Genre | opéra semiseria |
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Nbre d'actes | 2 |
Musique | Gaetano Donizetti |
Livret | Bartolomeo Merelli |
Langue originale |
Italien |
Sources littéraires |
Der Graf von Burgund (1795) d'August von Kotzebue |
Dates de composition |
mai-septembre 1818 |
Création |
Teatro San Luca, Venise Royaume de Lombardie-Vénétie |
Personnages
Airs
Enrico di Borgogna (Henri de Bourgogne) est un opéra semiseria en deux actes, musique de Gaetano Donizetti, sur un livret de Bartolomeo Merelli, représenté pour la première fois au Teatro San Luca de Venise le . Il s'agit du premier opéra du compositeur à avoir été représenté.
Donizetti avait terminé ses études musicales et se retrouvait sans activité régulière dans sa ville natale de Bergame lorsqu'il reçut de l'imprésario Paolo Zancla la commande d'un opéra destiné à être représenté en au Teatro San Luca de Venise[1]. Le contrat entre le compositeur et l'imprésario est perdu, mais il a dû être conclu vers le mois de [2]. Le contrat entre l'imprésario et le librettiste, Bartolomeo Merelli, a été retrouvé[3] ; il est daté du et mentionne l'écriture d'un livret pour Donizetti sur la base d'une pièce d'August von Kotzebue[4].
La première représentation fut repoussée en raison de travaux de redécoration du théâtre. Au mois d'octobre, Donizetti rejoignit à Vérone la compagnie de Zancla, muni de la partition d’Enrico di Borgogna, pour commencer les répétitions. Il découvrit que l'imprésario avait remplacé la mezzo-soprano Costanza Petralia, pour qui il avait écrit le rôle d'Elisa, par une soprano débutante qui n'avait encore jamais chanté sur scène, Adelaide Catalani[5].
La première eut lieu à Venise le [6]. La prima donna s'évanouit de trac à l'acte I, ne put chanter une partie de l'acte II, et dut être remplacée pour le finale, ce qui n'empêcha pas le public d'apprécier la partition et d'applaudir le compositeur sur scène à la fin de l'opéra. Les deux autres représentations, les 15 et 16 novembre, furent semble-t-il moins catastrophiques, la signora Catalani étant parvenue à maîtriser son trac.
On a dit qu’Enrico di Borgogna avait été repris à Bergame au Teatro della Società durant le carnaval 1818-1819, mais William Ashbrook juge cela peu probable car une première représentation d'une œuvre d'un compositeur local aurait certainement laissé quelque trace dans les gazettes[7] ; s'il y eut une reprise, elle eut plus probablement lieu à Mantoue, où se trouvait alors la compagnie de Zancla, dont les chanteurs connaissaient l'œuvre et qui possédait les parties d'orchestre[8].
Rôle | Type de voix | Interprètes lors de la première le |
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Enrico di Borgogna | contralto | Fanny Eckerlin (en) |
Elisa | soprano | Adelaide Catalani |
Pietro | ténor | Giuseppe Fosconi |
Guido | basse | Giuseppe Spech |
Brunone | baryton | Giuseppe Fioravanti |
Gilberto | basse | Andrea Verni |
Geltrude | mezzo-soprano | Adelaide Cassago |
Nicola (ou Bruno) | basse | Pietro Verducci |
Deux fils, l'un pauvre et vertueux, Enrico, et l'autre puissant et méchant, Guido, poursuivent la querelle qui a opposé leurs pères. En exil, Enrico apprend que le meurtrier de son père est mort et que le fils de l'usurpateur, Guido, a hérité de la couronne ducale de Bourgogne. Enrico entreprend de reconquérir ses droits et d'épouser sa bienaimée Elisa, que Guido projette également d'épouser. Enrico arrive à temps pour empêcher ce mariage. Il dirige un assaut victorieux contre le château et épouse Elisa.
Enrico di Borgogna n'est qualifié de semiseria que parce qu'il contient un rôle buffo, celui de Gilberto, d'ailleurs secondaire. Il s'agit en réalité d'un opera eroica fidèle aux conventions du genre puisque le rôle-titre est confié à un musico, c'est-à-dire un contralto chantant en travesti, le ténor recevant le rôle du père (adoptif en l'occurrence).
La cabalette d'entrée d'Enrico (Care aurette) contient déjà en substance la mélodie de l'air Al dolce guidami d’Anna Bolena. La partition comprend quelques ensembles déjà donizettiens comme le trio à la fin de la première scène, qu'Ashbrook estime le meilleur, le final de l'acte II lorsqu'Enrico interrompt la procession de mariage de Guido et Elena, avec un bref larghetto et un allegro plus long, et le sextuor de l'acte II, dont Ashbrook juge le largo « efficace » et la stretta, « banale »[9].
Selon William Ashbrook, l'opéra souffre d'un « livret qui oscille entre le boursouflé et le ridicule »[10]. La musique est plus développée que dans Il Pigmalione mais demeure conventionnelle et l'influence de Rossini est sensible notamment dans le rondo d'Enrico Mentre mi brilli intorno avec ses gruppetti symétriques de 16 notes conjointes. « Les mélodies vocales sont généralement fluides mais rarement distinguées, avec de fréquents passages coloratura (pour toutes les voix) qui sont destinées à produire des effets vocaux plutôt qu'à éclairer les caractères [...] La partition d’Enrico révèle un mélange de talent et d'inexpérience, mais l'intrigue est sans intérêt. »[11]