Château de Rochechouart | ||||
Période ou style | Médiéval - Renaissance | |||
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Début construction | XIIe siècle | |||
Fin construction | XIXe siècle | |||
Propriétaire initial | Maison de Rochechouart | |||
Destination initiale | Lieu d'habitat de la famille des vicomtes de Rochechouart | |||
Propriétaire actuel | Conseil départemental de la Haute-Vienne | |||
Destination actuelle | Musée Départemental d'Art Contemporain | |||
Protection | Classé MH (1840) | |||
Coordonnées | 45° 49′ 17″ nord, 0° 49′ 09″ est | |||
Pays | France | |||
Région historique | Limousin | |||
Région | Nouvelle-Aquitaine | |||
Département | Haute-Vienne | |||
Commune | Rochechouart | |||
Géolocalisation sur la carte : Haute-Vienne
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Le château de Rochechouart est un château situé en Nouvelle-Aquitaine (Haute-Vienne), dans le Limousin historique, au-dessus du confluent de la Graine et de la Vayres, construit initialement au XIIe siècle et qui comporte également des parties du XVe siècle. La dynastie des vicomtes de Rochechouart en a été propriétaire depuis la création du château jusqu'à sa vente à l'État français au XIXe siècle. Le château de Rochechouart abrite aujourd'hui le musée d'art contemporain de la Haute-Vienne[1].
Le château, dont le donjon date du XIIe siècle et la majorité du bâtiment du XVe siècle, est situé au-dessus du confluent de la Graine et de la Vayres dans la commune de Rochechouart.
Son histoire commence vers l'an 1000 avec la fortification d'un éperon rocheux dominant la Graine par les vicomtes de Limoges[2].
Jusqu'en 1470, la châtellenie est le fief d’une branche cadette des vicomtes de Limoges. De l'ancienne forteresse il ne subsiste plus que le châtelet d'entrée à pont-levis qui conserve une des tours du XIIIe siècle.
Au milieu du XVIIIe siècle, l'intérieur du château est délabré (plancher, fenêtres) et la famille vicomtale habite le château des Bâtiments, à quelques kilomètres de là[3]. En 1757, l'heureux mariage de François-Louis de Rochechouart (fils de François-Bertrand, baron des Bâtiments et vicomte de Rochechouart décédé en 1742) avec Marie-Victoire Boucher, fille et héritière d’un riche trésorier général des colonies, permet de restaurer le château[3].
Pendant la Révolution, on essaie de démolir le château. Les révolutionnaires ne réussissent qu'à démolir le sommet des deux tours qui encadrent la façade sud-est[2]. Le château abrite une prison en 1793[4].
Le château est acheté par le département en 1836, pendant le règne de Louis-Philippe. Il entreprend sa restauration à l'identique.
Entre 1858 et 1859, le début des campagnes de restauration est mené par le service des Monuments historiques pour installer dans le château la sous-préfecture et la mairie, sous le règne de Napoléon III.
Pendant l'entre deux guerres, la cour du château hébergea un canon de 77 allemand, donné par le gouvernement français en reconnaissance du sacrifice des Rochechouartais morts pendant la guerre de 14-18.
Au début des années 1980, les salons du château servent de cadre à diverses manifestations, dont l'une des plus prestigieuses est l'exposition « Hugo et la France de son temps » organisée, avec la participation des plus éminents hugophiles (Luc Bérimont, Henri Guillemin, René Journet, Arnaud Laster, Jean Rousselot, Pierre Seghers…), par le Centre artistique et littéraire de Rochechouart que dirige Raymond Leclerc[5].
De nos jours, le château abrite depuis 1985 le musée d'art contemporain de la Haute-Vienne[1] où l'on peut admirer le fonds Raoul Hausmann, artiste dadaïste, et des œuvres d'artistes internationaux des années 1960 à nos jours, tels que Giuseppe Penone, Richard Long, Christian Boltanski ou Tony Cragg.
On peut y visiter aussi la salle des chasses qui abrite des fresques polychromes du début du XVIe siècle, représentant une chasse au cerf, et la salle d'Hercule ornée de peintures murales en grisaille du milieu du XVIe siècle.
Dans la cour d'honneur, on peut admirer la galerie soutenue par des colonnes torses.
Depuis 2015, les façades du château font l'objet d'une importante restauration. La municipalité conserve un petit canon, vestige de l'artillerie du château et qui servait autrefois à tirer des salves pendant les grands occasions, et qui donne à Rochechouart le surnom de Cité du canon. Le canon daterait du XVe siècle et faisait partie des quatre pièces d'artilleries dont était pourvu le château au début du XIXe siècle. Deux pièces servirent à reconstituer l'artillerie impériale après la retraite de Russie. Des deux pièces restantes, l'une éclata en tirant des salves d'honneur au cours du XIXe siècle. Le dernier canon se vit doter d'un affût moderne en 1870, pour célébrer les futures victoires françaises. Il ne sert plus aujourd'hui en raison de sa fragilité[n 1].
