Gotsé Deltchev

Gotsé Deltchev
Goce Delčev
Biographie
Naissance
Décès
Nom de naissance
Georgi Nikolov Deltchev
Pseudonyme
Ahil (Archilles)Voir et modifier les données sur Wikidata
Nationalités
Formation
Activités
Père
Nikola Deltchev (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Mère
Sultana Delcheva (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Fratrie
Rusha Chopova (d)
Dimitar Deltchev (d)
Milan Deltchev (d)
Hristo Delchev (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Parentèle
Vladimir Chopov (d) (neveu)
Todor Chopov (d) (neveu)
Lika Yurukova (d) (nièce)
Tushe Chopov (d) (neveu)
Nikola Stanishev (d) (neveu)
Mitso Andonov (d) (neveu)
Milan Gozew (d) (neveu)
Alexandar Andonov (d) (neveu)
Nikola Peynerdzhiev (d) (neveu)Voir et modifier les données sur Wikidata
Autres informations
Membre de
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Archives nationales de Bulgarie (d)Voir et modifier les données sur Wikidata

Gotsé Deltchev (en bulgare : Гоце Делчев) ou Goce Delčev (en macédonien : Гоце Делчев), né Georgi Nikolov Deltchev le à Kilkis et mort le à Banitsa, est un important révolutionnaire bulgare de la Macédoine ottomane du début du XXe siècle. Il était notamment l'un des dirigeants de l'Organisation révolutionnaire intérieure macédonienne (VMRO), une organisation paramilitaire active dans l'Empire ottoman à la fin du XIXe et au début du XXe siècle. En Macédoine du Nord, il est généralement considéré comme macédonien.

Sultana et Nikola Deltchev, les parents de Gotsé.

Gotsé Deltchev est né le 4 février 1872 (ou le 23 janvier 1872 selon le calendrier julien) à Kilkis, ville de la Macédoine grecque, faisant alors partie de l'Empire ottoman. Kilkis, ou « Koukouch » en langue slave, est alors une ville majoritairement peuplée de Bulgares sous la juridiction de l'Exarchat bulgare[1],[2]. Deltchev commence à étudier à l'école primaire uniate de la ville, puis à l'école de l'Exarchat bulgare[3]. Il va souvent au tchitalichté de Kilkis, où il lit de nombreux ouvrages sur les idées révolutionnaires[4].

En 1888, sa famille l’envoi au Lycée bulgare de garçons de Thessalonique où il organise une fraternité révolutionnaire secrète[5]. Il propage aussi des ouvrages révolutionnaires qu'il obtient d'élèves du lycée.

L'éducation au lycée n'ouvrant pas de grandes perspectives professionnelles, Gotsé Delchev suivit son camarade Boris Sarafov et entra à l'école militaire bulgare de Sofia en 1891. À Sofia, il rencontre de nombreux jeunes migrants venus de Macédoine et construit un vaste réseau de connaissances qui lui a permis de rencontrer Ivan Hadjinikolov. Ce dernier veut créer une organisation révolutionnaire et Delchev est d'accord avec lui sur tous les détails de l'entreprise. Il promet également de retourner en Macédoine après avoir terminé ses études. Il fut finalement expulsé de l'école en septembre 1894, un mois avant l'obtention de son diplôme, en raison de son appartenance à un cercle socialiste illégal.

Instituteur et révolutionnaire

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Gotsé Deltchev quitte alors Sofia pour sa Macédoine natale, où il devient professeur dans le réseau d'écoles de l'Exarchat bulgare pour propager ses idées révolutionnaires. À cette époque, l'ORIM vient d'être fondée à Thessalonique. À l'automne 1894, Delchev s'installe à Shtip, où il rencontre un autre professeur, Damé Grouev, qui est à la tête du comité local de l'ORIM. Grâce à Grouev, Gotsé Deltchev devient membre de l'organisation et de son équipe.

