Il existait à Paris trois couvents de Jacobins (autre nom des Dominicains en France), qui étaient distingués par la rue où ils se trouvaient : le plus ancien dit le grand couvent des Jacobins ou couvent des Jacobins de la rue Saint-Jacques (d'où le nom de Jacobins attribué aux Dominicains en France, Jacques se disant Jacobus en latin) était un couvent dominicain fondé au début du XIIIe siècle, situé rue Saint-Jacques à Paris, au niveau de l'actuel no 158. Le second couvent, plus récent, fondé par les Jacobins réformés au début du XVIIe siècle, se trouvait rue Saint-Honoré. Le troisième couvent, dit aujourd'hui noviciat des Dominicains, fondé en 1632, se trouvait rue Saint-Dominique (partie absorbée par le boulevard Saint-Germain).
L'emplacement du couvent des Jacobins de la rue Saint-Jacques s'étendait entre les tracés actuels des rues Soufflot et Cujas. Il s'adossait initialement en grande partie sur l'enceinte de Philippe-Auguste, côté ville, entre les portes Saint-Michel et Saint-Jacques.
Sous la conduite de Mathieu de France et de Mannès de Guzmán, l’ordre des Frères prêcheurs s’établit à Paris en 1217 avec un groupe de sept frères envoyé par saint Dominique[1] dans une maison située près de Notre-Dame[2]. En 1218, Jean Barastre[3], doyen de Saint-Quentin, leur fait présent d’une maison avec une chapelle, près des murs de la ville. Cette chapelle était la chapelle d'un hôpital pour les pèlerins, et était dédiée à saint Jacques le Majeur. Cette chapelle donna son nom à la rue Saint-Jacques, et c'est de là que vient le surnom de Jacobins donné aux Dominicains en France, car ils y eurent désormais leur principal couvent parisien.
Saint Louis comble les Jacobins de ses bienfaits : il fait achever l'église, bâtir le dortoir et les écoles. Cependant, à l'étroit près du mur de la ville et en concurrence foncière avec les Cordeliers, l'autre grand couvent-collège, les Jacobins parviennent à s'étendre au-delà de l'enceinte de Philippe-Auguste, en recevant en donation de Louis XII l'ancien parloir aux bourgeois[4] et une ruelle qui courait le long du mur de la ville[5].
En 1556, le don d'un riche bourgeois nommé Hennequin permet de reconstruire le cloître de ces religieux. La salle des exercices, connue sous le nom d'écoles Saint-Thomas, est quant à elle reconstruite en 1563. Quelques années avant la Révolution, cette salle accueille l'office divin car l'église, qui menace ruine, est fermée.
Le couvent des Jacobins de la rue Saint-Jacques est supprimé en 1790. Les bâtiments sont démolis entre 1800 et 1849[6].
Les Jacobins sur le plan de la Tapisserie (1540).
Détail du plan de Turgot montrant l'église des Jacobins s'ouvrant sur la rue Saint-Jacques (en bas à droite), en face du débouché de la rue Saint-Étienne-des-Grès (actuelle rue Cujas). Au premier plan, le dôme de la Sorbonne.
Plan de Paris vers 1300-1330.
Plan du couvent des Jacobins de la rue Saint-Jacques, par Eugène Viollet-le-Duc. Légende - A : église ; B : réfectoire (avec de l'autre côté de l'enceinte le parloir aux bourgeois ) ; D : école Saint-Thomas.
Dès l'origine l'église fut divisée en deux nefs par une colonnade centrale, un parti architectural rare que l'on retrouve également dans les couvents dominicains de Toulouse et d'Agen datant de la même époque. L'église, de forme rectangulaire, faisait 20 mètres de largeur pour 83 mètres de longueur. L'alignement des douze colonnes n'étant pas situé au milieu de l'église, elles divisaient la nef en deux travées de largeur inégale, ce qui se répercutait sur l'aspect extérieur de l'église avec un toit aux pentes asymétriques[7] (une particularité adoptée également au couvent de Toulouse avant son agrandissement du dernier quart du XIIIe siècle).
L'absence de voûte ainsi que de chapelles rayonnantes faisaient de l'église des Jacobins une église-halle. Huit chapelles furent accolées à son côté nord au XIVe siècle[7].
↑Jean Barastre, dit Jean de saint-Quentin, était professeur en théologie et médecin de Philippe Auguste.
↑Ce « parloir aux Bourgeois » était une tour carrée qui, depuis le milieu du XIIIe siècle sans doute, s'élevait vers le 20, rue Soufflot. Elle occupait l'emplacement du premier siège présumé de la hanse parisienne des marchands de l'eau, et elle ne servit tout au plus que d'annexe au parloir des bourgeois, situé entre l'église Saint-Leufroy et le Grand-Châtelet, et où il resta jusqu'à ce qu'Étienne Marcel achète pour la ville la maison aux Piliers situé place de Grève. Ce bâtiment était situé sur le tracé de l'enceinte de Philippe-Auguste, et comme il était protégé par une tourelle, on l'avait intégré aux fortifications pour former une protubérance extérieure à la muraille.
↑La ruelle est nommée Coupe-Gorge, à ne pas confondre avec la rue Coupe-Gueule, située entre la rue de Sorbonne et celle des Maçons.
Abbé Eugène Bernard, Les Dominicains dans l'université de Paris, ou le grand couvent des Jacobins de la rue Saint-Jacques,Paris, E. de Soye et fils imprimeurs, 1883, in-8°, VI-548.p.
Jacques Hillairet, Les 200 cimetières du vieux Paris, Les Éditions de Minuit, 1958.
Epitaphier du vieux Paris, tome VII.
P. Danzas, Études sur les temps primitifs de l'Ordre de Saint-Dominique.
Étienne de Salanhac, Catalogue des maîtres en théologie du couvent de Saint-Jacques .
R. P. Denifle op, Cartulaire de l'université de Paris.
R. P. Denifle, Die Universitüten des Mittelalters 1400, Belin, chez Weidmann, 1885.
Du Boulay, Historia Universitatis Pariensis, Paris 1663-1673, 6.vol. in folio.