Clavulinopsis fusiformis

Clavulinopsis fusiformis, la Clavaire en fuseau, est une espèce de champignons agaricomycètes du genre Clavulinopsis et de la famille des Clavariaceae. Il a été décrit pour la première fois par le botaniste anglais James Sowerby en 1799 sous le nom Clavaria fusiformis, puis a été transféré au genre Clavulinopsis en 1950 par Edred John Henry Corner.

Le sporophore (terme préféré à l'appellation ancienne carpophore[1]) se caractérise par une touffe de tubes en forme de fuseaux, jaune vif, de 5 à 12 cm de hauteur. Les spores sont presque rondes. Le système hyphal est formé uniquement d'hyphes génératrices.

Ce champignon se rencontre en Amérique du Nord, en Europe et en Asie, dans les bois et les zones herbeuses. Il est consommé au Népal.

L'espèce a été décrite pour la première fois par le botaniste anglais James Sowerby en 1799 sous le nom Clavaria fusiformis, d'après des échantillons collectés à Hampstead Heath à Londres[2]. Elias Fries en fait une variété de Clavaria inaequalis en 1828[3]. Elle a été transférée au genre Clavulinopsis en 1950 par Edred John Henry Corner[4] puis à Ramariopsis en 1978 par Ronald Petersen[5], mais cette dernière combinaison n'est pas retenue.

Clavulinopsis est formé des mots Clavulina, nom de champignons et du mot grec ὄψις (òpsis) « apparence »[6], étant donné la similitude entre les deux genres[7]. L'épithète spécifique fusiformis vient des mots latins fusus[8] et forma[9], signifiant en forme de fuseau. Ce champignon s'appelle en français clavaire fusiforme ou clavaire en fuseau[10].

Description

[modifier | modifier le code]

Le sporophore a la forme de fuseaux de 3 à 7 mm de diamètre sur 5 à 12 cm de hauteur, réunis en touffe, pointus, peu ou pas ramifiés, ondulés et un peu torsadés, de couleur jaune d’œuf à jaune d'or, devenant jaune ochracé sur les extrémités en vieillissant. La chair est jaune, cassante, mince. Le pied fusionnant rapidement avec la clavule ne se distingue pas franchement. Il est glabre, finement sillonné, blanchâtre. Le champignon a un goût amer. Il n'émet pas d'odeur[11].

Les basides, resserrées à la base, ont une forme de massue de 33 à 65 μm de long et 4,5 à 8 μm de diamètre. Elles contiennent quatre spores presque rondes ou ellipsoïdes mesurant 5 à 9 μm × 4,5 à 9 μm ; les spores sont lisses avec un hile proéminent de 1 à 2 μm de long. La sporée est de couleur blanche à jaunâtre[11],[12].

Le système hyphal est de type monomitique, c'est-à-dire formé uniquement d'hyphes génératrices (cloisonnées). Leur aspect diffère cependant. Celles du subhyménium, de 1,5 à 3 μm de diamètre, sont tortueuses et leur cytoplasme contient des pigments jaunâtres. Celles de la chair, bouclées, sont de deux types. Certaines, souvent à paroi légèrement épaissie, surtout vers la base du basidiome, légèrement renflées, hyalines, mesurent jusqu'à 12 µm de diamètre. D'autres, non renflées, tortueuses, hyalines à légèrement pigmentées, ont un diamètre compris entre 1,5 et 3,5 μm[11].

Écologie et distribution

[modifier | modifier le code]

Ce champignon est supposé saprophyte. Il pousse dans les bois sous les feuillus ou les résineux, parfois dans les zones herbeuses. Il s'observe en été ou à l'automne[12]. Il est présent en Europe, au nord de l'Amérique du Nord[4] et en Asie[13],[14],[15].

Utilisations et propriétés

[modifier | modifier le code]

Ce champignon n'est pas toxique. Il est consommé au Népal, dans la vallée de Katmandou, sous le nom de Kesari chyau, mais il n'est pas savoureux[16].

Il contient des hémagglutininess anti-B[17] et donne une teinture brillante[18].

Espèces proches et confusions possibles

[modifier | modifier le code]

Ce champignon ne doit pas être confondu avec Clavulinopsis laeticolor, plus petit, poussant séparément ou de manière grégaire, mais pas en touffe. Les spores sont plus ellipsoïdes[12]. Sa chair se teinte en vert avec la potasse alors que celle de fusiformis ne se colore pas[11]. Clavaria fragilis possède un sporophore de forme semblable mais blanc.

