Jean-Georges Humann | |
Portrait de Jean-Georges Humann par Gabriel-Christophe Guérin (1790-1846). | |
Fonctions | |
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Ministre des Finances | |
– (1 an, 5 mois et 27 jours) |
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Monarque | Louis-Philippe Ier |
Gouvernement | Soult III |
Prédécesseur | Joseph Pelet de la Lozère |
Successeur | Jean Lacave-Laplagne |
– (1 an et 2 mois) |
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Gouvernement | Mortier, de Broglie |
Prédécesseur | Hippolyte Passy |
Successeur | Antoine Maurice Apollinaire d'Argout |
– (2 ans et 30 jours) |
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Gouvernement | Soult I, Gérard |
Prédécesseur | Joseph-Dominique Louis |
Successeur | Hippolyte Passy |
Pair de France | |
– (4 ans, 6 mois et 22 jours) |
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Député du Bas-Rhin | |
– (7 ans, 3 mois et 9 jours) |
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Député de l'Aveyron | |
– (1 an, 11 mois et 24 jours) |
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Député du Bas-Rhin | |
– (6 ans, 11 mois et 23 jours) |
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Biographie | |
Date de naissance | |
Lieu de naissance | Strasbourg |
Date de décès | (à 61 ans) |
Lieu de décès | Ancien 1er arrondissement de Paris |
Nationalité | France |
Profession | financier |
Religion | catholique |
Résidence | Strasbourg |
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Georges Humann (Strasbourg, le - Paris, le ) est un financier et homme politique français. Il est plusieurs fois ministre des Finances sous la monarchie de Juillet.
Jean-Georges Humann est né le à Strasbourg, ville où son père Jacques Humann — d'humble origine paysanne — est un engagé catholique dans le régiment suisse de Salis au service du roi de France, admis à la bourgeoisie de Strasbourg et devenu peseur à la balance publique de la ville. Il est frère de Jean-Jacques Humann, futur évêque de Mayence, et de Louise Humann[1]. Apprenti dans une fabrique de tabacs à 14 ans, il devient bientôt épicier puis, à 19 ans, commissionnaire en roulage. Négociant en denrées coloniales (coton et produits alimentaires) sous le Premier Empire, période pendant laquelle il semble s'être livré à la contrebande[2], Humann amassa en quelques années une des premières fortunes strasbourgeoises, faisant de lui un notable incontournable ainsi que le modèle même du bourgeois parvenu.
Partisan du libéralisme économique, il est nommé « député » par la chambre de commerce de Strasbourg (1814). Il fait alors campagne auprès des ministres et des parlementaires pour obtenir la libéralisation du tabac et la levée des restrictions au transit strasbourgeois. Malgré l'échec de ses démarches, cette mission lui donne l'occasion de se familiariser avec le monde politique de la Restauration.
Les années 1820 voient Humann se lancer dans de nombreuses affaires : il crée ainsi une compagnie d'assurances, développe une raffinerie de sucre et participe à la création d'une compagnie rhénane de navigation à vapeur. En 1822, il crée une société de recherche de houille dans le gisement sous-vosgien avec Florent Saglio et d'autres actionnaires[3]. Il créa également une compagnie pour l'achèvement du « canal Monsieur » (1821) et participe à la création de la compagnie des Forges d'Audincourt (1824) et à celle des Salines de l'Est (1825), avant de devenir le second actionnaire (après Decazes) de la Société des houillères de l'Aveyron (1826). Il devient, à la même époque, le conseiller financier et l'ami de Victor Cousin.
Libéral sur le plan économique, Humann l'est aussi par ses idées politiques. Élu député du Bas-Rhin en 1820, il prend part aux débats parlementaires en tant que libéral modéré, défendant les acquis de la Révolution contre les idées réactionnaires des Ultras. Il condamne ainsi les mesures entravant la liberté de la presse et s'oppose à l'expédition d'Espagne (1823).
Réélu à Strasbourg (1824), il délaisse bientôt les polémiques politiques au profit des questions financières et adopte une attitude de plus en plus pragmatique, en prenant notamment ses distances avec le libéralisme de gauche incarné par Benjamin Constant, évoluant ainsi vers le centre-gauche et les doctrinaires menés par Royer-Collard. Cette tiédeur (jugée complaisante à l'égard du gouvernement Villèle, dont il a soutenu le projet de conversion de la rente de 5 à 3 %) et sa réputation d'affairiste lui font perdre les élections de 1827.
Il récupère néanmoins un siège à la Chambre l'année suivante (1828), à la faveur d'une élection partielle dans l'Aveyron, département dans lequel il a d'importants intérêts (en tant qu'actionnaire et président du conseil d'administration de la Société des houillères). S'il reste dans les bancs de l'opposition à la veille de la Révolution de 1830, signant notamment l'adresse des 221, sa modération et son goût de l'ordre lui font craindre l'épreuve de force et l'amènent même à vouloir organiser le retour de Villèle[4]. Mais cette tentative de conciliation échoua et, au mois de juillet, les Trois Glorieuses portèrent la famille politique de Humann au pouvoir.
