Le Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou ou FESPACO est l'un des plus grands festivals de cinémas en Afrique. Créé en 1969, il se déroule tous les deux ans à Ouagadougou, la capitale du Burkina Faso. Organisé par la « Délégation générale du FESPACO » il est également l'un des rares festivals de cinéma d'État encore existants dans le monde[1].
L’objectif du festival est de « favoriser la diffusion de toutes les œuvres du cinéma africain, de permettre les contacts et les échanges entre professionnels du cinéma et de l'audiovisuel, et de
contribuer à l'essor, au développement et à la sauvegarde du cinéma africain, en tant que moyen d'expression, d'éducation et de conscientisation »[2].
En 1969, il est appelé « Festival de cinéma africain de Ouagadougou », avant de devenir « Festival panafricain du cinéma de Ouagadougou » (FESPACO) lors de sa troisième édition en 1972. C'est un événement internationalement reconnu et respecté, considéré comme le principal rendez-vous des cinémas d'Afrique[3]. Le FESPACO est reconnu officiellement en tant qu'institution par décret gouvernemental le 7 janvier 1972. La cérémonie de remise des prix et le siège du FESPACO sont situés à Ouagadougou.
En 1972, le prix Étalon de Yennenga est créé en l'honneur de la princesse Yennenga, pour récompenser le long métrage le plus représentatif de l'identité africaine[4]. Le premier lauréat de ce prix du meilleur film a été Le Wazzou Polygame d'Oumarou Ganda[5].
Il s'institutionalise en 1972 et devient le Festival panafricain du cinéma de Ouagadougou (FESPACO), sous la coupelle de l'Etat. Il devient compétitif et décerne comme grand prix l'Étalon de Yennenga.
En 1973, les cinéastes demandent une alternance avec les Journées cinématographiques de Carthage de Tunis : les deux gouvernements s'accordent pour que les JCC se tiennent les années paires et le Fespaco les années impaires, durant la semaine à cheval sur février et mars. C'est durant cette édition que le Fespaco devient thématique[7].
Le MIFA (Marché international du film africain) est créé en 1983, auquel s'ajoute en 1987 le MEPT (Marché d'échange des productions télévisuelles. Ils fusionnent en 1989 au sein du MICA (Marché international du cinéma africain), dont la dénomination apparaît dès 1987[8],[9].
En 1981 est créé le prix Oumarou Ganda de la 1re œuvre tandis qu'un nouveau règlement précise les nombreux prix à attribuer. Durant cette édition est créé le Collectif de L’œil vert[10].
L'édition de 1985, souvent nommée "le Fespaco de Sankara", innove avec un prix du public, l'organisation de la "rue marchande" (marché de produits régionaux) et du premier colloque[7].
En 1987, sans changer d'acronyme, le Fespaco devient le "Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou"[9]. Le monument de la place des cinéastes est inauguré, qui représente une caméra dont l’objectif est pointé vers le ciel[11].
Jusqu'en 1991, le Fespaco boycotte l'Afrique du Sud. Trois films sud-africains sont projetés au Fespaco de 1993 et c'est en 1995 que ce pays accède à la compétition.
La 13e édition de 1993 voit l'introduction d'une compétition TV/Vidéo professionnelle dotée d'un jury autonome, laquelle s'ouvre au grand public en 1997. En 1995, le jury officiel est divisé en deux : l'un pour les longs métrages et l'autre pour les courts métrages et documentaires[12].
En 1995, à l'occasion de la 14ème édition, est inaugurée la Cinémathèque africaine de Ouagadougou près pont Kadiogo, dans le secteur 2 de la ville. Sa gestion est confiée au Secrétariat général permanent du Fespaco[13].
En 1999, le festival se dote d'un comité de sélection des films, rompant avec l'opacité précédente mais toujours sans transparence sur la manière d'opérer[14].
En 2000, le festival publie avec l'association des Trois mondes le dictionnaire des Cinémas d'Afrique qui liste les films africains de 1960 à 2000[15], lesquels sont dorénavant intégrés dans la base de données Sudplanète d'Africultures et de la Fédération africaine de la critique cinématographique[16].
En 2005 le grand prix se divise en trois : or, argent et bronze, si bien que l'Etalon de Yennenga devient l'Etalon d'or de Yennenga, conçu par le sculpteur burkinabé Ali Nikiéma[17]. Même chose pour les courts métrages dont la compétition est dotée d'un jury et de trois prix or, argent et bronze : les Poulains[18].
Le nouveau siège du Fespaco (précédemment situé dans les locaux du Conseil économique et social près du Rond-point des États-Unis) et dont les travaux ont été entamés en 1994, est inauguré en 2005 non loin de la Cinémathèque africaine[19].
En 2007 est créée un compétition de films documentaires[18].
Les inondations de septembre 2009 atteignent la Cinémathèque africaine de Ouagadougou avec de grosses conséquences pour l'état des copies et son fonctionnement[20].
Le gros œuvre du nouveau bâtiment situé à côté du siège et devant accueillir un amphithéâtre de projection principale, des salles d'atelier et de réunion ainsi que des galeries en escargot pour des expositions est terminé en 2007 et la charpente est posée mais le 15 janvier 2013, un incendie ravage le chantier au moment du goudronnage du toit[21].
En 2021, le Fespaco inaugure autour du siège le "Fespaco Pro" : un dispositif d’accompagnement des films au stade de post-production, l’immersion des aspirants aux métiers du cinéma, et le programme de formation "Yennenga Académie". Ce dispositif est confirmé et développé en 2023[22].
