Gaston Berger

Gaston Berger
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Lycée Thiers (à partir de )
Faculté des lettres d'Aix-en-Provence (d) (jusqu'à )Voir et modifier les données sur Wikidata
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Œuvres principales
  • Recherches sur les conditions de la connaissance
  • Traité pratique d’analyse du caractère

Gaston Berger, né le à Saint-Louis (Sénégal) et mort le à Longjumeau (France), est un philosophe et haut fonctionnaire français, connu principalement pour ses études sur Husserl, ses travaux sur la caractérologie et pour avoir participé à la création de l'INSA Lyon aux côtés de Jean Capelle. Il est aussi l'inventeur du terme prospective qui signifie « étude des futurs possibles[1] » et de l'anthropologie prospective qu'il définit comme science de l'homme à venir[2]. Il est le père du célèbre chorégraphe Maurice Béjart (1927-2007).

Il naît quarteron au Sénégal, alors colonie française : la mère de son père, Fatou Diagne, est sénégalaise[3],[4]. Il suit ses études primaires et secondaires au lycée de Perpignan. Le divorce de ses parents le conduit à travailler dès l’âge de 14 ans. Le (veille de ses 18 ans), Gaston Berger devance l’appel et s’engage volontairement dans l'armée française. Il reste sous l’uniforme durant cinq ans. Il passe près de trois années sur divers fronts, de à  ; il participe à la campagne d’Orient, de la Grèce aux Dardanelles. Il en revient officier et décoré de la Croix de guerre[5]. Après la guerre, il retourne dans l’huilerie où il travaille à Marseille, et dont il prend plus tard la direction.

À 25 ans, passionné de philosophie, il décide de reprendre ses études et prépare le baccalauréat au Lycée Thiers. Il s'inscrit ensuite à l'université d'Aix-en-Provence, où il étudie la philosophie de Maurice Blondel. Après avoir passé sa licence en 1924, il obtient son diplôme d'études supérieures avec un mémoire sur les Relations entre les conditions d'intelligibilité et le problème de la contingence.

En 1926, Gaston Berger fonde à Marseille, avec quelques amis, la Société des études philosophiques du Sud-Est. Après trois numéros, le bulletin de la société devient en 1928 une revue à part entière, Les Études philosophiques, qui sont aujourd'hui publiées par les Presses universitaires de France.

Il poursuit simultanément dans les années 1930 son activité de gérant d’entreprise, celle de directeur des Études philosophiques et la rédaction de sa thèse sur Husserl. En 1937, Gaston Berger est à l'origine de la création du comité de liaison des sociétés françaises de philosophie, qui deviendra en 1966 l'Association des sociétés de philosophie de langue française (ASPLF). Il préside en 1938 le premier Congrès national des sociétés françaises de philosophie[6].

En , il obtient un doctorat à la faculté des Lettres d'Aix, avec deux thèses, l'une portant sur Le Cogito dans la philosophie de Husserl, l'autre sur Les Conditions de la connaissance : essai d'une théorétique pure. Simone Weil en fait un compte rendu dans les Cahiers du Sud[7]. Il participe à la Résistance tout en enseignant comme chargé de cours à l'université. À la Libération d'Aix-en-Provence, en 1944, il y est nommé professeur titulaire de chaire.

Il quitte cependant la faculté des lettres d'Aix-en-Provence en 1947 à l'invitation d'universités américaines[8]. En 1949, il devient alors secrétaire général de la Commission Fulbright, chargé des relations culturelles entre la France et les États-Unis.

De 1953 à 1960, il assure la direction générale de l'enseignement supérieur au ministère de l'Éducation nationale, ce qui lui permet de travailler à la modernisation de l’Université française et d'« augmenter considérablement le nombre des chaires de philosophie dans les facultés[9]. »

Il est élu membre de l'Académie des sciences morales et politiques en 1955. Il est à l'origine du Centre d'études supérieures de la Renaissance (ou CESR), créé à Tours en 1956. Il fonde la revue Prospective et le centre du même nom avec André Gros en 1957. Il crée l'IAE de Paris avec Robert Goetz en 1956 et l'INSA de Lyon avec le recteur Capelle en 1957.

