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Fernand Dansereau est un réalisateur, producteur, scénariste, monteur et directeur de la photographie québécois né le à Montréal.
Il est le frère du producteur et réalisateur Jean Dansereau, le cousin de l'écologiste Pierre Dansereau et le père du réalisateur Bernard Dansereau.
Il étudie au Collège Saint-Charles-Garnier de Québec, puis au Collège de Lévis et, enfin, à Montréal aux collèges Sainte-Croix et Sainte-Marie[1]. En 1950, après avoir complété son cours classique, il devient journaliste à La Tribune puis au Devoir, où il est chargé des questions de relations de travail et où il est congédié pour avoir refusé de franchir la ligne de piquetage pendant la grève des typographes[2].
À l'invitation de Pierre Juneau, Fernand Dansereau entre à l'Office national du film du Canada en 1955. Il y exerce tour à tour les diverses fonctions du cinéma : animateur à l'écran, scénariste, réalisateur, producteur et finalement responsable de la production française[3].
C'est d'abord à titre de scénariste qu'il se fait remarquer, signant d'abord pour le réalisateur Bernard Devlin la fiction didactique Alfred J..., dans laquelle Dansereau met à profit sa connaissance du milieu du travail pour raconter de manière précise le processus de syndicalisation dans une usine[4]. En 1958, il signe le scénario du long métrage Les mains nettes, réalisé par Claude Jutra, nouvelle incursion dans le milieu du travail.
Ses premières réalisations (Pays neuf; Le maître du Pérou) n'attirent guère l'attention de la critique. C'est toutefois à titre de producteur qu'il se distingue, puisqu'il participe à plusieurs œuvres marquantes de l'âge d'or du cinéma direct: Golden Gloves de Gilles Groulx, Bûcherons de la Manouane d'Arthur Lamothe, Pour la suite du monde de Michel Brault et Pierre Perrault, etc.
En 1965, il termine un premier long métrage historique, Le festin des morts, inspiré des Relations des Jésuites. Le film est accueilli avec sévérité par la critique malgré d'évidentes qualités[1]. L'échec du Festin des morts mène Dansereau vers la porte de sortie de l'ONF. On lui offre alors de réaliser un court métrage avant de quitter l'organisme fédéral[4]. Ce sera Ça n'est pas le temps des romans (1967), récit de l'introspection d'une mère de famille de 35 ans. Ironique, le cinéaste indique au générique qu'il s'agit d'un tiers de film.
Les récents déboires de Dansereau avec la direction de l'ONF ne l'empêchent toutefois pas d'accepter d'y réaliser un film de commande pour le Ministère fédéral du travail. Ce documentaire, tournée dans la ville de Saint-Jérôme, doit documenter les comportements «en période de changements socio-économiques accélérés»[5]. Le tournage de Saint-Jérôme contribue à la création du Groupe de recherches sociales de l'ONF, dont les principaux instigateurs sont, à part Dansereau, le producteur Robert Forget, les cinéastes Maurice Bulbulian et Michel Régnier, ainsi que la spécialiste du travail communautaire Hortense Roy. En proposant une analyse de l'impact des mutations économiques sur les ouvriers, Saint-Jérôme annonce le programme Société nouvelle de l'ONF, qui défendra une conception du cinéma comme facteur de transformation sociale[4]. Terminé en 1968, Saint-Jérôme est accompagné de 27 courts métrages satellites[2].
Dansereau enchaîne avec Tout le temps, tout le temps, tout le temps...? (1969), aussi réalisé dans le cadre du Groupe de recherches sociales. Cette fois-ci, le cinéaste travaille avec treize citoyens de l'Est de Montréal qui sont à la fois les scénaristes et les interprètes d'une fiction créée collectivement[6]. En 1970, avec Pierre Maheu et Michel Maletto, il est l'un des fondateurs de la société In-Média. C'est dans le cadre de cette dont les activités sont axées sur l'animation culturelle qu'il réalise Faut aller parmi le monde pour l'savoir, documentaire commandité par la Société Saint-Jean-Baptiste et la Société nationale des Québécois. En prenant pour matière les propos de citoyens issus des classes populaires, le film élabore un discours sur le nationalisme québécois[2].
En compagnie de Iolande Cadrin-Rossignol, Dansereau poursuit dans la voie de l'action populaire et de l'intervention sociale en coréalisant la série L'Amour quotidien, dont les scénarios sont le résultat d'une démarche de création collective[2]. Sa quête d'un cinéma d'intervention sociale se poursuit avec Simple histoire d'amours (1973), projet élaboré avec des Acadiens de la région de Bathurst, au Nouveau-Brunswick, qu'il tourne sur support vidéo.
