Elle intègre le Conservatoire de Paris en 1874 et y réalise un parcours complet jalonné de récompenses[3] : 1re médaille de solfège en 1875, 1re médaille d'étude du clavier en 1876, 2e accessit de piano en 1879 (élève de Louise-Aglaé Massart), 1er prix d'harmonie en 1881 (élève de Guiraud puis Lenepveu), 1er prix d'accompagnement en 1882 (élève de Bazille), 1er prix de contrepoint et fugue en 1887 (élève de Guiraud). À son tour, elle devient professeure de solfège dans l'établissement, de 1890 à 1892[4], avant de démissionner pour raison de santé et afin de mieux se consacrer à la composition[5].
En 1889, elle est nommée officier d'académie dans l'ordre des Palmes académiques, puis est promue officier d'instruction publique en 1905[6].
Petite-fille côté maternelle du violoniste Jules Ternizien (Opéra de Compiègne et professeur), Hedwige Louise Marie Chrétien a deux sœurs cadettes dont l'une décède à l'âge de 24 ans[12]. Leurs parents divorceront et leur mère se remariera avec un conducteur des ponts et chaussées.
Hedwige Chrétien se marie à l'âge de 28 ans avec un camarade du Conservatoire de Paris, le flûtiste et compositeur italien Paolo Gennaro en 1887. Ils auront deux enfants Marcel (1888-1977) et Cécile Gennaro (1890-1957). Le mariage est tumultueux et le couple se sépare. Paolo Gennaro, à qui la garde des enfants avait été refusée, enlèvera son fils et le cachera dans une pension en Suisse. Au cours de l’année 1901, la famille fait la Une des journaux pour une affaire judiciaire mentionnant une tentative d'assasinat de Paolo Gennaro envers son beau père qu'il pensait responsable de ses malheurs[13]. Paolo Gennaro décèdera en Suisse en 1908 des suites d'une maladie. Les deux enfants deviendront musiciens à leurs tours, Cécile violoncelliste et Marcel compositeur, chef d'orchestre et organiste. Il est mentionné dans des archives de presse des concerts auxquels ils participeront ensemble, jouant notamment la musique de leur mère[14]. Cécile et Marcel décèderont à Monaco.
Petite-fille du célèbre violoniste J. Ternizien, fille d'un ingénieur distingué, Madame Chrétien naquit à Compiègne et montra dès l'enfance, de telles dispositions musicales, que ses parents lui permirent d'aller faire ses études au Conservatoire de Paris[15]. Elle y fut une élève particulièrement brillante, surtout dans les cours d'Harmonie, de Fugue et de Contrepoint, où elle eut comme professeur Guiraud et Lenepveu. Pour l'orgue, elle fut l'élève du maître César Franck qui l'appréciait beaucoup pour ses qualités d'improvisation.
En 1887, elle remportait le premier prix de fugue, à l'unanimité, et Théodore Dubois écrivait d'elle : « Hedwige Chrétien est un musicienne parfaite et l'une des plus brillantes lauréates du Conservatoire ». À peine âgée de 22 ans, elle obtint le premier prix de la Société des Compositeurs pour son poème lyrique intitulé L'Année. C'est la première fois que ce prix fut attribué à une femme.
Sortie du Conservatoire, les mains pleines de lauriers, Madame Chrétien y rentra bientôt comme professeur de solfège, ce qui lui procura l'occasion d'écrire le meilleur Solfège à changements de clefs qui ait paru. Cet ouvrage est encore aujourd'hui en usage au Conservatoire.
Après deux ans d'enseignement, Madame Chrétien donna sa démission pour raison de santé et pour se consacrer à la composition. Peu de carrières ont été aussi fécondes que la sienne. Compositeur originale et inspiré, Madame Chrétien a produit une foule d'œuvres de tous genres: œuvres pour piano, pour chant, pour orchestre, pour instruments divers. Plus de 250 de ses compositions ont été publiées et beaucoup d'autres sont encore à paraître. Bien souvent on peut voir figurer l'une ou l'autre de ses œuvres au programme des grands concerts, où toujours elles obtiennent un très légitime succès.
En , le Conseil de la Société des Compositeurs de Musique nommait sociétaires définitifs plusieurs correspondants illustres, en reconnaissance, disait le rapport, « de ce qu'ils avaient voués leur vie au service de l'art pur ». Dans cette promotion, à côté de maîtres tels que Eug. Gigout et Paderewski, figure Madame Hedwige Chrétien. C'est dire la haute estime professée par son beau talent de compositeur.
Madame Chrétien n'est pas « nouvelle école ». Sagement moderne dans ses idées et dans ses harmonies, elle reste disciple fidèle des grands maîtres classiques[réf. nécessaire]. Distinction de style, clarté d'écriture, pureté et richesse d'harmonie, charme mélodique joint à une expression religieuse très noble, tels sont les titres qui méritent à ses pièces une place d'honneur parmi les œuvres de ce genre publiées au cours de ces vingt dernières années.
Comment veux-tu que je t'oublie
Quand sur ta lèvre si jolie
Je pris l'autre jour un baiser ?
J'ai de la joie à m'en griser,
Comment veux-tu que je t'oublie ?
Comment veux-tu que je t'oublie
Quand à genoux je te supplie,
Bavard, inquiet, amoureux ?
Après un baiser j'en veux deux !
Comment veux-tu que je t'oublie ?
Comment veux-tu que je t'oublie
Quand tout ce bonheur qui nous lie,
Remplit ma vie en un moment ?
Les heures qu'on passe en aimant,
Comment veux-tu qu'on les oublie ?
↑Constant Pierre, Le Conservatoire national de musique et de déclamation : documents historiques et administratifs, Paris, Imprimerie nationale, (lire en ligne), p. 721
↑Constant Pierre, Le Conservatoire national de musique et de déclamation : documents historiques et administratifs, Paris, Imprimerie nationale, , 445 p. (lire en ligne), p. 445
↑Dictionnaire national des contemporains. Tome 3 / sous la dir. de C.-E. Curinier, 1899-1919 (lire en ligne), p. 149-150