Naissance |
Monfort |
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Décès |
Mauvezin |
Activité principale |
poète |
Langue d’écriture | occitan et français |
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Guillaume de Saluste du Bartas (Guilhem Sallusti deu Bartàs), ou plus simplement Guillaume du Bartas, né en 1544 à Monfort et mort le à Mauvezin, est un écrivain et poète français qui fut très en faveur auprès des lecteurs jusqu'au XVIIe siècle. Il est à noter qu'il écrivit en gascon et qu'il est donc également à compter parmi les auteurs de langue d'oc.
Son nom, Salustre, évoluera de son vivant et se transformera en Saluste, voire Salluste par analogie avec celui de l’historien latin.
Guillaume est le fils de François de Saluste et de Bertrande de Broqueville. Il nait en 1544 en Armagnac, dans une famille de noblesse récente. Son père, marchand enrichi, est devenu receveur des décimes du diocèse de Lombez[1]. En 1565, celui-ci acquiert la terre du Bartas à Saint-Georges, dont il prendra le nom et le titre de seigneur.
Reçu docteur en droit à Toulouse en 1567[2], Guillaume suit d'abord une carrière de juriste, qu'il poursuivra en parallèle de ses succès littéraires : devenu en 1581 seigneur et baron de Cologne, en paréage avec le roi[3], il est également juge de la petite ville, ainsi que dans le village qui l'a vu naître, Monfort[2].
Il avait épousé en 1570 Catherine de Manas d'Homps, dont il aura quatre filles[4].
Alors que sa famille est apparemment catholique, il se convertit au calvinisme et embrasse le parti de Jeanne d'Albret et d'Henri de Navarre, le futur Henri IV. Introduit à la cour de Nérac[5], il demeurera un fidèle de ces souverains. Écuyer tranchant (1576), gentilhomme servant puis gentilhomme ordinaire de la chambre (1585) du roi de Navarre[4], il sera également chargé de plusieurs missions diplomatiques, notamment au Danemark[6] et, aux côtés d'Henri de Sponde en 1587, auprès de Jacques VI d'Écosse.
Après un premier échec aux Jeux floraux de Toulouse en 1564, il remporte la Violette lors de ceux de 1565. Ses premiers essais poétiques ainsi couronnés, il reçoit la commande par la reine de Navarre, Jeanne d'Albret, de son premier grand poème épique, « La Judith », qui ne paraîtra qu’après la mort de la souveraine dans le recueil intitulé « La Muse chrétienne » (1574).
Il est surtout connu pour son poème encyclopédique « La Sepmaine (La Semaine) ou la Création du monde» (1578), œuvre inspirée par la Bible. Guillaume du Bartas s'y fait le défenseur des théories géocentriques et de l'astrologie judiciaire. Pour lui, le système de Copernic n'est qu'une chimère. Cette critique se fait au nom de l'encyclopédisme de la Renaissance[7] et de la foi, du Bartas ayant en vue de glorifier Dieu en proposant une lecture poétique du livre du monde.
Cette œuvre fut traduite en plusieurs langues : allemand, anglais, néerlandais, italien, latin, etc. et influença des poètes d’importance, comme John Milton en Angleterre, Joost van den Vondel en Hollande et, semble-t-il, Le Tasse en Italie. Du Bartas eut même une admiratrice en Amérique en la personne d’Anne Bradstreet, et le roi Jacques VI d'Écosse, auprès duquel il sera ambassadeur en 1587, apprécie ses écrits et a traduit un de ses poèmes.
En 1584 sont publiés les deux premiers jours de La Seconde Semaine, œuvre qui restera inachevée (cette « Enfance du Monde » étant le prolongement de la Première Semaine : « Création du Monde »). Le roi de Navarre se rend alors au château du Bartas.
En même temps est publiée à Paris La Semaine, accompagnée d’un copieux commentaire du juriste catholique, protégé du duc de Lorraine, Pantaléon Thévenin. Le pasteur protestant Simon Goulart avait déjà publié un commentaire de l’œuvre (1581, chez Jacques Chouet, à Genève) qui fut souvent réimprimé et augmenté au fil des années. En 1589, Goulart publie un nouveau commentaire pour La Seconde Semaine.