Réélu député du Bas-Rhin, Humann fait partie de la commission parlementaire chargée de réviser la Charte (1830). Fidèle à sa ligne politique modérée, le député alsacien prend position pour le parti — alors majoritaire — de la « résistance » (conservateur) contre celui du « mouvement » (progressiste). Le mécontentement suscité par le nouveau régime (suffrage censitaire trop étroit, crise économique et sociale) se traduit bientôt à Strasbourg par une manifestation d'hostilité envers Humann. En effet, le , des étudiants progressistes orchestrent un « charivari » qui tourne à l'émeute : la maison du député est attaquée aux cris de « À bas Humann ! À bas le juste milieu ! » et la troupe doit intervenir pour disperser les manifestants. Réélu à la Chambre (1831), il participe à toutes les discussions financières et est désigné rapporteur du budget de 1832.
Malgré ses problèmes de santé, Humann est plusieurs fois ministre des Finances dans les gouvernements Soult I (1832-1834), Gérard (1834), Mortier (1834-1835), de Broglie (1835-1836) et Soult III (1840-1842). Il prône un strict équilibre budgétaire qu'il pense pouvoir obtenir par une combinaison de crédit et d'imposition, en évitant autant que possible d'avoir recours à des expédients : « L'abus de l'impôt tue le présent, l'abus du crédit dévore l'avenir ». Un autre de ses principes est de « faire rendre à l'impôt tout ce qu'il peut rendre ».
Désireux d'alléger le poids de la dette publique, il propose de sa propre initiative un nouveau projet de conversion des rentes. Or, le duc de Broglie, chef du gouvernement, et le roi craignent de mécontenter la bourgeoisie rentière — assise sociale du régime — et acculent Humann à la démission (). La question de la conversion des rentes ayant finalement provoqué la chute du duc de Broglie et de ses autres ministres, le roi demande à Humann de former un nouveau gouvernement. Peu enclin aux intrigues politiques et attaché au principe de solidarité ministérielle, Humann refuse. Élevé à la pairie en 1837, il est rappelé au ministère des finances en .
Afin de redresser les finances publiques obérées par les dépenses militaires du gouvernement Thiers, Humann décide de faire appliquer avec plus de rigueur le prélèvement des contributions directes et, plus particulièrement, de l'Impôt sur les portes et fenêtres. À cette fin, il ordonne un recensement général des habitations et confie cette tâche aux agents du fisc plutôt qu'aux autorités municipales ordinairement chargées de la répartition de cet impôt. Ce projet et sa mise en œuvre provoquent, durant l'été 1841, une série de révoltes populaires mues par la crainte (abondamment relayée par des rumeurs) de l'oppression fiscale et le rejet de l'étatisme. Malgré ces émeutes, qui se cristallisent surtout autour de Toulouse, Bordeaux, Clermont et Lille, le recensement est efficacement effectué dans la plupart des communes, révélant qu'un demi-million de propriétés bâties ne payaient pas l'impôt.
Atteint d'un anévrisme au cœur, Humann — que l'on surnommait le « Necker alsacien » — meurt le , alors qu'il était, assis à son bureau, en train de rédiger un document budgétaire.
Il est inhumé auprès de son fils Théodore au Cimetière Sainte-Hélène de Strasbourg.
Guizot a dit de lui : « C'était un homme d'un esprit élevé, de mœurs graves, d'une grande autorité financière, laborieux, ombrageux, susceptible, inquiet en silence, très soigneux de sa condition personnelle, portant dans la vie publique plus de dignité que de force et plus de prudence que de tact, conservateur par goût comme par position, trop éclairé pour ne pas être libéral autant que le comportaient les intérêts de l'ordre, et tenant bien partout sa place sans se donner nulle part tout entier.» (Mémoires pour servir à l'histoire de mon temps, Paris, Lévy, t.6, 1864, p. 383)
Les parents de Georges Humann eurent treize enfants, dont :
Georges Humann eut, de son épouse Madeleine Heiligenthal, huit enfants dont :
« En attendant, mon cher Lucien, voici des cigares de contrebande, bien entendu ; je vous engage à en goûter et à inviter votre ministre à nous en vendre de pareils, au lieu de ces espèces de feuilles de noyer qu'il condamne les bons citoyens à fumer.
— Peste ! je m'en garderais bien. Du moment où ils vous viendraient du gouvernement vous n'en voudriez plus et les trouveriez exécrables. D'ailleurs, cela ne regarde point l'intérieur, cela regarde les finances : adressez-vous à M. Humann, section des contributions indirectes, corridor A, no 26.»
Cette scène ayant lieu en mai 1838, Dumas commet un anachronisme : à cette date, Humann n'était pas au gouvernement.
Hugo commet ainsi à son tour un anachronisme : Humann ne fut nommé ministre qu'au mois d', alors que l'action de la dernière partie du roman se déroule au mois de juin de cette année.