Position de base de la défense des deux cavaliers après 1. e4 e5 2. Cf3 Cc6 3. Fc4 Cf6
La défense des deux cavaliers est une ouverture du jeu d'échecs. Elle est une variante de la partie italienne caractérisée par les coups : 1.e4 e5 2.Cf3 Cc6 3.Fc4 (partie italienne) Cf6 (l'ordre des coups peut varier). Son code ECO s'étend de C55 à C59.
La défense des deux cavaliers est une ouverture caractérisée par les coups : 1.e4 e5 2.♘f3 ♞c6 3.♗c4 ♞f6 (l'ordre des coups varie parfois, en jouant 2.♗c4 d'abord). Cette ouverture diffère du Giuoco Piano par le fait de développer le cavalier en f6 au lieu du fou en c5, ce qui ouvre aux Noirs des options plus ambitieuses et plus tactiques[1].
Le coup 4.d3 permet aux Blancs de jouer calmement et de minimiser les risques, mais cela ne crée pas non plus de menace immédiate chez l'adversaire. Les Noirs peuvent alors répondre usuellement 4...♝c5 5.♘c3 d6, avec une symétrie sur l'échiquier. Trois stratégies s'offrent alors aux Blancs :
Les Blancs peuvent jouer 6.♘a4 pour échanger ce cavalier contre le fou de cases noires et conserver l'avantage de la paire de fous pour les Blancs. Les Noirs ont alors deux manières de procéder à cet échange : soit via 6...♝b6 7.♘xb6 axb6 afin d'ouvrir la colonne a, soit via 6...♛e7 7.♘xc5 dxc5 ce qui ouvre la colonne d, facilite le développement et interdit la poussée d4 pour les Blancs. La partie est alors équilibrée entre chaque côté.
Les Blancs peuvent jouer 6.♗e3, avec l'habituelle suite 6...♝xe3 7.fxe3. Cela ouvre la colonne f pour les Blancs, interdit aux Noirs l'accès à la case d4, mais les pions doublés en colonne e rendent le centre de pions plus rigide. Les Blancs vont plutôt développer leur jeu sur l'aile-roi via la manœuvre ♘h4-f5 par exemple. La position est là aussi équilibrée, et l'issue dépendra en partie de l'avenir des pions doublés.
Les Blancs peuvent jouer 6.a3, un coup de protection du fou pour lui donner une case de retraite, mais aussi un coup d'attente pour voir où le Roi noir pourrait roquer. Si les Noirs fautaient en jouant 6...0-0, alors 7.♗g5 serait fort et mettrait une forte pression sur les Noirs, les empêchant de chasser le fou blanc en g5-h4 sans mettre en danger le petit roque. L'introduction, par chaque camp, des coups h3 et h6 pour éviter les clouages de cavalier devant le petit roque, sont ainsi indispensables avant tout petit roque[2].
Paradoxalement, le coup blanc 4.♘g5 est une des réponses principales à la défense des deux cavaliers, car les Blancs déplacent la même pièce une deuxième fois dans les tout premiers coups de l'ouverture. Dans ce cas précis, cela fonctionne car en g5, la Cavalier va attaquer le pion f7 qui n'est protégé que par le Roi, et la difficulté des Noirs à le protéger va compenser le retard de développement pris par les Blancs : les Noirs peuvent soit s'engager dans le nébuleux gambit Traxler via 4...♝c5, soit avancer leur pion sur d5 (4...d5) pour couper la liaison entre le fou blanc et f7 ainsi que libérer leur Fou c8. Cette seconde méthode est la plus commune[3].
Après la reprise du pion par les blancs via 5.exd5, les Noirs ont plusieurs manières de se défendre. Les réponses 5...b5 (variante Ulvestad) et 5...♞d4 (variante Fritz) amènent à des joutes chaotiques mais jouables. Les Noirs peuvent aussi tester les connaissances de leur adversaire sur l'attaque Fegatello avec la ligne 5...♞xd5 6.♘xf7 ♚xf7 7.♕f3+ ♚e6. Cette ligne n'est pas perdante pour les Noirs, mais leur demande un jeu très précis pour survivre. Chez les joueurs de haut niveau, la seule réponse à 5.exd5 jouée est 5...♞a5 (défense Polerio), qui attaque le Fou blanc en c4[3].
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Position de base de la variante Morphy-Polerio après 4. Cg5 d5 5. exd5 Ca5 6. Fb5+ c6 7. dxc6 bxc6
Dès lors, la ligne s'engage dans deux variantes principales :
6.♗b5+ c6 7.dxc6 bxc6 8.♗e2, qui amène les Noirs à sacrifier un pion en échange de l'initiative et d'une prise d'espace avec l'avancée d'un pion en e4. Le Cavalier en a5 reste aussi mal positionné. Le Fou blanc est obligé de faire retraite, et le Cavalier blanc en g5 sera lui aussi vite chassé dans les prochains coups, mais les Blancs vont chercher à éliminer le pion noir central, ou à le contourner via les manœuvres d4, ♗e3, ♘c3 voire ♕d2. La partie est alors dans un équilibre dynamique.
