Gabriele Reuter, qui est largement lue de son vivant mais qui est depuis presque oubliée, est encore connue pour son roman Aus guter Familie, 1895, sous-titré Leidensgeschichte eines Mädchens, qui décrit une jeune femme de l'ère wilhelmine. Ses romans Ellen von der Weiden (1900), le recueil de nouvelles Frauenseelen (1901) et le roman Der Amerikaner (1907), ont été des best-sellers.
Gabriele Reuter est née le 8 février 1859 en Égypte[1] à Alexandrie (qui fait alors partie de la Province ottomane d'Égypte), où son père est commerçant dans le secteur du textile. Elle est une arrière-petite-fille du poète Philippine Engelhard. Elle passe son enfance en partie avec les parents de sa mère à Dessau (1864-1869), en partie à Alexandrie (1869-1872). Après le retour de la famille en Allemagne en 1872[1], son père meurt. La famille perd ensuite toute sa fortune, en raison de la récession générale du système commercial international, provoquant la dissolution de l'entreprise de son père, et ils déménagent dans un petit appartement à Neuhaldensleben.
Elle a la responsabilité de ses jeunes frères et de sa mère, de plus en plus dépressive, ce qui la conduit à devenir inhabituellement indépendante à un âge précoce. Les problèmes financiers l'ont également amenée, en tant que jeune femme, à utiliser son talent d'écrivain comme source de revenus. En 1875/76, ses premières publications littéraires paraissent dans les journaux locaux. Celles-ci sont suivies de romans. L'argent que Gabriele Reuter gagne grâce à ces publications finance le déménagement de sa famille à Weimar en 1880[2], où elle tente de s'établir en tant que jeune écrivain. Vers la fin des années 1880 ou au début des années 1890, elle se rend pour la première fois de manière indépendante à Berlin, Vienne et Munich, à diverses conférences d'écrivains, et fait connaissance avec d'autres artistes de l'époque, parmi lesquels l'anarchiste et poète John Henry Mackay, avec qui elle est liée de longue date, et Henrik Ibsen.
Le roman est un succès et suscite des débats[1],[2]. Gabriele Reuter devient célèbre du jour au lendemain. La même année, elle déménage avec sa mère à Munich, car l'un de ses frères commence à y exercer la médecine. Le 28 octobre 1897, elle accouche à Erbach (Wurtemberg) de sa fille illégitime Elisabeth (Lili). Le père est Bruno Ruttenaüer (qui n'est pas une connaissance connue de Gabriele Reuter), fait qui est révélé dans un article de Ulrich Hauer(de)[3]. Les lois raciales de l'Allemagne nazie exigeaient la divulgation de tous les ancêtres d'Elisabeth, et cette paternité est inscrite au bureau d'enregistrement des naissances d'Erbach. Les circonstances de sa grossesse et de son accouchement d'un enfant illégitime ont peut-être inspiré son roman Das Tränenhaus[2].
En 1899, elle s'installe à Berlin[2]. Au cours des trente années qu'elle y vit, elle publie de nombreux romans, nouvelles, livres pour enfants et essais qui reprennent le thème du genre et des conflits générationnels. Gabriele Reuter est félicitée pour ses belles représentations psychologiques et est considérée comme une Dichterin der weiblichen Seele (poète de l'âme féminine). Son roman Das Tränenhaus (1908), dans lequel elle décrit les conditions de vie dans un foyer pour femmes enceintes non mariées, provoque un nouveau scandale. Après la Première Guerre mondiale, elle travaille comme chroniqueuse pour la Neue Freie Presse et dans ses dernières années comme critique pour le New York Times. Son autobiographie Vom Kinde zum Menschen, Die Geschichte meiner Jugend publiée en 1921 renoue avec ses premiers succès[2]. En 1929, elle retourne à Weimar, où elle meurt en 1941[1].
Glück und Geld, Roman aus dem heutigen Egypten, Friedrich, Leipzig 1888.
