Les trottoirs du pont d'Iéna sont élargis d'une structure provisoire pour relier aisément le palais du Trocadéro et le palais du Champ-de-Mars de chaque côté de la Seine.
Pour desservir le site, on refait la gare du Champ-de-Mars[3]. Quatre voies desservent la gare et l'on construit un buffet le long de l'avenue de Suffren. C'est l'architecte Juste Lisch qui est chargé des plans du bâtiment voyageurs, une structure métallique au remplissage de briques pourvue de larges verrières.
On aménage à l'extrémité de l'île aux Cygnes une passerelle piétonne dite passerelle de Passy[4].
Vue panoramique de la partie centrale de l'exposition. Archives nationales.
Le palais du Trocadéro aussi appelé Palais de pierre est construit pour cette occasion par l'architecte Gabriel Davioud et l'ingénieur Jules Bourdais[5]. C'est là que le président Mac Mahon reçoit avec faste les ambassadeurs et les princes étrangers. Le palais est doté d'une salle des fêtes et possède une vaste salle de concert. Les frises supérieures du front de scène sont dues au talent de Charles Lameire[6]. La ventilation de la salle est assurée par cinq mille[7] bouches d'aspiration d'air vicié placées entre chacun des fauteuils et qui rejettent l'air au dehors. L'air frais est puisé dans le réservoir naturel de fraîcheur tempérée que constituent les cinq hectares des anciennes carrières sous le palais.
Le Palais de l'Exposition, dit aussi Palais de fer, occupe presque tout le Champ-de-Mars. Il renferme les envois de toutes les nations. Comparable à une longue serre en damier, il occupe une surface de 420 000 m2. C'est un vaste rectangle donnant au nord comme au sud sur un vestibule.
Le premier vestibule d'honneur est nommé vestibule d'Iéna, le second est dit « vestibule école militaire ».
L'ingénieur responsable des constructions métalliques est Henri de Dion, mort avant la fin de la construction et l'architecte Léopold Hardy. Les fabricants qui obtiennent le marché sont les sociétés Fives-Lille et Schneider.
La « rue des nations », avec ses façades typiques de chacun des pays exposants, occupe tout un côté de l'édifice[16]. L'autre côté est réservé aux produits français et coloniaux. Le centre du bâtiment est consacré aux beaux-arts et au stand de la ville de Paris.
La « Galerie du Travail » expose toutes les richesses du savoir-faire humain et permet d'observer les ouvriers au travail. Le monde des jouets présente les jouets savants, petites machines à vapeur, trains à mouvement d'horloge, jeux de construction et des poupées animées.
Une section d'anthropologie permet d'observer une série de crânes d'assassins, en parallèle à la tenue d'un « Congrès international des sciences anthropologiques »[17].
L'aquarium est aménagé sur le site abandonné d'anciennes carrières de pierre à bâtir, situé à flanc de la colline de Chaillot, c'est le projet de l'architecte Combaz qui est retenu. Il est intégré dans le décor des jardins dessinés par Alphand qui l’entourent, une partie est à ciel ouvert et l'autre partie souterraine utilise la conformation des anciennes carrières et imite l'intérieur d’une grotte. Les animaux sont présentés soit dans des bassins, pour la zone à ciel ouvert, soit en aquarium, pour la zone souterraine[19].
L'inventeur Henri Giffard construit un ballon captif de 25 000 m3, capable d’emporter 40 à 50passagers. Ce ballon, situé aux Tuileries, est une des attractions phare de l'Exposition : la nacelle de « l'ingénieux Henri » fait voler en deux mois 35 000 personnes[20], autant que depuis le début de l’aérostation, soit en un siècle environ. Une dizaine d’ascensions par jour emmènent les passagers jusqu’à plus de 500 mètres.
Parallèlement au ballon captif, la machine servant à produire le gaz permet de gonfler de nombreux ballons libres, permettant des ascensions variées, parfois par groupes (jusqu’à trois ballons simultanément).
La maison de Champagne Mercier expose un foudre de vin de Champagne d'une contenance de soixante-quinze mille bouteilles. Ce tonneau est battu en gigantisme par celui de la délégation de l'Autriche-Hongrie, qui contient cent-mille litres !