Il trouve la mort dans un accident automobile en 1960 (victime d'une crise cardiaque au volant), quelques mois après avoir quitté ses fonctions et après sa nomination à l'École pratique des hautes études[10].

Son goût pour la diversité, ses multiples intérêts allant des langues (il en avait étudié une demi-douzaine, dont le chinois) au sport le conduisent à poser les premiers jalons d'une discipline transverse (une « indiscipline intellectuelle » selon le Commissaire au Plan Pierre Massé): la prospective.

« La diversité même de ses points de vue et de ses préoccupations, la richesse de sa formation humaine, faisaient de Gaston Berger, en même temps qu'une personnalité des plus attachantes, le type même de l'animateur, de l'éveilleur d'idées. Il a su donner à l'Université française, en un moment décisif, une orientation nouvelle dont sans doute elle recueillera avant longtemps le bénéfice »

— Robert Escarpit, Extrait de la notice nécrologique du 15 novembre 1960 parue dans Le Monde.

L'Université Gaston-Berger de Saint-Louis du Sénégal, sa ville natale, porte son nom.

Gaston Berger a repris, en 1955, l'Encyclopédie française, l’œuvre monumentale initiée par le ministre Anatole de Monzie et Lucien Febvre en 1935[11],[12].

Gaston Berger, fervent catholique, est très proche du Père carme Marie-Eugène de l'Enfant-Jésus (1894-1967), fondateur de l'Institut Notre-Dame de Vie[13].

Sa vie et nombre de ses points de vue nous sont accessibles par les ouvrages de son fils le célèbre chorégraphe Maurice Béjart, qui lui vouait une admiration sans bornes. Pour Éric Verrax, la vie incroyablement riche et diverse de Berger trouve son issue de conscience dans l’œuvre de son fils, souvent en creux : au patriotisme puissant du père répond le cosmopolitisme du fils, à la carrière administrative du père le refus des subventions du fils pour rester libre, etc[14].


La pensée de Berger s’est développée dans trois directions notables : la théorétique, la caractérologie et la prospective.

Son ouvrage sur la Théorétique constitue une ode au savoir, à la connaissance gratuite dont Berger suggère qu’elle est à la fois un facteur d’épanouissement de l’homme et une composante de la démocratie. Son œuvre mariant toujours Pensée et action, la création des INSA ou de l’ IAE traduit concrètement cette position théorique.

Dans le champ de la caractérologie, poursuivant l'approche statistique des caractères entreprise par Heymans et Le Senne, Berger ajoute de nouveaux axes dans la classification des types de personnalité :

  • la « largeur du champ de conscience », idée inspirée de Malebranche : cela renvoie à la tendance plus ou moins prononcée de l'esprit, à embrasser plusieurs points de vue simultanément ;
  • la « polarité », qui oppose le comportement directif (type Mars, ou animus) au comportement persuasif (type Vénus, ou anima). Cette opposition était déjà présente dans les écrits de Jung[15] et Bachelard[16] ;
  • et quatre facteurs de tendance statistique : l'avidité (Av), la sensualité (intérêts sensoriels, Is), la tendresse (T) et la curiosité (« passion intellectuelle », Pi).