Les vicomtes de Rochechouart ont régné 800 ans sur le château. Ils étaient vassaux du comte de Poitiers. On peut citer parmi eux :
Le vicomte Aimery VII de Rochechouart est, avec sa femme Alix, le protagoniste d'une légende connue sous le nom d'Alix et le lion, rapportée par l'abbé Duléry[6] : Alix était une femme exceptionnellement belle et parée de grande vertu. L'intendant du château conçut une violente passion pour la vicomtesse qui repoussa ses avances. Pour se venger, il se plaignit auprès du vicomte en inversant les rôles. Fou de rage, Aimery fit jeter Alix dans un cachot où était enfermé un lion qui lui avait été offert lors de son expédition aux Croisades. Quelques jours plus tard, on explora la pièce. Alix était vivante, et le lion dormait à ses côtés. Il n'en fallut pas plus pour convaincre Aimery de l'innocence de sa femme. Le vicomte fit alors enfermer au cachot l'intendant qui fut dévoré sans attendre par le lion affamé.
Aymery aurait alors fait encastrer un lion de pierre dans le mur de la tour aux oubliettes, appelée depuis la tour du Lion[6].
En 1470, Anne, fille unique du vicomte Foucaud de Rochechouart, épouse Jean de Pontville, chambellan de Charles de France, duc de Guyenne et frère de Louis XI. La vicomté de Rochechouart quitte alors la famille de Rochechouart (qui subsiste avec les seigneurs du Bourdet et les seigneurs du Chandenier).
En 1512, leur fils François de Rochechouart-Pontville fait assassiner Pierre Bermondet, seigneur du Boucheron et de Saint-Laurent-sur-Gorre dont il convoitait les terres. S'ensuit un procès retentissant qui ruine les Pontville[7]. Par décision de justice royale, le donjon est arasé et les bois de hautes futaies coupés. François échappe à la justice mais sa famille doit construire un monument funéraire pour la victime, à Panazol. De cette simple histoire sordide naît peu à peu la légende suivante :
« François de Pontville étant parti chasser, un ami, Bermondet de Cromières[n 2], serait venu lui rendre visite au château de Rochechouart. L'homme, réputé pour ses belles mains, aurait été reçu par la vicomtesse, puis s'en serait retourné, après avoir longuement attendu le vicomte.
À son retour, la vicomtesse aurait prévenu ce dernier de la visite de Bermondet, tout en louant ses manières élégantes et ses belles mains. Pontville, d'un caractère jaloux et impulsif, serait parti précipitamment avec quelques hommes à la poursuite de son ami. À sa vue, les cavaliers auraient fondu sur l'homme qui venait les saluer, et l'auraient tué à coups de poignards. Pontville aurait alors coupé une main de la victime, l'aurait mis dans une boîte et de retour au château, l'aurait offert à sa femme en lui disant : « Madame, voici l'objet de votre idolâtrie. C'est la belle main du marquis de Cromières ! » Le parlement de Paris, saisi de l'affaire, François de Pontville et ses complices auraient été condamnés à mort. »
Le châtelet d'entrée à pont-levis avec une de ses tours du XIIIe siècle est la seule partie restant de l'ancienne forteresse.
Après la guerre de Cent Ans, le château fut rebâti suivant un plan pentagonal. Le corps de logis présente de grandes travées de baies couronnées de lucarnes passantes, et la galerie de la cour est sur colonnes au fût mouluré en torsades.
La tour nord-ouest maintenant arasée, était la tour maîtresse.
La Société des Amis des sciences et des arts de Rochechouart[8] est créée en mars 1889 sous l'impulsion d'Albert Masfrand[9]. Elle visite le site de Cassinomagus en juillet et y commence des fouilles la même année[10],[11]. Dans la foulée, la Société organise dès 1890 une exposition au château de Rochechouart sur les thèmes de l'anthropologie et de l’ethnographie ; le matériel exposé provient des collections privées de ses membres (plus de 160 membres en 1895[8]) et d'amis de l'association. Deux salles sont réservées à la numismatique et à l'époque gallo-romaine. L'exposition est un succès, avec 4 500 visiteurs en un mois. Ainsi encouragée, la Société prépare une exposition permanente qui ouvre ses portes le dans quatre salles du château de Rochechouart (aile nord, deuxième étage), montrant les objets collectés depuis 1889, en nombre croissant au fur et à mesure de l’avancement des fouilles. On y voit entre autres la statue de divinité gauloise assise en tailleur trouvée en 1895 et, quelques années après, la quenouille ornée d'un coq sculpté à une extrémité. En 1900, une sélection d'objets est envoyée à l'Exposition universelle à Paris[10].
Le musée Masfrand est fermé lors de l'ouverture du nouveau musée d'art contemporain en 1984[12] ou 1985. Les collections sont déménagées en 1991 pour finalement arriver à la base archéologique de Chassenon (Cassinomagus) en 2011[10].
Le musée d'art contemporain est installé dans le château. Il a été inauguré en 1985 par le conseil général de la Haute-Vienne et il est reconnu comme musée de France. Le Musée départemental d'Art Contemporain, abrité au sein du château, a reçu en 2021, une étoile au Guide Vert Michelin signe que ce lieu reste emblématique et qu'il est "Intéressant" à visiter.
Les cavités et rochers situés au pied du château font l'objet d'un classement en ZNIEFF (qui s'étend sur sept hectares), pour l'abri qu'ils constituent pour certaines espèces de chauve-souris[13]
La réserve naturelle nationale de l'« Astroblème De Rochechouart-Chassenon » encercle le château, sauf du côté de la ville au nord-est, en couvrant tout l'éperon sur lequel le château est situé. Elle s'étend aussi en rive gauche (côté sud-ouest) de la Graine, en face du château[14].
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