Il publie en 1590 un poème sur la bataille d'Ivry, dans lequel il évoque le célèbre panache blanc d'Henri IV, et meurt peu après, le .
Après la mort du poète, le roi d’Écosse Jacques VI fait paraître à Édimbourg, en 1591, la traduction d’un de ses poèmes qu’avait faite Du Bartas : La Lépanthe du roi d’Écosse, célébrant la fameuse victoire remportée sur les Turcs en 1571. D’autre part, plusieurs parties inédites de La Seconde Semaine paraissent, à titre posthume, jusqu’en 1603 (sans mener plus loin que le Quatrième Jour).
L'historien Jacques-Auguste de Thou lui consacre une notice dans son histoire universelle[8] et témoigne qu'à son époque, on critiquait déjà le tour gascon des poésies de Bartas, le mettant néanmoins à la seconde place après Ronsard avec lequel il partage bien des idées, mais dont il se différencie par une vision irénique de la poésie[9].
Le succès de Guillaume du Bartas fut fabuleux pendant une cinquantaine d’années. Il rayonna sur l’Europe : on compte plus d’une centaine d’éditions de ses œuvres, des dizaines de traductions. Sa renommée s’écroula à partir du XVIIIe siècle : son style comme le contenu de son œuvre ne correspondaient plus aux temps nouveaux.
Guillaume du Bartas (en gascon Guilhèm de Sallusti deu Bartàs) étant originaire d'Armagnac, il parlait couramment le gascon et fut primé aux Jeux floraux de Toulouse.
En 1578, à l'occasion de l'arrivée de Marguerite de Valois, reine de Navarre, et de la reine-mère Catherine de Médicis en la ville de Nérac (un des sièges de la cour gasconne d'Henri III de Navarre), Du Bartas composa une entrée allégorique et trilingue où trois muses symbolisant les langues française, latine et gasconne se disputèrent l'honneur d'accueillir ces hôtes ; au terme de cette joute oratoire, c'est bien cette dernière qui l'emporte, car c'est la langue du lieu et une langue plus naturelle[5]. Ce dialogue fut édité plus récemment par le linguiste bigourdan Pierre Bec[10].
Cara't, Ninfa vesia : e tu, Ninfa Romana,
N'anes pas de tos grans mots ma Princessa eishantar :
Non i a tan gran lairon, qu'aqueth que l'aunor pana.
Dessús l'autrú joquèr lo poth non diu cantar [...]
S'en man mons hilhs avèn, lo temps passat, tenguda
La pluma com' lo hèr, jo poirí rampellar.
Mas entre eths dénquia'i Pallas s'es vista muda :
Car eths an mes amat plan hèr que plan parlar. [...]
Tota vòsta beutat, n'es ara que pintrura,
Que manhas, qu'afiquets, que retortilhs, que fard :
E ma beutat n'a punt auta mair que natura :
La natura tostemp es mes bèra que l'art. [...]
Lesheim estar la fòrça : on mes òm s'arrasoa,
Mès òm ved que jo è dret de parlar davant vos.
Jo sonc Ninfa Gascona : era es ara Gascoa :
Son Marit es Gascon e sons subjects Gascons. [...]
Traduction : « Tais-toi, nymphe voisine : et toi, nymphe romaine, ne va pas de tes grands mots ennuyer ma princesse : il n'y a pas plus grand larron que celui qui vole l'honneur. Sur le perchoir d'autrui le poulet ne doit pas chanter [...] Si dans leur main mes fils avaient, par le passé, tenu la plume autant que le fer, je te pourrais faire barrage. Mais ici Pallas est restée muette, car ils ont davantage aimé bien faire que bien parler [...] Toute votre beauté n'est ici que peinture, que manières, atours, tournures et fards : et ma beauté n'a point d'autre mère que la nature ; la nature est toujours plus belle que l'art [...] Laissons faire la force : plus on raisonne et plus on voit que j'ai moi seule le droit de parler plutôt que vous. Je suis nymphe gasconne : car elle est désormais gasconne, son mari est gascon et ses sujets gascons. »