Si Neolecta irregularis a une couleur semblable, c'est un ascomycète ayant un sporophore plus trapu et irrégulier et poussant sur des litières de conifères de manière solitaire ou grégaire[11].

Références

[modifier | modifier le code]
  1. Jean-Louis Morère et Raymond Pujol, Dictionnaire raisonné de biologie, Paris, Frison-Roche, , 1222 p. [détail de l’édition] (ISBN 2-87671-300-4), « Articles carpophore et sporophore »
  2. Sowerby 1799, Tab CCXXXIV.
  3. Fries 1828, p. 231.
  4. a et b Corner 1950, p. 367.
  5. Petersen 1978.
  6. Bailly 1901, p. 641.
  7. Genaust 2012, p. 162.
  8. Gaffiot 1934, p. 698.
  9. Gaffiot 1934, p. 679.
  10. Bernoux 2002
  11. a b c d et e Labbé 2011
  12. a b et c Kuo 2007
  13. Saber 1989
  14. Zhang et al. 2010
  15. Christensen et al. 2008
  16. Adhikari, Devkota et Tiwari 2005, p. 15.
  17. Furukuwa et al. 1995.
  18. Cedano Maldonado et Villaseñor Ibarra 2006, p. 144.

Bibliographie

[modifier | modifier le code]
  • (en) M.K. Adhikari, S. Devkota et R.D. Tiwari, « Ethnomycolgical Knowledge on Uses of Wild Mushrooms in Western and Central Nepal », Our Nature, vol. 3,‎ , p. 13-19 (DOI 10.3126/on.v3i1.329, lire en ligne)
  • (grc + fr) Gérard Gréco, André Charbonnet, Mark De Wilde, Bernard Maréchal et al., Dictionnaire grec-français d'Anatole Bailly, , 4e éd. (1re éd. 1894) (lire en ligne)
  • Jean-Yves Bernoux, « Clavulinopsis fusiformis », (consulté le )
  • (es) Martha Cedano Maldonado et Luis Villaseñor Ibarra, « Colorantes orgánicos de hongos y líquenes », Scientia-Cucba, vol. 8, no 2,‎ , p. 141-161 (ISSN 1665-8493, lire en ligne)
  • (en) M. Christensen, S. Bhattarai, S. Devkota et H.O. Larsen, « Collection and use of wild edible fungi in Nepal », Economic Botany, vol. 62, no 1,‎ , p. 12–23 (DOI 10.1007/s12231-007-9000-9)
  • (en) EJH Corner, A monograph of Clavaria and allied genera, Oxford University Press,
  • (en) EM Fries, Elenchus Fungorum, Greifswald, Ernestus Mauritius, (lire en ligne)
  • (en) K. Furukuwa, R. Ying, T. Nakajima et T. Matsuki, « Hemagglutinins in fungus extracts and their blood group specificity », Experimental and Clinical Immunogenetics, vol. 12, no 4,‎ , p. 223–231 (PMID 8919354)
  • (la + fr) Félix Gaffiot, Dictionnaire Latin-Français, Paris, Hachette, , 1701 p. (lire en ligne)
  • (en) Michael Kuo, « Clavulinopsis fusiformis », sur MushroomExpert.Com, (consulté le )
  • (de) Helmut Genaust, Etymologishes wörterbuch der botanishen pflanzennamen, Hambourg, Nikol Verlagsgesellschaft, , 701 p. (ISBN 978-3-86820-149-9)
  • Roland Labbé, « Tableau différentiel entre Clavulinopsis fusiformis et Clavulinopsis laeticolor », sur Mycoquébec.org, (consulté le )
  • (en) RH Petersen, « Notes on clavarioid fungi. XV. Reorganization of Clavaria, Clavulinopsis and Ramariopsis », Mycologia, vol. 70, no 3,‎ , p. 660–71 (lire en ligne)
  • (en) M. Saber, « New records of Aphyllophorales and Gasteromycetes for Iran », Iranian Journal of Plant Pathology, vol. 25, nos 1–4,‎ , p. 21–26 (ISSN 0006-2774)
  • (en) James Sowerby, Coloured Figures of English Fungi Or Mushrooms, vol. 2, Londres, J. Davis, (lire en ligne)
  • (en) Y. Zhang, D.Q. Zhou, I. Zhao, T.X. Zhou et K.D. Hyde, « Diversity and ecological distribution of macrofungi in the Laojun Mountain region, southwestern China », Biodiversity and Conservation, vol. 19, no 12,‎ , p. 3545–3563 (DOI 10.1007/s10531-010-9915-9)

Liens externes

[modifier | modifier le code]

Sur les autres projets Wikimedia :