Toujours avec Cadrin-Rossignol et avec la collaboration de France Pilon et de Gaston Cousineau, il coréalise la série Un pays, un goût, une manière (1976-1977), qui aborde la culture populaire sous l'angle patrimonial. Ce travail de commande constitue toutefois une sorte d'intermède dans son parcours[6].
Le long métrage Thetford, au milieu de notre vie (1978), dont l'action présente une famille ouvrière de Thetford Mines, est écrit à la suite d'ateliers avec des comédiens amateurs et vient clore cette période dans la production du cinéaste. Dansereau qualifiera lui-même cette fiction sociale de «film maudit» et de «cul-de-sac»[6]. Doux aveux (1982), long métrage mettant en vedettes Marcel Sabourin et Hélène Loiselle, est toutefois une sorte d'épilogue à ce cycle, puisque le scénario est issu d'exercices d'écriture impliquant notamment Bernard Dansereau, Florence Bolté et Dominique Lévesque[6].
Au cours de la décennie 1980, Fernand Dansereau se consacre essentiellement à l'écriture pour la télévision. C'est d'abord le téléroman Le Parc des Braves (1984-1988) dans lequel il raconte la vie quotidienne d'une famille de la haute ville de Québec pendant la Deuxième Guerre mondiale, puisant dans ses souvenirs (en 1939 sa famille habitait rue des Braves, à Québec) pour traduire l'intensité dramatique de la période[7]. Il adapte ensuite le premier tome de la saga historique d'Arlette Cousture, Les filles de Caleb (1990-1991). Réalisée par Jean Beaudin, cette série devient l'un des plus grands succès de l'histoire de la télévision québécoise[8]. Toujours avec Beaudin à la réalisation et avec Marina Orsini comme interprète principale, Dansereau scénarise la série Shehaweh (1993), qui raconte l'histoire d'une jeune Autochtone arrachée à son peuple au XVIIe siècle[2]. Il réalise dans cette foulée le documentaire L'Autre Côté de la lune (1994) qui présente cinq Autochtones appartenant à cinq nations dans la tension qu'ils vivent entre leur mode de vie traditionnel et la modernité[9]. Le cinéaste participe ensuite à l'écriture de la série Caserne 24 (1998-2001) qui raconte la vie d'un groupe de pompiers.
Ces années d'écriture télévisuelles sont aussi des années d'engagement pour Dansereau qui préside l'Institut québécois du cinéma (1984-1985) et l'Institut National de l'Image et du Son (1990-1993).
L'arrivée du XXIe siècle correspond à une nouvelle période dans la carrière de Fernand Dansereau. C'est d'abord le long métrage documentaire Quelques raisons d'espérer (2001), dans lequel il donne la parole à son cousin, l'écologiste Pierre Dansereau. Ce premier documentaire en inspire un autre, Les porteurs d'espoir (2010), tourné dans une classe de 6e année de McMasterville pendant toute une année scolaire[10].
Entre ces deux documentaires, le cinéaste tourne le long métrage La Brunante, où il aborde le thème de la maladie d'Alzheimer. La comédienne Monique Mercure y reprend, à 40 ans d'intervalle, le rôle qu'elle tenait dans Ça n'est pas le temps des romans. Ayant été produit après de longues batailles pour en assurer le financement, le film est en général bien reçu par la critique qui parle d'une mise en scène sobre et d'un récit émouvant[11]
La décennie 2000 marque aussi le temps des honneurs pour le cinéaste qui reçoit le prix Albert-Tessier remis par le Gouvernement du Québec en 2005, le prix Hommage du Festival des films du monde de Montréal (FFM) en 2007[12] et le prix Jutra-hommage en 2009.
En 2012, alors âgé de 84 ans, Dansereau termine un documentaire intitulé Le vieil âge et le rire. Le film, qui propose une réflexion sur la sagesse, la spiritualité et l'humour, remporte un succès estimable en salles et reçoit le prix du public lors des Rendez-vous du cinéma québécois[13]. Le cinéaste enchaîne cinq ans plus tard avec L'érotisme et le vieil âge, où il aborde, avec le même succès, le sujet tabou de la sexualité chez les personnes âgées[14], donnant notamment la parole à son complice Jean Beaudin[15]. En 2019, il termine cette trilogie en signant Le vieil âge et l'espérance, où il est question de la manière dont on peut encore appréhender la vie lorsque le corps et l'esprit déclinent. Encore une fois, Dansereau fait une place à Jean Beaudin, ici accompagné de trois autres camarades de cinéma : Denys Arcand, Jean-Claude Labrecque et Marcel Sabourin[16].
Le fonds d'archives de Fernand Dansereau est conservé au centre d'archives de Montréal de la Bibliothèque et Archives nationales du Québec[17].