En 2021 est coédité en anglais et en français avec le Fespaco et l'Institut Imagine dirigé par Gaston Kaboré un numéro de la revue américaine Black Camera de 786 pages entièrement consacré au festival et à son histoire[23].
A partir de 1973, chaque édition annonce une thématique tenant compte des préoccupations des professionnels du cinéma et des enjeux du moment. Elle ne constitue pas un critère de compétition[24].
1973 : Le rôle du cinéma dans l'éveil d'une conscience de civilisation noire.
1976 : Le cinéaste africain du futur : implication éducative.
1979 : Le rôle du critique du film africain.
1981 : La production et la distribution.
1983 : Le cinéaste africain face à son public[25].
A partir de 1985, un colloque est organisé dont le thème est différent de la thématique choisie. Ces colloques n'ont que très rarement fait l'objet d'une publication des actes.
1985 : Cinéma et libération des peuples.
Colloque : Littérature et cinéma africain.
1987 : Cinéma et identité culturelle.
Colloque : Tradition orale et nouveaux médias[26].
1989 : Cinéma et développement économique.
Colloque : Cinéma, femmes et pauvreté.
1991 : Cinéma et environnement.
Colloque : Partenariat et cinéma africain.
1993 : Cinéma et libertés.
Colloque : Cinéma et droits de l'enfant.
1995 : cinéma et Histoire de l'Afrique.
Colloque 1 : Le centenaire du cinéma.
Colloque 2 : Cinéma et Histoire.
Colloque 3 : Parole et regard de femme.
A partir de 1997, le colloque porte sur la thématique choisie pour le festival.
1997 : Cinéma, enfance et jeunesse.
1999 : Cinéma et circuits de diffusion en Afrique.
2001 : Cinéma et nouvelles technologies.
2003 : Le comédien dans la création et la promotion du film africain.
2005 : Formation et enjeux de la professionnalisation.
2007 : Cinéma africain et diversité culturelle.
Panel : Cinéma d'auteur et cinéma populaire d'Afrique.
2009 : Cinéma africain, tourisme et patrimoine culturel.
2011 : Cinéma africain et marchés.
2013 : Cinéma africain et politiques publiques en Afrique.
2015 : Cinéma africain : production et diffusion à l'ère du numérique.
2017 : Formation et métiers du cinéma et de l'audiovisuel.
2019 : Mémoire et avenir des cinémas africains.
Le colloque de cette édition du cinquantenaire est intitulé : Confronter notre mémoire et forger l'avenir d'un cinéma panafricain dans son essence, son économie et sa diversité.
2021 : Cinéma d’Afrique et de la diaspora, nouveaux talents, nouveaux défis.
Le festival est créé en 1969 sous le nom de Festival de Cinéma Africain de Ouagadougou.
Il s’institutionnalise en 1972 et devient le Festival panafricain du cinéma de Ouagadougou (FESPACO), sous la coupelle de l'Etat. Il devient compétitif et décerne comme grand prix l'Étalon de Yennenga.
En 1987, sans changer d'acronyme, le Fespaco devient le Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou[9].
En 1969, Alimata Salambéré préside le comité d'organisation. Elle est remplacée par Simone Aïssé Mensah pour l'édition de 1970[27]. De 1972 jusqu'au décret 99-083 du 6 avril 1999, la tête dirigeante du Fespaco est un Secrétaire permanent. Ensuite, c'est un Délégué général[28].
Sont listés ci-dessous les récipiendaires par nationalité du grand prix Étalon de Yennenga. Le prix initial a connu une séparation en trois prix (Étalon d'or, d'argent et de bronze) à partir de l'édition 2005.
Le mini-Fespaco a pour but de promouvoir les cinémas d'Afrique en dehors de la capitale.
En 2013, il est organisé par l'institut Olvido en partenariat avec le Fespaco. La première édition se tient à Ouahigouya du 5 jusqu'au 8 juin 2013 et permet la diffusion d'une douzaine de films sélectionnés pour l'édition 2013[33].
Depuis 2019, un mini-Fespaco est organisé à Bobo-Dioulasso, sous la tutelle du ministère de la Communication, de la Culture, des Arts et du Tourisme et du Fespaco[34].
Depuis 2017, un mini-Fespaco est organisé à Vienne[35] en collaboration avec le festival de cinéma This Human World.
Lina Bosuma, Les Aspects rituels du Fespaco, mémoire en anthropologie, Université libre de Bruxelles, 2003, 142 p. + annexes.
Colin Dupré, Le Fespaco, une affaire d'État(s), 1969-2009, L'Harmattan, , 406 p. (ISBN978-2-336-00163-0)
Patrick G. Ilboudo, Le FESPACO, 1969-1989 : les cinéastes africains et leurs œuvres, Ouagadougou, Editions La Mante, , 499 p., numéro d'édition CLA0007BBDA
Hamidou Ouédraogo, Naissance et évolution du FESPACO de 1969 à 1973, Ouagadougou, Chez l'auteur, , 224 p..
Fespaco, Black Camera et Institut Imagine, Cinéma africain - Manifeste et pratique pour une décolonisation culturelle : Première partie - le FESPACO : création, évolution, défis, Ouagadougou, Auto-édition, , 786 p. (ISBN978-2-9578579-4-4) - traduction de Black Camera Volume 12, Number 1, Fall 2020, African Cinema: Manifesto & practice for cultural decolonization, part I: FESPACO: Formation, Evolution, Challenges, Indiana University Press