Chiers » luxembourgeoise, son débit après Wolkrange, alimenté par plusieurs sources, est quatre fois supérieur à celui de cette petite Chiers qui n’a qu'une source. La rivière venant de Wolkrange-Messancy était appelée par les Romains Carus fluvius et le ruisseau venant d'Oberkorn Cara River.
La Chiers entre ensuite en région Grand Est (France), en Meurthe-et-Moselle, à Longlaville, arrose Longwy (où elle coule en centre-ville sur la place de la mairie, a été enterrée dans les années 1950, avant d’être redécouverte dans les années 2020), Longuyon, Montmédy dans le département de la Meuse, Carignan dans le département des Ardennes et rejoint la Meuse en rive droite à Remilly-Aillicourt.
À hauteur de Torgny (Rouvroy), la Chiers matérialise la frontière entre la Belgique et la France.
Sa longueur totale est de 112 km, et son bassin versant s'étend sur 2 222 km2. La longueur de la partie française est de 127,1 km selon le SANDRE[1]. Le débit interannuel moyen de la rivière au niveau de son confluent avec la Meuse à Remilly-Aillicourt est de 30,6 m3/s[3].
Au niveau du confluent Chiers-Meuse, on a décrit dans la vallée de la Chiers une zone naturelle d'intérêt écologique, faunistique et floristique (ZNIEFF), sous le nom de « Vallée de la Chiers de Remilly-Aillicourt à La Ferté-sur-Chiers » (no SPN : 210000738). Celle-ci constitue l'habitat de 200 espèces animales dont 115 protégées, et de 133 espèces végétales dont une espèce protégée. On y dénombre 3 espèces végétales et 26 espèces animales menacées (11 espèces d'oiseaux et 15 d'insectes). On peut considérer l'abondance d'espèces d'oiseaux comme remarquable (137 espèces citées).
Le nom de la rivière est attesté sous les formes Carus fluvius en 636, Carus flumen en 980, Cara fluvius au XIIe siècle[4].
La Chiers doit son nom à cara, du pré-celtique *kar et du -a féminin : « l'eau à gravier »[5]. Au haut moyen âge le nom Carus est traité comme épithète de fluvius. Le Cher aurait la même étymologie[4].
Elle porte également le nom de Korn ou Koor pour sa partie coulant au Luxembourg[6] ; en luxembourgeois Kuer, parfois rapportée à la racine car, comme « rivière des rochers »[6].
La Chiers se retrouve dans le nom de cinq communes françaises : Montigny-sur-Chiers, Viviers-sur-Chiers, Épiez-sur-Chiers, Olizy-sur-Chiers et La Ferté-sur-Chiers.
L'organisme gestionnaire est le SIAC ou syndicat intercommunal d'Aménagement de la Chiers et de ses affluents, sis à Longuyon[2].
Ses principaux affluents et sous-affluents sont :
La Chiers est une rivière abondante, à l'instar de ses voisines de la région de l'ouest de la Lorraine.
Son débit a été observé sur une période de 43 ans (1966–2008), à Carignan, ville du département des Ardennes située peu avant son confluent avec la Meuse [7]. Le bassin versant de la rivière y est de 1 967 km2 (soit 88,5 % de celui-ci qui s'étend sur 2 222 km2).
Le module de la rivière à Carignan est de 26,1 m3/s[7].
La Chiers présente des fluctuations saisonnières de débit assez marquées, comme souvent dans l'est de la France, mais est nettement plus régulière que la moyenne des cours d'eau de Lorraine, avec des hautes eaux d'hiver-printemps portant le débit mensuel moyen à un niveau situé entre 32 et 46,6 m3/s, de décembre à avril inclus (avec un maximum en février), et des basses eaux d'été assez prolongées, de juin à octobre, avec une baisse du débit moyen mensuel jusqu'à 10,9 m3/s au mois de septembre, ce qui reste relativement confortable.
Aux étiages, le VCN3 peut chuter jusque 5,9 m3/s[7], ce qui reste acceptable, voire abondant comparé aux débits d'étiage de sa voisine l'Orne par exemple.
