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Gisèle Pelicot, née le 7 décembre 1952 en Allemagne et habitant en France, acquiert une notoriété internationale avec son choix de renoncer à l’anonymat dès le début du procès pour les viols collectifs dont elle a été victime de 2011 à 2020. Elle force ainsi le débat public sur la question des agressions sexuelles.
Pendant neuf ans, son mari Dominique Pelicot la place régulièrement à son insu dans un sommeil par soumission chimique, pour la violer et la faire violer par d'autres hommes. Les faits, mis au jour en 2020, sont sanctionnés par la cour criminelle d'Avignon au terme d'un procès de près de quatre mois ; les cinquante-et-un mis en cause sont reconnus coupables le et condamnés à des peines allant de trois à vingt ans de réclusion criminelle.
Son comportement pendant le procès, et notamment son renoncement à l'anonymat par la levée du huis-clos, confère à Gisèle Pelicot une réputation internationale. Globalement qualifiée d'« icône » du féminisme, elle est louée pour avoir donné à voir au monde entier ce qui lui est arrivé, en pensant à ses enfants et petits-enfants, à son legs pour les générations futures, ainsi qu'à toutes les victimes d'agression sexuelle à travers le monde, afin que la honte n'entache pas les victimes, mais les agresseurs sexuels.
Gisèle Pelicot est née le à Villingen, dans le sud-ouest de l'Allemagne. Elle est la fille d'un militaire de carrière. Elle arrive en France à l'âge de cinq ans et a neuf ans quand sa mère meurt d’un cancer, à l'âge de 35 ans. En , elle rencontre Dominique Pelicot et l'épouse deux ans plus tard, en . Elle divorce en 2024 après avoir pris connaissance des agressions sexuelles qu'il a commises à son encontre. Le couple a trois enfants : Caroline Darian[1], Florian et David Pélicot.
Après plusieurs années d’intérim, elle intègre EDF. Elle y termine sa carrière comme cadre dans un service de logistique pour les centrales nucléaires[2].
Sur une période de neuf ans, de juillet 2011 à octobre 2020, à plusieurs reprises, Gisèle Pelicot est placée par son mari à son insu dans un sommeil induit par soumission chimique, dans un objectif d'agressions sexuelles et de traite sexuelle auprès d'hommes de son village et des alentours[3],[4]. Les faits se déroulent au domicile conjugal du couple à Mazan, dans le Vaucluse, mais aussi en Île-de-France et sur l'île de Ré. Le mari l'a ainsi soumise à plus de 200 viols, par au moins 70 hommes[5]. Il a pris plus de 20 000 photos et vidéos des scènes[6]. Une trentaine de ces hommes n'ont pas pu être identifiés[3] ; le mari et cinquante autres sont reconnus coupables par la cour criminelle qui siège à Avignon pendant l'automne 2024. Dix-sept d'entre eux font appel de cette décision[7].
Gisèle Pelicot prend la décision de rendre public le procès de ses violeurs. Ainsi elle expose délibérement au regard de tous[8] ses agresseurs, afin que la honte ne soit pas associée à la victime mais aux criminels[9],[10]. Un autre enjeu est de mettre au grand jour le viol et les agressions sexuelles sous soumission chimique[11]'[12].
Son choix de lever le voile sur son identité, alors que la loi lui permettait le huis clos, a attiré l'attention du monde entier sur elle.
Selon USA Today, le fait que Gisèle Pelicot ait rendu public son identité ainsi que la procédure judiciaire, fait « toute la différence » en envoyant le message clair aux personnes survivantes d'abus sexuels qu'elles ne sont pas seules[10].
Son geste courageux l'a propulsée du statut de victime à celui d'icône féministe mondialement reconnue[13],[14],[15],[16],[17],[18],[19],[20],[6]. Tel que rapporté par Diane de Vignemont, Gisèle Pelicot rappelle pour sa part au tribunal que ce n'est pas le courage qui l'anime mais plutôt sa détermination à changer la société[21].
