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Giacomo Antonio Melchiorre Ceruti, dit aussi Pitocchetto, né le à Milan (ou à Brescia)[1] en Lombardie et mort le à Milan, est un peintre italien.
Rattaché au courant de la peinture baroque tardif, ce n'est qu'au XXe siècle qu'il est sorti de l'obscurité pour prendre sa place parmi les grandes figures de la peinture italienne du XVIIIe siècle[2]. Il est considéré comme un précurseur, dans l'art pictural, des préoccupations morales et sociales du Siècle des Lumières.
Giacomo Ceruti a peut-être été influencé tôt par Antonio Cifrondi et / ou Giacomo Todesco (Todeschini), et a reçu une formation de Carlo Ceresa.
La vie de Ceruti était aussi peu conventionnelle que les images qu’il a peintes. Né à Milan dans une famille modeste, quand il était encore jeune, il a emménagé dans la ville lombarde de Brescia où, à 18 ans, il a épousé Angiola Carozza, une femme de vingt ans son aînée[2]. En 1724, il signe et date sa première œuvre connue, le Portrait du comte Giovanni Maria Fenaroli[3].
Vers 1728, il est toujours à Brescia, et le podestà Andrea Memo lui fait peindre une série de toiles peu de temps avant l'expiration de son mandat en 1728, dans certaines pièces du palais prétorien. Ces œuvres ont toutes été détruites ou dispersées à la fin du XVIIIe siècle. En 1734, il a signé et daté la Madonna del Rosario pour l'église de S. Maria di Artogne (Maruchelli, 1959).
Probablement en 1734, il séjourne quelque temps à Gandino. Dans le contrat signé entre les régents de l'église de S. Maria di Gandino et le peintre, il est précisé qu'on doit lui donner un logement pendant la durée de son travail pour l'église. Deux grandes toiles sont encore conservées dans l'église : la Naissance et le Passage de la Madone[1].
Un tournant décisif est survenu en 1736. Il laisse sa femme à Brescia et emménage à Venise, où il découvre la culture internationale et cosmopolite. Il est payé pour des tableaux de mendiants par le maréchal von Schulenburg, qui constituait une collection exceptionnelle dans son palais sur le Grand Canal.
L'inventaire dressé à sa mort révèle qu'il possédait plusieurs volumes des écrits de Métastase et suggère son souci de mise en scène, influencé par le théâtre et la littérature. C'est ainsi que dans deux autoportraits il porte, des vêtements de pèlerin dans l'un, et dans l'autre, les vêtements d'un gentilhomme du XVIe siècle.
Il séjourne à Padoue jusqu’en 1741 ou 1742. Sa vie y devient compliquée. Il commence à vivre avec une autre femme, Metilde Angelisi, qui apparaît dans les documents de Padoue comme sa « femme ». C'est dans cette ville que naissent et meurent dans leur jeune âge, la plupart de ses enfants[3].
En 1743, à Plaisance il signe le Portrait du Condottiere (collection privée Cremonese), mais s'installe dans la ville en 1744 avec Metilde, dans la maison appartenant au marquis Casati dans la paroisse de S. Andrea[1] jusqu'en novembre 1746. Angiola habite également Plaisance, les deux femmes appartenant apparemment à deux ménages distincts[2]. Le 25 février 1745 sa fille Teresa est née à S. Andrea, le noble Gaetano Malvicini Fontana di Nibbiano est présent comme parrain. Il a probablement dans cette période fait des allers et retour entre Plaisance et Brescia, où il a peint pour la famille Lechi[1].
Finalement, Metilde est retournée à Padoue[2], tandis que Ceruti est retourné à Milan où il reçoit en 1757 un paiement pour le portrait d'Attilio Lampugnani-Visconti, bienfaiteur de l'hôpital[1]. Il y retrouve finalement sa première femme et adopte un fils[2].
L'artiste est mort dans un lieu inconnu avant le . Malgré leur différence d'âge, Angiola et Metilde sont toutes deux mortes en 1768. Metilde qui vivait alors à Padoue avec un autre homme est morte dans la paroisse milanaise de S. Raffaele[1].
Sa première œuvre restante est le portrait du comte Fenaroli[4], signé et daté 1724[1]. Il a acquis le surnom de Pitocchetto (le petit mendiant), particulièrement au cours de la période 1725 à 1740, pour ses peintures de paysans vêtus de haillons, de mendiants et de pauvres. Ses scènes de genre ont une grande intensité émotionnelle, sont peintes de manière réaliste et dotées d'une dignité et d'une individualité inhabituelles. C'est le principal représentant du style « paupériste » du XVIIIe siècle.
Les tableaux les plus importants de Ceruti ont été peintes à Brescia. Ceux peints à Venise à partir de 1736 pour le maréchal von Schulenburg, prennent une apparence plus sophistiquée et conventionnelle. Les modèles regardent maintenant le spectateur, prenant une pose et souvent souriant. Ceruti montre un nouvel intérêt pour les vêtements exotiques et les figures. Les personnages principalement représentées en quart ou en demi-longueur montrent l'influence de Piazzetta et perdent une grande partie de la dure vérité qui rend les peintures bresciennes si remarquables.
Environ cinquante de ses peintures de genre ont survécu[5]. Les plus célèbres proviennent d'une série généralement appelée cycle de Padronella (du château où certaines des images ont été vues par Giuseppe Delogu et publiées en 1931) - posent des questions fondamentales : quelle était leur fonction, comment étaient-elles vues et comprises, et comment se fait-il que Ceruti ait montré une telle empathie apparente avec ses sujets ?
Le tableau du Metropolitan Femme avec un chien a joué un rôle dans la redécouverte de cet artiste, ayant été présentée à Florence en 1922 comme l'œuvre du peintre autrichien Giacomo Francesco Cipper, également connu sous le nom de Il Todeschini (1664-1736), dont le travail a probablement influencé celui de Ceruti. À cette occasion, sa paternité a été reconnue par Roberto Longhi (1922), dont les écrits ont beaucoup fait avancer l'étude de l'artiste[2].
Il réalise également les portraits entre autres, de membres des familles Fenaroli, Lechi, Avogadro, Cattaneo et Bargnani. Parmi ses premiers portraits connus se trouve un portrait de Giovanni Maria Fenaroli, également dans une collection privée[6]. Il encadre généralement ses modèles dans des ovales tels ses Portrait d'homme et Portrait de femme, peints vers 1750 avec un certain ton informel, aujourd’hui au musée Thyssen-Bornemisza[7].
Tout au long de sa carrière, il peint des retables que rien ne distingue des autres car étrangement dépourvus du naturalisme innovant qui anime ses portraits et ses peintures des pauvres, sur lesquels repose sa réputation[2].
Il réalise aussi des natures mortes.