L'ORIM gagne très vite en popularité, surtout après l'arrivée de Damé Grouev à Thessalonique, où il est inspecteur d'écoles. Sous sa direction, Deltchev voyage dans toute la Macédoine et fonde des comités révolutionnaires dans les villes et villages. Il noue aussi des contacts avec le Comité révolutionnaire suprême macédono-andrinopolitain, dont l’objectif déclaré est l’autonomie des régions de Thrace et de Macédoine de la domination ottomane. Cependant, dans les faits, ce comité est étroitement lié à des gouvernements étrangers et menait régulièrement des actions terroristes contre les Ottomans. Gotsé Deltchev a d'ailleurs une mauvaise impression du mouvement. Après avoir passé l'année scolaire 1895-1896 à Bansko, Deltchev est arrêté par les Ottomans et emprisonné pendant un mois pour activités révolutionnaires. À sa libération, à l'automne 1896, il démissionne de son poste d'instituteur et retourne à Sofia. Là-bas, il sert de représentant du VMRO avec Guiortché Pétrov.

À la tête du VMRO

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Gotsé Deltchev reste à Sofia jusqu'en 1902. Son travail de représentant auprès du gouvernement bulgare l'amène à négocier avec de nombreux marchands d'armes et des politiciens peu scrupuleux qui le dégoûtent du système politique bulgare de l'époque. Avec Guiortché Pétrov, il établit également la carte du VMRO, avec ses structures régionales, ses districts et ses polices secrètes[6]. En 1898, il décide également la création de bandes armées dans chaque district. Grâce à ses connaissances militaires, il est par ailleurs mis à la tête de toutes ces troupes[7].

Deltchev s'occupe aussi de l'armement de l'organisation et fait installer une usine de bombes près de Kyoustendil. Les bombes sont ensuite acheminées secrètement vers la Macédoine. Il ouvre aussi un atelier de dynamite à Bourgas en 1900. Il se rend à plusieurs reprises en Macédoine et en Thrace, pour organiser des enlèvements de personnalités.

La question d'un grand soulèvement définitif en Macédoine et en Thrace devient primordiale après 1900, mais divise les membres du VMRO ainsi que des autres organisations similaires. Lors d'un congrès tenu en janvier 1903 à Thessalonique et auquel Deltchev n'assiste pas, ce soulèvement est programmé pour le printemps de la même année. Cela provoque de longs débats lors d'un autre congrès, tenu à Sofia en mars. L'aile droite du VMRO soutient qu'un tel soulèvement provoquerait une guerre entre la Macédoine et l'Empire ottoman et donc une possible intervention des grandes puissances, ce qui anéantirait la Turquie[8]. L'aile gauche, menée par Gotsé Deltchev, considère que l'entreprise est trop risquée et surtout prématurée. Finalement, Deltchev se plie aux demandes de l'aile droite, mais obtient tout de même un changement de date, et le soulèvement est repoussé à l'été. Il persuade aussi les autres cadres d'utiliser des techniques de guérilla plutôt que d'organiser une insurrection mettant à contribution les populations locales. Deltchev commence alors les préparatifs du soulèvement et teste ses tactiques en détruisant un pont. Il retrouve aussi Damé Grouev, qui vient de sortir de prison, et rencontre diverses personnalités révolutionnaires. En mai 1903, il se dirige vers le mont Alibotuş où il doit rencontrer des représentants du district de Serrès.

Le 28 avril 1903, des autonomistes et des révolutionnaires macédoniens[9] avaient déjà organisé des attentats à la bombe à Salonique, entraînant l'application de la loi martiale dans la ville et l'arrivée de renforts militaires ottomans dans la région. Ceux-ci retrouvent la trace de Gotsé Deltchev et sont informés de son expédition vers le mont Alibotuş, situé en territoire ottoman. Deltchev meurt le 4 mai 1903 lors d'une embuscade de la police turque près du village de Banitsa, probablement après une trahison de la part des villageois. Son corps est identifié par les autorités de Serrès et enterré dans une fosse commune. Le soulèvement préparé par le VMRO a finalement lieu en août et il a été baptisé « Insurrection d'Ilinden ». Après un certain succès, les combattants sont toutefois rapidement contenus par l'armée ottomane, et le soulèvement est un échec[10]. Deux frères de Gotsé, Mitso et Milan, sont d'ailleurs tués eux aussi par les Ottomans, et un décret de Ferdinand Ier de Bulgarie de 1914 donne une pension à vie à leur père pour le mérite de sa famille[11].