Les crues peuvent être importantes. Ainsi le débit instantané maximal enregistré a été de 217 m3/s le , tandis que la valeur journalière maximale était de 204 m3/s le . Les QIX 2 et QIX 5 valent respectivement 110 et 140 m3/s. Le QIX 10 est de 160 m3/s, le QIX 20 de 180 m3/s et le QIX 50 de 210 m3/s[7]. D'où il résulte que les crues de mai 1983 étaient d'ordre cinquantennal, et donc presque exceptionnelles.
À titre de comparaison avec une autre rivière de Lorraine, le QIX 10 de sa voisine, l'Orne en fin de parcours, vaut 280 m3/s contre 160 pour la Chiers, et que son QIX 50 se monte à 370 m3/s (contre 210 pour la Chiers), et ce malgré un bassin et un module nettement moindres pour l'Orne. C'est dire que les crues de l'Orne sont plus importantes que celle de la Chiers, et que cette dernière apparaît en Lorraine comme une rivière assez régulière.
La Chiers est bien alimentée par les précipitations abondantes de son bassin. La lame d'eau écoulée dans son bassin versant est de 419 millimètres annuellement, ce qui est nettement supérieur à la moyenne d'ensemble de la France (320 millimètres par an), mais reste un peu inférieur à la moyenne du bassin français de la Moselle (445 millimètres par an à Hauconcourt), ainsi que de la Meuse à Chooz, près de sa sortie du territoire français[8] (450 millimètres par an). Le débit spécifique (ou Qsp) atteint 13,2 litres par seconde et par kilomètre carré de bassin[7].
Nom | Localité | Débits en m3/s | Côte max (m) |
Max. instant. |
Max. journ. |
Lame d'eau (mm) |
Surface (km2) | ||||||
---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
Module | VCN3 (étiage) |
QIX 2 | QIX 5 | QIX 10 | QIX 20 | QIX 50 | |||||||
Chiers | Montigny-sur-Chiers | 4,56 | 0,87 | 46 | 67 | 80 | 93 | 110 | 2,46 | 89,1 | 77,7 | 527 | 274 |
Crusnes | Pierrepont | 2,30 | 0,360 | 18 | 26 | 31 | 36 | 43 | 3,51 | 39,7 | 34,1 | 353 | 206 |
Ton | Écouviez | 5,03 | 1,800 | 24 | 28 | 31 | 33 | 36 | 3,87 | 30,9 | 30,1 | 517 | 308 |
Thonne | Thonne-les-Près | 0,83 | 0,190 | 7 | 9,6 | 11 | 13 | - | 1,71 | 12,5 | 7,2 | 485 | 54 |
Othain | Othe | 2,90 | 0,120 | 23 | 32 | 38 | 43 | 51 | 3,70 | 44,8 | 39,3 | 372 | 247 |
Loison | Han-lès-Juvigny | 3,83 | 0,140 | 53 | 74 | 87 | 100 | 120 | 3,24 | 111 | 101 | 348 | 348 |
Chiers | Chauvency-le-Château | 22,5 | 3,900 | 160 | 230 | 280 | 320 | 370 | 2,98 | 317 | 260 | 419 | 1 700 |
Chiers | Carignan | 26,0 | 5,900 | 110 | 140 | 160 | 190 | 210 | 3,90 | 217 | 204 | 419 | 1 967 |
Chiers | confluence | 30,6 | 434 | 2 222 |
Particulièrement remarquable et diversifiée, l'avifaune de la vallée compte cent-trente-sept espèces inventoriées dans la Zone naturelle d'intérêt écologique, faunistique et floristique de la vallée de la Chiers entre Remilly-Aillicourt et La Ferté-sur-Chiers.
Parmi elles, onze sont inscrites sur la liste rouge des oiseaux menacés de Champagne-Ardenne : le râle des genêts, le courlis cendré qui est un nicheur très rare, le vanneau huppé, le cincle plongeur, le busard cendré, le phragmite des joncs, la pie-grièche grise, le rouge-queue à front blanc, en forte régression, le tarier d'Europe, le milan noir et le milan royal.
