Une erreur judiciaire est une « erreur de fait commise par une juridiction de jugement dans son appréciation de la culpabilité d'une personne poursuivie »[1].
Afin de pallier l'erreur judiciaire, les décisions de justice sont, dans certains pays, soumises au pouvoir politique. Au Royaume-Uni, le Parlement a le pouvoir de casser des décisions de justice par la voie législative[2]. Ainsi, en janvier 2024, dans le scandale de la Poste britannique, - probablement l'erreur judiciaire la plus étendue de toute l'histoire britannique (the most widespread miscarriage of justice in UK history) [3],[4],[5] - le gouvernement britannique, qui a reçu une pétition de 1,2 million de signatures [6], constate l'incapacité de l'institution judiciaire à revenir rapidement sur des centaines d'erreurs de justice qui ont parfois abouti à des peines de prison, et propose aux parlementaires une loi annulant des centaines de condamnations[2],[7]. Le dédommagement des erreurs judiciaires coûtera au contribuable plus d'un milliard de livres sterling (environ 1 170 000 000 Euros) [8].
Il ne peut s'agir que d'une erreur de fait, c'est-à-dire d'une « erreur portant sur l'existence d'un fait ou dans l'appréciation d'une situation »[1]. Il s'agit de preuves qui auraient été inexistantes ou impossibles à interpréter à l'époque du jugement (et qui sont révélées ultérieurement) ou de preuves qui n'ont (volontairement) pas été suffisamment prises en considération. Dans le cas d'une affaire pénale, l'erreur judiciaire aboutit à la condamnation d'un innocent ou à l'acquittement[9] (ou la relaxe[10]) du véritable auteur de l'infraction. Il est à noter que le phénomène de l'erreur judiciaire, bien qu'étudié principalement en relation avec la criminalité, concerne toutes les branches du droit[11].
L'erreur judiciaire nuit à la bonne administration de la justice, puisqu'elle amoindrit la confiance de la société envers l'appareil judiciaire et peut inciter la victime à se substituer au système jugé défaillant.
Un rapport du ministère de la Justice canadien[12], qui étudie la situation canadienne en examinant également les études faites de par le monde (États-Unis et Europe en particulier), identifie plusieurs causes de l’erreur judiciaire :
Les juges ne font généralement pas face aux faits, mais reçoivent des comptes rendus de la part des mis en cause généralement via leurs avocats ainsi que des agents enquêteurs, fonctionnaires de police le plus souvent[réf. nécessaire].
Les juges doivent respecter la procédure en fournissant des décisions motivées et en se fiant aux preuves (les preuves).
La police vient en premier dans l'ordre chronologique du processus, c'est elle qui a la responsabilité de l'enquête. Ainsi, si théoriquement la justice a aussi un pouvoir sur l'enquête via le ministère public, elle se fie au travail de la police.
L’État se doit de former ses fonctionnaires de police à respecter la procédure judiciaire et les justiciables. Si l'État ne forme pas correctement ses agents, il peut être reconnu responsable des fautes qu'ils commettraient telles que des bavures policières. Les actes de la police doivent toujours être fondés juridiquement, et le justiciable qui est saisi par la police est en droit de la questionner sur les fondements juridiques de ses agissements.
De nombreux ordres juridiques proposent des procédures d'appel qui permettent de renouveler l'enquête autour de l'affaire et donc parfois d'éviter l'erreur judiciaire.
Il existe des commissions disciplinaires qui peuvent juger les magistrats qui ne respectent pas le droit.
Les infractions pénales les plus graves (crimes) sont jugées par des cours d'assises, dans lesquelles le jury est composé de citoyens. Les citoyens placés dans le rôle de jurés sont libres d'avoir recours à l'intime conviction pour influencer la décision, ce qui peut être un moyen pour eux de contrer les abus de l'État[Quoi ?].
Il est évident que la victime d'une erreur judiciaire risque de souffrir d'un traumatisme psychologique d'importance proportionnelle à l'importance du litige. La police, par crainte d'être débordée, ne peut pas aisément prendre l'initiative de remettre en question une affaire déjà classée et jugée. L'erreur de fait ne peut alors être contrée que si un particulier ou un journaliste apporte lui-même, sous les yeux de la police, des preuves qui contrediront l'attendu des juges. À défaut, la personne devra tourner la page et apprendre à vivre avec son traumatisme.
Même une fois son erreur révélée, la justice peut rechigner à l'admettre publiquement, par peur de perte d'autorité. Un trop grand nombre d'erreurs pourrait discréditer la justice. Pourtant, la justice ne peut fonctionner qu'en tant que service public, et lorsqu'une erreur judiciaire est mise au jour, n'importe qui peut se sentir coupable d'avoir fait confiance à la police au lieu d'avoir douté en l'absence de preuves tangibles.
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Une littérature de l'affaire Dreyfus a été publiée dès 1894, à commencer par l'opuscule de Bernard Lazare, premier intellectuel dreyfusard : malgré des erreurs factuelles, il reste un témoignage des étapes vers la révision[14].
Denis Langlois, Les Dossiers noirs de la justice française, Éditions du Seuil, 1974.
Marc Hédrich, L'affaire Jules Durand, quand l'erreur judiciaire devient crime, Editions Michalon, 2020 (www.affairejulesdurand.fr)
1956 : Le Faux Coupable, film américain d'Alfred Hitchcock. Le thème de l'innocent accusé à tort constitue un élément central de l'œuvre d'Hitchcock. – Basé, par le truchement d'un livre, sur un fait divers réel, Le Faux Coupable est, dans sa filmographie, le long-métrage d'Hitchcock le plus explicitement consacré au sujet, un sujet abordé d'une manière dramatique, assez éloignée du style du cinéaste.
2015 : Dark Places, film américano-français de Gilles Paquet-Brenner, adaptation du roman homonyme de Gillian Flynn : Libby Day est une jeune femme qui a survécu à l'assassinat de sa famille dans les années 1980. Elle est la seule témoin de la scène et affirme que c'est son frère, Ben, alors âgé de 16 ans qui est le meurtrier. 30 ans plus tard, un petit groupe de "passionnés de faits divers" découvre de nouveaux éléments qui remettent en doute le témoignage de Libby.
↑« Au Royaume-Uni, médias et politiques s’intéressent enfin aux victimes du scandale du logiciel Horizon », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
↑(en-GB) Kevin Rawlinson, « Post Office scandal: more than 1m sign petition to strip ex-boss of CBE », The Guardian, (ISSN0261-3077, lire en ligne, consulté le )
(en) The Innocence Project – Projet fondé en 1992 par Barry C. Scheck et Peter J. Neufeld, et ayant pour but d'aider des prisonniers américains à prouver leur innocence via des tests ADN : plus de 300 cas de réhabilitation répertoriés.
(en) The National Registry of Exonerations – Projet commun de la faculté de Droit de l'Université du Michigan et du Center on Wrongful Convictions (CWC) de la Northwestern University School of Law, recensant à ce jour plus d'un millier de cas reconnus d'erreurs judiciaires aux États-Unis.