Controverse

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Le tombeau de Goce Delčev à l'église Saint-Sauveur de Skopje.

Après 1944, les considérations officielles de la Bulgarie à propos de la Macédoine ont changé puisque le pays a suivi la décision du Comintern de reconnaitre la nation macédonienne comme étant distincte de la nation bulgare[12]. La même politique est appliquée en Yougoslavie[13]. Par ailleurs, la nouvelle république socialiste de Macédoine, l'une des six entités yougoslaves, était présentée comme l'aboutissement naturel des aspirations de Goce Delčev pour une Macédoine autonome[14]. Cependant, selon le cadre communiste yougoslave Lazar Koliševski, Goce Delčev n'était « qu'un Bulgare sans importance pour les combats de libération[15] », mais le 10 octobre 1946, sous la pression de Moscou qui veut développer l'identité macédonienne afin de développer son influence[16], les restes de Delčev sont transférés à Skopje[17]. Le lendemain, ils sont déposés dans un sarcophage de marbre qui se trouve toujours dans la cour de l'église Saint-Sauveur[18].

Après la rupture entre Staline et Tito en 1948, la Bulgarie rompt ses relations avec la Yougoslavie et reprend la vision selon laquelle les Macédoniens sont des bulgares artificiellement assimilés par le régime yougoslave[19]. En réponse, les autorités yougoslaves renforcent l'identité macédonienne et utilisent la figure de Goce Delčev[20] tout en décourageant les sentiments d'appartenance à la nation bulgare chez les Macédoniens. La « bulgarophobie » qui en résulte atteint même un statut d'idéologie d'État[21]. Tous les documents écrits par Goce Delčev en bulgare sont traduits en standard macédonien et ces traductions sont présentées à la population comme des originaux, jusqu'à aujourd'hui[22]. Le régime procède aussi à la popularisation de falsifications historiques, faisant de l'Insurrection d'Ilinden une révolte anti-bulgare, et non anti-ottomane[23].

Après la dissolution de la Yougoslavie et la chute du communisme, des personnalités bulgares et macédoniennes ont tenté quelques célébrations communes des héros du VMRO, mais elles ont toutes été rejetées car considérées comme politiquement inacceptables[24],[25].

