Clément-Henri Vaulet, ditClément Vautel, né le à Tournai (Belgique) et mort le à Paris 16e[1], est un journaliste, romancier et dramaturge d'origine belge, naturalisé français (1904[2]).
Auteur de plus de 30 000 articles pour les journaux[3], il a également écrit sous le nom de Falstaff.
Clément Vautel débute au Charivari, engagé par Pierre Véron pour y publier de bons mots qui furent ensuite repris par l'Almanach Vermot[4]. Son premier grand article, Paris l'été, fut publié le 6 août 1896 par La Presse[5] de Léon Bailby qui l'engagea pour un article par semaine[6].
Il est le créateur du personnage « Mon curé », dans le roman Mon curé chez les riches (1923) inspiré d'un père rédemptoriste qu'il connut sur le front pendant la Première Guerre mondiale. Son roman connaît un succès de vente considérable. Dans ses souvenirs[11], il indique un tirage d'un million, précisant : « aucun autre roman français n'a je crois, atteint le tirage de Mon curé. »
Il écrit une suite : Mon curé chez les pauvres (1925) puis Le Bouif chez mon curé (1928), en collaboration avec Georges de La Fouchardière. Sa série Mon curé fut reprise dans de nombreux films et adaptée au théâtre par André de Lorde et Pierre Chaine.
En 1938, il se déclare pacifiste et écrit : "La France n'a pas à faire cette guerre-là (pour les Tchèques) avec ses régiments de fils uniques". Ce qui déplut à Paul Reynaud, alors ministre de la Justice, qui lui fit savoir qu'il pourrait s'exposer à des poursuites judiciaires[12].
En 1940, il entreprend d'écrire ses souvenirs de journaliste, lesquels parurent en 1941 sous le titre Mon film. Souvenirs d'un journaliste[13].
Venu l'interviewer en 1941, le journaliste Henri Poulain le décrit ainsi :
« tout est rond dans sa silhouette, le chapeau à bords relevés bien horizontal sur le front, le visage, les grosses lunettes à peine posées sur un bout de nez minuscule et rond tandis que le profil accuse mieux qu'une promesse d'embonpoint et que la mâchoire est saillante. Timide, effacé, dans un costume à rayures d'un gris rigoureusement terne[3]. »
André Gide signale ironiquement dans son Voyage au Congo (1927) l'avis que Vautel porte sur lui et sur certains autres écrivains : « […] un réjouissant article de Clément Vautel, où je suis pris à partie en compagnie de Rimbaud, Proust, Apollinaire, Suarès, Valéry et Cocteau comme exemple de ces écrivains abscons dont la France ne veut à aucun prix[15]. »
Clément Vautel ne fait pas mystère de son antisémitisme. Il est à cet égard proche de Marthe Borély et de Théodore Joran, deux autres antisémites notoires des années 1920[16].
1921 : Paris qui filme, revue mordante et satirique de Clément Vautel et Max Eddy, au théâtre du Moulin Bleu (mai)
1921 : A coups de griffes, revue mordante et satirique de Clément Vautel et Max Eddy, au théâtre du Moulin Bleu (novembre)
1922 : Batignolles-Cigale-Odéon, revue à grande mise en scène en 2 actes et 25 tableaux de Clément Vautel et Max Eddy, mise en scène de Firmin Gémier, à La Cigale (janvier)[19],[20].
1922 : Oh ! Shocking !, revue de Clément Vautel et Max Eddy, à la Cigale (21 avril)
D'autres films s'inspirent très librement du personnage « Mon curé » avec des scénarios qui ne sont pas, au sens strict, des adaptations des romans de Vautel :
↑ ab et cEt non en 1897 comme l'indique la notice bibliographique parue dans Mon curé chez les pauvres, Librairie Générale Française, coll. « Le Livre de Poche », . Source : dossier de la Légion d'honneur.
↑Clément Vautel, Mon film. Souvenirs d'un journaliste, Albin Michel, 1941, p. 10 : "Ainsi, pendant quelques mois, je produisis d'innombrables "mots" dont beaucoup obtinrent, par la suite, cette enviable consécration : ils furent réédités dans l'Almanach Vermot."
↑Clément Vautel, Mon film. Souvenirs d'un journaliste, Albin Michel, 1941, pp. 18-21 : "J'écrivis un article intitulé Paris l'été qui célébrait le charme de la grande ville provincialisée par la trêve des vacances... Le lendemain, j'achetai la Presse, j'aperçus en tête de la deuxième page (en réalité la troisième) ce titre, mon titre, Paris l'été. Mon article avait paru. (...) J'eus même le courage de me faire annoncer à Léon Bailby qui me reçut le mieux du monde, m'encouragea et m'autorisa à lui envoyer un "papier" chaque semaine."
↑Clément Vautel, Mon film. Souvenirs d'un journaliste, Albin Michel, 1941, p.24 : "J'étais entré à l'Événement pour y faire des articles de reportage assaisonnés de dessins."
↑ ab et cClément Vautel, Mon film. Souvenirs d'un journaliste, Albin Michel, 1941, p.153
↑Clément Vautel, Mon film. Souvenirs d'un journaliste, Albin Michel, 1941, p.149 : "Je devins donc rédacteur à L'Oeuvre sur la demande de son fondateur, et ne cessai de l'être, deux ans après, que volontairement."
↑Clément Vautel, Mon film. Souvenirs d'un journaliste, Albin Michel, 1941, p.153 : "C'est en journaliste libre que je suis entré à La Liberté, au Gaulois, au Matin, au Journal, à Paris-soir, pour ne parler que des principaux quotidiens de Paris auxquels j'ai collaboré."
↑Cf. Clément Vautel, Mon film : Souvenirs d'un journaliste, Albin Michel, , p. 236 et 237.
↑Clément Vautel, Mon film. Souvenirs d'un journaliste, Albin Michel, 1941, pp. 131-132 : "En 1938, à l'heure tragique où la guerre paraissait imminente, je m'étais déclaré, dans plusieurs de mes "Films" du Journal, anxieusement partisan d'une solution pacifique. Ce "pessimisme" déplut à M. Reynaud, alors ministre de la Justice, qui me fit prévenir, vainement d'ailleurs, par un de mes confrères, et non des moindres, que mon attitude m'exposait à des désagréments sérieux, voire - en raison d'un récent décret - judiciaires. Ce belliciste, ce boutefeu me reprochait surtout d'avoir écrit : "La France n'a pas à faire cette guerre-là (pour les Tchèques) avec ses régiments de fils uniques""
↑Le titre "Mon film" fait référence au nom d'une chronique que Vautel avait rédigée pour Le Journal pendant l'entre-deux-guerres.
Laurent Joly, « Le préjugé antisémite entre « bon sens » et humour gaulois - Clément Vautel (1876-1954), chroniqueur et romancier populaire », Archives juives - Revue d'histoire des Juifs de France, vol. 43, no 1, , p. 23-38 (lire en ligne, consulté le ).