En 1973, lorsque Claude Rutault entreprend de repeindre les murs de sa cuisine, il recouvre dans le même temps un petit tableau qu'il avait laissé là par inadvertance. Il lui apparaît alors manifeste qu'une toile et son mur cohabitent dans un rapport qui est loin d'être neutre et qu'il serait intéressant d'en rendre compte[3].
L'histoire de la peinture et de ses conditions d'existence va, dès lors, reprendre ses droits dans des considérations des plus simples aux plus fondamentales. D'abord, une toile tendue sur châssis, et peinte de la même couleur que le mur sur lequel elle est accrochée, tient de la fresque et du tableau réunis en une réalité immédiatement perceptible pour ce qu'elle est : ce n'est que de la peinture ! Sa facture est neutre, mécaniste et son mode de recouvrement uniforme ne présente aucun repère qui pourrait faire office de signature. La toile est la plupart du temps de format standard et le mur n'a qu'une fonction « murale ».
L'existence de sa peinture ne peut être qu'à durée limitée : lorsqu'un collectionneur décide de changer l'œuvre de place ou de repeindre l'appartement d'une autre couleur, un nouveau coup de pinceau lui donnera une nouvelle jeunesse et du temps qui passe elle ne subira pas l'affront[1].
En 2000, il reçoit une commande publique pour l'église de Saint-Prim (Isère) : l'œuvre est inaugurée en 2007.
Saint-Prim : 1999-2007, Paris, Éditions des Cendres, avec le concours du ministère de la Culture et de la Communication, , 252 p. (ISBN978-2-86742-156-3)
Mes peintures ont la vie courte, mais elles ont plusieurs vies, Saint-Étienne, Les Presses du réel, 1994
Marie-Louise, collection L'art en écrit, éditions Jannink, Paris, 1993