Frédéric-Guillaume Raiffeisen est issu d’une famille d’origine modeste de neuf enfants, marquée par la religion et le sens du bien public. Son père, Gottfried-Friedrich Raiffeisen était agriculteur et maire de la commune de Hamm. Il meurt à 40 ans. Sa mère, Amalie Christiane née Lantzendörffer, originaire de la région de Siegerland élève alors seule ses neuf enfants.
Frédéric-Guillaume Raiffeisen quitte l’école à 14 ans, puis est formé trois ans par son oncle et parrain, pasteur à Hamm. À partir de 17 ans, sa famille étant trop pauvre pour financer ses études, il suit une formation militaire à Cologne, Coblence et Sayn, interrompue à cause d'une maladie des yeux. Il entre alors dans l’administration civile[1].
En 1845, Frédéric Guillaume Raiffeisen est nommé bourgmestre de Weyerbusch en Westerwald. Prenant conscience des difficultés de ses administrés lors de la crise économique et alimentaire des années 1846-1848, il essaye d’y remédier en fondant dès 1846, une « Association pour le pain » et crée un fournil communautaire[2].
Muté à Flammersfeld, il fonde le la « Société de secours aux agriculteurs impécunieux de Flammersfeld » Dans cette nouvelle affectation, Raiffeisen entend lutter contre la pauvreté des paysans et des artisans en favorisant l’entraide financière.
En 1852, il est muté à HeddesdorfHeddesdorf près de Neuwied dans la vallée rhénane et il y fonde l’« Association charitable de Heddesdorf » qui devient en 1862 « Association-caisse de prêts de Heddesdorf »[2].
Retraité et presque aveugle, aidé par sa fille Amalie, il parcourt la campagne et les pays limitrophes de l’Allemagne pour aider à la création de coopératives de prêts et marchandes. Ses déplacements le conduisent à Strasbourg, où ses idées trouvent un terrain favorable grâce aux idées de Charles Fourier, Louis Blanc et Louis Durand.
Raiffeisen a mis en évidence le lien entre pauvreté et dépendance. Pour sortir du cycle « pauvreté, dépendance, pauvreté », il développe des associations d’entraide financière basée sur l’épargne, le prêt et la caution mutuelle et théorise la formule des 3 S (en allemand : Selbsthilfe, Selbstverwaltung, Selbstverantwortung)[4] :
Auto-assistance (Selbsthilfe) : les membres partagent un même intérêt à joindre leurs forces pour obtenir un meilleur accès au marché tant pour leur intérêt personnel que pour l’intérêt commun.
Auto-administration (Selbstverwaltung) : les membres sont démocratiquement impliqués dans l’organisation et la gouvernance de leurs entreprises.
Auto-responsabilité (Selbstverantwortung) : les membres sont responsables collectivement et s’impliquent individuellement dans le développement pérenne et durable de leur coopérative.
Dans la banque, ces principes ont été historiquement déclinés en cinq points[5] :
les crédits ne sont accordés qu’aux sociétaires
les sociétaires sont responsables de façon illimitée
l’action de la caisse est limitée à une zone restreinte
les fonctions d’administrateurs sont bénévoles
l’excédent financier n’est pas distribué
Les mouvements coopératifs héritiers de la philosophie Raiffeisen sont réunis au sein de l’Union Internationale Raffeisen (IRU)[1].
Aujourd’hui, plus de 900 000 coopératives (agricoles ou de crédit), réunissant 800 millions de membres dans plus de 100 pays, sur tous les continents, adoptent les principes de Raiffeisen[6].
Dans plusieurs pays d’Afrique et d’Asie (notamment au Burkina-Faso, Cambodge, Congo, Niger, Philippines, République Centrafricaine, Sénégal), de nouvelles coopératives d’épargne et de crédit se créent et se développent notamment grâce à la coopération technique de plusieurs banques Raiffeisen. L’assistance et le transfert de compétence visent à l’autonomisation et au renforcement de l’indépendance des réseaux coopératifs mis en place respectant ainsi les principes fondateurs[7].
En France, le CICM (Centre international du Crédit Mutuel), fondé en 1979, accompagne la création et le développement des caisses mutualistes sur le modèle Raiffeisen dans les pays émergents[8],[9].
Jean-Marie Says, Raiffeisen, le pionnier du mutualisme, Editions du Quotidien, 2020, 393 p. (ISBN978-2-37164-063-4).
Jean-Marie Says, Raiffeisen, illustre et inconnu, Institut de France, L’intérêt public, Conférence nationale des Académies des Sciences, Lettres et Arts, Akademos, N°39, 2021, p. 195-204. (ISSN1261-8144).
Walter Arnold, Fritz H. Lamparter: Friedrich Wilhelm Raiffeisen. Einer für alle – Alle für einen. Hänssler, Neuhausen-Stuttgart 1985, (ISBN3-7751-1069-0).
Wilhelm Bendiek: Friedrich Wilhelm Raiffeisen (1818–1888). In: Rheinisch-Westfälische Wirtschaftsbiographien. Band IV. Aschendorff, Münster 1941, S. 82–102.
Franz Braumann(de): Ein Mann bezwingt die Not. 1. Auflage. Verlag der Raiffeisendruckerei, Neuwied am Rhein 1959.
Marvin Brendel: Friedrich Wilhelm Raiffeisen – Zitate. Geno|dition, Berlin 2018, (ISBN978-3-7467-7813-6).
Ludwig Hüttl: Friedrich Wilhelm Raiffeisen. Leben und Werk, eine Biographie. Bayer. Raiffeisen-Vertriebs- u. Verl.-Ges., München 1988.
Erwin Katzwinkel, Franz-Eugen Volz: Kleine Bibliographie des Kreises Altenkirchen (Westerwald). Nebst einem Anhang: Friedrich Wilhelm Raiffeisen im Spiegel des Schrifttums, von Erwin Katzwinkel. Landkreis Altenkirchen (Hrsg.), Altenkirchen 1978.
Erwin Katzwinkel: Friedrich Wilhelm Raiffeisen. In: Lebensbilder aus dem Kreis Altenkirchen. Altenkirchen 1979, S. 64–66.
Michael Klein: Bankier der Barmherzigkeit: Friedrich Wilhelm Raiffeisen. Das Leben des Genossenschaftsgründers in Texten und Bildern. Aussaat-Verlag, Neukirchen-Vluyn 2002.
Michael Klein: Leben, Werk und Nachwirkung des Genossenschaftsgründers Friedrich Wilhelm Raiffeisen (1818–1888), dargestellt im Zusammenhang mit dem deutschen sozialen Protestantismus. Bonn 1999.
Walter Koch(de): Friedrich Wilhelm Raiffeisen In: Auf den Spuren des Genossenschaftsgedankens. Heft 20, Vorstand des Instituts für Genossenschaftswesen an der Humboldt-Universität zu Berlin (Hrsg.), 1994, (ISBN3-929603-19-5), S. 16–30
Rudolf Maxeiner: Friedrich Wilhelm Raiffeisen. In: Vor-Zeiten. Geschichte in Rheinland-Pfalz, Bd. IV, Hrsg. von Dieter Lau(de) und Franz-Josef Heyen(de). Verlag Hermann Schmidt, Mainz 1988, S. 195–212, (ISBN3-87439-177-9).
Paul-Josef Raue(de): Raiffeisen. Ein Leben für eine gerechte Gesellschaft. Eine Biografie über den Gründer der modernen Genossenschaften. Klartext Verlag, Essen 2018, (ISBN978-3-8375-2026-2).