La vallée de la Chiers représente une halte migratoire importante pour de nombreux oiseaux. La variété des biotopes, englobant l'ensemble du lit majeur de la rivière et les zones adjacentes, favorise de multiples espèces, et notamment les limicoles et les anatidés (canards). Certaines espèces y stationnent lors de leur migration ; c'est le cas de la grue cendrée, du petit gravelot, de la guifette noire, du canard chipeau, du canard souchet, du canard pilet, du canard siffleur, de l'oie des moissons, du barge à queue noire, du chevalier sylvain, du chevalier cul-blanc, du chevalier aboyeur, du chevalier combattant, du chevalier gambette. D'autres espèces hivernent sur le site et s'y reproduisent, tels la foulque macroule, le canard colvert, le grèbe huppé et le grèbe castagneux.
De nombreux rapaces survolent la zone soit pour y chasser, soit à la recherche d'un site pour nidifier. C'est le cas de l'épervier d'Europe, de l'autour des palombes, de la buse variable, du faucon crécerelle, du faucon hobereau, de la bondrée apivore, du busard cendré.
Les odonates, ordre d'insectes comprenant les libellules ou anisoptères et les demoiselles ou zygoptères, sont des indicateurs de la qualité des eaux de la rivière.
On y trouve une demoiselle, l'agrion de Mercure, extrêmement rare en ces régions de même qu'en Belgique, Suisse et Europe centrale, protégé en France depuis 1993, inscrit aux annexes II de la convention de Berne et figurant dans le livre rouge de la faune menacée en France (dans la catégorie « en danger de disparition »). Il est considéré comme un puissant indicateur de la pureté de l'eau. Sa larve est en effet très sensible à la charge organique des cours d'eau.
Il est accompagné de la cordulie à corps fin, espèce de libellule également caractéristique des eaux vives peu polluées, et de la libellule orthétrum brun. Cette dernière espèce figure aussi sur la liste rouge régionale. On trouve en outre l'agrion gracieux, le gomphe vulgaire, le gomphe à pinces (espèce sensible), le gomphe semblable (en danger en Champagne-Ardenne), l'æschne printanière, la grande æschne, l'æschne isocèle, la libellule fauve, la cordulie métallique et le sympétrum jaune d'or.
Deux criquets ou orthoptères présents dans la zone sont inscrits sur la liste rouge régionale : le criquet marginé et le criquet ensanglanté.
On doit en déduire que, depuis la fin de l’industrie lorraine dans les années 1990, la qualité de l'eau de la Chiers est loin d'être mauvaise. Ceci est corroboré par la qualification attribuée par le Conseil supérieur de la Pêche français. Pour celui-ci, la qualité des peuplements piscicoles de la Chiers, observée en 1999 au niveau d'Épiez-sur-Chiers, est qualifié de bonne[9].
En France, la Chiers est classée comme cours d'eau de deuxième catégorie sur la totalité de son parcours. On y trouve des brochets, des perches, des sandres, des tanches, des carpes, des gardons, mais aussi des truites.
Du point de vue de la présence de matières organiques et oxydables (qui se traduit par une baisse de la quantité d'oxygène dissous dans l'eau), la situation était qualifiée en 1999 de très mauvaise dans cours supérieur (moins de trois mg d'oxygène par litre), mais passe à passable en aval de l'agglomération de Longwy, qualité qu'elle maintient tout au long du reste de son parcours lorrain (entre 4 et 6 mg d'oxygène par litre)[10].
En 2006, l'Agence l'Eau Rhin-Meuse attribuait à l'eau de la Chiers, analysée au niveau de Montmédy, la qualité de « bonne », la rivière passant ainsi de la catégorie 2 à la catégorie 1B[11]. Parmi ses affluents, le Ton était le seul dont l'eau se signalait par sa qualité qualifiée de « mauvaise » (et ce depuis de nombreuses années).
La vallée de la Chiers possède un important patrimoine architectural, malgré les importantes destructions des deux guerres mondiales. S'y ajoutent l'air pur et une fort belle[non neutre] nature, sillonnée d'un important réseau de cours d'eau poissonneux et souvent peu pollués (à l'exception notable du Ton).
La région étant protégée au nord par le massif des Ardennes, le climat n'a rien de redoutable, et les étés sont souvent fort beaux. La petite localité gaumaise de Torgny (commune de Rouvroy) revendique même le titre de Petite Provence belge.