Notes et références

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  1. Balkan ghosts: a journey through history, Robert D. Kaplan, Vintage books, 1994, (ISBN 0679749810), p. 58.
  2. Vacalopoulos, Apostolos. Modern history of Macedonia (1830-1912), From the birth of the Greek state until the Liberation, Thessaloniki: Barbounakis, 1989, pp. 61-62
  3. Л. Чопова-Юрукова, Спомени за семейството на Гоце Делчев, сп. Септември, кн. 5, 1953, стр. 72; Ст. Стаматов, Спомени за Гоце Делчев и Борис Дрангов, София, 1935, стр. 15.
  4. People in World History: A-M, Susan K. Kinnell, ABC-CLIO, 1989, (ISBN 0874365503), p. 157.
  5. Julian Allan Brooks, MA in History "Shoot the Teacher!" Education and the Roots of the Macedonian Struggle; December 2005. Thesis (M.A.) – Department of History – Simon Fraser University, pp. 133–134.
  6. (en) Hugh Poulton, Who are the Macedonians?, C. Hurst & Co., (ISBN 1850655340, lire en ligne).
  7. Minorities in the Balkans, Vladimir Ortakovski, Transnational Publishers, 2000, (ISBN 1571051295), p. 43.
  8. Socialism and nationalism in the Ottoman Empire, 1876–1923, Mete Tunçay, Erik Jan Zürcher, British Academic Press, Amsterdam, 1994, (ISBN 1850437874), p. 36.
  9. Carl Cavanagh Hodge (30 November 2007). Encyclopedia of the Age of Imperialism, 1800–1914. Greenwood Publishing Group. p. 442. (ISBN 978-0313334047). Retrieved 20 November 2011.
  10. (en) A concise history of Bulgaria, Cambridge concise histories, R. J. Crampton, Cambridge University Press, 1997, (ISBN 0521561833), pp. 131–132, Google Books (lire en ligne).
  11. Държавен вестник, бр. 282, 4.ХІІ.1914, стр. 1.
  12. (en) Politics, power, and the struggle for democracy in South-East Europe, Volume 2 of Authoritarianism and Democratization and authoritarianism in postcommunist societies, Karen Dawisha, Bruce Parrott, Cambridge University Press, 1997, (ISBN 0521597331), pp. 229–230, Google Books (lire en ligne).
  13. (en) Europe since 1945. Encyclopedia by Bernard Anthony Cook. (ISBN 0815340583), p. 808, Google Books, (lire en ligne).
  14. (en) Ideologies and national identities: the case of twentieth-century Southeastern Europe, John R. Lampe, Mark Mazower, Central European University Press, 2004, (ISBN 9639241822) pp. 112–113, Google Books (lire en ligne).
  15. Мичев. Д. Македонският въпрос и българо-югославските отношения – 9 септември 1944–1949, Издателство: СУ Св. Кл. Охридски, 1992, стр. 91.
  16. « TRANSMITTAL OF DOCUMENT RELATIVE TO THE MACEDONIAN QUESTION IN YUGOSLAVIA | CIA FOIA (foia.cia.gov) », sur www.cia.gov (consulté le )
  17. (en) The Macedonian conflict: ethnic nationalism in a transnational world, Loring M. Danforth, Princeton University Press, 1997, (ISBN 0691043566), p. 68, Google Books (lire en ligne).
  18. (en) Dismembering the state: the death of Yugoslavia and why it matters, P. H. Liotta, Lexington Books, 2001, (ISBN 0739102125), p. 292, Google Books (lire en ligne).
  19. (en) The Macedonian Conflict: Ethnic Nationalism in a Transnational World, Loring M. Danforth, Princeton University Press, 1997, (ISBN 0691043566), p. 68, Google Books (lire en ligne).
  20. The Macedonian Question: Britain and the Southern Balkans 1939–1949, Oxford Historical Monographs, Dimitris Livanios, Oxford University Press US, 2008, (ISBN 0199237689) p. 202.
  21. (en) « Mirjana Maleska. Editor-in-chief. With the eyes of the "others" – about Macedonian-Bulgarian relations and the Macedonian national identity. New Balkan Politics – Journal of Politics. Issue 6 », Newbalkanpolitics.org.mk, (consulté le ).
  22. (en) Contested Ethnic Identity: The Case of Macedonian Immigrants in Toronto, 1900–1996, Nationalisms Across the Globe, Chris Kostov, Peter Lang, 2010, (ISBN 3034301960), p. 95, Google Books (lire en ligne).
  23. Minorities and mother country imagery, Gerald L. Gold, Memorial University of Newfoundland. Institute of Social and Economic Research, 1984, (ISBN 0919666434), p. 74.
  24. (en) M3 Web – http://m3web.bg, « Bulgaria foreign minister takes "Friendship Treaty" to Macedonia, May 5, 2010, Sofia news agency », Novinite.com, (consulté le ).
  25. (en) « България и светът. 04 Август 2006, По съседски: Събития с балкански адрес. Новина № 2 », Bnr.bg (consulté le ).
  26. Son appellation sur S.C.A.R.

Liens externes

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