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En droite ligne de la Commedia dell'arte, l'art de la comédie est une des caractéristiques basiques du spectacle italien. Très tôt, le cinéma va marcher sur ses traces et ce sera d'autant plus aisé qu'il va s'agir d'une réaction au néoréalisme qui, dans l'après-guerre, porte un regard plus que sérieux sur la société de l'époque : défauts supposés, excès, abus, le rendu est noir et dramatique.
Une première phase d'évolution du néoréalisme va consister à égayer un tant soit peu ce rendu : ce sera l'époque dite du néoréalisme rose où, tout en continuant de filmer des situations dramatiques et angoissantes, les réalisateurs vont ajouter des « happy endings », des fins moins pessimistes. La réalité italienne de l'après-guerre va, dès lors, bénéficier d'une lecture humoristique, souvent ironique.
Comme tout cinéma comique, la comédie italienne va avoir pour assise et moteur essentiel les acteurs. Dans la fin des années 1940 et le début des années 1950, le théâtre puis le cinéma comique italien voient émerger un personnage qui va devenir l'acteur emblématique de la comédie italienne : Totò s'est glissé dans le rôle d'un Italien misérable, en butte au chômage et à la petite délinquance, risible mais aspirant à la dignité. Quelque peu égaré, à ses débuts, dans des films de qualité très moyenne, il va devenir un acteur culte de la comédie.
Et puis, voici Alberto Sordi qui va camper le rôle d'un « Italien moyen » lâche, profiteur, indolent et tire-au-flanc.
Il y aura également Vittorio Gassman, le matamore, dragueur, menteur, escroc et « grande gueule ».
Vittorio De Sica, dont on oublie parfois les talents d'acteur au profit de ses réalisations remarquables, sera également de la partie tout comme Aldo Fabrizi et Marcello Mastroianni, aussi à l'aise, l'un comme l'autre, dans des rôles graves ou des rôles drôles.
N'oublions pas non plus Gino Cervi en maire communiste et Fernandel en Don Camillo qui vont également concourir à cette explosion de comique.
Il faut, bien sûr, en guise de « carburant », des sujets qui fassent « tourner » ces moteurs. Les scénaristes vont naturellement en être les fournisseurs.
Le tandem Age-Scarpelli va entamer, en cette période, trente-cinq années de collaboration. Suso Cecchi D'Amico, avec le tandem précédent, va nous livrer, entre autres, l'ineffable Pigeon (I soliti ignoti) en 1958. La création de tandems stables de scénaristes est une des caractéristiques originales du cinéma comique italien : ainsi Leo Benvenuti et Piero De Bernardi, Ruggero Maccari et Ettore Scola.
La fin des années 1950 et, plus particulièrement, l'année 1958, vont, en quelque sorte, marquer un virage dans le style comique du cinéma italien, abandonnant la filière néoréalisme-néoréalisme rose (drames puis drames à happy-ends) au profit d'une réelle analyse de la société et d'une satire féroce, bref, une véritable comédie de mœurs.
Le néoréalisme a vécu. La comédie à l'italienne s'impose comme le nouveau courant d'un pays qui préfère donc traiter avec humour les soucis quotidiens, les problèmes sociaux, les « combinazioni » politiques, le passé et l'histoire, le boum économique et social, les aspirations et les espoirs, auxquels sont confrontés les italiens.
De nouveaux acteurs vont venir enrichir les personnages de la comédie à l'italienne :
Nino Manfredi va incarner des personnages truculents, grotesques voire monstrueux, ce sera le bouffon de la comédie.
Ugo Tognazzi va exceller dans des rôles de maris adultères ou trompés et autres personnages savoureusement absurdes et sardoniques. Du côté des comédiennes, Monica Vitti, après une série de remarquables performances dramatiques sous la direction de Michelangelo Antonioni, connaît une spectaculaire reconversion comique, par exemple dans La Fille au pistolet (La ragazza con la pistola) de Monicelli. À l'aube des années soixante, la toute jeune Catherine Spaak crée un personnage original d'adolescente aux mœurs libres qui illumine au passage plusieurs classiques du genre comme Le Fanfaron (Il sorpasso), Elle est terrible (La voglia matta) ou La Vie ardente (La calda vita).
Pas de changement parmi les scénaristes. Les hommes de la décennie précédente vont continuer à alimenter le cinéma comique en lui fournissant des sujets toujours plus délirants.
C'est à un véritable renouveau du cinéma italien que vont participer les réalisateurs spécialistes du genre. Et la satire va se faire encore plus critique. La politique, la dernière guerre, le « boom » économique, la moralité « catholique », le « couple » à l'italienne, entre autres, seront sujets à ridicule.
Après le succès populaire de sa suite du Pigeon (I soliti ignoti), Hold-up à la milanaise (Audace colpo dei soliti ignoti), Nanni Loy s'affirme comme un des maîtres méconnus du genre et signe notamment une féroce satire de mœurs à la tonalité quasi anthropologique, À l'italienne (Made in Italy).
Sur la lancée des années 1960, la comédie italienne, qui ne manque pas de sujets grâce à des scénaristes toujours plus inventifs, va continuer à regarder le monde avec un humour toujours plus grinçant dans sa critique de la société. Sur le plan économique, le fossé se creuse entre l'Italie du nord, la plus industrialisée, et le Mezzogiorno agricole et en perte de vitesse, la crise économique qui pointe. Au plan des mœurs, les nouvelles interrogations de la société sur des sujets ordinaires comme la vieillesse, la condition féminine, les attentats, la vie quotidienne de plus en plus trépidante, sont regardées par des caméras à l'œil caustique et critique.
Pas de changement parmi les scénaristes. Les hommes de la décennie précédente vont continuer à alimenter le cinéma comique en lui fournissant des sujets toujours plus délirants.
Luigi Comencini transpose sa satire de la société dans une Venise où la fourberie et les mensonges sont la vie quotidienne avec Casanova, un adolescent à Venise (Infanzia, vocazione e esperienze di Giacomo Casanova, Veneziano) en 1969, nous présente un Sordi escroc sans scrupules dans L'Argent de la vieille (Lo scopone scientifico) en 1972, peint les affres d'un quiproquo entre frère et sœur qui se retrouvent mari et femme dans Mon Dieu, comment suis-je tombée si bas ? (Mio Dio, come sono caduta in basso!) en 1974, étale l'égoïsme, l'hypocrisie et la bassesse de gens ordinaires dans la tourmente de la société de consommation avec Le Grand Embouteillage (Ingorgo - Una storia impossibile) en 1979 ou montre la tartufferie d'un représentant en livres religieux avec L'Imposteur (Cercasi Gesù) en 1982.
La tournure parfois condescendante prise au fil des années par certaines productions va lasser le public et favoriser l'émergence de nouveaux réalisateurs et d'une nouvelle génération d'acteurs. Désireux de retrouver l'essence du comique pur, en se tournant vers le vaudeville, des réalisateurs comme Carlo Vanzina, et son frère, le scénariste et producteur Enrico Vanzina, ainsi que le duo d'acteurs Massimo Boldi et Christian De Sica en sont les initiateurs.
Sapore di mare tourné en 1982 incarne ce renouveau.