TV5 Monde mentionne cette transition de victime à icône féministe planétaire :
« Devenue l'incarnation des victimes de violences sexuelles, icône féministe planétaire, Gisèle Pelicot a affronté ses bourreaux la tête haute pendant les quatre mois du procès des viols de Mazan, femme toujours debout même si elle se dit "détruite" à l'intérieur[22]. »
À l'occasion du procès des violeurs, Gisèle Pelicot aurait pu choisir l'anonymat et éviter le risque de l'humiliation publique. Elle décide de porter sa cause en public, ce qui implique de faire face aux vidéos des viols, aux accusés et de mettre à la vue de tous, les évènements[6]. Elle fait ce choix consciemment, pour que la honte change de camp[23], et c'est ce courage qui lui vaut d'être perçue mondialement comme un symbole du féminisme.
Pour sa part, Gisèle Pelicot réfute ce qualificatif de courage, et met plutôt en avant sa volonté et sa détermination à lever le voile sur le viol et à faire évoluer la société[24].
Selon Belinda Luscombe du Time, l'histoire menant aux viols que Gisèle Pelicot a subis implique des lacunes, imputées à la culture du viol en France, invisibilisant des comportements répréhensibles « Il n'y a pas d'hommes héros dans cette histoire, à part ceux dont le métier est de déterrer le crime. Il y a bien sûr une femme héroïne : Gisèle Pelicot »[25] Luscombe ajoute que si ce n'était pas de la détermination de Gisèle Pelicot de rendre son cas public et de sa volonté de lever son anonymat, le procès aurait probablement attiré peu d'attention[25].
Selon le Time, qui la présente aussi en tant qu'icône féministe, Gisèle Pélicot représente la « victime parfaite », toutes les victimes n'ont pas ce type de profil, et son geste historique pourrait ne pas transformer la société car les victimes parfaites sont rares, et que les femmes dont les agressions sexuelles sont moins bien documentées et qui essaient de parler ou porter plainte peuvent attirer scepticisme ou du victim-blaming à leur encontre[6] Le Time précise que cela n'enlève rien au courage dont a fait preuve Gisèle Pelicot de noter que son cas était d'« acier »[6]. Le Time rappelle que la honte a encore un long chemin à faire avant de changer de côté[6].
En 2020 en France, une large majorité (94 %) des affaires de viol sont classées sans suite, selon un rapport de 2024 de l'Institut des politiques publiques[26]. Selon la même source, seulement 10 à 15 % des plaintes recevables pour viol en France se terminent par une condamnation. Pour Gisèle Pelicot, les victimes ignorées partagent la même lutte qu'elle, et c'est ce qui motive son geste de porter sa cause en public[26].
Le geste de solidarité de Gisèle Pelicot ravive le mouvement MeToo et les discours autour de la culture du viol en France[27],[28],[29]. NBC News souligne qu'en France, le consentement de la victime n'est pas un critère pour établir s’il y a viol ou pas[28].
Elle fait le choix de rendre publiques les audiences du procès[30], ce qui constitue une décision exceptionnelle[31]. Elle accepte d'être identifiée en tant que victime, ce qui lui vaut le statut d'héroïne selon nombre de commentateurs, journaux, groupes et associations à travers le monde[6],[32],[33],[9],[34],[35],[36],[37]Elle déclare vouloir que les gens connaissent son nom[38]. Tel que rapporté dans son discours final devant la Cour, Gisèle Pelicot a clairement affirmé qu'elle souhaite que toute cette humiliation publique n'ait pas été vaine et elle déclare : « Il est temps que change cette société machiste et patriarcale, qui banalise le viol »[28].
Le geste de Gisèle Pelicot, de porter sa cause en public malgré la honte associée au fait d'être victime de viol, est perçu comme un exemple féministe de courage : « si Madame Pelicot a pu le faire, nous pouvons aussi »[39].
Selon Rebecca Solnit, de The Guardian, la France a un long historique de tolérance envers les agressions sexuelles et de misogynie rampante, mais la réponse massive et mondiale en soutien à Gisèle Pelicot démontre qu'il faut rejeter la honte[40]. Selon cette même source, la sortie publique de Gisèle est une prise de contrôle du narratif, soulignant deux décisions clé la transformant en héroïne internationale : sa décision de poursuivre devant la justice et de briser l'anonymat[40]. En écrivant sa propre histoire, Gisèle Pelicot a changé l'histoire qui veut que les femmes victimes de viol soient humiliées, blâmées et harcelées dans les tribunaux[40].
Selon Gisèle Pelicot, ce qui motive sa sortie publique et lui a donné du courage, c'est sa croyance dans le besoin de se pencher sur la banalisation du viol dans la société française[41]. Elle dit aussi mener son combat pour ses petits-enfants[42].