Examinant la situation où un individu présenterait chacun de ces caractères avec une intensité moyenne, Berger avertit :

« On aurait tort alors de penser qu'il s'agit d'un type banal ou indéterminé. Le caractère d'un équilibré est aussi bien défini et il n'est pas moins intéressant, que celui d'un passionné extrême ou d'un nerveux hypersensible[17]. »

Publications

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  • Les conditions de l'intelligibilité et le problème de la contingence, coll. « Prospective », Paris : L'Harmattan, 2010, 120 p. (ISBN 978-2-296-13589-5).
  • « Husserl et Hume », Revue internationale de philosophie, 1939
  • Recherches sur les conditions de la connaissance, Paris, PUF, 1941
  • Le Cogito dans la philosophie de Husserl, Paris, Aubier, 1941
  • Phénoménologie du temps et prospective, Paris, PUF, 1964
  • L’homme moderne et son éducation, Paris, PUF, 1967,
  • Traité pratique d’analyse du caractère, Paris, PUF, 1950 - rééd. 2010
  • Questionnaire caractérologique, PUF, Paris, 1950
  • Caractère et personnalité, Paris, PUF, 1954
  • Philippe Durance (éd.), De la prospective, Textes fondamentaux de la prospective française 1955-1966 (16 textes dont 11 de Gaston Berger), Paris, L'Harmattan, 2007.
  • Éric Verrax, De la prospective à Maurice Béjart, l’œuvre multiple de Gaston Berger, entre évitement et diffraction. Master de philosophie soutenu à l’UCLY, 2020.

Références

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  1. D'après Jean-Marc Daniel, « Gaston Berger, inventeur de la prospective », Le Monde,‎ .
  2. Berger (Gaston), 1956 (1955), « L'homme et ses problèmes dans le monde de demain. Essai d'anthropologie prospective », Les Études philosophiques, XI, 1, pp. 150-151.
  3. Cf. L. D. Keita, Philosophy and African Development : Theory and Practice, Dakar, Lansana Keita/Codesria, , 254 p. (ISBN 978-2-86978-326-3, lire en ligne), « Diagne: Development and a Political Culture of Time », p. 67, note 15.
  4. D'après Cécile Sow, « L’hommage du Sénégal à Béjart », Jeune Afrique,‎ (lire en ligne).
  5. Dossier personnel de Gaston Berger, ministère de l’Éducation nationale, Archives nationales
  6. Gabaude Jean-Marc, « Cinquante ans de l’association des sociétés de philosophie de langue française (ASPLF) », in Robinet André, Doctrines et concepts, 1937-1987. Rétrospective et prospective : cinquante ans de philosophie de langue française, actes du colloque pour le cinquantenaire de l’association des sociétés de philosophie de langue française, 6-8 juillet 1987, Librairie philosophique J. Vrin, 1988.
  7. Novis Émile, « Chroniques : La philosophie » in Cahiers du Sud, 1941, no 235.
  8. Selon Pierre-Maxime Schuhl, Revue philosophique de la France et de l'étranger, tome 152, 1962, p. 286.
  9. Pierre-Maxime Schuhl, op. cit.
  10. Voir son éloge funèbre par François Perroux, « Gaston Berger (1896-1960) », Tiers-Monde, no 4,‎ , p. 397-398 (lire en ligne).
  11. Cf. Gilles Candar, « Une amitié motrice: Lucien Febvre et Anatole de Monzie », Cahiers Jaurès, nos 163-164,‎ , p. 79-95
  12. Alain, Souvenirs sans égards, Aubier, coll. « Aubier Philosophie », (réimpr. 2022 éd. Flammarion), 339 p. (ISBN 2700704118)
  13. Cf. à ce sujet L.-J. Delpech, « Gaston Berger, philosophe, homme d'action. », Revue des Deux-Mondes,‎ , p. 117-132 (lire en ligne).
  14. Verrax, Éric., Gaston Berger, la mètis d’un philosophe. De la prospective à Maurice Béjart., Paris, L’Harmattan.,
  15. Cf. Jung, Dialectique du moi et de l'inconscient, Gallimard, coll. « Idées », , p. 179-181.
  16. La Poétique de la rêverie, chap. II.
  17. G. Berger, Traité pratique d’analyse du caractère, chap. VIII.

Articles connexes

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Liens externes

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