Kolonistenvolk, Roman aus Argentinien, Friedrich, Leipzig 1891, (Enßlin & Laiblin, Reutlingen 1926)
Aus guter Familie, Leidensgeschichte eines Mädchens, Fischer, Berlin 1895 ; réédition : Aus guter Familie, Leidensgeschichte eines Mädchens, Studienausgabe mit Dokumenten, 2 vol., TransMIT, Marburg 2006, (ISBN3-936134-19-7)
Frau Bürgelin und ihre Söhne, Fischer, Berlin 1899.
Ellen von der Weiden, Ein Tagebuch, Geyer, Wien 1900, Fischer, Berlin 1901 ; réédition : Ellen von der Weiden, Ein Tagebuch, Ullstein, Berlin, 1997, (ISBN3-548-24167-0)
John Henry Mackay, Eine litterarische Studie, in: Die Gesellschaft(de), 7, 1891, p. 1304–1314.
Marie von Ebner-Eschenbach, Schuster & Loeffler, Berlin 1904.
Annette von Droste-Hülshoff, Marquardt, Berlin 1906.
Das Problem der Ehe, 1907.
Liebe und Stimmrecht, Fischer, Berlin 1914, (in Auszügen wiederabgedruckt in: Emanzipation und Literatur, Fischer Taschenbuch, Frankfurt am Main 1984, (ISBN3-596-23747-5), p. 204–210)
Der Krieg und die Mädchen, in: Scherls Jungmädchenbuch, Scherl, Berlin o. J. [1914], p. XI–XX.
Vom Kinde zum Menschen, Die Geschichte meiner Jugend, Fischer, Berlin 1921.
Grüne Ranken um alte Bilder, Ein deutscher Familienroman, Grote, Berlin 1937.
(de) Gisela Brinker-Gabler(de), « Perspektiven des Übergangs. Weibliches Bewußtsein und frühe Moderne », Deutsche Literatur von Frauen, Munich, Beck, vol. 2, , p. 169–205 (ISBN3-406-33021-5).
(de) Günter Helmes(de), « Gabriele Reuter: Leben und Werk », dans Gabriele Reuter, Ellen von der Weiden, Berlin, Ullstein, (ISBN3-548-24167-0), p. 175–192.
(de) Günter Helmes, « Gabriele Reuter: "Ellen von der Weiden », dans Reclams Romanlexikon, vol. 3, Stuttgart, (ISBN3-15-018003-1), p. 17f.
(de) Günter Helmes, « Gabriele Reuter: "Aus guter Familie », dans Reclams Romanlexikon, vol. 3, Stuttgart, (ISBN3-15-018003-1), p. 15–17.
(de) Annette Kliewer, « Gabriele Reuter », dans Britta Jürgs (dir.), Denn da ist nichts mehr, wie es die Natur gewollt. Portraits von Künstlerinnen und Schriftstellerinnen um 1900, Berlin 2001, AvivA Verlag (ISBN3-932338-13-8), p. 12–140.
(de) Ulrich Hauer(de), « Gabriele Reuter. Jugendjahre in Alt- und Neuhaldensleben », Jahresschrift der Museen des Landkreises Börde, Haldensleben, vol. 49, no 16, , p. 37–74.
(de) Denise Roth, Das literarische Werk erklärt sich selbst. Theodor Fontanes 'Effi Briest' und Gabriele Reuters 'Aus guter Familie' poetologisch entschlüsselt, Berlin, WVB Wissenschaftlicher Verlag Berlin, (ISBN978-3-86573-679-6).
(de) Annette Seemann, Gabriele Reuter : Leben und Werk einer geborenen Schriftstellerin (1859–1941), Wiesbaden, Weimarer Verlagsgesellschaft, , 192 p. (ISBN9783737402484).
↑(de) Ulrich Hauer, « Gabriele Reuter. Jugendjahre in Alt- und Neuhaldensleben », Jahresschrift der Museen des Landkreises Börde, Haldensleben, vol. 49, no 16, , p. 37–74