Selon Umni Khan, chercheuse en matière de genre, de sexualité et de droit, Gisèle Pelicot a remis en question les mythes à propos des agressions sexuelles, tels que la croyance d'être en sécurité chez-soi et que les violeurs sont des inconnus : ils peuvent être des voisins, des gens proches[29].
Anne-Marie Lecompte, de Radio-Canada mentionne « Si Gisèle Pelicot est devenue une héroïne féministe, comme l'a dit le New York Times, et un tel symbole de courage, c'est parce qu'elle a fait entendre sa voix, justement, et qu'elle a affronté à visage découvert ses agresseurs. »[29].
Gisèle Pelicot, épuisée après un procès judiciaire éprouvant, déclare vouloir prendre du temps avec sa famille et ses amis pour Noël, avant de décider si elle devient ou non plus active dans la campagne pour un meilleur traitement des victimes de viol ; elle indique avoir mené son combat pour les générations futures et non pas pour être vue comme extraordinaire ou comme une icône[43].
Le choix de Gisèle Pelicot de rendre public le viol de masse qu'elle a subi[28], est perçu à l'international comme un geste féministe héroïque[44],[45], bien qu'elle n' ait aucunement choisi de passer si rapidement de modeste grand-mère à icone féministe mondiale[9]. Le Forbes ajoute « Elle offre aussi au monde entier, avec élégance, un exemple à suivre du pouvoir des femmes âgées »[9].
La BBC lui donne une place parmi les « 100 Women 2024 », un palmarès des 100 femmes les plus influentes de l'année[34]. Elle est décrite comme un symbole international de courage et de résilience, comme une grand-mère qui inspire le monde qui espère que son geste apportera du changement dans la loi française, et les attitudes concernant le consentement[34].
Le fait que Gisèle Pelicot choisisse délibérément de revivre sa souffrance en public, au nom de toutes les victimes de violence sexuelles, partout à travers le monde, fait d'elle une icône du féminisme, selon le Financial Times qui la fait figurer dans son palmarès des 25 femmes les plus influentes de 2024 :
« If the case fascinates it is not only because of the ignominy of the acts, in their magnitude and horrific banality, but because of the unique figure of the victim. After years of abuse, Pelicot has become a heroine, an icon of feminism[46]. »
The Independent rapporte que sur les médias sociaux les utilisateurs demandent que Gisèle Pelicot soit nommée Person of the Year, par le Time, à la place de Donald Trump[33]. Tel que rapporté dans l'article de The Independent, Gisèle Pelicot affirme que malgré l'énorme coût personnel que lui coûte sa sortie public, n'avoir jamais regretté le sacrifice de se départir de son droit à l'anonymat, car elle croit en l'importance que la société voit ce qui se passe et d'agir au nom de toutes les femmes[33].
Gisèle Pelicot est nommée « Personnalité de l'année 2024 » par The New European pour avoir changé les règles, inversé le langage et donné aux femmes la permission de rejeter la honte[47].
Le , le Council on Foreign Relations a déclaré « Femme de la semaine » Gisèle Pelicot, pour avoir courageusement choisi de rendre public son procès malgré son droit à l'anonymat[35].
Le foulard porté par Gisèle Pelicot lors du procès est un cadeau offert par les membres de l'association aborigène Australia's Older Women's Network en signe de reconnaissance de son courage pour avoir rendu public les crimes qu'elle a subis[48]. Ce foulard symbolise, la solidarité des femmes âgées, issues des Premières Nations australiennes, envers Gisèle Pelicot, qui ont enduré des siècles de violence sexuelles[36].
La BBC souligne qu'elle est devenue le symbole d'un combat qu'elle n'a pas choisi, mais que cette forte notoriété risque de la suivre, bien qu'il soit peu probable qu'elle débute une carrière de miltante[49]. Ses avocats rappellent qu'elle qu'elle souhaite vivre de la manière la plus normale possible mais n'a pas peur d'un nouveau procès[50]. Le 28 décembre, dix-sept accusés font appel de leur condamnation[51]. Gisèle Pelicot se déclare « sereine face à cette situation » et prête à faire face à un jury populaire[52],[51].
