Professeur à l’université de Paris V en sciences de l’éducation, 1986-2007.
Chargé de conférence à l’EHESS, 1987-1991 (Thème du séminaire : « Corps, pratiques et représentations »).
Directeur d’Études cumulant à l’École des hautes études en sciences sociales, 1993-2007. Titre de la chaire : « Histoire des politiques corporelles ».
Co-directeur du CETSAH (centre d’études transdisciplinaire de sociologie, d’anthropologie et d’histoire), laboratoire EHESS associé au CNRS, en cours de fusion dans un ensemble plus vaste (Institut interdisciplinaire d’anthropologie du contemporain, IIAC).
Membre de l’Institut Universitaire de France, 2001-2006.
Georges Vigarello s'est en premier lieu fait connaître pour ses travaux sur l'histoire et la philosophie du sport, en publiant en 1978 Le Corps redressé. La thèse qu'y défend Vigarello est que le corps témoigne historiquement d'une emprise du pouvoir différente en fonction des époques. Notamment, l'apparition du sport dans les sociétés modernes au XIXe siècle montre un relâchement de la contrainte par rapport aux gymnastiques des siècles précédents, mais qui n'est qu'apparente, puisque le pouvoir continue à prendre prise sur les corps et les âmes d'une façon plus souple.
Les titres de ses ouvrages portent la marque de ses préoccupations : le corps avec ses normes et les pratiques destinées à l’embellir, à l’entretenir (Histoire des pratiques de santé - Le sain et le malsain, santé et mieux-être depuis le Moyen Âge) mais aussi le corps susceptible d’être agressé (violence et viol avec Histoire du viol, XVIe – XXe siècles).
Georges Vigarello offre également une vision historique et donc évolutive du corps et de ses représentations, des pratiques et techniques physiques, de l’hygiène (Le Propre et le Sale - L’hygiène du corps depuis le Moyen Âge et de la santé).
À l’heure des Jeux olympiques, les titres de plusieurs de ses ouvrages (Du jeu ancien au show sportif, la naissance d’un mythe, Le Spectacle du sport, Le Sport, la triche et le mythe) interpellent les observateurs du sport et des médias[4].
L’ensemble du travail de Georges Vigarello porte sur l’histoire des représentations et pratiques du corps. Il obéit à un projet bien particulier : montrer combien ces représentations et pratiques révèlent, dans leurs trajets historiques, des changements majeurs de culture sinon de société. Trois préoccupations, plus particulièrement, sont à relever :
une attention aux déplacements des seuils de sensibilité dans l’histoire : ceux permettant de qualifier les normes de l’attitude physique (Le Corps redressé, 1978), ceux permettant de qualifier les normes du dégoût physique (Le Propre et le sale, 1985), ou de qualifier celles du mieux être et du mal être physiques (Le Sain et le malsain, 1993), ou de qualifier encore celles de la violence (Histoire du viol, 1998), ou de qualifier encore ceux de l’excitation et de l’investissement dans une pratique physique (Passion sport, histoire d’une culture, 2000).
une attention aux déplacements des représentations du corps : celles désignant les apparences physiques (histoire de la beauté, 2004), celles désignant les intériorités organiques (histoire des sens internes), l’imaginaire des surfaces comme l’imaginaire des fonctionnements corporels. Une des hypothèses étant ici que les recherches aujourd’hui classiques sur l’« image du corps » peuvent être exploitées en histoire ;
une attention aux déplacements des économies et des techniques entourant le corps : dispositifs relationnels, sociabilité des apparences et des tenues, aménagement des lieux, aménagement des flux, influences « extérieures » les plus diverses, réelles ou supposées[5].
Le sain et le malsain : santé et mieux-être depuis le Moyen-Âge, Paris, Seuil, 1993, 250 p. (ISBN2-02-020113-5), republié et amplifié en Points Seuil en 1999 sous le titre : Histoire des pratiques de santé : le sain et le malsain depuis le Moyen Âge (ISBN2-02-037123-5)
Histoire de la beauté : Le corps et l'art d'embellir de la Renaissance à nos jours, Paris, éditions du Seuil, coll. « Histoire de la France politique », 2004, 320 p. (ISBN978-2-02-039727-8)
Les Métamorphoses du gras : histoire de l'obésité du Moyen Âge au XXe siècle, Paris, éditions du Seuil, coll. « L'univers historique », 2010, 362 p. (ISBN978-2-02-089893-5)
La Silhouette, du XVIIIe siècle à nos jours : naissance d'un défi, Paris, éditions du Seuil, coll. « Albums », 2012, 157 p., (ISBN978-2-02-106150-5)
Le Sentiment de soi. Histoire de la perception du corps. (XVIe – XXe siècles), Paris, éditions du Seuil, coll. « L'Univers historique », 2014, 324 p. (ISBN978-2-02-089894-2)
La Robe. Une histoire culturelle, du Moyen Âge à aujourd'hui, éditions du Seuil, 2017, 216 p.
Histoire de la fatigue : du Moyen-Âge à nos jours[6], éditions du Seuil, 2020
Une histoire des lointains: Entre réel et imaginaire, éditions du Seuil, 2022
2024 : Prix Pierre de Coubertin, remis tous les quatre ans par l'Association des écrivains sportifs pour « couronne une femme ou un homme dont l’œuvre littéraire ou artistique, l’action sociale ou politique a servi l’esprit olympique »[29]
↑(pt) Georges Vigarello et Armando José Vieira Filho (Tradução), « “CIÊNCIA DO TRABALHO” E IMAGINÁRIO DO CORPO », Projeto História : Revista do Programa de Estudos Pós-Graduados de História, vol. 34, (ISSN2176-2767, lire en ligne, consulté le )
↑Michaël Fœssel, Frédéric Keck, Jean-Claude Monod et Georges Vigarello, « Théorie, concepts et politique, avant et après 68 », Esprit (1940-), no 344 (5), , p. 131–166 (ISSN0014-0759, lire en ligne, consulté le )
↑Georges Vigarello, Antonio A. Casilli et Olivier Mongin, « Devant l'écran et dans les flux: Éléments pour une histoire du corps dans la culture technologique », Esprit, no 353 (3/4), , p. 154–162 (ISSN0014-0759, lire en ligne, consulté le )
↑Georges Vigarello, « L'obésité, mal identitaire, mal sournois », Esprit (1940-), no 362 (2), , p. 14–23 (ISSN0014-0759, lire en ligne, consulté le )
↑Table ronde avec Michel Bouvier, Roger Chartier, Jean Viardot, Georges Vigarello, Propos recueillis par Simon Leplâtre, Marc-Olivier Padis, « Le livre, un patrimoine méconnu », sur cairn.info, (consulté le )
↑Georges Vigarello, « Violence sexuelle et mutations culturelles », Esprit (1940-), no 376 (7), , p. 6–12 (ISSN0014-0759, lire en ligne, consulté le )
↑Georges Vigarello, « Le défi actuel de l'apparence. Une tragédie ? », Communications, vol. 91, no 1, , p. 191–200 (DOI10.3406/comm.2012.2680, lire en ligne, consulté le )
↑Laurent Lemire, « Chéri, fais-moi mâle ! », sur bibliobs.nouvelobs.com, Le Nouvel Observateur, (consulté le ).