Le pavillon japonais, dont deux salles sont aménagées par Émile Guimet[21], impressionne : « ...les Japonais nous donnent ici un échantillon de leur architecture, qui est remarquable et qui est fort remarquée. Les artistes de Yedo en ont apporté de leur île tous les morceaux et les ont assemblés sur place. Jamais cette vérité que l'architecture est un art essentiellement relatif, n'a été plus sensible, plus clairement exprimée. Il y a, dans la porte japonaise, quelque chose de primitif et de raffiné tout ensemble... »[22]). Le Japon est en effet représenté par un pavillon construit dans la rue des Nations au Champ-de-Mars, et par une ferme dans les jardins du Trocadéro. Les critiques, japonisants et architectes, s'attachent à les considérer dans des descriptions élogieuses[23].
L'Exposition récompense les meilleurs produits des arts, de l'artisanat et de l'industrie. Les médailles délivrées dans le cadre des expositions universelles sont spécifiques à chacune des Expositions. Les médailles représentent les valeurs universelles de l'amitié des peuples, du travail et sont à la gloire de la République française. C'est le sculpteur Eugène André Oudiné[24] qui réalise la médaille de récompense, déclinée en trois couleurs, or, argent et bronze.
Jules Paul Loebnitz remporte une médaille d'or pour La Porte des Beaux-arts : une façade de 12 mètres de haut entièrement en terre cuite et faïence imaginée par l'architecte Paul Sédille.
François Lacaze Pounçou reçoit une médaille d'or dans la catégorie boissons fermentées pour son rhum, produit de l'usine Marquisat de Capesterre à la Guadeloupe[25].
Émile Béchard obtient une « médaille d'or » pour l'ensemble de vues d'Égypte.
Franciszek Rychnowski y présente son modèle de radiateur avec consommation de combustible réduite, breveté en 1878, et obtient une médaille d'argent[27].
↑Hubert Guimet, Jean-Baptiste et Emile GUIMET. A la confluence de l'art, de la science et de l'industrie, Barcelone, éditions Lyonnaises d'Art et d'Histoire, , 192 p. (ISBN978-2-84147-335-9), p. 122
↑Philippe Burty, Le Japon ancien et le Japon moderne, in L'Art, 4°année, vol.IV, tome XV, 1878, p. 242-243.
↑Pour en savoir plus : [1] et René Sieffert, Le Japon et la France. Images d'une découverte. Paris, Publications Orientalistes de France (POF), 1974 (160p)
↑Eugène André Oudiné (1810-1887) sculpteur de médailles, premier grand prix de Rome catégorie Gravure en médailles en 1831.
↑Catalogue officiel : liste des récompenses : Exposition universelle internationale de 1878, à Paris ; Ministère de l'agriculture et du commerce, (lire en ligne)
↑Florence-Patricia Charpigny, « La Fabrique lyonnaise de soieries : Une maison à travers ses archives de Lamy et Giraud à Lamy et Gautier », Bulletin de liaison du Centre international d'étude des textiles anciens, Lyon, Centre international d'étude des textiles anciens, no 54, , p. 15-17 (ISSN1016-8982), (BNF34431528)
↑(de) Hartmut Norden, Subtile Wirklichkeiten - verborgen : aber aufgedeckt : Fakten und Erläuterungen im Überblick, BoD – Books on Demand, (ISBN978-3-7322-2704-4, lire en ligne), p. 326
Dominique Jarrassé, « L'Exposition universelle de 1878 », dans Myriam Bacha, Les Expositions universelles à Paris de 1855 à 1937, Action artistique de la Ville de Paris, , p. 99-103
Frédéric Seitz, Le Trocadéro : les métamorphoses d'une colline de Paris, Belin,
Marc Gaillard, Paris : les Expositions universelles de 1855 à 1937, Presses franciliennes,
Sylvain Ageorges, Sur les traces des Expositions universelles 1855 Paris 1937 : à la recherche des pavillons et des monuments oubliés, Parigramme,
(en) Guillaume Evrard, « "English Pictures Are but Little Known and Esteemed Out of England": The Royal Academy of Arts and the 1878 Paris Exposition Universelle », dans Charlotte Gould et Sophie Mesplède (ed.), Marketing Art in the British Isles, 1700 to the Present, Farnham, Ashgate, (lire en ligne), p. 211-226