Le Courrier International rapporte que le magazine belge Knack a nommé Gisèle Pelicot « Personnalité de l'année 2024 »[53] Le magazine québécois, Pivot en fait autant[54]
Le lendemain du verdict, Gisèle Pelicot fait la une de la presse internationale, qui met en avant son courage et salue une victoire « historique »[53].
Pour Nishtha Gautam, Gisèle Pelicot illustre aussi le phénomène que les femmes ne sont pas en sécurité et qu'il leur est difficile d'obtenir ce que Maslow décrit comme un besoin fondamental : se sentir en sécurité, à la maison[55]. En prenant parole, Gisèle Pelicot a choisit de ne plus être qu'un corps objectifié; c'est-à-dire une entité moins qu'humaine[55].
Malgré la reconnaissance sociale, et le soutien à l'extérieur de la Cour de Justice, Gisèle Pelicot a fait face aux mêmes types de questions que d'innombrables victimes de viol avant elle[56].
Dans une lettre ouverte au quotidienThe Gardian, Chris Green affirme en tant qu'homme que plusieurs hommes espèrent voir un changement quant à la culture d'objectification des femmes et l'attitude masculine à se croire autorisés[À quoi ?], mais qu'il ne sont pas encore prêts à s'engager[57].
Le 31 décembre 2024, Le Figaro révèle que Gisèle Pelicot est élue personnalité la plus marquante de l’année 2024 selon une enquête Odoxa. L'article précise que « C’est bien la personnalité de Gisèle qui a marqué les Français, et non le procès en lui-même. De fait, les sondés, interrogés également sur les événements marquants de l’année, ne mettent le procès qu’en 6e position »[58].
Après le verdict, Gisèle Pelicot est remerciée par l'ensemble de la classe politique française pour son courage et sa dignité lors du procès, notamment par le président français, Emmanuel Macron, et le Premier ministre, François Bayrou.
Elle reçoit également le soutien et la reconnaissance de dirigeants étrangers, comme le président du gouvernement espagnol, Pedro Sánchez, et le chancelier allemand, Olaf Scholz[59] qui pour sa part affirme que Gisèle Pelicot « a offert aux femmes à travers le monde une prise de parole forte. La honte doit toujours retomber sur les agresseurs. »[60].
En France, les quelques personnalités politiques s’emparant du sujet des violences sexistes, durant toute la durée de la procédure judiciaire, sont des femmes[61]. Le ministre de la Justice, Didier Migaud déclare, en septembre 2024 à l’occasion du procès de Mazan, être en faveur de l'ajout de la notion de consentement à la définition légale du viol[35],[62]. La loi française n'inclut pas de notion de consentement.
Sara McDougall, historienne spécialisée dans les procès pour viol et les viols en France, mentionne qu'en France, comme le procès Pelicot a été mis à la vue de tous par le choix de Gisèle Pelicot de briser l'anonymat, il y a désormais un débat ouvert concernant le consentement, bien que la notion de culture du viol soit plutôt souvent perçue en France comme un produit moqué de la culture américaine, tandis que la culture française est bien plus libertine[63].
L'action de Gisèle Pelicot apparait comme un exemple qui peut libérer la parole d'autres femmes[64]. Certaines femmes témoignent ainsi avoir subi une probable soumission chimique de la part de leur ex compagnon[65],[66]. D'autres déclarent vouloir porter plainte, parfois longtemps après les faits de viols ou d'agression sexuelle[67],[68].
Une fresque en soutien à Gisèle Pelicot est réalisée par l'artiste de rue Maca, en France à Gentilly[69].
La ministre espagnole de l'Égalité, Ana Redondo García, annonce qu'un nouveau centre d'accueil pour les femmes victimes de violences sexistes dans la région des Asturies portera le nom de Gisèle Pelicot[70].
Le 20 décembre 2024, l'autrice et journaliste britannique Catherine Mayer lance une pétition pour proposer Gisèle Pélicot comme candidate au prix Nobel de la paix[72]'[73]. Elle argumente que « Personne ne mérite plus que Pelicot le prix Nobel de la paix »[74]. La version française apparaît le 8 janvier en langue française et recueille plus de 47 000 signatures en 48 heures et près de 90 000 en cinq jours[75]'[72]'[76]. Mais cette initiative ne suffira pas à lui assurer une candidature. Dans les critères prévus par l'institut Nobel norvégien en charge de la procédure, les propositions candidatures sont réservées à certaines catégories de personnes et institutions très stratégiques et politiques[77].