6.♗b5+ ♝d7 7.♕e2 permet aux Noirs de ne pas donner de pion supplémentaire, d'améliorer leur développement, et le pion blanc d5 est récupérable dans plusieurs variantes. Les Blancs n'ont quant à eux aucune faiblesse[3].
Le coup 4.d4 permet aux Blancs de jouer directement au centre, et les Noirs n'ont pas de véritable autre choix que 4...exd4, car les autres réponses mènent à des positions stratégiquement inférieures : 4...♞xe4 est contré par 5.dxe5 suivi des menaces ♗xf7+ ou ♕d5 ; 4...♞xd4 est réfuté par ♘xe5 qui affaiblit le Cavalier noir au centre, et 4...♝d6 bloque le pion d des Noirs. Après 4...exd4, les Noirs ont un pion de plus, mais leurs cases e5 et f7 sont faibles, et le Cavalier en f6 peut être facilement cloué. Les Blancs ont alors à leur disposition plusieurs lignes pour mettre en valeur ces faiblesses, dont les deux principales sont 5.e5 et 5.0-0[4].
La variante 5.e5 est appelée la « ligne moderne de la défense des deux Cavaliers », et elle vise à prendre de l'espace au centre de l'échiquier, mais cela coûte un tempo aux Blancs. Les Noirs ont plusieurs façons d'envisager la suite de la partie, parmi lesquelles :
5...d5 est la poussée centrale classique dans les parties ouvertes, et amène ici les Blancs à perdre un tempo et à décaler leur fou loin du pion f7. Une suite possible est 6.♗b5 (6.exf6 dxc4 est favorable aux Noirs, avec un développement plus aisé, la paire de fous et un avantage d'espace) ♞e4 7.♘xd4 avec 7...♝d7 ou 4...♝c5 pour les Noirs.
5...♞e4 a pour but de redéployer le Cavalier attaqué sur de meilleures cases. Il peut suivre 6.♕e2 ♞c5 7.0-0 ♞e6 (qui bloque le pion e5) 8.♗xe6 fxe6 pour ouvrir la colonne f, y doubler les tours tout en développant le fou en b7, ou bien 6.0-0 d5 7.exd6 ♞xd6 8.♗d5 ♝e7 9.♗xc6+ bxc6 et la paire de Fous sera utile aux Noirs.
5...♞g4 amène les Noirs à l'égalité de façon pratique, via la variante 6.♕e2 ♛e7 7.♗f4 d6 8.exd6. L'échange des Dames à venir donne l'occasion aux Blancs de mettre la pression sur les pions noirs isolés en colonne d, mais les Noirs ont des variantes concrètes pour s'en sortir[4].
Autres options moins fréquentes pour les Blancs au quatrième coup
Le coup naturel 4.c3? est immédiatement puni par les Noirs qui prennent le pion e4 avec leur cavalier et la tentative de contre blanc via 5.♕e2 d5 6.♗b5 f6 7.d4 ♛d6 ou 7...♝g4 ne porte pas vraiment ses fruits. Les Blancs ont aussi la possibilité de jouer le gambit de Boden-Kiezeritsky, via la ligne 4.0-0 ♞xe4 5.♘c3!? qui offre un fort développement aux Blancs en échange d'un pion. La ligne principale continue par 5...♞xc3 6.dxc3 f6 7.♘h4 g6 8. f4 ♛e7 9.♔h1 d6, et le fort centre noir protège bien le Roi noir un peu exposé. Quant au coup 4.♘c3, il peut transposer dans une partie viennoise. Les Noirs pourraient répondre 4...♝c5 ce qui transpose à nouveau dans les lignes plus jouées décrites ci-avant, mais ils peuvent aussi s'engager dans la suite 5...♞xe4 5.♘xe4 5.d5 avec des variantes tactiques encore peu étudiées par la théorie[1].
4.. d5 5. exd5. L'objectif de cette variante est de protéger la case f7 par l'interception de la diagonale a2-g8. Les bases de données donnent alors les possibilités suivantes :
6.Fb5+ (ligne principale) c6 7.dxc6 bxc6 : la variante « Morphy-Polerio », considérée comme la variante principale (voir diagramme). Le coup 5...Ca5 fut étudié dès 1560 par Giulio Cesare Polerio; il sacrifie un pion (le pion d5 n'est pas récupéré) dans la plupart des variantes, mais les Noirs obtiennent l'initiative et des lignes ouvertes pour leurs pièces.
4.d3, appelée ouverture moderne du fou, est une variante beaucoup plus tranquille que 4. Cg5 et plus sûre. Les Blancs vont poursuivre avec un plan incluant Cbd2, c3, b4, Te1,Cf1,Cg3 et h3, pour éviter de se faire clouer leur cavalier par le fou noir qui viendrait en g4. Après 4.d3, les Noirs peuvent transposer dans une partie italienne giucco pianissimo en jouant 4..Fc5, dans laquelle on appliquerait approximativement le même plan. ou.4..Fe7 ou 4...h6