Un freak show est l'exhibition d'êtres humains qualifiés de « monstres humains » comportant des caractéristiques et/ou des malformations physiques hors-normes à des fins de divertissement lucratifs.
La représentation de monstres est présente dès l'Antiquité où ils sont craints ou vénérés, au moyen-âge ils sont signe de Dieu ou du diable. En Europe, après un lent désenchantement de l'étrange, une rupture décisive survient dès le début du XIXe siècle avec les Geoffroy Saint-Hilaire père et fils, fondateurs d’une tératologie scientifique : le monstre obéit aux règles communes du monde vivant[1].
L'exposition publique d'êtres humains qualifiés de « monstres humains » connait un essor populaire considérable à travers les freak shows aux États-Unis entre le milieu du XIXe siècle et le milieu du XXe siècle. L'élément central est une caractéristique physique hors-normes mais peut être distingué selon des particularités suivantes : les personnes qui présentent dès la naissance des particularités ou des handicaps physiques qui en font des êtres hors-normes (les siamois et les hommes-troncs) les personnes qui transforment leur corps (par exemple par des tatouages) et les personnes qui font des choses inhabituelles (par exemple avaler des épées ou charmer les serpents). Dans ce cas, l'élément déterminant n'est pas un trait physique, mais un don ou une capacité peu ordinaire[2].
Certains spectacles exposent également des animaux anormaux (vaches à deux têtes ou deux mamelles, cochons borgnes, chèvres à quatre cornes), mettaient en scène des canulars célèbres, ou simplement des expositions « d'erreurs de la nature » (comme les bébés difformes) à prétention éducative, notamment aux États-Unis pour justifier les politiques d'eugénisme[3].
En 1841, Phineas Taylor Barnum joue un rôle central dans la spectacularisation de l'exhibition des êtres humains « hors-normes » en fondant le Barnum's American Museum. De 1841 à 1868, ce musée devient l’attraction la plus fréquentée de la ville et du pays estimant le nombre de ses visiteurs à plus de 41 millions issus de toutes catégories sociales. L'attraction populaire des exhibitions se perpétue également à travers les spectacles dans les cirques, les carnavals, les foires itinérantes et fêtes foraines jusqu'au milieu du XXe siècle aux États-Unis[1].
Dans les années 1890, la popularité des freakshows commence à décliner ; en 1950, ils avaient presque disparu. La crise économique, les changements géographiques et technologiques, la concurrence d'autres formes de divertissement (cinéma, télévision), la médicalisation des bizarreries humaines et l'évolution des goûts du public causèrent un déclin sensible des freak show[2] . De plus, les anomalies physiques furent scientifiquement expliquées comme des mutations génétiques ou des maladies, les artistes font l'objet davantage de compassion et de pitié. Le grand public ainsi que des hommes politiques ont pris conscience que la plupart des premiers artistes ont été exploités, manipulés et poussés dans l’industrie à contrecœur.
Dans les années 1950, Carol Grant, une jeune fille de 16 ans souffrant d'une malformation, a été très offensée après avoir assisté à un spectacle et envoie une lettre au commissaire à l'agriculture de Caroline du Nord permettant ainsi de questionner la moralité de ces spectacles. Néanmoins, certains artistes soulignent des bénéfices de l'exploitation publique de leurs handicaps dont le gain financier, le fait de devenir quelqu'un dans la société et d'éviter l'internement psychiatrique[4].
Les personnes sont mises à l'écart du public pour être traitées dans un cadre exclusivement médical. Progressivement la notion de handicap est introduite et inverse le regard porté sur le corps anormal[1].
Exemples de personnages exhibés dans les freak shows :